Michel le Syrien, 643 : Les arabes rebâtissent le temple de Salomon, les Juifs les incitent à supprimer la croix du St Sépulcre, 'Amrû interdit les croix, puis il les autorise sur les églises et lors des processions, et échange avec el patriarche Jean, à qui il commande une traduction arabe des évangiles, avec l'aide des Tanûkh, des 'Aqûliens (Kufites) et Tu'iens (?), v. 1170 n-è

A cette époque, tandis que les Tayyayê rebâtissaient le temple de Salomon, à Jerusalem, la construction s’écroulait.
Les Juifs dirent :
“Si vous ne faites pas renverser la croix qui est placée en face du temple, sur le Mont des Oliviers, le temple ne pourra être bâti!”
Et quand ils eurent fait descendre la croix, l’édifice s’éleva. Pour le même motif, ils renversaient de nombreuses croix ; il en résulta, dans l’empire des Tayyayê, qu’ils devinrent les ennemis des croix et les persécuteurs des chrétiens à cause de la vénération pour la croix
[…]
A cette époque ‘Amrou, émir des Taiyayê, défendit que les croix parussent, même aux fêtes et aux rogations. Cela réjouit les Juifs, et ils se mirent à enlever les croix des églises. Alors, un chrétien, connu de l’émir, voyant un juif qui courait au-dessus de l’église de Jean-Baptiste pour en arracher la croix, fut enflammé de zèle, alla trouver ‘Amrou et lui :
« émir juste ! il n’est pas juste que tu permettes aux Juifs de tourner nos mystères en dérision. »
Alors, Dieu ayant changé son cœur, il dit :
« Je n’ai pas prescrit d’arracher les croix, si ce n’est celles qui sont marquées dans
les rues, sur les murs. »
Il ordonna à l’un de ceux qui étaient présents d’aller à la rencontre du Juif qui descendait en emportant la croix ; il enleva la croix au Juif et le frappa a la tête : sa cervelle se répandit et il mourut.
Ce fut une consolation pour les chrétiens, car les Juifs furent couverts de confusion, et la prescription tomba en désuétude ; les chrétiens recommencèrent à porter les
croix aux rogations, aux fêtes et aux enterrements. Cependant, à Homs et à Damas, ils n’ont jamais eu cette faculté depuis que cet édit fut porté par l’émir ‘Amrou.
[…]
A cette époque, ‘Amrû b. Sa’d, émir des Tayyayê, défendit que les croix parussent hors des églises, et fit arracher leur image des murs.
‘Amrû écrivit à notre patriarche Yohnân (Jean). Quand celui-ci entra près de lui, ‘Amrû commença à dire des paroles insolites et contraires aux Ecritures, et il se mit à lui poser des questions difficiles. Le patriarche les résolut toutes par des exemples tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament et par des arguments naturels.
En voyant son courage et l’étendue de sa science, ‘Amrû fut dans l’étonnement.
Alors il lui donna cet ordre :
« Traduis-moi votre Evangile dans la langue sarrasine, c’est-à-dire des Tayyayê. Seulement, tu ne parleras ni de la divinité du Christ, ni du baptême, ni de la croix. »
Le bienheureux, fortifié par le Seigneur, répondit :
« A Dieu ne plaise que je retranche un seul yod ou un seul point de l’Evangile, alors même que tous les traits et toutes les lances qui sont dans ton camp me transperceraient. »
Voyant qu’il ne pourrait le convaincre, ‘Amrû lui dit :
« Va ; écris comme tu voudras »

Le patriarche réunit les évêques et fit venir des Tanûkayê, des ‘Aqûlayê, des Tû’ayê, qui connaissaient les langues arabe et syriaque, et il leur commanda de traduire l’Evangile en langue arabe.
Il avait ordonné que chaque sentence qu’ils traduisaient passât sous les yeux de tous les interprètes. C’est ainsi que l’Evangile fut traduit et présenté au roi.