Histoire II, 58-59 : Guerre Civile en Tingitane sous Vitellius
Vers la même époque, on vint lui annoncer la réunion à son parti des deux Mauritanies et le meurtre d’Albinus, qui en était procurateur. Lucéius Albinus, placé par Néron à la tête de la Mauritanie césarienne, à laquelle Galba joignit la Tingitane, disposait de forces respectables. Dix-neuf cohortes et cinq ailes de cavalerie étaient sous ses ordres, avec un grand nombre de Maures, gens que les courses et le brigandage rendent très propres à la guerre. Après le meurtre de Galba, inclinant pour Othon et ne se contentant plus de l’Afrique, Albinus menaçait l’Espagne, qui en est séparée par un canal si étroit. Cluvius Rufus s’en alarma : il donne ordre à la dixième légion de s’approcher du détroit comme pour le passer ; et des centurions sont envoyés en avant pour gagner à Vitellius les esprits des Maures. Ils y réussirent sans peine, tant la réputation de l’armée de Germanie était grande en ces provinces. On répandait en outre que, dédaignant le titre de procurateur, Albinus se parait des marques de la royauté et du nom de Juba.
Les dispositions de l’Afrique ainsi changées, Asinius Pollion, préfet de cavalerie, l’un des amis les plus dévoués d’Albinus, ainsi que Festus et Scipio, préfets de cohortes, sont assassinés. Albinus lui-même, allant par mer de la province Tingitane dans la Maurétanie Césarienne, est tué au débarquement. Sa femme, qui s’offrit volontairement aux meurtriers, fut égorgée avec lui. Et tous ces événements, Vitellius n’en demandait aucun compte.