Conclusion : Un anti-sémitisme islamique, un anti-islamisme juif ?

Pour l’instant, il reste dans la conscience des musulmans comme des juifs (les plus âgés bien sûr), l’existence d’une altérité complémentaire, d’un frère ennemi perdu. On ne peut s’en rendre compte que si l’on traite dans son quotidien des problématiques précédentes.

Le français de souche ignore tout des juifs, son patrimoine culturel est celui de l’homogénéité gauloise, franque, catholique romaine, il ne peut même pas concevoir un autre univers mental, plus conservateur, parce que juridiquement plus charpenté.

Chrétien, il divague au gré des pensées uniques, des opinions consensuelles et des doxa inquisitoriales, mais ne cesse de haïr celui qui est autre.

Le musulman sait que le juif est différent, et peut être un adversaire, le juif sait la même chose, mais ils savent surtout qu’ils partagent une civilisation commune, et que, en affaire, la religion n’importe plus.

Le musulman comme le juif sait que la race n’existe pas, que la seule chose qui est, c’est l’identité acquise, parce que la démarche d’adopter ou de préserver une loi universelle, est une démarche qui s’acquiert.

Les musulmans se savent compatriotes des juifs, et vice versa, au pays, et dans l’exil de l’émigration et de la diaspora, parce que leur alterité non-chrétienne les associe à jamais.

Le juif, même obsédé par la préservation d’Israel, sait que son voisin musulman ne le hait pas par essence, mais par concurrence, sur des éléments politiques ou économiques tangibles, tout simplement parce qu’eux deux savent que la cooptation communautaire est le bras armé d’une solidarité humaine qui trouve sa racine dans l’histoire de l’humanité, dans sa divine programmation. Ils savent tous deux que l’idéalisme chrétien, ayant fini par engendrer l’individualisme et l’univseralisme, annihilant toute cooptation communautaire consciente, tout en couvrant les pires déviances ethnocentristes, est leur ennemi à tous les deux.

 

Certes, juifs et musulmans savent cela, mais souvent, l’occident a malmené leur esprit, l’Islam a conçu  en son sein, par le mariage avec l’intolérance occidentale l’islam rationnaliste, moderne, individualiste, totalitaire et xénophobe. Il a acquis cette idée que l’individu fait loi, et fait conscience, et que son libre arbitre le guide vers le vrai, et que l’autre est donc, essentiellement, dans le faux.

Le judaisme a engendré en son sein la même déviance, optant pour un essentialisme racial là ou il y avait solidarité confessionnelle, rompant avec l’universalité de la diaspora, avec son éternel recul sur les patriotismes étriqués. Il s’est largement enfermé dans un racialisme identitaire stérile, et dangereux au plus haut point, car nul peuple ne peut se considérer autre sans avoir la possibilité de vivre avec autrui, ce que le judaïsme avait réussi à constituer durant 2000 ans.

Ces périls sont béants, on pourrait multiplier à l’infini les risques idéologiques et identitaires des juifs et des musulmans, alors que l’anti-sémitisme européen leur tend à nouveau le piège de l’essentialisme apatride du sémite, de son refus d’assimilation…

A l’heure ou l’occident perd graduellement la maîtrise du monde, nous, les sémites, ne devons pas, à nouveau, tomber dans la servitude à une civilisation essentialiste et idéaliste, mais nous unir, pour préserver ce que nous avons encore un peu, un tout petit peu : l’universalité et la solidarité.