Pétition de quatre marocains (“maures libres”) au Congrès de Caroline du Sud, janvier 1790

Qu’un certain capitaine Clark se les était fait délivrés sur la promesse qu’ils seraient rachetés par l’ambassadeur de l’Empereur de Maroc qui résidait alors en Angleterre, afin qu’ils fussent retournés à leur propre pays. Au lieu de quoi il les conduisit en cet Etat, et les vendit comme esclave. Depuis ce temps, ils furent, par leur plus grande industrie, en mesure d’acheter leur liberté à leurs maîtres respectifs. Et maintenant ils prient votre honorable chambre, qu’étant né sujets d’un prince désormais en alliance avec ces Etats Unis, qu’ils ne soient point considérés comme sujets à la Loi de cet Etat (désormais en vigueur) appelée la negro law: mais que s’ils devaient malheureusement être coupable de quelque crime ou forfaiture contre les Lois de cette terre, qu’ils puissent avoir un juste jury. Continue reading

Louis de Chesnier, Le Jeu de Poudre, 1787 n-è

L’amusement ordinaire dans les villes où il y a des soldats, ainsi qu’à la campagne, c’est ce que les Maures appellent jouer à la poudre; c’est un exercice militaire qui plaît d autant plus à ces peuples, que, par la constitution de leur gouvernement, ils sont tous soldats ou faits pour l’être, ils ont tous des armes & des chevaux. C’est en courant la poudre, que la joie se manifeste dans les fêtes publiques ou particulières ; un détachement de cavalerie se partage en deux, qui se tiennent à quelque distance; ils entrent en lice les uns après les autres, de quatre en quatre, et se tirent des coups de fusils à poudre» Tout l’art de cet exercice est de pousser le cheval au .galop assez près du détachement opposé, et de s’arrêter tout court, en tirant le coup, pour faire volte-face, charges son fusil et revenir à la charge ; tandis que le détachement, qui a été attaqué fait de son côté la même manœuvre ; les Maures se plaisent beaucoup à cet amusement, qui n’est que l’imitation de leurs évolutions militaires
Muley Yezit, un des enfants de l’Empereur régnant (Sidi Muhammad b. ‘Abdallah, ndlr), qui a passé sa jeunesse avec les troupes, & qui y a contracté un goût décidé pour les armes, est très adroit à ces exercices, je l’ai vu tirer 3 coups de suite en courant au galop, sur une carrière de 150 à 200 pas; il part du but ayant un fusil à sa main , un autre en travers sur la selle, & le troisième en équilibre sur sa tête; il tire le premier fusil en partant, le donne à un soldat qui court à côté de lui, il prend le second qu’il tire & le donne de même, pour prendre le troisième, qu’il tire en achevant sa carrière ; tout cela se fait en aussi peu de tems qu’il en faut pour le penser. C’est-là le seul passe-tems des Maures dans les fêtes, dans leurs mariages, & dans touts leurs réjouissances: le seul honneur que son fait aux Ministres, aux Consuls , & à tous les étrangers, c’est de faire courir la poudre à leur arrivée ; il y a toujours quelque danger à ces amusements, par l’imprudence avec laquelle les Maures se conduisent, & il est arrivé quelquefois des accidents malheureux.
II semble que les Arabes ont introduit en Espagne l’exercice appelé Juego de Cagnas, que les Espagnols ont adapté à leurs usages. Les Maures à leur tour peuvent avoir renoncé à cet exercice que les Turcs appelent Gerid du moment que les lances ont été remplacées par les fusils. Continue reading

L. Br. de Boisgelin, Caractère des Maltais, 1806 n-è

Les mantes, qui recouvrent les femmes de la tête aux pieds, et ne laissent à découvert que le front et les yeux, différaient dans la partie supérieure et distinguaient les filles, des femmes mariée s: pour les ainées elle était coupée en rond, pour les autres elle se terminait en pointe. Mais dans la suite, les femmes en acquérant, avec une honnête liberté, les grâces que le désir de plaire multiplie, lorsqu’il est soutenu par l’espoir de profiter de ses succès, se sont débarrassées du vêtement énorme qui les gênait en les cachant, et sans renoncer à la couleur noire, la seule que, par modestie, elles pussent porter hors de chez elles, ni proscrire l’usage d’un voile que la décence exigeait encore, elles se sont composé un habillement qui laisse admirer à la fois la délicatesse des traits du visage, des yeux vifs et superbes Continue reading

Ernest Renan, De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation, 1862

En reproduisant ce discours, c’est un devoir pour moi d’exprimer ma reconnaissance aux auditeurs bienveillants et éclairés qui m’ont aidé à le prononcer. Avec beaucoup de tact, ils ont compris que c’était ici une question de liberté. Interrompre un ouvrage … Continue reading

Ernest Renan, L’islamisme et la science, 1883

Mesdames et Messieurs, J’ai déjà tant de fois fait l’épreuve de l’attention bienveillante de cet auditoire que j’ai osé choisir, pour le traiter aujourd’hui devant vous, un sujet des plus subtils, rempli de ces distinctions délicates où il faut entrer … Continue reading

Edouard Drumont, La France Juive, ch. IV : le décret Crémieux et les juifs algériens, 1886

LIVRE QUATRIEME  : CREMIEUX ET L’ALLIANCE ISRAELITE UNIVERSELLE « L’Alliance n’est pas une Alliance française, allemande ou anglaise, elle est Juive, elle est universelle, voilà pourquoi elle marche, voilà pourquoi elle réussit. » Crémieux.  Ce qui est captation et démence sénile chez … Continue reading

William Lemprières, Récit d’un médecin à la cour de Sidi Muhammad b. Abdallah, 1789 : Tanger

Personne n’ignore que la ville et le fort de Tanger faisaient autrefois partie des possessions étrangères de la Grande-Bretagne. La ville était bien fortifiée, lorsqu’elle appartenait aux Anglais ; mais quand ils l’abandonnèrent sous le règne de Charles II, ils … Continue reading