Virgile, Enéide, IV, 475 : Magie, libération des Esprits et des Mânes Nocturnes d’une prêtresse Massylienne de Maurétanie-Ethiopie

Alors, écrasée de douleur, Didon prit conscience de sa folie et décida de mourir : elle en régla seule le moment et la manière. S’adressant à sa soeur affligée, elle dissimule son plan sur son visage, et lui rend espoir par un front serein :

« Soeur chérie, – tu peux me féliciter – , j’ai trouvé le moyen qui me le rendra ou me délivrera de mon amour pour lui. Près des limites de l’Océan, là où se couche le Soleil, il est un lieu, aux confins de l’Éthiopie, où le géant Atlas fait tourner sur ses épaules l’axe semé d’étoiles de feu : on m’a présenté une prêtresse massylienne issue de là-bas ; gardienne du temple des Hespérides, elle donnait sa pâture au dragon et surveillait les rameaux sacrés sur leur arbre, qui répand des liqueurs de miel et le pavot porteur de sommeil.

Soeur chérie, je le jure par les dieux, par toi, par ta tête aimée, c’est à contrecoeur que je recours aux arts de la magie.

Tu feras dresser secrètement  un bûcher dans palais, à ciel ouvert ; et les armes que cet impie a laissées accrochées dans ma chambre, tous ses vêtements, et le lit conjugal, qui causa ma perte, pose-les au-dessus : il convient de détruire tous les souvenirs de l’infâme : telles sont les directives de la prêtresse. »

Ces paroles dites, elle reste silencieuse, tandis que la pâleur a gagné son visage.

Cependant, Anne ne croit pas que sa soeur, sous ces rites étranges, cache des funérailles et elle n’imagine pas de telles divagations mentales ou elle ne craint pas de réactions plus graves que lors de la mort de Sychée. Donc, elle exécute ses ordres