Faris Ahmad Ash-Shidyaq, Passages sur Malte, 1868

Permettez- moi d’ajouter que j’ai vu l’île de Għawdex plus d’une fois. Son nom, je crois est une corruption du mot Hawdaj [le palanquin à chameau dans lequelles on transportait les femmes arabes], et que les musulmans lui ont donné ce nom parce qu’il y ressemblait, comme ils appelèrent les deux autres îles Kamunah (Cumin ) et Filfilah [poivre], parce qu’ils sont petits .

 

Une objection à cette étymologie serait que ses propres habitants la prononce avec un غ, pas un ع comme le font les Maltais, et je ne connais pas de mot dans leur langue où le “ح” a été modifié en ع ; la substitution de ش en ج , en revanche, est fréquente .

 

Son territoire est plus étroit que celui de Malte, d’autant que ses champs sont ouverts– comme ceux de France et d’Angleterre, mais pas comme ceux de Malte, ce qui sera mentionnée plus tard. Les fruits et les plantes y viennent mieux, et ses habitants ont le cœur plus ouvert. Ses ânes et ses mulets sont robustes, mais pas actifs. Un âne peut être vendu pour £ 40. En ce qui concerne les arbres, ses pommes ne sont guère plus grandes que les mûres de Syrie, ses figues étalées sur le sol, et ils n’ont qu’un genre de noix, il y a aussi un palmier, mais il ne porte pas de fruits.

Les noms de tous les villages et les caractéristiques topographiques sont purement arabes.

Une manifestation de la stupidité de ses habitants qui m’a fait rire, c’est qu’ils ont leur blé battu par leurs animaux de ferme sans l’aide d’une batteuse : ainsi ils peuvent en lier deux ensemble et les faire marcher sur les épis jusqu’à ce qu’une partie soit ejectée d’un côté et l’autre de l’autre. La même chose est vraie à Malte.

Une curieuse caractéristique du terroir de Għawdex est que chaque partie est plantée et labourée, sauf celle qui fait face à Malte, comme si c’était mannière de maintenir une équivalence !

Quant à Comino, il n’y a rien, sauf une maison et une église. Son sol est peu utilisé. ”

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Dans l’ensemble, Malte mérite d’être appelé « un coffre des vents », car il n’est jamais sans

vent, froid ou chaud. Son vent d’été le plus fréquent est le Sâfiyâ’ qui apporte la poussière et pulvérise la matière, il souffle dans les visages des gens et pénétre dans les maisons

à travers les interstices des vitres.

Curieusement, le vent d’Est qui, en hiver, est très froid, est en été d’une chaleur accablante. Il provoque des craquelures sur les boiseries des maisons, même si elles sont peintes. Il fait craquer les chevrons du toit, il assèche le verre et le rend cassant alors il se brise au moindre contact. Il ride la peau et le papier. Même le fer et le bronze, et l’os et autres en sont impactés.

Le suif pourrit, ainsi une bougie dans la maison sent comme une odeur de cadavre.

La température peut atteindre plus de 38°. Pendant la nuit, la chaleur dicte ensuite de ne porter que des vêtements de lin léger et dormir sans couvertures. La plupart des maltais dorment sur le toit parce que les toits de leurs maisons, contrairement à ceux de l’Europe, ne sont pas en pente. En été, si quelqu’un marche quelques pas, il se retrouve à nager dans sa transpiration, et avant longtemps, il est brûlé par une rafale de vent chaud, il faut donc être plus prudent qu’un corbeau.

En outre, parce que la terre est sans bois ni bosquet, sans collines ni rivières et n’est en fait qu’un plateau au milieu de la mer – quand le soleil brille, il couvre tout uniformément, il n’y a pas d’abri. Il se peut aussi que sa chaleur soit augmentée par le feu qui sort de la montagne de Sicile.

En dépit de sa proximité avec l’Italie ses maisons – contrairement à ceux de Tunis -n’ont pas de marbre, et n’ont pas l’eau courante comme l’ont les maisons syriennes.

Une des raisons qui rendent les hivers rudes et désagréables est que ses bâtiments sont faits d’une pierre humide. En effet, s’ils restent dans un endroit ombragé un certain nombre d’ années, ils se couvrent de verdure. Quand il est d’abord extrait il est vert et humide, et ne devient blanc que lorsqu’il a été exposé à l’air et au soleil pendant un certain nombre d’ années. Une de ses propriétés, c’est qu’il est facile à sculpter, de sorte que l’on peut voir nombre d’images saintes qui sont faites avec ce matériau, dans les maisons et les églises. Certaines de ces pierres peuvent même être envoyés pour le commerce d’autres pays.

Parfois, les médicaments et aromates qui sont stockés pendant longtemps à Malte se détériorent complètement et perdent leurs propriétés. Le tabac à priser et le vin s’ils restent trop longtemps, perdent tout à fait leur arôme, c’est parce que ses planchers et les murs et les toits sont, comme je l’ai dit, d’une pierre humide, de sorte que si, par exemple, le sel est placé dans une boîte, il devient rapidement humide comme si on l’avait mélangé avec de l’eau. Les denrées alimentaires et liquides se putréfient également et s’ils sont placés dans ces garde-manger de bois teinté, l’humidité les contamine.

Les médecins recommandent ici de porter des gilets de laine dits à « Flanelle », en été comme en hiver – en hiver pour se réchauffer, et en été pour absorber la transpiration et se protéger contre la nocivité du vent qui pénètre par les pores de la peau ; ce que craignent le plus les maltais est l’effet du vent sur leurs animaux, et ils arrêtent leur cheval pour tourner son museau à l’abri du vent. C’est la norme que j’ai observé

 

Le terrain de Malte est glabre, un rocher nu pauvre en sol, en arbres ou en plantes, et l’ensemble de sa superficie est rocheuse, avec rien de plus au dessus. Pourtant, son peuple, à force d’efforts et d’un excessifs labeur ont pu y développer la plupart des fruits et légumes. Néanmoins leurs récoltes ne suffisent pas pour 4 mois. Le reste doit être importé des terres qui les produisent. Ainsi, le blé et le coton des vêtements sont importés d’ Egypte, de Turquie et de Grèce, les fruits et le vin de Sicile ; les bovins et les ovins et l’huile de Tunisie, et ainsi de suite. Certains vont même jusqu’à affirmer que le sol a été apporté de Sicile.

Les Caroubiers et les Figuiers Indiens, qui n’ont besoin que de peu de sol y sont plus précieux que les noix en Syrie. Les caroubiers collent au ras du sol comme des boutons et les cactus sont enfermés dans de hauts murs comme s’ils formaient un jardin fruitier, et chaque figue est enveloppée dans un un papier pour le protéger contre le mauvais œil, même si c’est quelque chose que l’œil essaie d’éviter.

Et si vous demandez à un des Maltais pourquoi ils ont si peu de bosquets, il répondra : « Nous, Européens, sommes préoccupés uniquement de la culture de la terre.” Comme ils sont ingrats et injustes ! Si vous errez dans la campagne, vous trouverez entre chaques champs un mur assez élevé pour vous empêcher de voir ce qu’il y a au-dedans. Comment comparer ce mal avec les plaines de France ou d’Angleterre qui sont ouvertes à l’oeil dans toute leur fraîcheur et leur luxuriance, avec leurs tas de céréales ou de plantes fourragères non surveillées par un gardien et non protégées par un mur.

La plupart des espèces d’arbres fruitiers et de légumes comestibles – sauf les citrons doux, la canne à sucre et les cornichons se retrouvent à Malte, et leurs fruit sont dans l’ensemble, très bon. Les figues de Barbarie, toutefois, sont pour la plupart petites, ainsi que les grenades. La plupart des fruits sont vendus verts, on leur permet rarement de mûrir, de peur que les voleurs ne les dérobent. Ils sont tous moins cher qu’en Egypte. Les figues sont de nombreuses variétés. Les raisins ne durent pas plus de 3 mois, mais les oranges sont de saison pour environ 7 mois , et certaines sont envoyés comme sucreries en ‘Angleterre et autres pays. Les fruits qui sont importés de Sicile sont uniquement destinés à compenser le déficit.

Il ya aussi des sortes de fruits qui ne se retrouvent pas dans nos contrées. Un type est appelé farâwli (fragole : fraises), il se compose de petites baies rouges de la même taille que les mûres ; ils sont doux, mais sont améliorés par le sucre. Un autre est appelé Nisbulî (Nespole ; nèfles), il est comme l’abricot ou la « l’œil de boeuf ». Un autre est appelé żorbî (Sorbe : pomme); elle ressemble à l’azerole et est très acide, il est maintenu en grappes qui ressemblent aux régimes de dattes : quelques-uns des fruits mûrissent tous les jours, et l’ensemble de la récolte dure prs mois.

Les Maltais ne savent pas comment conserver les fruits pour l’hiver, comme cela se fait dans les Pays européens – la France et l’Angleterre, mais pommes et raisins ne sont jamais indisponibles.

Leurs légumes , cependant, ne sont pas bons, trop liquide : quand vous les voyez sur la place du marché, vous êtes ravi par leur fraîcheur, mais une fois cuits, ils se révèlent insipides. Les oignons et les radis et autres, qui sont piquant par nature, y sont insipides, et même s’ils sont importés d’autres pays, leur goût est modifié. La même chose est vraie des choux, aubergines, etc, bien peu apparaissent, mais ils sont en fait bruts et durs. Chose étrange à dire, bien que la végétation de Malte soit telle que décri, son miel estextrêmement bon. Parmi les légumes qu’on ne trouve pas il y a les courges, les concombres et la « mauve des Juifs » ; même lacune pour le lait, la crème et le beurre fondu ; ils sont parfois importés de Tripoli, mais les Maltais les détestent, et cuisinent leurs aliments avec du saindoux…

 

De ses jardins, le plus célèbre est celui de San Antonio, la résidence d’été du Gouverneur. C’est là que l’émir Béchir Shihab a résidé avec sa famille.

 

Cette ville est le siège du gouvernement anglais, ses caractéristiques les plus merveilleuses sont l’inviolabilité de ses murs et la beauté de ses deux ports. Quant aux murs, ils sont en grande partie à moitié de roche solide, et le reste de la maçonnerie. Le port a déjà été mentionné.

L’impression générale – surtout s’il est vu de loin – est sa splendeur et sa beauté, car elle est bâtie de pierres, comme on l’a dit, et ses fenêtres sont vitrées. D’autre part, elle est sans campaniles et autres, et à cause de cela, ressemble à une tête chauve.

 

La caractéristique la plus remarquable de ses maisons, c’est qu’elles sont construites en pierre en ligne droite, vous ne verrez jamais une maison hors de la ligne. D’autre part, elles sont de différentes hauteurs, et leurs chambres et les appartements de vie sont mal organisées. Une grande maison se compose d’une grande chambre haute et une rangée de chambres qui s’ouvrent les unes dans les autres, de sorte qu’il est impossible de se reléguer dans aucun d’eux. Quant aux petites maisons, surtout les plus vieilles, elles sont sans ordre d’aucune sorte.

Les boiseries sont généralement peintes chaque année, et les murs sont recouverts de papier décoré, comme c’est la pratique dans les pays européens .

Les fenêtres de ces maisons sont insuffisantes parce que les citoyens ont des droits qui limitent le surplomb, de sorte qu’il n’est pas permis de tailler des fenêtres dans les murs.

Ils ont également des ouvertures en saillie (des balcons blindés) placés de manière à exclure la lumière et l’air. Ces ouvertures sont en haut du mur, de sorte qu’il est impossible pour quiconque à l’intérieur de la chambre de regarder chez eux à moins qu’il ne s’y trouve ou qu’il soit assis sur une chaise. Ils sont comme ce que les Syriens appellent un Kushk. (Kiosque). Il est dit que l’existence de ces balcons à Malte est une indication que les Maltais sont des Arabes, car on n’en trouve dans aucun pays franc qui ne fut pas conquis par les Arabes. Il peut y avoir jusqu’à 3 de ces balcons dans une maison.

On trouve rarement une maison de 3 étages habitables. La plupart en ont deux, et s’il ya un troisième étage, il est réservé aux besoins du ménage.

Les maisons au sol en marbre sont rares. Même le palais du gouverneur ne contient pas une seule dalle de marbre. Ce qui est communément utilisé dans les maisons des Grands est la dalle de pierre ordinaire, sauf qu’ils les traitent régulièrement avec de l’huile, de sorte qu’elles deviennent de couleur ambre.

De même, on trouve rarement armoires, placards ou étagères dans des maisons louées ; ces articles doivent être achetés séparément.

Il n’y a aucun jet d’eau ou cours spacieuses comme dans les maisons de Damas. Il n’existe pas non plus d’écuries : ceux qui ont un cheval l’attachent à l’extérieur. Plus rares encore sont les celliers, ainsi ils achètent leurs provisions au jour le jour, en effet il se peut que s’ils les stockent, elles pourrissent…

 

Quand une maison est proposée à la location, le bailleur écrit un avis à cet effet sur ​​un morceau de papier qu’il colle à la porte, car ils n’ont pas de Shaykh Hârah, comme cela se fait en Egypte.

Chaque fois que quelqu’un loue une maison, il faut la trouver fraîchement blanchie à la chaux et ses boiseries repeintes. La pratique de bois de peinture est une louable, car elle est agréable à l’oeil et il préserve le bois. En raison de celà, une maison peut sembler splendide à l’extérieur bien qu’il puisse en être autrement à l’intérieur. C’est le contraire de ce qui est commun chez nous, en Egypte et en Syrie, l’extérieur de maisons peut suggérer des conditions de vie primitives, bien que l’intérieur soit orné et décoré. La raison à cela est que, dans le passé, les dirigeants étaient toujours prêts à mettre la main sur la propriété de particuliers, de sorte que les sujets ne faisaient pas étalage de richesse, dans les bâtiments ou les vêtements. La coloration du verre n’est pas pratiquée à Malte.

 

Les maisons ont des citernes dans lesquelles s’accumule l’eau de pluie s’accumule. Si elles sont à sec, le locataire demande à l’agent responsable des conduits de lui fournir l’eau provenant d’une source. La situation est identique à cet égard pour ceux qui habitent près comme pour ceux qui sont étrangers et ceux qui n’ont aucune citerne en propre – ils puisent toute l’eau à la fontaine publique.

Les cuisines sont souvent en sous-sol, avec des trous pratiqués dans la chaussée pour laisser entrer la lumière, leurs plafonds sont donc au niveau de la chaussée. Donc, la plupart des cuisines sont similaires à celles de Londres. Nulle maison sans un petit vestibule où des vases de fleurs sont exposés. Parmi ces fleurs il en est qui n’ont aucune odeur et n’existent pas dans notre pays.

Dans les grandes maisons, en particulier celles qui sont occupés par les Anglais, il y a de petites cloches suspendues à des fils, suspendues dans les chambres ; elles sont attachées à des rubans de soie. Lorsque le maître souhaite appeler un serviteur, il tire sur le ruban, et le serviteur entend le son de la cloche dans toute la maison. Pour cette cause, le battement de main ne parraît plus suffisant.

Sur les portes ils écrivent souvent : « Frapper à la porte » ou « Sonnez la cloche ». elle est aussi la coutume en Angleterre. Contrairement aux maisons de Londres, cependant, ils n’ont pas de trous dans les portes par lesquels on peut glisser les lettres.

 

En marchant le long des rues de la cité on ne cesse de monter et de descendre comme la proue d’un navire sur les ondes ! Ils ont cependant des mesures qui les rendent plus faciles à négocier. Il est également possible de se promener le long des côtés quand il pleut, car chaque rue a deux trottoirs – l’un à main droite et l’autre à gauche – à l’usage des piétons, tandis que les chevaux à voitures utilisent le milieu. Ils avaient coutume de tout paver, mais le bruit des voitures leur était devenu insupportable, et les Anglais enlevèrent le pavage du milieu et le remplacèrent par de la poussière et des cailloux (Mac-Adam). Les Maltais dirent alors qu’il s’agissait de la pratique de l’anglais que de piller leur pays comme ils l’avaient fait avant quand ils emmenèrent les canons en laiton et les remplacèrent par des canons en fer. En vérité, il faut dire que les routes couvertes de poussière et de cailloux font d’elle des bols de poussière en été et des marais de boue en hiver. Les Anglais ne l’ont fait que par respect pour quelques notables qui avaient des voitures, pour le bénéfice de ceux-ci seuls, ils ignorèrent les intérêts des gens ordinaires. Telle est leur pratique habituelle : ils prennent en compte les inclinations de la classe supérieure plutôt que ceux du public. La pierre qui est restée sur les trottoirs devient éclatante lorsque le soleil s’abat sur elle en été. Aussi, parce que les Maltais sont des plus minutieux dans leurs vêtements et leurs chaussures, ils vont rarement dans les rues, surtout en hiver, alors que les rues restent propres. A Londres, d’autre part, les femmes sortent plus en été qu’en hiver, et portent une sorte de sabot pour se protéger de la boue, pour cette raison, ses rues sont très sales. J’ai connu beaucoup de Francs pour exprimer émerveillement à la propreté des rues maltaises, la déclarant supérieure aux rues de plusieurs grandes villes européennes. Dans les deux, cependant, les impasses sont pleines de poussière et de saleté, et il y en a où deux ne peuvent pas marcher côte à côte.

Dans chaque ruelle, il ya une lanterne reposant sur ​​des supports en fer qui est éclairée toute la nuit, à travers à Londres et à Paris, ces lanternes ne se trouvent que dans le plus étroit et les pire rues. Depuis que j’ai écrit, je l’ai entendu dire que La Valette est désormais éclairé par le gaz…

Dans l’ensemble de cette ville, il n’y pas une seule banquette pour s’asseoir, les gens peuvent seulement s’asseoir dans leurs maisons ou dans les cafés. Certes, il y a une banquette devant le palais du gouverneur, mais seulement la populace l’utilise, car les Anglais considèrent qu’il est honteux de s’asseoir de cette manière, et la coutume en a contaminé les maltais. Il est dit qu’il y avait plusieurs banquettes dans la ville, mais les Anglais les ont enlevées pour faire comme à Londres.

En ce qui concerne les cafés de La Valette, ils ne sont plus que des magasins sombres sans une fenêtre sur la mer ou un jardin, si vous restez assis trop longtemps dans l’un d’eux, le serveur viendra essuyer la table devant vous, laissant entendre qu’il espère d’autres clients, toute son attitude semblant dire : « Vous me fatiguez , quand partez-vous ? »

On ne peut pas s’asseoir face à la mer pour une seule heure car ils sont tous sales, non plus ne peut-on ni manger ni boire, ni fumer sur les vigies par respect pour les dames anglaises.

Au bord de la mer, où pendant 5 mois les gens se baignent, il n’y a pas de couverture, pas de stand, pas de tente : le nageur doit exposer son visage au soleil sans protection, de sorte qu’il est brûlé avant même qu’il ne sorte de l’ eau .

La vérité est que les Anglais ont privé Malte complètement de tout lieu de loisirs ou de plaisir.

Un des plus grands plaisirs des maltais est de sortir en bateau dans les nuits d’été pour se baigner dans l’océan. Les hommes et les femmes sortent ensemble et passent une partie de la nuit à nager et à chanter.

 

Il y a beaucoup de bateaux dans le port Valette. Ils sont tous peints et attrayant, mais il leur manque les sièges des gondoles égyptiennes, et les auvents et les décorations des bateaux d’Istanbul. (Mais ces derniers sont un danger pour les passagers, car elles sont si légères qu’elles se brisent pour la moindre chose.)

Il est ouvert à tout le monde de dire que les Maltais sont comme les Anglais en ce que toutes leurs préoccupations, ils prennent en compte l’utilité seul, et n’ont aucun égard pour le luxe ou l’élégance. Ainsi leurs canapés, leurs balcons, leurs chaises, leurs bateaux, et les selles de leurs chevaux sont faites pour servir uniquement dans un but utilitaire.

Etranges aussi sont leurs magasins, car le commerçant reste debout du matin au soir. Peu d’entre eux ont une chaise ni pour lui ni pour le client. A ce dernier égard, ils diffèrent des anglais.

 

Ils appellent un bateau un Du’aysa, ce qui semble être un diminutif de « butte de sable= Da’sa », le bateau lui ayant été comparé parce qu’elle est arrondie et petite.

Telle est la pratique habituelle des Arabes : ils nomment les objets inconnus de quelque chose de familier dans leur propre pays. A cela, on peut soulever une objection : bien que ce fut la pratique des Arabes, comment se fait-il que ce soit celle des maltais ? Ma réponse est que personne ne peut nier que la langue maltaise est l’arabe, et que c’était les musulmans qui – lorsqu’ils occupèrent l’île, comme cela a été mentionné – nommèrent ces objets, qu’ils n’utilisaient pas

 

Il y a beaucoup de mots dans la langue maltaise qui ont été détournés de leur usage initial (les mots originaux sont devenus obsolète) et pour lesquels on a emprunté des mots synonymes ou quasi-synonymes. Par exemple, pour « un peu » (Qalil) ils utilisent Ftît (« miettes ») , pour « beaucoup » (Kathîr) qu’ils utilisent wasq (“charge de chameau ») ; pour le cheval (HiSAN ), ils utilisent Zamil avec imâlah (żiemel) – un mot appliqué à toute bête qui, en raison de sa vivacité, semble distribuer son poids inégalement sur ​​ses jambes, et un village (Qarya), ils utilisent Rahl qui en lexicographie désigne les ustensiles et autres choses qu’un homme porte avec lui (qui est ce qui est le plus souvent transmis par la parole), mais aussi son logement.

 

Un autre exemple, c’est une attraction, ils se promènent devant le palais du gouverneur lorsque la fanfare militaire joue, ce qui sert à tous ceux qui recherchent la légèreté et affectent l’habileté, ainsi les hommes lorgnent sur les femmes et les femmes fricottent avec les hommes.

Un autre des très nombreuses fêtes de l’Eglise (car chaque saint a une fête spéciale à une saison et un endroit donné). À l’approche de la date, ceux à la recherche de plaisir s’y rendent et se livrent aux quelque délices disponibles, écoutent la musique, regardent les jeux de feu, etc . Inévitablement, dans ces festivals, la populace se saoule et commet toutes les abominations qu’ils peuvent.

Une autre attraction est la Grande Course, dans lequel les chevaux, les ânes, ou encore les bateaux peuvent rivaliser. Le gagnant reçoit une prime.

Une autre est un jeu glissant qui leur est propre, où des milliers de personnes assistent. Il se compose comme suit : Ils attachent un long morceau de bois, comme le mât d’un bateau à un navire, ils l’enduisent de quelque chose de glissant, ils installent un objectif devant lui, puis ils s’y dirigent sur ce morceau de bois ; celui qui perd pied tombe dans la mer.

 

Une autre est le dimanche, le lundi et le mardi au moment de la Levée, il est connu comme le Carnaval. Alors les hommes s’habillent en femmes et les femmes en hommes, elles se parent de diverses manières et sous différentes formes, ils se couvrent le visage avec des morceaux de cuir en forme de visage, et vont par la ville, sans but, et ivre. Ce port de déguisements, ils l’appellent “maskarah”, ce qui semble être une corruption de maskhara (risée, masque, bouffon). Durant cette période, ils ne s’abstiennent d’aucune débauche, d’aucune abomination. Mais, le mercredi matin, ils vont à l’église et saupoudrent des cendres sur leur tête comme signe de repentance. Pour cette raison, ce jour est appelé Mercredi des Cendres, un nom qui reste en usage chez les Anglais qui ont aboli cette coutume. Le sens du mot Carnaval est la « Levée », c’est à dire la « suppression », « de la viande ».

 

De nos jours il est aussi coutumier que le gouverneur donne un somptueux banquet auquel il invite les personnes les plus importantes du pays par des cartes stipulant qu’elles doivent venir en costume de fantaisie. Ils viennent, conformément à son invitation, et il les attend dans une salle de son palais, alors chaque famille s’incline en s’approchant de lui, et il s’en félicite. Ensuite, lorsque l’accueil est terminé, la danse commence. Lorsque les femmes ont dansé un peu, les hommes se mettent à table pour manger et boire ce qu’ils veulent, alors ils vont danser jusqu’à l’aube, lorsque la société se disperse.

De cette fête, quelques maltais gourmands en rapportent parfois une khubna, c’est-à- dire un peu de nourriture emballée. J’avais l’habitude d’aller à cette fête dans mon costume ordinaire, sans maque ; et on me demandait : « Y a-t-il quelque chose comme cela dans votre pays ? » Et j’avais l’habitude de répondre par l’équivoque : « Si nous n’avons pas cela, alors nous avons quelque chose de mieux ! » Mais, sur ma vie, il est honteux pour un homme respectable d’être vu à danser comme un enfant.

 

Un des plus grands lieux de divertissement et de plaisir est le théâtre (Malha) qu’ils appellent « Thiyâtir(û) ». Dans l’ensemble de la Valette n’y a qu’un seul théâtre, la plupart des acteurs y sont en d’’Italie, mais ils ne sont pas de premier ordre. Tout cela, je le discuterai en détail plus tard, si Dieu le veut. Je me suis attaché à être bref sur ces sujets qu’on retrouve à Malte, mais qui ne sont en soi qu’une forme réduite des pays européens…

 

La vérité est que, si Malte est laide, l’abondance de belles églises est un objet d’émerveillement. Vous en trouverez 3 ou plus par village. En effet, la première cause de l’orgueil maltais consiste en le nombre d’églises dont ils disposent – car ils n’ont rien d’autre à leur gloire et  l’auto-publicité est un de leurs traits innés. Si vous allez vous promener dans quelque villages, vous serez à peine arrivé que vous vous verrez entouré par un groupe qui souhaitera vous montrer ses églises.

La sonnerie des cloches au moyen de cordes, comme chez les Anglais, leur est inconnu, ils montent plutôt au clocher, et la meuvent de la main, ce qui produit une détresse de l’âme et un dégoût de sa nature.

 

Il y a un bazar à La Valette où on vend toutes sortes de denrées alimentaires. Vous y trouverez toutes les variétés de poisson et de viande – bœuf, mouton, veau – poulets et volailles.

Le poisson est le meilleur. Pour la viande, la meilleure est celle du jeune agneau abattu avant l’âge de 3 mois, sa chair étant alors plus délectable que celle des volailles, ce qui est une délicatesse qu’on ne retrouve pas même à Londres ou à Paris. Coqs et poules sont très rares. Il n’est pas considéré comme honteux d’acheter un demi-poulet, ou même un quart ou une aile ou une tête, ou encore les entrailles ; cela est une manifestation de leur esprit d’épargne, car ils sont de toutes les créatures les plus experts en ce domaine. Il n’y a nulle honte pour quiconque d’aller acheter ses provisions de la journée en personne, même si l’on est un juge – ce pourquoi, même les Dames le font, et quand elles ont acheté quelque article, elles se le font rapporter par un garçon occupé à celà – et ils sont nombreux.

 

Il n’y a dans la ville aucun âne vif pour l’équitation comme il y a en Egypte. Au lieu de cela, les gens se déplacent en voiture. Ce ne sont pas les voitures des Francs, qui n’ont pas de place pour le conducteur, il marchent à côté, pieds nus. Chaque fois que les propriétaires de ces fiacres voient quelqu’un s’approcher, ils se pressent autour de lui plus encore que les Garçons d’Ane en Egypte.

 

Dans tout Malte il n’y a aucune usine pour la fabrication des montres, verres, armes, tissu, ou quoi que ce soit d’autre. Les meilleurs produits artisanaux qu’on connait chez eux sont la menuiserie, la couture, la cordonnerie, le tissage et le travail des métaux précieux. Les produits typiques du travail des charpentiers sont les chaises, canapés, tables, armoires, coffres, etc, mais ils sont aussi parfois qualifiés dans la construction de bateaux. Les orfèvres produisent des boucles d’oreilles, bagues, chaînes, bracelets, de formes d’oiseaux et de fleurs, des boucles, des aiguilles et autres ; les argentiers font des cuillères, louches, cafetières et théières, tasses, assiettes, lampes, sucre-bassins, etc. Le tissage n’est pas développé au-delà de la fabrication de longueurs de tissu pour les serviettes, couvre-lits, et voiles pour bateaux, de ce dernier produit, on en exporte de grandes quantités dans les pays musulmans.

Aucun de ceux qui pratiquent ces métiers ne sont au niveau de l’ anglais ou du français en terme de qualité, le travail des Maltais, cependant, est fiable et solide.

Si, par exemple, vous achetez des chaussures ou un vêtement cousu, il servira pendant une longue période sans avoir besoin de réparation. La fabrication anglaise en revanche est attrayante en apparence, mais ne résiste pas beaucoup à l’usure, et la fabrication française est entre les deux.

Une bonne habitude à Malte, c’est que lorsque quelqu’un souhaite acheter un article d’argent ou d’ or, il va s’enquérir de ce que vaut le matériau, il le pèse et lui donne une carte sur laquelle il enregistre les informations. Les salaires à payer cependant, sont laissés à décider d’un commun accord. Généralement, les joyaux sont achetés à des prix inférieurs.

Une caractéristique détestable à Malte est le grand nombre de mendiants et leur persistante importunité, ils viennent même frapper aux portes aux heures des repas.

 

Les Maltais qui veulent montrer leur richesse de robe le font de la même façon que les Européens, sauf que leurs femmes portent une enveloppe de soie noire, et, au lieu d’un chapeau, une couverture du même matériau dessus de leurs têtes. Il n’y a rien de plus laid que la vue de ces vêtements noirs en été. Certaines femmes maltaises imitent les Anglaises dans leur robe, mais quand elles vont à l’église, elles portent leur costume traditionnel, la notion étant que le noir est plus convenable à l’église et plus en harmonie avec l’assiduité dans la prière, de même, les chrétiens syriens ignorants ont la fantaisie qu’il ne convient pas à celui qui porte un pantalon de s’approcher de l’autel de l’Église.

 

Parmi les villageois, les hommes ont les oreilles percées et portent des boucles d’oreilles d’or, ils laissent également leurs cheveux pendre jusqu’à la base du cou. Ce sont des caractéristiques féminines. Ils portent aussi des bouchons de différentes couleurs qui pendent sur ​​leurs épaules ; ils ressemblent à des bas. Ils marchent pieds nus et sont ceinturés. Certains d’entre eux portent plusieurs anneaux d’or, et ont les boutons de leurs gilets faits du même métal ou d’argent. Ils placent ensuite leurs manteaux sur leurs épaules, et, pieds nus, vont à pied, d’une démarche gaie et enjouée. Les jours de fête, un simple potier ou publicain apparaîtra avec 10 anneaux d’or sur ses doigts, autant sur ​​sa chaîne de montre, et de nombreux boutons d’or ou d’argent sur ​​son gilet.

 

En ce qui concerne femmes, celles qui possèdent une paire de chaussures ne les portent qu’en ville, et le font avec fierté. Une fois sorties de la ville, elles les portent sous le bras.

 

Les notables de Malte suivent la coutume des Francs en Europe en ce qu’ils sortent en été sans manteaux pour cacher leurs dents postérieures

 

Les plus vaniteux d’entre eux font leurs pantalons tellement serrés sur leurs cuisses et les fesses qu’ils ne peuvent plus prendre quoi que ce soit sur ​​le sol, et quand ils montent les escaliers, ils avancent avec précaution pour s’assurer qu’il ne va pas se déchirer à l’arrière. La plupart d’entre eux élargissent leurs cuisses et postérieurs en bourrant leurs pantalons, camouflant tous les os qui dépassent de leur corps, puis lors de la marche ils scrutent constamment leurs épaules et ressemblent à un homme court qui se dandine quant il marche, et ils jettent des regards à leur pantalon et à leurs chaussures, pleins d’admiration pour leur propre parure.

La vanité et l’orgueil des femmes quand elles marchent est plus grande encore que la vanité des hommes. Vous les verrez les sortir comme épouses prises en procession à leurs valets, tenant le de l’enveloppe dans la main gauche et le bord du couvre-chef dans la raison, ils sont alors plus encombré que celui qui a deux navires barattage

 

Quand ils rentrent chez eux, ils ne mettent comme vêtement que des guenilles dont ils disposent. Riches et pauvres, hommes et femmes se ressemblent en cela. Une femme qui porte de beaux vêtements à la maison est souvent considérée comme démonstrative. Si vous devez faire appel à un Maltais, il n’aura aucune honte à dire : « Attend un peu, ma femme est en train de changer pour venir vous rencontrer ». Parmi ces femmes, il y en a qui restent pieds nus à la maison, mais quand elles sortent le dimanche, elles portent des bas de soie et des gants de soie et se parent aussi voyante que possible, pour – contrairement aux Anglais qui, ici, manifestent toujours la même apparence.

Dans l’ensemble, tout le problème de ces gens est de montrer leurs plus beaux atours. Ceci est caractéristique des nouveaux riches.

 

Quand une maltaise est enceinte, elle se pavane et réhausse son ventre afin que tout le monde puisse le remarquer. Quand elle voit quelqu’un atteint d’une infirmité, elle fait le signe de croix sur son ventre afin de prévenir l’infirmité de se communiquer à l’enfant à naître. Et si, alors qu’elle chemine, elle sent l’odeur de certains aliments à cuire et en éprouve le désir, elle envoit quelqu’un pour en solliciter le don.

Les ornements de la femme sont d’or chez les riches ou d’argent chez les pauvres, mais on voient rarement une femme sans ornement d’or. Les différents types d’ornements sont : les boucles d’oreilles (qu’ils appellent Msalet comme dans les pays du Maghreb) ; bracelets qu’ils portent sur ​​leurs manches, broches, bagues, chaînes et des montres. Très rarement se parent-ils de pierres précieuses : seuls les nobles dames en portent, dans les bals et banquets, parfois ils se débrouillent avec de l’onyx.

 

Dans l’ensemble, ni les Maltaises, ni les femmes franques n’ont de bijoux autant que les femmes égyptiennes ou syriennes. Leur admiration est limitée à la propreté et à la mode de leurs vêtements, mais alors que les vêtements des hommes francs n’est pas sans offense à la pudeur, celle de leurs femmes est plus favorable à la maîtrise de soi et la chasteté que celle de nos femmes. D’autre part, leur pratique de l’évolution des modes est rentable pour les commerçants, mais dangereux pour le public, car elle entraîne des frais récurrents inutiles. Ces changements commencent à Paris, puis des représentations sont imprimées sur des feuilles de papier et envoyées dans tous les pays. Telle est la voie de l’être humain : quand il répudie un vice, ce n’est que pour se tourner vers un autre. C’est ainsi que lorsque les Francs se sont détournés de vêtements brodés et de brocart, les jugeant l’apanage des jeunes garçons, ils ont acquis un penchant pour les changements de forme.

Pour tout cela, parce que les vêtements des Francs n’est rien d’autre que noir en hiver, et rien d’autre que blanc en été (que ce soit de drap, matériel ou autre), leurs foires et leurs fêtes n’ont aucune gaieté. Il n’y a rien qui plaise à l’oeil à l’exception des vêtements de soldats et de quelques femme . Il ne fait aucun doute que l’amour de couleurs vives est naturel, car nous le retrouvons chez les enfants, mais ils disent que ce goût est pour eux caractéristique des peuples primitifs. Leur goût pour les couleurs ne s’affiche que dans l’ameublement et l’équipement de leurs maisons.

En toute justice, il faut dire que les vêtements des Francs sont mieux adaptés à l’activité, et plus économiques, car à part d’être serrés – ce qui est le principe même de l’économie – ils sont libres de toutes surcharges de formes et de « variégations ». Ils peuvent aussi être plus propice à la propreté.

La coutume des anglais ici est d’avoir beaucoup de vêtements blancs, mais peu qui soient faits de drap ou similaire. Ainsi, un riche Anglais peut pas avoir plus de 3 ou 4 couches, mais il peut avoir 60 chemises, 20 tiroirs de lin, une vingtaine de draps de lit, etc. J’ai vu beaucoup de notables ici avec des manteaux des colliers incrustées de saleté et de transpiration, surtout qu’il y a certains d’entre eux qui ont laissé pousser les cheveux à l’arrière de la tête, de sorte que quand ils enlèvent leur chapeau vous voyez la tache flottant jusqu’à leurs épaules – et pourtant ils rasent leurs moustaches, sous prétexte d’une plus grande propreté. Parmi les Anglais, certains mettent une chemise propre tous les jours et se rasent tous les matins, ils peuvent même le faire 2 fois par jour, et ce régulièrement que ce soit sur terre ou sur mer. Certains ont aussi des chemises avec des cols et poignets disjoints, qu’ils changent tous les jours.

 

Clot Bey, Aperçu Général sur l’ Égypte, Paris, 1840, v I, pp 293-294 : «Dans le passé, les orientaux aiment à porter des couleurs éclatantes : rouge, rose, lilas, blanc , violet, etc Ils n’ont jamais porté les couleurs sombres , qui ont été réservés pour les sujets non-musulmans . Aujourd’hui, le goût et la coutume ont changé sur ce chef d’accusation. Les couleurs vives ont été abandonnés par les membres de la haute société, qui font maintenant appel à de belles peignés- . Noir, bleu, brun, etc Seuls les gens ordinaires conservent

 

Une pratique louable chez les Francs est l’utilisation de l’amidon lors du lavage des vêtements blancs, car ils sortent comme neuf. Les lavandières maltaises utilisent uniquement de l’eau froide, parce que plonger sa main dans l’eau chaude, puis l’exposer au vent est nuisible. Leur savon est meilleur que le savon français et le savon anglais est inférieur aux deux. À mon avis, le meilleur savon en Europe est le savon de Castille, en Espagne. Il semble qu’il était de fabrication arabe, car les Tunisiens en font encore un qui est de la même couleur et de la même forme , bien que d’une qualité très différente.

Le tarif pour laver une chemise à Malte est 1 penny. A Paris, il est de 3, et à Londres, 4 ou 5.

 

En ce qui concerne les habitudes alimentaires des Maltais, les riches ont de la soupe, de la viande, des légumes et du vin pour leur repas de midi et du poisson et de la salade le soir. Pour eux, la plus grande délicatesse est le porc, mais – contrairement aux anglais – ils n’en mangent ni de quoi que ce soit d’autres autant que de pain. Quant aux pauvres, chacun va manger un Ratl maltais de pain avec 5 olives ou un morceau de fromage ou quelques poissons salés – le Ratl maltais étant l’équivalent d’environ 2 Ritl égyptiens, et le prix environ une piastre [ 2,5 penny ]. C’est pourquoi tous les Maltais mentionnent le pain très souvent. Si, par exemple, il on vous appelle pour vous questionner sur votre famille, on vous dira : « Tous vont bien et mangent du pain ? » C’est comme s’il disait que celui qui est bien, c’est celui qui mange du pain. Encore une fois, si vous souhaitez acheter quelque article à un commerçant et ne lui donnez pas le prix fort, il dira : « Je dois fournir pour une famille qui mange du pain. »

Si vous voyez quelqu’un à une certaine distance en train de manger, il vous offrira ce qu’il a dans sa main en disant : « Hekk ya3jbuk » C’est-à-dire « Ce qu’il y a ca te plaire ! » même s’il sait qu’il est impossible pour vous d’aller auprès de lui.

 

Il n’est bien sûr pas inconnu que le pain des Francs est large et dur, et qu’ils le coupent avec un couteau. La raison en est l’économie, car si à quelqu’un repas devait couper un morceau et quitter une pièce, il n’est pas considéré comme honteux de garder le reste. En effet, la partie restante peut être mise sur la table plusieurs fois. Ceci est différent de la coutume orientale selon laquelle une miche, ayant eu un morceau coupé il ne peut pas être ramené à la table incomplet, car l’action serait considérée comme vile et médiocre. Dans le même temps, le fait que le pain soit gros implique que l’intérieur n’est pas cuit.

Dans le pain maltais, en fait, la mie, qui est la plus grande partie du pain – est presque crue et ne peut être consommé jusqu’à ce qu’il vieillisse. C’est le pire pain qu’on puisse trouver dans le pays des francs, car outre le fait qu’il est pétri avec les pieds, il est aigre et indigeste. D’autre part, il contient, je pense, moins de levures que le pain anglais. Les Maltais ont un type de pain qui est rond comme le nôtre et qu’ils appellent Fatayyar (crêpe). Ils en mangent comme un met délicat. J’ai demandé pourquoi il est si rare et n’est pas vendu dans tous les magasins, et on m’a dit qu’il en résulterait une augmentation des dépenses, car il est trop bon. Quand il a faim, le maltais mangera juste à sa faim.

 

La majorité des maltais cuisinent le sang et le mangent avec avidité. Chaque fois que nous voulions tuer un poulet, l’homme que nous employions à vider le sang nous en remerciait. Eux et tous les Francs mangent aussi des tortues et d’autres animaux qui nous dégoûtent. J’ai même entendu dire que certains Maltais, s’ils sont effrayés par quelque chose de pénible, vont manger une souris ou une grenouille pour contrer le choc. Dans tous les cas, le dernier des paysans maltais est familier avec des plats inconnus aux plus grands marchands en Angleterre, car ils cuisinent des plats de viande qui combinent toutes sortes de légumes.

Dans l’ensemble, les Francs ne sont pas hygiéniques dans leur cuisine, parce que leurs filles ont toujours leur tête découverte ainsi leurs cheveux tombent dans ce qui est cuit, et parce que leurs ustensiles de cuisine sont rarement aiguisés (vert de gris), en fait ce commerce est presque oublié à Malte. La plupart des ustensiles utilisés par les Anglais, cependant, sont de fer, ainsi les conséquences ne sont pas si graves.

Les Maltais sont comme les autres Francs qui mangent les animaux étouffés, ils vont aussi au-delà à ce qu’ils mangent des poulets et des animaux qui sont morts de mort naturelle.

Ils mangent tous l’ail et l’oignon cru de sorte que leur bouche exhale toujours une odeur.

 

En ce qui concerne le couchage, les Maltais dorment généralement sur ​​des lits de fer, ceux d’entre eux qui sont anglicisé, cependant, utilisent de tels lits en été, et des lits en bois en hiver. Ils utilisent plusieurs matelas mous. J’ai entendu dire que ceux qui ne sont pas riches, mais ont tout de même de gros matelas, ne dorment pas dessus, mais les empilent seulement pour le spectacle et la vanité. Les médecins disent ici que dormir sur un matelas en coton affaiblit le corps, et que la fibre ou la paille sont meilleurs, les matelas des riches sont de la laine.

Un homme dort toujours avec sa femme, même s’ils sont depuis longtemps mariés et ont décrépis et languis ensembles. Quant à la canaille et à la racaille, vous la verrez à midi face contre terre sur le bord de la route, il y a là connexion à une tradition qui dit : « Les Démons se trouvent exposés dans leur sommeil » ;

Si vous visitez un maltais riche, il est rapide pour vous montrer ce mobilier et des décorations qu’il a, et la première chose qu’il va montrer vous, c’est son lit. Les Maltais n’ont pas l’habitude de fournir des lits à les visiteurs comme nous le faisons dans notre pays.

 

Clot Bey , I, p 313-4 : « En général, ils ne sont pas habitués aux lits, au cours des dernières années, il est vrai, des lits ont été introduits, mais ils restent loin d’être communs. Les Egyptiens étendent un matelas ou plus sur leur tapis, et dorment dessus. Ils affirment qu’un tel canapé, constitué à nouveau tous les soirs sur le sol de leur habitation, est plus à l’aise en ce qu’il est de niveau tout au long, ils disent aussi qu’il est moins encombrant que nos lits. Ils n’ont pas de chambres spéciales pour dormir, et le retroussées matelas sont facilement enlevés pour adapter la pièce dans laquelle on a pu se reposer durant la nuit à l’usage qui lui est nécessaire pour la journée. Les Matelas orientales sont rembourrés avec du coton. Ils sont minces, car les Egyptiens préfèrent multiplier leur nombre à augmenter leur volume. Les dimensions dans lesquelles ils font leur conviennent à leurs fins, en premier lieu parce qu’ils les rendent faciles à plier et à se déplacer, en second lieu, parce que dans un pays chaud un canapé composé d’épais matelas permettrait la circulation de l’air est moins réparateur et augmenterait la concentration de la chaleur.” Lane, I, p 209-10 . «C’est la coutume générale en Egypte pour le mari et la femme à dormir dans le même lit , à l’exception parmi les classes aisées, qui préfèrent souvent des lits séparés. “

 

Parmi les raffinements et les conforts de créature dont les Maltais sont privés est se s’allonger sur des canapés moelleux et des oreillers, car ils sont assis sur des chaises seulement. Ils ont des divans en bois, mais ceux-ci n’ont pas de sellerie. Imaginez comment un homme peut s’asseoir pendant toute la journée sur une chaise devant sa maison, ou bien rester debout comme les commerçants, puis revenir à la maison seulement pour s’asseoir sur une chaise…

 

La coutume maltaise en matière de mariage, c’est que l’homme doit fréquenter la femme pendant une longue période avant de l’épouser, il peut le faire pendant 3 ans ou plus. Mon opinion est que de se marier sans avoir vu une fille ou connaissant rien à son sujet est aussi néfaste que possible, en particulier chez les chrétiens puisque le divorce n’est pas permis. Pourtant, une longue relation n’est d’aucune utilité non plus, car la jeune fille va être la plus douce possible avec son fiancé jusqu’à ce qu’elle se marie et, schant qu’aucune séparation n’est possible, elle adoptera alors le comportement qu’il lui siera !

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Il n’est pas rare que dans les pays francs, ce soient les femmes qui paient une dot pour les hommes. Ainsi, les riches maltaises donnent au mari environ 200 livres, celles de richesse modérée équipent sa maison avec des lits, chaises, tables, ustensiles de cuisine, et lui donner un peu d’argent aussi bien ; les paysans lui donnent des poulets et des œufs ou autres. Le mari donne ses chaussures à son beau père. Mon opinion personnelle est qu’il est justifié à la fois pour les Occidentaux qui donnent une dot au mari, et pour les Orientaux qui donnent une dot à la femme. Car les Orientaux sont avides de mariage avant même qu’ils n’aient de l’expérience ou de la substance ; le père de la jeune fille doit donc recevoir une dot du mari à titre de caution qu’il est en mesure de répondre aux demandes qui lui seront faites, une autre raison est que « les hommes sont les Piliers des Femmes » ; chez les Francs, d’autre part, les hommes tentent généralement d’éviter le mariage en partie parce que leur approvisionnement est tellement cher que les résultats de mariage en aggravent la charge, en partie parce que leurs femmes imitent les hommes dans leur comportement, et en partie parce qu’ils peuvent gérer sans elles grâce à la disponibilité de services payants. Il est donc nécessaire, dans ces conditions, que la femme donne à l’homme une certaine aide.

 

Les Maltais sont, de toutes les créatures de Dieu, les plus avides au mariage : un homme va se marier lorsque ses revenus sont à peine de 2 piastres par jour, ce qui ne peut pas lui acheter sa faim de pain et de quelque chose de savoureux pour aller avec, mais il est sûr que sa femme va l’aider dans son travail et apporter un revenu. Le trait des femmes maltaises, c’est qu’elles sont belles en apparence, mais pas de caractère : une femme court après un homme séduisant, sans se soucier des conséquences, il ne lui concerne pas que l’homme soit pauvre ou ignorant ou mauvais. En même temps, les femmes ne respectent pas leurs maris. Une femme sera souvent en désaccord avec son mari, le contredira ou le fera passer pour un idiot en présence des autres. Toutes les femmes font tant entendre leur voix qu’un étranger les quittera abasourdi.

 

La coutume dans le passé était que les femmes ne devaient pas se déployer devant les jeunes hommes, ni se pavaner dans les rues, ni savoir ni lire ni écrire. Une fois fiancées, elles restaient isolées de leurs fiancés. Souvent, c’est par sa mère ou sa sœur qu’un homme demandait une fille en mariage sans avoir vu son épouse. Maintenant, cependant, elles imitent les Anglaises en se mêlant aux hommes, marchant avec eux, et vont à des danses et des lieux de divertissement avec eux.

Souvent, une jeune fille va s’enfuir de la maison de ses parents et vivre avec qui elle veut. Les vieilles femmes riches se marient souvent à de jeunes hommes désoeuvrés qui sont ensuite entretenus par leurs épouses dans les aliments et les vêtements.

La marque de sagesse que ces femmes possèdent est de donner la priorité à leurs relations de sang sur leurs maris, car, disent-elles, si le mari meurt, il peut être remplacé, mais une relation de sang ne peut pas l’être. Elles sont comme les Anglaises en ce qu’elles n’épousent que des hommes de leur âge, mais elles en diffèrent en ce qu’elles se marient jeunes.

Quand un homme se promène avec sa femme, les deux marchent côte à côte, bras dessus, bras dessous, comme les Francs, parce que la femme doit – comme je l’ai dit plus haut – tenir ses vêtements.

Les hommes vont souvent seuls, laissant leurs femmes à la maison.

La plupart des publicains à Malte sont mariés, et ils sont sages s’ils épousent une belle femme qui pourra servir des boissons et être un bonne compagne pour les clients, ce qui attire des légions de marins et de soldats.

Les plus dissolus des hommes maltais, dont la préoccupation était l’acquisition de l’argent par tous les moyens, avaient coutume de faire semblant de vouloir un mariage honorable jusqu’à ce qu’ils mettent la main sur la dot, alors ils s’enfuyaient pour de lointains pays…

Les courtisanes dans cette île sont, à de rares exception, ni riches ni très belles. Vous les verrez sans maison propre, sans serviteur propre. Pourtant, elles ne sont, en général, ni grossières ni importunes avec les hommes. En effet, elles sont, je dirais, plus sobre en paroles et moins éhontées que les femmes mariées, car elles ne regardent pas à autant les hommes que celles-ci, elles ne sont pas si critique de l’apparence et des vêtements de l’un, ni tellement dépendantes de la calomnie. Elles vont souvent à l’église, et aucune ne souhaite « mourir dans le péché », comme ils disent. Quand elles commettent une abomination, elles couvrent le visage des images des saints dans leur chambre, ou bien les tournent face au mur, dans un spectacle de respect et de piété…

Leurs coutumes concernant les funérailles sont celles des Francs, en ce sens qu’ils ne tiennent pas d’assemblées d’obsèques, de sorte que vous n’apprenez la mort d’un citoyen que dans les journaux.

Il s’agit d’une louable coutume, car pleurs et larmes non seulement ne ressuscitent pas les morts ni ne ramènent du passé ce qui a disparu – dans les mots du poète : « Lamentation lors des funérailles n’a jamais ramené un mort” – ils jettent aussi découragement et terreur dans les cœurs de ceux qui les entendent.

 

Clot Bey , I, p. 265: « Dans sa relation avec son mari , la femme affiche beaucoup de respect. Elle se livre à aucune des manières faciles et familières qui, en Occident, sont des indications de l’égalité qui prévaut entre les sexes. Souvent, elle reste debout en présence de son mari, toujours elle l’appelle son maître »

 

Ils enterrent après 24 heures. Souvent, les voisins vont envoyer à la famille endeuillée un repas funèbre, comme c’est le cas en Syrie. La haute société anglaise suit la coutume de son pays en ce sens qu’ils n’ont pas enterrer leurs morts au moins avant une semaine.

Parmi les Maltais, quand un petit enfant meurt, des amis viennent à son père pour le féliciter en disant : « Nous vous félicitons pour le Paradis. » Et quand un enfant est né, ils placent de la paille sous que son premier lit comme le fut celui du Messie.

Si un officier décède, son cercueil est porté en procession, on joue de la musique derrière lui et des soldats l’accompagnent, puis, après son enterrementé, on tire au fusil tous ensemble comme une indication qu’il est mort dans la plénitude de son pouvoir et son autorité.

Physiquement, les Maltais sont pour la plupart de teint foncé et la stature moyenne, ils ont les cheveux et les yeux noirs, et les sourcils épais. En général, les hommes sont plus beaux que les femmes. Beaucoup de femmes ici ont des poils sur la lèvre supérieure ou sur les joues ou entre la lèvre inférieure et le menton, et certaines d’entre elles doivent se raser. Pourtant, chez les Francs, il y en a qui glorifient cette caractéristique. J’ai déjà condamné leur vanité et leur orgueil vestimentaire et ornemental.

Quant à leurs mœurs, leurs notables sont généralement modérées et affables : lorsque vous quetsionnez l’un d’eux, il vous répondra avec joie et amabilité. Tous se caractérisent par un travail acharné, une gestion prudente, et l’épargne. Ainsi, ils ne vont pas se réduire aux détroits ??, afin de maintenir d’anciennes et nocives coutumes. Aucun d’eux ne s’encombre d’une multitude de serviteurs pour exalter sa position et son prestige, ils ne se laisseront pas engager des dépenses excessives à l’occasion de certaines fête ou un mariage. Les épouses des riches ne portent pas de colliers de diamants ou autres. Les nobles vont rendre visite à leurs amis sans grande présence. Les hommes riches vont dans les magasins le matin pour acheter les provisions de la journée. Une noble femme peut aller chez un ami sans le distraire de son travail, car elle aménera quelque chose avec elle pour travailler. C’est elle qui va entretenir sa maison pour ne pas le délèguer à une servante. Ceux qui sont jugés les plus Grands ont un valet et une servante. Plus d’une fois j’ai vu le médecin-chef de l’hôpital mettre les lignes sur son toit puis traîner le linge par morceaux. Une fois le linge sec, ils démontent les cordes et les mettent dans un endroit protégé. J’ai aussi vu des Consuls lever les drapeaux de leurs propres mains. Les pauvres d’entre eux s’abstiennent d’allumer une lampe une nuit de pleine lune. La plupart des hommes remettent leurs gains à leurs épouses, de sorte qu’ils doivent ensuite leur demander de l’argent pour le tabac et autres, mais toutes leurs femmes sont économes et travailleuses, ainsi certaines commercent ou gardent la boutique.

 

Tous se caractérisent par la curiosité et le souci des trivialités de parole et d’action. Ainsi, si quelqu’un se penche pour ramasser quelque chose sur le sol une foule se rassemble autour de lui, et les gens continuent de s’amasser ainsi jusqu’à ce que la rue soit bloquée.

Lorsque quelque chose se passe, ils ne cessent d’en parler durant des jours, jusqu’à ce que quelqu’autre chose se passe. Et à propos de chaque événement, vous aurez l’occasion d’en entendre, de tous ceux qui vont et viennent, l’origine, le début et la fin. Avant de se coucher,  chaque homme de basse naissance rapporte tout ce qui lui est arrivé pendant la journée.

Il se répétera plusieurs fois, en distordant et falsifiant jusqu’à ce qu’il vienne à imaginer qu’il dit la vérité.

Chacun se doit aussi de regarder attentivement tous ceux qui le rencontrent lorsqu’il marche dans la rue, de sorte qu’il semble que tout le monde se salue à droite et à gauche. Beaucoup d’entre eux ont coutume d’assister aux procès pour entendre tous les cas, dont ils vont ensuite parler un peu partout. Ils ne peuvent déclarer quoi que ce soit, sans l’exagérer.

 

C’est dans leur nature d’être critique, désobligeant, et de médire. Ainsi, ils critiquent la démarche, la robe, la diction et l’apparence des autres, et ne sont presque jamais satisfaits de rien. Il n’y a pas de qualité qui ne s’avère mauvaise, d’un homme généreux, ils disent qu’il est un dépensier, d’un économe qu’il est méchant.

Ils ne cessent de murmurer contre l’anglais et de se plaindre. Ils affirment que depuis que ce dernier est venu sur leur île, leurs moyens de subsistance ont diminué et les prix ont augmenté, de sorte qu’ils sont obligés d’émigrer, qu’ils décrivent comme “Hanin”. Pourtant, le gouvernement anglais de cette île dispose de plusieurs navires de guerre dont chacune implique un décaissement de 200 £ par jour, et leurs marins ne sont jamais sur le bateau, mais à terre à dépenser jusqu’à leur dernier sou, de sorte que tout le monde sait que les prix augmentent seulement en raison de la présence de ces navires, et dès qu’ils quittent le port ceux qui ont appris à compter sur leur métier commencent à murmurer et à se plaindre du manque de marchandises – car l’ensemble de la population ne dépense pas autant qu’un seul de ces navires.

Les Anglais ont également créé un certain nombre de services publics dont les Maltais n’avaient jusqu’alors aucune idée. Ainsi, un de mes amis d’Alexandrie m’a demandé d’aborder le Conservation es Archives en son nom et de se renseigner sur le patrimoine laissé par son père qui était mort à Malte, et si oui ou non il était sous protection britannique. Quand je demandai, on me dit après qu’il avait fait une recherche mais qu’avant la venue des Anglais l’administration maltaise n’avait pas de registres auquel se référer, mais seulement des papiers tenu sans aucun ordre.

Les Maltais eux-mêmes admettent que leurs dirigeants passés les abusaient et outrageaient leur honneur, parce qu’eux-mêmes avaient interdit le mariage, et, par conséquent, ​​un millier d’enfants soupçonnés d’être engendrés par eux avaient été rassemblés dans une maison de bâtards. Les Maltais disait de ceux-ci qui ont été « 3all qassisin », ce qui implique soit que les dirigeants, qui s’avéraient être prêtres, étaient chargés de leur entretien, car ils les avaient engendré ou bien que les enfants étaient destinés à devenir prêtres.

Mais c’est toujours la coutume des ignorants de préférer le passé au présent et à l’ambition que l’avenir devrait être meilleur.

Il est en relié avec leur détestation des étrangers, en particulier des Arabes. On ne peut devenir leur proche confident, on ne peut pas non plus avoir parmi eux un ami – à moins d’élever un chiot ! Car, par ma vie, si un maltais calomniait un étranger ou se querellait avec lui, tous se retourneraient contre l’étranger sans en connaître la cause. Ils sont par nature enclins à la violence et aux agressions perfides ; beaucoup d’entre eux ne vont pas sans un couteau dissimulé dans leurs vêtements.

Il n’y a pas de gradation dans l’échange de remontrances entre eux, pour la première imprécation qu’ils prononcent est “Yaħraq din il-Qaddis tiegħek”. Ils sont tellement ignorants qu’ils ne comprennent pas ce qu’on entend par din chez nous, le mot qu’ils utilisent pour « religion » quand ils ne la maudisent pas, vient de l’italien. Il semblerait que lorsque les musulmans étaient en position d’autorité sur eux ils s’insultaient de la sorte, et ils la conservèrent par la suite.

Certains d’entre eux font écoute tout ce qui peut passer entre un homme et son ami ou son épouse, puis si elle leur paraît qu’il y a un certain avantage à tirer de ce fait, ils saisissent l’occasion sans délai et en ourdissent un mensonge.

Les Maltais partagent tous la même façon de parler et les mêmes gestes. Ainsi, lorsque les hommes se tiennent, ils se serrent leurs cuisses tout le chemin de la hanche à l’os du pied. Pour indiquer que quelqu’un est émacié, ils soulèvent l’index et l’inclinent vers de droite à gauche. Lorsqu’on se réfère à une question juste et simple, ils soulèvent la main droite et la font trembler. Pour signifier l’abondance, ils portent leurs doigts sur le pouce et les déplacent contre lui. Pour signifier la négation, ils passent leur bout des doigts sous le menton. Pour indiquer qu’une femme est belle, ils lèvent la paume de leur main et la passent sur leurs tempes, ce qui suggère que le cheveu qui pousse sur sa tempe est bouclé. Pour signifier que quelque chose est bon , ils laissent leur main droite molle et la secouent à plusieurs reprises .

Lorsqu’ils questionnent un homme sur sa femme, ils disent, « Kif al-mara ? ». Lorsque l’un d’eux se rend chez un ami, il salue l’ homme de la maison d’abord, et la dame ensuite. Chaque fois qu’ils parlent au nom d’un petit enfant, ils invoquent sur lui le nom de Dieu. Quand ils allument la lampe dans la soirée, ils poussent le message d’accueil approprié pour la soirée.

Les paysans évitent de compter explicitement leur âge précis, mais ils peuvent dire, par exemple, « Quarante et dix », ce qui a peut-être venu des Juifs , car parmi ceux-ci, pour autant que je sais, on rejette les chiffres. Il est étrange que les gens ici aiment l’abondance dans tout, même dans les vices et des abominations, mais pas dans la durée de vie !

Quand un maltais vous rend visite, il suit la coutume arabe en ce qu’il ne se prive pas de faire venir un ou deux de plus avec lui.

Les Maltais sont prompts à féliciter une femme confinée dès qu’elle a donné naissance ; les voisines, même les pucelles, fondent sur elles. Les musiciens viennent jouer en face de la maison même si elle est en travail, et ils font autant de bruit que lors d’un mariage.

Leur rigueur en matière religieuse est encore plus grande que celle des irlandais. J’ai déjà parlé de la multiplicité des églises et des prêtres, de leur richesse et de vêtements sacerdotaux.

De même que les Irlandais font des abominations en état d’ébriété le jour de la Saint Patrick, les Maltais font des abominations en état d’ébriété à ​​la Saint- Paul, et en fait tous les jours de fête.

Quand un maltais loue une maison déjà occupée par un Juif, il n’entre pas jusqu’à ce que le prêtre l’ait aspergée d’eau bénite. De même, si la propriété d’un bateau ou quelque chose comme ça passe d’un musulman ou un Anglais à l’un d’entre eux, il doit l’avoir ondoyé.

Ils ondoient également toutes les cloches de l’église ainsi que les petites cloches qui sonnent pendant l’Eucharistie, et ils nomment pour elles des parrains et marraines, qui sont connus comme « ashabin ». Une cloche de l’église de St. Paul était autrefois ainsi baptisé, et ses parrains étaient le gouverneur et sa femme, car il était catholique.

Les Maltais disent que l’invocation d’une cloche est toujours exaucée, de sorte que dès qu’il ya du tonnerre et de la foudre, ils s’empressent de les faire sonner.

Ils baptisent également les bébés, le jour même de leur naissance, même par temps très froid, et cela doit avoir lieu dans une église, pas à la maison.

Regarder l’Eucharistie lorsqu’elle est portée en procession sans s’agenouiller revient à s’exposer au danger. Ainsi, on raconte que les Maltais tuèrent un marin anglais qui passait par là et omit de s’agenouiller : ils le frappèrent tant qu’il décéda.

 

Ils croient que la forme de la croix se trouve dans le corps de chaque homme, quand il étend ses bras et lève la tête ; et également, que le nom de la Vierge Marie est tracé dans chaque main, en ce que les principales lignes de la paume ressemblent à la lettre M dans l’alphabet latin. Ceci est semblable à ce que j’ai pu rencontrer dans un livre arabe : ‘le nom du Prophète est écrit dans le corps de chacun  mim ressemble à la tête, ha ressemble à la poitrine, mim ressemble au nombril, et dal ressemble à la jambe’.

Pendant le Carême et les mercredis et samedis, les vendeurs de lait ne nomment pas ouvertement ce qu’ils vendent, mais disent : “Hawn ta’l-abyad – le mot ta3 est une corruption de mata3, utilisé par les Maltais comme aussi par les Tunisiens et Tripolitanians pour signifier sahib. D’autres jours, ils l’appellent « halib ».

Pour tout cela, la rigueur ils vont en acheter et de vendre les dimanches et les jours de fête comme n’importe quel autre jour ; ceux qui semblent être pieux garder leurs magasins ouverts jusqu’à midi seulement. J’ai vu beaucoup de villes italiennes, mais aucun d’entre eux je n’ai vu autant de statues dans la rue qu’à La Valette. Dans les temps anciens, ces statues étaient un refuge pour les criminels qui y recouraient, donc si un meurtrier s’échappait et se postait lui-même sous l’une de ces statues, il était à l’abri de la vengeance de la loi. Cette coutume a été abandonnée.

Il faut mentionner ici que les maltais refusent d’appliquer le terme Nsara aux anglais et que si un Anglais est marié à une Maltaise par un pasteur, son mariage est nul en droit.