René Caillié, le Tabaski chez les Maures, 1828

A la fin du carême, on célèbre une fête (le tabasky) à laquelle on donne une grande solennité. Chacun se revêt de ce qu’il a de plus beau, on tue un mouton mâle et qui n’a pas subi la castration ; on fait beaucoup de sanglé  tout le monde a abondamment de quoi se rassasier; c’est peut-être le seul jour de l’année où leur appétit soit complètement satisfait. Ils se font mutuellement l’aumône d’un moule de mil; mais c’est plutôt un échange qu’un don, car ils le font toujours à ceux qui sont en état de le leur rendre, et jamais aux malheureux.

Cette fête est purement religieuse chez les marabouts : la plus grande partie du jour se passe en prières; c’est pour eux une espèce de pâque, où l’usage permet de manger plus qu’à l’ordinaire. Mais les hassanes en font un jour de réjouissance : les hommes tirent des coups de fusil, font des courses à cheval et des évolutions, tandis que les femmes, réunies autour des guéhués, chantent au son de la musique et en Raccompagnant de battemens de mains. En général, les fêtes sont plus gaies chez ces derniers que chez les marabouts, parce que les guéhués, qui y sont admis, y répandent la joie par des chants, de la musique et leurs jongleries.