Histoire du Guiche des Oudayas (Gish-L-Oudaïa)

I : L’histoire Ancienne des Oudayas

La tribu historique des Oudaya doit être distinguée du Guich (Jaysh) des Oudayas, qui est une tribu militaire makhzen, même si cette dernière est une émanation de la première.

1.Les Udaya b. Hassîn b. Hassan b. Ma‘qîl

On connait les « Awlad Uday » dès le XVIème siècle. Selon le géographe ibérique Marmol, ils sont issus du peuple Ma‘qîl (le concurrent des hillaliens au Maghreb, tous deux entrés au Maghreb au XIIIè-XIVème siècle).

L’auteur précise qu’ils sont issus de la branche Hassan des Ma‘qîl, laquelle est à l’origine de l’élite militaire tribale des peuples Sahraouis et Mauritaniens actuels, et de leur langue, la Hassaniya. Ils sont rattachés à la branche aînée des Hassîn (les Awlad Husayn de Ibn Khaldûn, qui dominent déjà au XIVème siècle les oasis du sahara maghrébin et une partie des Zenaga “porteurs du lithâm”). Cette branche comprend également (entre autres) les Dulaym du Sahara Atlantique et les Rhamna, installés en Tamesna par Muhammad Ash-Shaykh le Saadien vers 1525, où ils sont restés depuis.

Les Udayas sont les plus éloignés des peuples sahariens dont notre savant et ex-conquistador d’Agadir du Sous ait entendu parlé. Il les situe aussi loin que les « les déserts entre Wadan (Iguaden) et Wallata (Ganata) », entre Adrar et Hodh, en Mauritanie actuelle.

Ils ne sont pas seulement éleveurs de dromadaires, ils sont extrêmement puissants et influents. Avec leurs « 6000 hommes » et leur large cavalerie chamelière, ils sont aussi « Seigneurs de Wadan », principale cité commerçante et industrielle, aux confins du pays d’Adrar en Mauritanie du Nord. Ils contrôlent routes et pâturages de l’Adrar au Tagant, et même jusqu’au Hodh, puisque le Sultan de Wallata (grand émirat commerçant, concurrent de Tombouctou au XVè siècle) non-loin de l’actuel Mali, leur paie tribut pour éviter leurs raids.

Al-Ifrani, chroniqueur de la dynastie saadienne, rédigeant à l’époque du règne de Moulay Isma‘îl, ne semble pas connaître d’autres Oudayas qu’une « tribu arabe […] une des tribus des provinces méridionales » ; où se réfugie un rebelle au pouvoir d’Ahmad Al-Mansûr dans les années 1580 ; après avoir rançonné la province du Draa.

Les Oudayas sont encore, au début du XVIIème siècle, l’incarnation du peuple libre des déserts, sans doute à l’origine des nombreux clans « arabes » qui dominent les peuples Hassanis actuels.

Comment les Udaya ont-ils quitté leurs lointains  domaines Zenagas pour venir en « Berbérie » ? A quelle époque ?

2. La formation du Guish

An-Naciri, historien marocain achevant son ouvrage à la mort de Moulay al-Hassan (1894) se risque à un résumé historique de la formation, sur des bases assez hétéroclites, du « Guish des Oudaya ».

Tout d’abord il explique qu’on appelle Udaya trois « Reha » différentes.

La première, appelée Ahl Sûs est issue de 4 tribus Ma‘qîl du Sous ayant constitué au XVIème siècle l’armée Saadienne contre les arabes Khulut (Hilaliens du Gharb) qui soutenaient les mérinides de Fès. Parmi elles, la tribu des Shebanat profita de l’effondrement de l’Etat Saadien vers 1620-1630 pour prendre le pouvoir dans le royaume de Fès avant d’être déportée à Oujda par Moulay Ismail (v. 1670) ; où elle retrouva d’autres Ma‘qîl, dont des Udayas, et ainsi, ils formèrent la « Reha des Ahl-Sus ».

La seconde Reha est appelée Mgafra, issue d’une tibu Ma‘qîl également, dont des membres sont aussi présents dans les Ahl Sus d’Oujda.

Finalement, c’est la Reha des Oudayas proprement dits : dont Naciri rapporte l’origine, quelque peu légendaire.

Après le prise définitive de Marrakech par Moulay Ismail, ce dernier se serait attendri pour un pauvre berger qui coupait du jujubier pour ses bêtes, du nom de Bou Chefra. Il appris qu’il venait de Wadane (Adrar, Mauritanie), et que, Ma‘qîl d’origine (comme la mère du Sultan), il avait dû, avec son peuple, fuir les déserts pour cause de sécheresse. Après s’être réfugié dans le Sous, les Oudayas durent se répartir le squatte entre les autres tribus arabes Ma‘qîl locales. On peut supposer également que la structuration des émirats maures de l’époque a provoqué l’exode de groupes minoritaires ou vaincus parmi les ‘arab.

Le Commandeur les considéra comme ses oncles maternels et demanda à Bou Chefra de venir à lui à Marrakech pour former de ses contribules du Haouz une armée d’élite.

«  Bou-Chefra groupa tous ceux qu’il put trouver, et les amena au Sultan, qui les inscrivit dans les Dîwân et leur donna des vêtements et des chevaux. […] Peu de temps après il les envoya avec leurs familles pour résister à Miknâsat Az-Zaytûn, résidence royale et siège du khalifat. Un autre groupe vint ensuite. Moulay Ismâ’îl l’inscrivit également dans le Dîwân et, après l’avoir traité avec la plus grande générosité, lui assigna comme résidence le quartier de Miknâs appelé Ar-Riyâd, dans le voisinage de la Qasba. Il leur donna l’ordre d’y construire leurs maisons, et gratifia leurs chefs et les principaux d’entre eux de revenus des zâwiya-s qui n’ont pas à payer d’impôts comme les tribus. […] Les Oudaya d’Ar-Riyâd furent ensuite partagés en deux sections, l’une fut envoyée pour tenir garnison à Fès Jdîd, sous le commandement du Qâ’îd Abû ‘Abdallah Mohammed ben ‘Atiya Al-Oudayyi l’autre fut maintenue à Miknâs, et placée sous l’autorité du Qâ’îd Abu Al-Hasan ‘Ali, surnommé Bou-Chefra. »

3. Les premières mentions du Guish

L’histoire moderne des Oudaya commence en l’an 1694, az-Zayyani (m. 1812), historien de l’époque de Moulay Slimane rapporte ceci :

« A ce moment, il ne restait plus dans les tribus une seule personne possédant un cheval, à l’exception des Aït Yemmour (guiches berbères de Marrakech), des gens du Rif, des Abids (‘Abid al-Bukhari ou Buakhars ; armée privée de Moulay Ismail, constituée d’esclaves noirs et de noirs libres engagés) et des Oudayas »

On comprend donc que suite aux trente années de conquête alaouite, les peuples du Maghreb ont été pillés et désarmés, et que, à l’exception d’une tribu berbère et des rifains, seuls les « Abids » et les Oudayas, disposent du monopole de la force.

Trente ans plus tard, en 1727, à la mort de Moulay Ismail, ce sont les Caids des Abids et des Oudayas, qui, de concert avec les Ulemas de Meknès et les ministres, élisent sultan Moulay Ahmed Adh-Dhahbî ! C’est le début, pour les Oudayas, de la période la plus puissante et glorieuse de leur histoire. Elle durera un siècle.

 

II : Les Oudaya face aux Abids :

 1 : Les Oudayas à la traîne des Abids et face aux Fassis (1727-38)

Quelques mois plus tard, les Oudayas, menés par le Qâ’id Muhammad b. ‘Ali b. ‘Ishshô firent une razzia contre le marché de al-Khamîs de Fès, s’attirant la haine des citadins, qui s’enfermèrent dans leurs murs. La tribu guiche fit savoir au Sultan, à Meknès, que ces derniers s’étaient insurgés, ils furent alors bombardés par l’armée impériale. Suite à une conciliation sous l’égide des chérifiens, les Oudayas se retrouvèrent seuls face à la bourgeoisie locale, et continuèrent le siège. A ce moment, les ‘Abid décidèrent de déposer le Sultan, et reçurent naturellement le soutien de Fès, pour l’élection d’Abd al-Malik.

L’année suivante, les Buakhars ravagèrent Meknès et décidèrent de remettre en place Ahmed ; le nouveau Sultan du s’enfuir à Fès, mais les Oudayas lui interdirent l’entrée du palais impérial, et il dut se réfugier au Mausolée de Moulay Idris. Les habitants de Fès y virent l’opportunité de se venger aussi bien d’Ahmed que des Oudayas. Un leader Idrisside, ‘Abdallah b. Idris engagea des archers Zouagha (berbères arabisés du Zerhoune) pour razzier le bétail des Oudayas.

Après 5 mois de sièges conjoints des troupes d’Ahmed, des Abids et des Oudayas, les Fassis durent se soumettre et Abd al Malik fut exilé à Sijilmassa, avant d’être assassiné. Peu après, ‘Abd Allah fut acclamé, et à nouveau, les gens de Fès refusèrent de livrer leurs bastions au nouveau Sultan, après quoi, les Oudaya leur firent une nouvelle guerre.

Les années suivantes, Fès fut mise en coupe réglée, et le frère de Ben ‘Ali b. ‘Ishshô fut chargé de rançonner ses commerçants à hauteur de 120 000 dinars.

En 1734, 3000 Oudaya furent engagés derrière le Qâ’id ‘Abd al-Malik Bou Chefra pour accompagner 25 000 Bouakhars contre les montagnards Ait Malou. Vaincus par ces berbères, les ‘Abids décidèrent de se retourner contre Abdallah ; qui s’enfuit du Tadla vers le Noun. Les Esclaves élirent alors Moulay ‘Ali ; avec à nouveau le soutien des Oudayas qui durent assiéger encore, durant tout l’automne, les habitants de Fès insurgés contre les gouverneurs du nouveau pouvoir.

Au début de 1735, lorsque les Abids décidèrent de finalement rappeler à eux Moulay Abdallah, Moulay Ali, à son tour, s’enfuit à Fès, où les Oudayas continuèrent à soutenir les choix des Bouakhars en prêtant serment de nouveau. Peu après, à nouveau, ils furent chargé de razzier les biens des habitants de Fès, au marché du jeudi, dans leurs étables extérieures et sur les routes. Ces derniers répudièrent Abdallah et nommèrent Sidi Muhammad dit « Ben Arbia » ; le 22 octobre 1736 ; et parvinrent à convaincre les Noirs de s’y rallier… Le nouveau Sultan fut acclamé aussi bien par les bourgeois que par la garnison des Oudaya, tandis que Abdallah s’enfuyait chez les Ait Idrasen, à Al-Hâjeb.

La crise reprend dès l’année 1738 ; cette fois, laissons Zayyani décrire l’ambiance,

« Les Oudaya étendaient leurs razzias jusqu’aux portes de la ville; ils saccageaient les jardins, dévalisaient les blanchisseurs qui étaient sur les bords de la rivière de Fâs et leur enlevaient à Masmouda le lin qui était déjà lavé ; enfin ils brisaient les serrures des fondouqs. Le sultan ne s’opposait point à tout cela et n’en prenait nul souci.

Une foule de gens moururent de faim, et le directeur de l’hospice a raconté que, pendant les mois de Rajab, Chaaban et Ramadan, il avait fait enterrer 80,000 personnes et qu’un nombre plus considérable encore avait été inhumé par les soins des familles. […] Cet état de choses dura jusqu’au mois de [juin 1738] »

2 : 1739-1747 : Vers une alliance avec leur « neveu », Moulay Abdallah

Dans ce contexte apocalyptique, les Abids élirent Al-Mustadi sultan et exilèrent Sidi Muhammad au Tafilalt, mais les exactions ne cessèrent pas pour autant. Les Oudayas accompagnèrent alors une expédition contre les berbères du Moyen-Atlas, mais furent de nouveau vaincus. Peu après, Moulay Abdallah, devenu émir des berbères, lança leur cavalerie contre les Oudayas :

« Le sultan Abdallah, resté chez les Berbères, voyant que les Oudaya avaient accompagné Al-Mustadi dans son expédition, alors qu’il avait pensé qu’ils ne reconnaîtraient point l’autorité de ce prince, lança contre eux ses Berbères, qui ravagèrent le territoire des Oudaya, pillèrent leurs troupeaux, saccagèrent leurs cultures et leurs demeures, et, se répandant ensuite sur les routes, détroussèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, en sorte qu’il devint impossible de voyager dans cette contrée. »

En 1740, le Sultan irrédentiste fut à nouveau acclamé à Meknès, et à nouveau, les Ahl Fas et les Oudayas s’y soumirent, mais imparfaitement :

« Les Oudaya n’avaient envoyé aucune députation à Abdallah et ne lui avaient point prêté serment de fidélité […] plus tard, les Udaya prièrent la mère du souverain, Khnâta bt. Bakkâr d’intercéder en leur faveur auprès de son fils ; Khnâta y consentit et envoya une députation d’Oudaya au sultan, qui fit grâce aux coupables. »

C’est à l’occasion des réjouissances qui marquèrent une paux relative dans la région du Sais qu’on trouve la première mention du jeu de poudre, la tburida.

A nouveau les Abids répudièrent le puissant Abdallah et lui préfèrèrent Moulay Zin al-‘Abidîn, mais ni les Fassis, ni les Oudayas ne l’acceptèrent ; les derniers furent les seuls à souffrir de l’expédition punitive du Sultan, puisque leurs meules du Souk el-Khemis furent incendiées. Peu après, Abdallah fut à nouveau invité dans Meknès, pour quelques semaines, après quoi les Abids, toujours inconstants, appelèrent à eux le Sultan de Marrakech, Al-Mustadi.

Mais les tribus du royaume de Fès, les citadins et les Oudaya préfèraient désormais Abdallah, et lui jurèrent « de le défendre et de combattre quiconque l’attaquerait et de mourir pour lui ».

A l’hiver, « Le sultan Abdallah quitta aussitôt Dâr Dbibagh et se réfugia chez les Berbères, au campement des Bni Idrâsen. Dès le lendemain, le combat s’engagea entre les Abids et leurs adversaires, les Udaya, les Ahl Fâs, les Hayayina, les Cherâga et les Oulad Jmâ῾. »

Cette insurrection généralisée des habitants du royaume de Fès contre les Abids se double de l’insurrection des rifains, associés aux Abda du Doukkala, contre Moulay Abdallah, au renfort d’Al-Mustadi et de la majorité des « Esclaves » (et des Bni Hassan du pré-rif)… La bataille s’engagea, et les Oudayas firent partie du camp des vainqueurs, même les berbères ne les laissèrent point amasser de butin, au rapport de Sidi Muhammad b. ‘Abdallah, héritier présomptif, qui les accompagnait.

Mais le Sultan sut finalement s’acheter les bonnes grâces de ses « oncles maternels », en leur distribuant une part de son Quint royal…(Khnata bt. Bakkâr, la mère de ‘Abd Allah était en effet elle-même une Oudaya ; récemment décédée, elle avait souvent servie d’intermédiaire entre eux et son fils…)

Peu après, suite à une insurrection de ses anciens vassaux berbères, menés par l’Amghar Muhammad Ou ‘Aziz, Abdallah fit appel aux Oudayas de Fès pour l’aider à gagner Fès Jdid depuis Meknès assiégée, avec son butin et son harem.

L’influence des Oudaya va s’accroitre grâce à leur décision de garder leur alliance avec leur « neveu » ; en effet, peu après, agressé par des razzias berbères, ils affrontèrent vaillamment la fronde des Fassis, qui renient le Sultan, puis une coalition de Hayayna et de berbères, au champs de Oued Zhoune, à la sortie de Fès… Victorieux, ils amassèrent 30 têtes d’ennemis et les envoyèrent à leur prince, qui les fit suspendre à la Kasba des Cheraga (aujourd’hui des Cherarda).

Peu après, ce furent encore les Oudayas qui constituèrent, enfin, le véritable corps d’élite de l’armée sultanienne, lorsqu’ils marchèrent contre les arabes Khulut du Gharb, jusqu’aux portes de Larache, avant d’escorter les vaincus à la clémence de leur seigneur…

3 : 1748-1757 : Les années de paix, alliance avec les Guerouanes

En 1748, les berbères du moyen-atlas et du pays Zemmour continuaient leurs attaques contre les terres makhzen, et devant le refus général de combattre, ces derniers poussent jusqu’à assiéger Meknès, les Abids croient alors que :

« Il est indubitable que ces ordres (les berbères refusent tout armistice et disent que cela vient du Sultan) viennent du sultan Abdallah. Il aura excité, ces Berbères contre nous, lorsqu’il a vu que nous avions refusé de marcher contre eux, en disant qu’il nous fallait attendre, avant de partir, l’arrivée de nos frères, des tribus et des Oudaya. »

Pendant ce temps, les Fassis soutenaient un siège des Oudayas depuis 27 mois, et, alors que les Noirs proclamaient Sidi Muhammad, prince héritier, comme leur Sultan effectif, Abdallah parvint à faire signer une paix entre le Guiche et les Citadins, « sur le tombeau de Moulay Idris ».

L’année suivante, le Sultan offrit aux berbères, aux Oudayas et aux Ahl Fas la même somme de 10 000 dinars pour se garantir leur soutien contre la garnison des Bouakhars de Meknès.

En 1750, les Abids, sur l’instigation de Sidi Muhammad, revenu de Marrakech, cessèrent de proclamer la prière du vendredi en son nom, et se rallièrnt à Abdallah, ce qui, techniquement, correspondrait à son 6ème règne ! Les Oudayas allaient encore constituer le pilier de son règne il leur distribua 10 000 duros tandis que son fils s’imposait comme véritable Sultan informel du royaume de Marrakech…

Profitant des années de paix relatives, « en [1755], les habitants de Fâs se mirent à acheter une grande quantité de chevaux. Chaque jour ils sortaient de la ville et allaient à la Bab Ftûh s’exercer à l’équitation, à la manœuvre et au tir à feu. Ils voulaient ainsi abaisser l’orgueil des Oudayas, qui leur étaient supérieurs dans les exercices à cheval. […] cette même année, les Berbères attaquèrent les Oudayas, pillèrent leurs troupeaux et saccagèrent leurs récoltes; dans cette expédition, leur chef Muhammad Ou Aziz mourutDe leur côté, les Bni Mṭir et leurs alliés attaquèrent les Gerouanes, qui vinrent camper à Dâr Dbibagh, et demandèrent au sultan de les protéger. Moulay Abdallah invita les Oudayas à contracter alliance avec les Gerouanes et à leur venir en aide. Les nouveaux alliés vendirent leurs troupeaux et allèrent combattre les Bni Idrâsen. Dans l’action qui s’engagea, les Bni Idrâsen furent défaits et mis en fuite ; leur camp fut pillé et ils perdirent environ 500 hommes. Le reste se réfugia sur le territoire des Cherâga, où il demeura. Telle fut l’origine de l’alliance contractée entre les Udaya et les Garwân sous les auspices du sultan Abdallah, en [1757]. »
Environs de Fès
4 : 1760-1814 : Les Oudayas aux pas du Makhzen !

La même année, le vieux sultan Abdallah s’éteignait, immédiatement remplacé, à l’unanimité de tout le Maghreb, par Sidi Mohammed b. ‘Abdallah.

« Le sultan distribua des cadeaux aux députations ; il donna aux Abids et aux Oudayas des armes, des chevaux et des vêtements en grand nombre, et il les congédia tous ensuite. »

Pourtant, quelques mois seulement s’écoulèrent avant que Sidi Mohammed ne ressente l’impérieux besoin d’abattre l’orgueil des Oudayas :

« Dans cette ville (Marrakech), le sultan reçut les Bni Idrâsen, qui venaient se plaindre de ce que les Gerouanes les avaient chassés de leur pays, aidés en cela par les Oudaya. Il écrivit au gouverneur de Miknâs d’établir les Bni Idrâsen dans la banlieue de cette ville, de leur faire contracter une étroite alliance avec les Aït Yemmour, de façon à ne former qu’un seul clan et de leur prêter assistance […] Comme les Garwân ne laissaient point en repos les Bni Idrâsen et qu’ils les combattaient de nouveau, le gouverneur de Miknâs informa le sultan de ce qui se passait et il ajouta que les Oudaya favorisaient ces attaques et y prenaient part. Le sultan donna l’ordre au gouverneur d’aller avec les Abids au secours des Bni Idrâsen. De leur côté, les Oudayas quittèrent Fâs pour se porter à l’aide des Gerouane[…] et Dieu accorda la victoire aux Aït Idrâsen, qui tuèrent environ 500 de leurs adversaires et pillèrent leur camp ainsi que celui des Oudayas qui étaient avec eux. Les têtes des notables d’entre les Oudayas furent coupées et suspendues à la porte neuve de Miknâs. Quand la nouvelle de ce combat parvint au sultan, il fut très irrité contre les Oudayas et conçut le projet de se venger d’eux. »

Finalement, en 1760, « Sidi Muhammad avait décidé de tenir ce jour-là une audience à Dâr Dbibagh, afin de recevoir les soldats et les tribus qui lui offraient des présents. Quand la difa fut apportée à Dâr Dbibagh, le sultan invita les Abids et les Oudayas à entrer pour prendre part au repas; puis, quand ils furent entrés, il entra à son tour et ferma la porte. Il fit saisir tous les assistants, qui furent aussitôt garrottés et étendus sur le dos, prêts à être égorgés; mais, à ce moment, le sultan se sentit pris de compassion et leur fit grâce. Le repas achevé, il enjoignit à ses troupes de piller le camp des Oudayas à Lamṭa, ce qui fut accompli en un clin d’oeil, car le soleil n’était pas couché que tout était enlevé et que l’on avait fait place nette. Les Udaya restés à Fâs al-Jadîd fermèrent les portes de la ville et montèrent sur les remparts; quant aux autres, ils s’enfuirent pendant la nuit pour chercher un asile, les uns à Fâs, les autres à la Zaouïa d’El-Yousi. Le lendemain matin, du haut des remparts, les Oudayas demandèrent l’Aman pour sortir de la ville; le sultan accéda à leur demande. Ils conduisirent alors leurs enfants dans Fâs la basse, tandis que le sultan établissait à Fâs la haute un corps de 1000 Abids, qui firent venir leurs enfants de Miknâs »

Après l’épuration de 1760, les Oudayas furent réduits à une simple armée de réserve, aux ordres du souverain absolu, Sidi Mohammed Ben Abdallah. En 1775 ; les Abids de Meknès décidèrent de secouer le joug et prêtèrent serment à Al-Yazîd. Mais ni les Oudayas, ni leurs alliés Guerouanes, ni les puissant Idrassen ne soutinrent l’initiative ; à nouveau, les tribus militaires firent le bon choix. A l’issu de la bataille d’El-Mechta, les Esclaves laissèrent 400 morts, tandis que les coalisés guiches étaient presqu’indemnes.

En 1792, les Oudayas ne s’étaient plus fait remarqué, même s’ils restaient un des corps les plus importants. Ainsi, après trois ans d’instabilité politique suite à la mort de Sidi Mohammed ; « les personnages influents, émirs des Abids et notables Berbères, qui sont les arbitres des destinées du Maghrib, s’assemblèrent et se rendirent à Fès. Là, ils se joignirent aux ulémas, aux chérifs et aux notables de cette ville, ainsi qu’aux principaux chefs des Oudayas et l’on décida de prêter bay’a au sultan Sliman. ».

A nouveau, la Reha de Fès semble avoir fait le bon choix, elle en fut en tout cas financièrement remerciée. Ces derniers furent sans doute suivie par la Reha de Marrakech qui intervient au Tadla en 1797, et par celle des Ahl Sous d’Oujda, dont on sait seulement qu’ils entrent en Oranie en 1807, officiellement pour protéger les tlemceniens.

Lorsque finit le récit de Zayyani, Mulay Slimane est au faîte de sa puissance, et les Oudayas semblent, pour longtemps, au service exclusif du monarque… Et pourtant, à la lecture de Naciri, qui complète son œuvre pour la période du XIXème siècle, on semble entrer dans une période de trouble qui va conduire les Oudayas à l’insurrection, puis à la déportation vers les murs de la Qasba de Rabat…

 

III : Les Oudayas à Rabat

1 . La chute de Moulay Slimane et le Pogrom de Fès

En 1811, les Idrassen, de plus en plus turbulents, entrèrent en conflit ouvert avec les Guerouanes, alliés de nos Oudayas. Parallèlement, ils ne cessaient de mener des raids sur les « Routes du Sultan » entre Meknès et Fès. Le Qâ’id Bou Chefra et les Oudayas de Fès furent alors chargés d’accompagner les Amghars Zayanes et Bni-Mguil (confédération Oumalou), alliés des Guerouanes, pour résoudre le conflit. Pourtant, les Idrassen assaillirent et massacrèrent le corps arabe dans un défilé, avec l’apparente complicité des Oumalous et des Guerouanes.

L’amitié entre ces derniers et les Oudayas avait fait long feu, de plus, nos Guiches avaient perdu leur général.

Dès lors, on commençait à observer une forte rivalité et une forte réduction identitaire arabe opposée à une identité fédérale berbère. Ce phénomène, gravissime, est contemporain de la montée des nationalismes en Europe. (Cette note de Nasiri devra pourtant nous garder de généraliser : « Nous avons vu qu’après l’affaire de Zayane les Berbers, coalisés pour résister au Sultan et s’en séparer, s’étaient coalisés contre lui et contre tous ceux qui parlaient l’arabe dans le Maghrib. […] et un accord unanime se fit entre eux, pour faire disparaître entièrement le nom du Sultan et de son parti du territoire du Maghrib. Il est probable que leur cause fut embrassée aussi par divers brigands ‘Arab-s, comme les fractions de Beni Hassen […], les Zaër, et presque tous les ‘Arab de Tâdla. »)

Parallèlement, le Oudayas échouèrent à reprendre les cols d’Azrou aux Oumalous, et ce faisant, on assistait à la constitution, pour plus d’un siècle, de ce qu’on prendra l’habitude d’appeler le « pays Siba »…

Cinq ans plus tard, les Oudayas n’étaient pas présents lors de l’affrontement entre une coalition makhzenienne, incluant les Idrassen, et les Guerouanes-Oumalou ; c’est pourtant cette date de 1816 qui marque l’effondrement général du pouvoir central, avec la mort du prince héritier, et la « captivité douce » du Sultan lui-même.

Cette « affaire Zayane » entraîna néanmoins l’insurrection des Abids, puis un véritable pogrom anti-berbère à Fès, auquel les Oudayas participèrent. Alors que Moulay Slimane se rendait à Marrakech, les Abids se replièrent de Fès, laissant les citadins à la merci du siège berbère, tandis que les Oudayas, livré à eux-même, mettaient le Mellah à sac et s’y livraient, à en croire notre source fassie, à des actes d’une rare violence, n’épargnant pas en effet les marchandises musulmanes entreposées dans la ville juive.

La commune de Fès se soulèva, derrière son maire Benslimane, elle appela à elle les Zemmours et les Idrassen et répudia le vice-roi et prince héritier, Moulay Ali, lui préférant son cousin, Moulay Brahim Ben Yazid. En 1819, après une aventure berbero-fassie dans le nord, Moulay Slimane lâcha les Oudayas à l’assaut de la cité millénaire. Le Guiche était, de nouveau, le dernier véritable soutien de l’Exécutif…

L’année suivante, alors que ni Fès ni Tetouan ne se rendaient aux armées Makhzeniennes, Moulay Slimane déshérita Moulay ‘Ali et lui préfèra son neveu, Moulay Abderrahmane Ben Hicham, avec qui il signa un contrat de succession. Le nouveau vice-roi du royaume de Fès obtint rapidement la reddition de la cité ; mais les citadins n’oublièrent pas le mal que leur firent les Oudayas, et décidèrent d’utiliser cette fragile passation de pouvoir afin d’extraire la plus douloureuse épine de leur pied : le Guiche des Oudayas…

2. Juin 1831 : Révolte des Udaya contre le sultan Moulay Abderrahmane.

« Le Sultan (Dieu lui fasse miséricorde !) leur confiait les missions importantes et les envoyait dans les contrées les plus lointaines de l’Empire. Eux, de leur côté, sous les apparences de l’obéissance, n’avaient que des sentiments hostiles pour le sultan Mawlay ‘Abd Ar-Rahmân, parce qu’il avait fait cesser la familiarité avec laquelle ils traitaient le sultan Moûlay Slîmân. A chaque instant, ils manifestaient leur désobéissance, mais le Sultan les laissait faire et négligeait de relever leurs fautes. »

La crise définitive n’éclate qu’à partir de l’expédition de Tlemcen, consécutive à la prise d’Alger par les français, en 1830. Leurs pillages excessifs, avec la complicité d’un Qâ’id Noir « laissèrent voir qu’ils ne tenaient aucun compte ni du Sultan, ni de son Khalifa, ni de son gouverneur ».

Le Qâ’id des Guiches, Driss Al-Jerrari décida, par crainte, de ne pas s’opposer à eux, ce qui lui valut d’être interner à Taza… A leur arrivée à Fès, le Sultan voulut les dépouiller de leur butin, mais, coalisé par un serment avec les Buakhars de leur expédition, ils résistèrent à ses agents. Abderrahmane décida alors de faire arrêter l’un de leurs Qâ’id, le Mgafri Mohammed Ben Tahar, qui reçut le soutien de son collègue Mgafri (mais rival) Tahar ben Messaoud. Peu après, celui-ci vint les libérer en poignardant leur gardien, pourtant Oudayi lui-même.

A cette occasion cependant, les Abids refusèrent de se coaliser, et rejetèrent leur serment. Mais l’insurrection était en marche, des troupes de Mgafra vinrent attaquer le Sultan, qui parvint à s’enfuir à a faveur de la nuit, avant d’être rattrapé sur la route de Meknès, et reconduit par ruse à la Qasba des Cheraga, occupée par des Ahl Sus… dans la maison du Qâ’id en chef des Oudaya, Mohammed Ben Ferhoune al-Jerrari. Assailli par les Mgafra, il fut défendu par les Ahl Sus qui l’exflitrèrent vers son palais. Peu après, le Sultan réussit à réunir un parti d’Abid pour entreprendre une fuite armée. Après de nombreuses négociations, les Guiches le laissèrent partir, non sans mener des escarmouches et des pillages contre les Buakhars… Finalement, Moulay Abderrahmane parvint à rentrer à Meknès.

Peu après, le Qâ’id Driss al-Jerrari réussit à s’enfuir des geôles de Taza, et reçut du Sultan une proposition d’emploi… il devait se charger du gouvernorat de Fès Jdid ou le Harem de Moulay Abderrahmane avait été conduit de force par les Oudayas…

Alors que le Sultan convoquait toutes les tribus alliées de l’empire pour se venger de l’affront reçu, les Oudayas appelèrent à eux le chérif Mohammed Ben Et-Tayyeb pour lui prêter hommage ; ce qui provoqua l’ire de leurs alliés, car la mauvaise réputation du Rogui, à l’époque où il gouvernait El-Jadida, était bien répandue…

Moulay Abderrahmane encercla alors la cité de Fès, occupée par les Oudayas, faisant bombarder, depuis les Borjs, la ville de garnison de Fès Jdid. Peu après, il décida de les y emmurer. Après 40 jours, il accepta de recevoir leur supplication par l’intermédiaire de l’Amîn Tayyeb Ben Jelloun.

Moulay Abderrahmane, très subtil, décida de pardonner leur révolte, mettant en place un plan d’évacuation de Fès Jdid… Il mit à leur tête Driss El-Jerrari, à l’automne 1831, puis, à l’hiver, il fit convoquer 500 Oudayas pour célébrer l’Aid el-Fitr Après les avoir menacé, il les congédia sains et saufs.

3. 1832 : Déportation des Oudayas

Le Sultan, enfin assuré de la monarchie réelle, réclama pour l’accompagner à Marrakech, en 1832, les deux généraux Tahar et Ben Tahar,

« [En juillet 1832], le Qâ’id Driss reçut du Sultan, qui se trouvait alors à Ribât El-Fath (Rabat), une lettre l’invitant à lui envoyer Mohammed Ben Ferhoun El-Jerrari. Celui-ci arriva libre, mais il fut aussitôt arrêté et envoyé à Essaouira. Peu de temps après, le Sultan recevait une lettre de son fils Sidi Muhammad, le prévenant qu’il avait emprisonné Tahar […] et Ben Tahar […], parce que, persistant dans leur égarement et leurs menées diaboliques, ceux-ci avaient comploté de le faire périr au Msalla, le jour de la fête des sacrifices de l’année précédente […] Arrivé à Murrâkush, le Sultan envoya successivement au Qâ’id Drîss l’ordre d’arrêter les fauteurs de la révolte les uns après les autres, de sorte que presque tous furent emprisonnés. »

L’historien Naciri s’est procuré l’échange épistolaire entre Abderrahmane et son général en chef Driss El-Jerrari, on y apprend, dans une lettre destinée à ce dernier, en date du 10 janvier 1833, que le Sultan envisage de punir la Reha des Mgafra.
« Sachez donc, dit-il […] que ceux que nous avons tenu à maltraiter, dans nos paroles et dans nos actes, ce sont tous les Mgâfra, sans faire de distinction parmi eux entre le grand et l’humble, entre le fort et le faible, et cependant il n’est pas un seul homme droit d’entre eux qui ait été atteint. Si les Oudayas et les Ahl Sûs les avaient suivis, avaient soutenu leurs ambitions, ils auraient réussi à nous enlever la vie. Mais Dieu nous a sauvé. Personne n’ignore le châtiment qu’ils ont mérité pour leur conduite aux termes de la Loi et de la Coutume, mais en raison de leurs anciens services et contenant notre juste colère, nous ne leur avons appliqué que les peines les plus légères parmi celles que Dieu édicte contre leurs pareils. […] Nous avons juré, par Dieu et par ses anges, que Fès Jdîd ne nous posséderait pas tant que les Mgâfra s’y trouveraient. »

Il décida donc de transférer les intéressés à Qasbat Cherradi, dans les environs de Marrakech, où se trouvent toujours leurs descendants… Mais il ne se contenta pas de cette mesure (qu’il avait rendue publique), il déporta également la Reha des Oudayas proprement dit dans la région de Larache, et, finalement, il fit émigrer les Ahl Sus à Rabat. « Les hommes devaient camper à Mansouria […Mohammedia] et leurs Qâids résider à la Kasba de Ribat el-Fath (Rabat) ». Dès lors, le vieux Ribat, transformé en Qasba par les Masmûda-Almohades, allait porter le nom de « Kasba des Oudayas » !

Vers 1834, les deux Qâ’ids « félons » furent mis à mort par le bourreau des Abids à l’endroit où l’un avait libéré l’autre, à la porte de Fès Jdid… tandis que Ben Ferhoune et ses compagnns croupirent à perpétuité dans les geôles d’Essaouira…

En 1839, les Oudayas-Ahl-Sous furent autorisé à s’établir non loin de Rabat, à Temara, dont la Kasba fut restaurée, et inaugurée en 1842.

« Le Sultan raya le corps des Udaya des rôles de l’armée et cessa de s’en occuper pendant quelques années »

Les actuels terres du Guich des Oudayas sont donc celles qu’Abderrahmane leur accorda, en l’an 1838. Les Oudayas allaient rester des parias du système makhzénien, avant d’être rappelé au secours de la Mhalla royale, à l’occasion de la débâcle d’Isli contre l’armée française d’Algérie..

A la batille d’Isly, quelques Oudayas furent conscrits, mais ils restaient assez mal vu du pouvoir central, par contre, les Cherarda, qui, en dépit de leur trahison 20 ans plus tôt, les avaient remplacé, notamment dans la Kasba de Fès, trahirent leur souverain lors de la cuisante déroute contre la canonnade française…

Laissons en le constat à notre érudit Fassi :

« En résumé, les soldats de notre Maghrib, quand ils sont au combat, qu’ils sont montés sur leurs chevaux, sont maîtres de leurs mouvements aussi bien que le chef de l’armée. Celui-ci n’a pas la moindre autorité sur eux, et s’ils se battent, c’est par une faveur de Dieu et par respect pour leur chef, et encore ceci se présente rarement. Nous les avons mis à l’épreuve, et ce que nous disons s’est vérifié. Ils abandonnèrent le sultan Mawlay Slîman la première fois dans l’affaire de Zâyân (1816), et la seconde fois dans l’affaire des Chrârda. Quand le sultan Mawlay ‘Abderrahmân, pour lequel ils avaient cependant plus de respect, et dont ils n’abandonnaient pas l’étrier, les envoya à Tlemcen, ils se conduisirent comme on l’a vu, et revinrent à leurs errements. L’affaire d’Isly, à laquelle ils prirent part avec le khalîfa Sîdi Muhammad b. ‘Abderrahman, fut, à cause d’eux, des plus étrangement honteuses. Et si, dans la nuit d’Al-Hâjj ‘Abdelqâder, il ne s’était pas levé pour empêcher les hommes de monter à cheval, ils auraient recommencé. »

Désormais, Sidi Mohammed ben Abderrahmane, qui succédait à son père en 1859, allait se charger de constituer une infanterie professionnelle, et maintiendrait Oudayas, Cherarda et les autres guiches comme réserve d’infanterie légère…

Cette nouvelle armée fut incapable, à partir de 1907, de supporter le choc militaire de l’invasion française, et, après quelques atermoiements, les Oudayas, comme toutes les tribus Makhzens, se soumirent à Moulay Youssef et aux français dans les mois qui suivirent la signature du traité de Protectorat.

L’armée française leur garantit en 1919 leurs terres par un statut foncier privilégié, en remerciement de leur renfort à l’occasion du conflit mondial, mais aussi pour ne plus avoir affaire à eux lors de la conquête du Bled Siba… A partir de 1934, tout « l’empire » est « pacifié » et les 3 Oudayas se transforment peu à peu en 3 tribus arabes tout à fait classiques, avant que la propriété collective et particulière de leurs terres n’attise la convoitise de leurs vieux ennemis, la famille Alaouite et la bourgeoisie de Fès, dans les années 1980…