Poésies anonymes de la tragédie de Tazizawt (Aghbala et Tounfite), 1932

Ier extrait : 

Amazigh

Mmut Bu‘azza, ma y-ttaba‘ ma y-imnayen s-ikhf u-l-Msid ibbi wuzzal tassa n-nes
Ar ittru u-Ahbala allig isru Ikûsal ar ittru Bû-Wattas, a tizi n-Tawrirt
A Tûnfit t-tughen Saligan wessaght afella nnem ad d-yâdel I sselk ad d-iddu ghurrem
Inna m-Bab n-Wayyad a tizi n-taqqat Han arumi ibedda d-a-nebdu g imyamazen

Français :

Bû ‘Azza est mort, cavaliers, inutile de charger vers Al-Msid, le fer a percé ses entrailles.
Aghbala pleure et fait pleurer Ikûsal et Bû-Wattas, ô Tizi n Tawrirt
O Tûnfit, les sénagalais s’activent, pour te relier au Chrétien par téléphone
Bab n-Wayyad te dit, ô col ; le colon est là et les combats s’annoncent.

IIème extrait : 

Amazigh : 

Yakk a Tazizawt ur ejjin i telli mayd ikkan ennigam
Eddan Imghar, ettuttin isun, urd iqqim u-mazigh

Français : 

Tu es témoin ô Tazizawt ! Aucune bataille ne t’égale
Les chefs sont morts, les tribus décimées, il n y a plus d’amazighe

 IIIème extrait : 

Sidi El Mekki vous a conviés à la fête
Mais c’est du poste de caïd qu’il rêvait au fait !

À l’ennemi, il promettait le ridicule !
Mais l’ennemi ridiculisa ces propres fils !

Il prétendait détenir de son père une quelconque vertu ;
Et les événements l’ont vite mis à découvert.

Dans sa tombe Sidi Ali se retourna à cause de ces méfaits ;
Impuissant à vos martyres et tragédies !

Ô Tazizawt ! J’entends toujours tes fracas en moi retentir !
Et seul celui qui était à Achlou peut les ressentir.

Nulle fête ne me fera ôter le deuil que je te porte
Maintenant que je suis soumis et devenu muletier !

Ô Dieu ! Tu vois que par force me suis soumis ;
J’en appelle à ta Clémence pour être un élu du paradis.

Seuls les serviteurs du mécréant ont l’âme malade ;
Moi je me suis rendu après tant d’évasions et de cavales.

À la famine et aux bombardements ai résisté !
Plus rien de ce que je possédais ne m’est resté.

Pour être nourris, les renégats ont dénié le prophète ;
Que Dieu m’épargne d’être leur acolyte !

À présent c’est à la grâce divine que j’aspire ;
En moi, l’au-delà prévaut cette vie éphémère.

Je voudrais tant savoir si les mutins tiennent bon encore.
Qu’ils se nourrissent mal et qu’ils restent loin des Roumis !

Je regrette les temps où je vivais sans contrainte !
À présent au Mokhazni qui ne l’est guère, je dis maître !

Que mon malheur vous accable : interprète, capitaine et Alibouch :
Sur un pied d’égalité vous avez mis nobles et ignobles familles !
Dignitaire que puisse être quiconque, à vos ordres il se plie !
Dussé-je être courageux, orphelin je deviens devant votre autorité !

Sidi El Mekki regrette que cela puisse lui arriver !
Il a été jusqu’à Anergui, Hamdoun voire jusqu’à Oulghazi !
N’a-t-on pas à tort du Marabout tant médit ?
Nombreux sont ceux qui lui doivent la vie !

Réjouissons-nous de la paix ! que Dieu ait les morts en Sa miséricorde !
Nous formerons tous un même troupeau et un même guide nous aurons !