Cependant les Maures de la Byzacène et de la Numidie, sans autre sujet que l’inconstance et la mobilité de leur caractère, rompirent les traités, et se soulevèrent à l’improviste contre les Romains. De pareils actes ne sont pas rares chez des peuples lui n’ont ni vénération pour la Divinité, ni respect pour les hommes ; qui ne sont retenus ni par les liens sacrés du serment, ni par la crainte de compromettre leurs otages, dont ils s’inquiètent fort peu, lors même qu’ils seraient les enfants ou les frères de leurs rois ; qui, enfin, ne sauraient être maintenus dans la tranquillité que par la présence d’un ennemi redoutable. Voici de quelle manière les Maures avaient fait un traité avec Bélisaire, et comment ils le rompirent.
3. Quand le bruit de l’approche de la flotte romaine se répandit parmi eux, les Maures, alarmés pour leur indépendance, consultèrent leurs devineresses. Car chez eux il n’est pas permis aux hommes de prédire l’avenir; ce sont les femmes qui, après avoir accompli certaines cérémonies, remplies de l’esprit divin comme les anciennes pythonisses, ont le privilège de dévoiler les événements futurs. Elles répondirent à ceux qui les interrogèrent : que du sein des eaux sortirait une armée, la ruine des Vandales, la défaite et la perte des Maures, quand les Romains auraient un général sans barbe. D’après cette prophétie, lorsqu’ils virent l’armée impériale s’élancer de la mer, les Maures épouvantés renoncèrent à l’alliance des Vandales, traitèrent avec Bélisaire ainsi que je l’ai dit plus haut, et gardèrent une neutralité complète en attendant l’issue de la guerre.