Jacques de Voragine, Légende Dorée, Martyr de Ste Agathe de Catane et de Ste Lucie de Syracuse, v. 1335 n-è

Agathe, vierge de race noble et très belle de corps, honorait sans cesse Dieu en toute sainteté dans la ville de Catane. Or, Quinlien, consulaire en Sicile, homme ignoble, voluptueux, avare et adonné à l’idolâtrie, faisait tous ses efforts pour se rendre maître d’Agathe. Comme il était de basse extraction, il espérait en imposer en s’unissant à une personne noble ; étant voluptueux, il aurait joui de sa beauté ; en s’emparant de ses biens, il satisfaisait son avarice ; puisqu’il était idolâtre, il la contraindrait d’immoler aux dieux.

 

Il se la fit donc amener. Arrivée en sa présence, et ayant connu son inébranlable résolution, il la livra entre les mains d’une femme de mauvaise vie nommée Aphrodisie, et à ses 9 filles débauchées comme leur mère, afin que, dans l’espace de 30 jours, elles la fissent changer de résolution. Elles espéraient, soit par de belles promesses, soit par des menaces violentes, qu’elles la détourneraient de son bon propos.

La bienheureuse Agathe leur dit :

« Ma volonté est assise sur la pierre et a J.-C. pour base ; vos paroles sont comme le vent, vos promesses comme la pluie, les terreurs que vous m’inspirez comme les fleuves. Quels que soient leurs efforts, les fondements de ma maison restent solides, rien ne pourra l’abattre. »

En s’exprimant de la sorte, elle ne cessait de pleurer et chaque jour elle priait avec le désir de parvenir à la palme du martyre.

Aphrodisie voyant Agathe rester inébranlable dit à Quintien :

« Amollir les pierres, et donner au fer la flexibilité du plomb serait plus facile que de détourner l’âme de cette jeune fille des pratiques chrétiennes et de la faire changer. »

Alors Quintien la fit venir et lui dit :

« De quelle condition es-tu ? »

Elle répondit :

« Je suis noble et même d’une illustre famille, comme ma parenté en fait foi »

Quintien lui dit :

« Si tu es noble, pourquoi, par ta conduite as-tu des habitudes de personne servile ? »

« C’est, dit-elle, que je suis servante de J.-C, voilà pourquoi je parais être une personne servile. »

Quintien :

« Puisque tu es noble, comment te dis-tu servante ? »

Elle répondit :

« La souveraine noblesse, c’est d’être engagée au service de J.-C »

Quintien :

« Choisis le parti que tu voudras, ou de sacrifier aux dieux, ou d’endurer différents supplices, »

Agathe lui répondit :

« Que ta femme ressemble à ta déesse Vénus, et toi-même, sois tel que l’a été ton dieu Jupiter. »

Alors Quintien ordonna de la souffleter avec force en disant :

« N’injurie pas ton juge par tes plaisanteries téméraires. »

Agathe répliqua :

« Je m’étonne qu’un homme prudent comme toi en soit arrivé à ce point de folie d’appeler tes dieux ceux dont tu ne voudrais pas que ta femme, ou bien toi, suivissiez les exemples, puisque tu dis que c’est te faire injure que de te souhaiter de vivre comme eux. En effet si tes dieux sont bons, je ne t’ai souhaité que du bien ; mais si tu as horreur de leur ressembler, tu partages mes sentiments. »

Quintien :

« Qu’ai-je besoin d’entendre une série de propos superflus ? Ou sacrifie aux dieux, ou je vais te faire mourir par toute espèce de supplices. »

Agathe :

« Si tu me fais espérer d’être livrée aux bêtes, en entendant le nom de J.-C., elles s’adouciront ; si tu emploies le feu, les anges répandront du ciel sur moi une rosée salutaire ; si tu m’infliges plaies et tortures, je possède en moi le Saint-Esprit par la puissance duquel je méprise tout. »

 

Alors le consul la fit jeter en prison, parce qu’elle le confondait publiquement par ses discours. Elle y alla avec grande liesse et gloire, comme si elle fut invitée à un festin ; et elle recommandait son combat au Seigneur.

Le jour suivant, Quintien lui dit :

« Renie le Christ et adore les dieux. »

Sur son refus, il la fit suspendre à un chevalet et torturer.

Agathe dit :

« Dans ces supplices, ma délectation est celle d’un homme qui apprend une bonne nouvelle, ou qui voit une personne longtemps attendue, ou qui a découvert de grands trésors. Le froment ne peut être serré au grenier qu’après avoir été fortement battu pour être séparé de sa balle ; de même mon âme ne peut entrer au paradis avec la palme du martyre que mon corps n’ait été déchiré avec violence par les bourreaux. »

Quintien en colère lui fit tordre les mamelles et ordonna qu’après les avoir longtemps tenaillées, on les lui arrachât.

Agathe lui dit :

« Impie, cruel et tyran, n’as-tu pas honte de mutiler dans une femme ce que tu as sucé toi-même dans ta mère ? J’ai dans mon âme des mamelles toutes saines avec lesquelles je nourris tous mes sens, et que j’ai consacrées au Seigneur dès mon enfance »

Alors il commanda qu’on la fît rentrer en son cachot avec défense d’y laisser pénétrer les médecins, et de ne lui servir ni pain, ni eau. Et voilà que vers le milieu de la nuit, se présente à elle un vieillard précédé d’un enfant qui portait un flambeau, et ayant à la main divers médicaments.

Et il lui dit :

« Quoique ce magistrat insensé t’ait accablée de tourments, tu l’as encore tourmenté davantage par tes réponses, et quoiqu’il t’ait tordu ton sein ; mais son opulence se changera en amertume : or, comme j’étais présent lors de toutes tes tortures, j’ai vu que ta mamelle pourrait être guérie. »

Agathe lui dit :

« Je n’ai jamais employé la médecine pour mon corps, et ce me serait honte de perdre un avantage que j’ai conservé si longtemps. »

Le vieillard :

« Ma fille, je suis chrétien, n’aie pas de honte. »

Agathe :

« Et qui me pourrait donner de la honte, puisque vous êtes un vieillard fort avancé en âge ? D’ailleurs mon corps est si horriblement déchiré que personne ne pourrait concevoir pour moi aucune volupté : mais je vous rends grâces, mon seigneur et père, de l’honneur que vous me faites en vous intéressant à moi. »

« Et pourquoi donc, répliqua le vieillard, ne me laisses-tu pas te guérir ? »

« Parce que, répondit Agathe, j’ai mon Seigneur J.-C. qui d’une seule parole guérit et rétablit toutes choses. C’est lui, s’il le veut, qui peut me guérir à l’instant. »

Et le vieillard lui dit en souriant :

« Et je suis son apôtre ; et c’est lui-même qui m’a envoyé vers toi ; sache que, en son nom, tu es guérie. »

Aussitôt l’apôtre saint Pierre disparut. La bienheureuse Agathe se prosterna et rendit grâces à Dieu ; elle se trouva guérie par tout son corps et sa mamelle était rétablie sur sa poitrine.

Or, effrayés de l’immense lumière qui avait paru, les gardes avaient pris la fuite en laissant le cachot ouvert, alors quelques personnes la prièrent de s’en aller.

« A Dieu ne plaise que je m’enfuie, dit-elle, et que je perde la couronne de patience ! je mettrais mes gardiens dans la tribulation. »

 

Quatre jours après, Quintien lui dît d’adorer les dieux afin qu’elle n’eût pas à endurer de plus grands supplices. Agathe lui répondit :

« Tes paroles sont insensées et vaines; elles souillent l’air et sont iniques. Misérable sans intelligence, comment veux-tu que j’adore des pierres et que je répudie le Dieu du ciel qui m’a guérie? »

Quintien : « Et qui t’a guérie? »

Agathe :

« J.-C, le fils de Dieu. »

Quintien :

« Tu oses encore proférer le nom du Christ que je ne veux pas entendre ? »

Agathe :

« Tant que je vivrai, j’invoquerai J.-C. du cœur et des lèvres. »

Quintien :

« Je vais voir si le Christ te guérira. »

Et il ordonna qu’on parsemât la place de fragments de pots cassés, que sur ces tessons on répandît des charbons ardents, puis qu’on la roulât toute nue dessus. Pendant qu’on le faisait, voici qu’il survient un affreux tremblement de terre ; il ébranla tellement la ville entière que deux conseillers de Quintien furent écrasés sous les ruines du palais et que tout le peuple accourut vers le consul en criant que c’était uniquement pour l’injuste cruauté exercée contre Agathe que l’on souffrait ainsi !

Quintien craignant et le tremblement de terre, et une sédition du peuple, fit reconduire Agathe en prison, où elle fit cette prière:

« Seigneur J.-C, qui m’avez créée, et m’avez gardée dès mon enfance, qui avez préservé mon cœur de souillure, qui l’avez sauvegardé contre l’amour du siècle, et qui m’avez fait vaincre les tourments, en m’octroyant la vertu de patience, recevez mon esprit et permettez-moi de parvenir jusqu’à votre miséricorde. »

Après avoir adressé cette prière, elle jeta un grand cri, et rendit l’esprit vers l’an du Seigneur 233, sous l’empire de Dèce. Au moment où les fidèles ensevelissaient son corps avec des aromates et le mettaient dans le sarcophage, apparut un jeune homme vêtu de soieries, accompagné de plus de 100 autres hommes fort beaux, ornés de riches vêtements blancs, qu’on n’avait jamais vus dans le pays ; il s’approcha du corps de la sainte, à la tète de laquelle il plaça une tablette de marbre ; après quoi il disparut aussitôt. Or, cette table portait cette inscription :

« Ame sainte, généreuse, honneur de Dieu et libératrice de sa patrie. »

En voici le sens : Elle eut une âme sainte ; elle s’offrit généreusement, elle rendit honneur à Dieu, et elle délivra sa patrie. Quand ce miracle eut été divulgué, les gentils eux-mêmes et les Juifs commencèrent à grandement vénérer son sépulcre. Pour Quintien, comme il allait faire l’inventaire des richesses de la sainte, deux de ses chevaux prirent le mors aux dents et se mirent à ruer ; l’un le mordit et l’autre le frappa du pied et le fit tomber dans un fleuve, sans qu’on ait pu jamais retrouver son corps.

Un an après, vers le jour de la fête de sainte Agathe, une montagne très haute qui est près de la ville, fil éruption et vomit du feu qui descendait comme un torrent de la montagne, mettait en fusion les rochers et la terre, et venait avec impétuosité sur la ville. Alors une multitude de païens descendirent de la montagne, coururent au sépulcre de la sainte, prirent le voile dont il était couvert et le placèrent devant le feu. Le jour du martyre de cette vierge le feu s’arrêta subitement et ne s’avança pas. Voici ce que dit saint Ambroise en parlant de cette vierge, en sa préface :

« heureuse et illustre vierge qui mérita de purifier son sang par un généreux martyre pour la gloire du Seigneur ! glorieuse et noble vierge, illustrée d’une double gloire, pour avoir fait toutes sortes de miracles au milieu des plus cruels tourments, et qui, forte d’un secours mystérieux, a mérité d’être guérie par la visite de l’apôtre ! Les cieux reçurent cette épouse du Christ ; ses restes mortels sont l’objet d’un glorieux respect. Le chœur des anges y proclame la sainteté de son Ame et lui attribue la délivrance de sa patrie. »

Lucie, vierge syracusaine de famille noble, voyant se répandre à travers toute la Sicile la gloire de sainte Agathe, se rendit au tombeau de cette sainte, en compagnie de sa mère Euthicie, qui, depuis 4 ans déjà, souffrait d’un flux de sang incurable. Les deux femmes arrivèrent à l’église pendant la messe, et au moment ou on lisait le passage de l’Évangile qui raconte la guérison miraculeuse, par Jésus, d’une femme atteinte d’un flux de sang. Alors Lucie dit à sa mère :

« Si tu crois à ce qu’on vient de lire, tu dois croire aussi qu’Agathe est maintenant en présence de Celui pour le nom de qui elle a subi le martyre. Et si tu crois cela, tu retrouveras la santé en touchant le tombeau de la sainte ! »

Aussitôt, tous s’écartant pour leur livrer passage, la mère et la fille s’approchèrent du tombeau, et se mirent à prier. Et voici que la jeune fille tomba soudain endormie, et eut un rêve où elle vit sainte Agathe debout au milieu des anges, toute parée de pierreries, et lui disant :

« Ma sœur Lucie, vierge consacrée à Dieu, pourquoi me demandes-tu une chose que tu peux toi-même accorder sur-le-champ à ta mère ? Vois, ta foi l’a guérie ! »

Et Lucie, s’éveillant, dit à sa mère :

« Ma mère, tu es guérie ! Mais au nom de celle aux prières de qui tu dois ta guérison, je te prie de me délier désormais de mes fiançailles, et de distribuer aux pauvres la dot que tu me destinais ! »

Sa mère lui répondit :

« Attends plutôt de m’avoir fermé les yeux, et tu feras ensuite ce que tu voudras de nos biens ! »

Mais Lucie :

« Ce que tu donnes en mourant, dit-elle, tu le donnes parce que tu ne peux pas l’emporter avec toi. Mais, si tu le donnes de ton vivant, tu en auras la récompense là-haut ! »

De retour chez elles, Lucie et sa mère commencèrent à distribuer, peu à peu, tous leurs biens aux pauvres. Et le fiancé de Lucie, l’ayant appris, en demanda compte à la nourrice de la jeune fille. Cette femme, en personne rusée, lui répondit que Lucie avait trouvé une propriété meilleure, qu’elle voulait l’acquérir, et que c’était pour cela qu’elle vendait une partie de ses biens. Et lui, dans sa sottise, il crut à un commerce matériel, et se mit à les encourager dans la vente de leurs biens. Mais quand tout fut vendu et qu’on sut que tout était allé aux pauvres, le fiancé, furieux, porta plainte devant le consul Paschase, disant que Lucie était chrétienne et n’obéissait pas aux lois impériales.

Paschase, l’ayant aussitôt mandée, lui enjoignit de sacrifier aux idoles. Mais Lucie lui répondit :

« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est de visiter les pauvres et de les aider dans leurs besoins. Et comme je n’ai plus rien à offrir, je vais m’offrir moi-même au Seigneur ! »

Et Paschase :

« Ce sont là des paroles bonnes à dire à des sots de ton espèce ; mais à moi, qui garde les décrets de mes maîtres, tu les dis en vain ! »

Et Lucie :

« Tu gardes, toi, les décrets de tes maîtres, et moi je veux garder la loi de mon Dieu. Tu crains tes maîtres, et moi je crains Dieu. Tu évites de les offenser, et moi j’évite d’offenser Dieu. Tu désires leur plaire, et moi je désire plaire au Christ. Fais donc ce que tu jugeras t’être utile, et moi je ferai ce que je jugerai m’être utile ! »

Alors Paschase :

« Tu as dépensé ton patrimoine avec des corrupteurs, et voilà pourquoi tu parles en prostituée ! »

Mais Lucie :

« Mon patrimoine, je l’ai placé en lieu sûr ; et jamais n’ai admis auprès de moi des corrupteurs, ni du corps, ni de l’âme. »

Paschase lui dit :

« Qui sont donc ces corrupteurs du corps et de l’âme ? »

Et Lucie répondit :

« Les corrupteurs de l’âme, c’est vous, qui engagez les âmes à se détourner de leur créateur ; quant aux corrupteurs du corps, ce sont ceux qui conseillent dé préférer le plaisir corporel aux fêtes éternelles. »

Et Paschase :

« Tes paroles (verba) cesseront bien quand nous en viendrons à te rouer de coups (verbera) ! »

Et Lucie :

« Les paroles de Dieu ne cesseront jamais. »

Et Paschase :

« Prétends-tu être Dieu ? »

Lucie répondit :

« Je suis la servante de Dieu, qui a dit : « Quand vous serez en face des rois et des princes, etc. »

Et Paschase :

« Prétends-tu donc avoir en toi le Saint-Esprit ? »

Et Lucie :

« Celui qui vit dans la chasteté, celui-là est le temple du Saint-Esprit ! »

Et Paschase :

« Alors je te ferai conduire dans une maison de débauche. Ton corps y sera violé, et tu perdras ton Saint-Esprit ! »

Mais Lucie :

« Le corps n’est souillé que si l’âme y consent ; et si, malgré moi, on viole mon corps, ma chasteté s’en trouvera doublée. Or jamais tu ne pourras contraindre ma volonté. Et quant à mon corps, le voici, prêt à tous les supplices ! Qu’attends-tu ? Fils du diable, commence à satisfaire ton désir malfaisant ! »

Alors Paschase fit venir des proxénètes, et leur dit :

« Invitez tout le peuple à jouir de cette femme, et qu’on use de son corps jusqu’à ce que mort s’ensuive ! »

Mais quand les proxénètes voulurent l’entraîner, l’Esprit-Saint la rendit si pesante qu’en aucune façon ils ne purent la mouvoir. Et Paschase fit venir 1000 hommes, et lui fit lier les pieds et les mains ; mais on ne parvenait toujours pas à la soulever. Il fit venir 1000 paires de bœufs, mais la vierge continua à rester immobile. Il fit venir des mages ; mais leurs incantations restèrent sans effet. Alors il dit :

« Quel est donc ce maléfice, qui permet à une jeune fille de ne pas pouvoir être soulevée par un millier d’hommes ? »

Et Lucie lui répondit :

« Ce n’est pas un maléfice, mais un bienfait du Christ. Et tu aurais beau ajouter encore 10 000 hommes, ils ne parviendraient pas à me faire bouger. »

Paschase s’imagina alors, suivant l’invention de quelqu’un, que l’urine détruisait les maléfices, et il la fit asperger d’urine bouillante : mais cela encore fut inutile. Alors le consul, exaspéré, fit allumer autour d’elle un grand feu, et ordonna de jeter sur elle de la poix, de la résine, et de l’huile bouillante.

Et Lucie dit :

« Dieu m’a accordé de supporter ces délais, dans mon martyre, afin d’ôter aux croyants la peur de la souffrance et aux non-croyants le moyen de blasphémer ! »

Les amis de Paschase, le voyant devenir sans cesse plus furieux, enfoncèrent une épée dans la gorge de la sainte ; mais elle, loin d’en perdre la parole, elle dit :

« Je vous annonce que la paix est rendue à l’Église ! Aujourd’hui même, Maximien est mort et Dioclétien a été chassé du trône. Et de même que Dieu a accordé pour protectrice à la ville de Catane ma sœur Agathe, de même il vient de m’autoriser à être auprès de lui la protectrice de la ville de Syracuse. »

Et, en effet, pendant qu’elle parlait encore, voici que des envoyés de Rome vinrent saisir Paschase pour l’emmener, prisonnier, devant le Sénat : car celui-ci avait appris qu’il s’était rendu coupable de déprédations sans nombre dans toute la province. Il fut donc conduit à Rome, déféré au Sénat, convaincu de crime, et puni de la peine capitale. Quant à la vierge Lucie, elle ne bougea pas du lieu où elle avait souffert, et elle resta en vie jusqu’à l’arrivée de prêtres qui lui apportèrent la sainte communion ; et toute la foule y assista pieusement. C’est dans le même lieu qu’elle fut enterrée, et que fut construite une église en son honneur. Son martyre eut lieu vers l’an du Seigneur 310.