Paul le Silentiaire : Ekphrasis : De la magnificence de Sainte-Sophie : v. 550 n-è

Par dessus le tout s’élève dans les airs démesurés le grand casque, qui, penché comme les cieux irradiants, ambrasse l’Ekklésia.. Au point le plus élevé, au niveau de la couronne, fut représentée la croix, protectrice de la cité. Et quelle merveille que de voir comme lacoupole s’élève par degrès, d’une large base, de plus en plus étroite à mesure qu’elle croit en hauteur. Elle ne conduit pourtant pas vers le haut à une pointe aigue, mais est comme le firmament qui repose sur les airs, bien que la coupole soit fixée sur les solides dossiers des arches. […]En tous points, les murs scintillent de merveilleux ornements, et ses pierres viennent des carrières de Proconnèse,  le marbre découpé et assemblé forme comme des motifs peints,  et ces rocs façonnés en cubes et en octogones, forment les veines de ces motifs, et ces pierres montrent aussi les formes d’êtres vivants.[…]Dans le temple sont un millier de lampes délivrant leur lumière étincelante, suspendu par des chaînes aux multiples rouages, certaines dans les ailes, d’autres au centre, ou à l’E et à l’W, ou sur les murs couronnés, deversant l’illumination de  leurs éclats. Ainsi la nuit parait mépriser la lueur du jour, et se faire la rosée de l’aurore.[…] Ainsi en tous lieux de la grande église arrivent des rayons de lumière, expulsant les nuées de soucis, emplissant l’esprit de joie. Les lumières sacrées encouragent tout le monde, même le pêcheur menant sa barque contre la houle, laissant derrière lui les flots inamicaux du Pont enrage, sillonnant parmi les meanders des criques et des récifs, le Coeur contrit par les dangers de ses nocturnes et hasardeuses pérégrinations, il a quitté l’Egée et mène son esquif contre les courants contraires de l’Hellespont et alors qu’il essuie les ravages d’une tempête d’Afrique, ce n’est ni la lueur de Syrius du Chien, ni de l’Ours arctique, qui le dirige, mais la lumière divine de cette même église, et alors, non seulement elle guide le marchand pendant la nuit, comme les rayons du Pharos, sur la côte africaine, mais elle montre aussi la voie vers le Dieu vivant.