Ibn Hawqal, Melilla, Nekour, Lixos (Tushummus), Basra et la plaine du Gharb, v. 960 n-è

Malila était autrefois une cité ceinte d’un mur fortifié dont la prospérité était étendue. L’eau entourait la plus grande partie de sa muraille, provenant d’un puits d’où jaillissait une source puissante. La ville remontait à une haute antiquité. Elle fut pillée par Abû-l-Hasan Jawhar, celui-là même qui emmena en Egypte les conquérants Maghrébins. Elle était tombée entre les mains de la tribu berbère des B. Batûiya. Ses jardins suffisaient aux besoins des habitants, de même que le gros volume des cultures, des grains et des céréales ; mais ceci a disparu pour une grande part.

Nakûr est actuellement une cité moyenne ; autrefois, elle était plus importante et des ruines en sont encore visibles. Elle possède un port à l’intérieur d’une presqu’île appelée Mazimma, où mouillent les navires.

[…]

Zalul est une cité charmante à l’est d’Azila, possédant des marchés qui se touchent. Elle était administrée autrefois par un délégué de Hasan b. Kannun Hasani Fatimi, qui l’a rebâtie ; l’eau potable de la ville, de même que celle de Tanger, a une origine inconnue, un point de départ ignoré.

Azila est une cité ceinte d’un mur, suspendue au sommet d’une falaise qui s’étend de l’océan au continent du Maghreb ; c’est une ville plaisante, avec un mur de pierre ; une partie se trouve du côté de l’Océan. Les ressources des habitants consistent en céréales, blé, orge : elles sont abondantes. L’eau, qui provient de puits, est pure et douce. La ville possède des marchés.

Lorsque de cette ville on se dirige vers le sud en suivant les côtes de l’Océan, on arrive au Wadi Safdad ; c’est une très grande rivière, au débit abondant et qui permet la navigation, l’eau ets douce et fournit l’eau potable aux habitants de Tushummus, ville agréable, bien antérieure à l’Islam, qui remonte à la plus haute antiquité. Elle possède un mur de construction ancienne qui enjambe le Wadi Tushummus connu sous le nom de Wadi Safdad, situé à environ un mille de la mer. Le Safdad est formé de deux bras, dont l’un a son origine dans la région des Sanhaja, dans les Deux Montagnes de Basra, tandis que le second bras provient du pays des Kutâma ; tous deux sont riches en eau. Les habitants de Basra transportent leurs marchandises sur des navires par cette rivière et, après avoir atteint l’Océan, tournent vers la mer des Romains pour se rendre où ils le désirent. Entre Tushummus et Basra, il y a moins d’une journée à dos de monture.

Ensuite on incline vers la gauche en direction de l’Océan, et l’on rencontre des cités, proches ou éloignées de la mer, comme Jarmana, Tawarat, Hajar, sur le littoral, puis, à l’intérieur des terres, vers l’est, Aqlâm, Baçra et Kurt.

Baçra est une cité de grandeur moyenne, entourée d’un rempart qui n’est guère solide. Ses eaux viennent de rivières assez distantes, bordées d’un petit nombre de vergers sur sa rive orientale. Ses produits les plus sérieux consistent en coton, exporté vers l’Afrique et autres lieux ; les habitants récoltent aussi du blé, de l’orge, des légumineuses, dont ils font pousser des quantités abondantes. Le pays, très fertile et prospère, possède de beaux marchés et des immeubles ; l’air y est agréable et le sol est productif. On y trouve des personnalités de valeur, caractérisées par leur vertu et leur science religieuse. Les mœurs de ses habitants, femmes et hommes, sont excellentes ; ils sont, pour la plupart, d’une belle prestance et d’une haute taille, d’une harmonieuse structure de corps et ont des extrémités bien proportionnées. Ils sont dans leur ensemble animés de pudeur, d’esprit pacifique et de bienfaisance.

Entre Basra et la cité nommée Aqlam, il y a moins d’une étape ; c’est une cité fondée récemment par Yahya b. Idris, elle possède une muraille qui a protégé les habitants lorsqu’ils prirent parti contre Mûsâ b. Abî-l-‘Afiya. Les cours d’eau y sont nombreux, elle ets située au milieu d’une végétation dense et de montagnes élevées et escarpées. On n’y pénètre que par un seul point. Il y a un Minbar et un Jâmi’ construit par les Idrissides et c’est là qu’ils se réfugièrent au moment du siège de Mûsâ : en effet, ils s’étaient tout d’abord ralliés aux Omeyyades qui s’étaient peu avant emparés de la localité, et ils avaient pu y rentrer. La cité a un sol fertile ; elle est bien fortifiée, et les Omeyyades ne l’avaient pu prendre que par la faim et suite à un sévère blocus.

Kurt est aussi une jolie cité à flanc de montagne, très forte bien qu’elle n’ait pas de mur d’enceinte. Elle possède de nombreux cours d’eau, des jardins étendus et de vastes terrains de culture ; les produits agricoles comme le blé, l’orge, le coton, y sont abondants. Les habitants sont adonnés au commerce, la majorité d’entre eux sont des berbères. Eux tous, ainsi que la population du district dont il est question, c’est à dire celui de Tanja, sont soumis aux Idrissides : ils perçoivent eux-mêmes taxes et Kharâj de la région.

Une des cités de leur ressort et sous leur autorité par sa proximité est Massina, cité munie de remparts, au sud de Basra, au bord d’une rivière à l’eau douce, qui se jette dans le Wadî Sabu, le fleuve de Fàs. Cette cité est ceinte d’une muraille qui la protège bien. Ses produits agricoles sont abondants et bon marché : le territoire est fertile, la plaine est peuplée de berbères. On y récolte du coton, du blé et de l’orge ; il y a beaucoup de cours d’eau et un système d’irrigation qui assure un riche revenu aux riverains.

Hajar est une grande cité, fondée récemment sur une masse montagneuse très élevée. Elle appartient aux Idrissides. C’est en même temps une forteresse bien défendue, où ils entreposent leurs biens. Aussi est-ce une de leurs cités les plus précieuses et les plus importantes. L’eau se trouve dans la ville même, ainsi qu’un certain nombre de vergers. C’est seulement d’un seul côté qu’une route mène à la ville, et encore les piétons ne peuvent y marcher que l’un derrière l’autre. Le territoire est fertile et productif.

Le lac d’Aryagh communique avec l’océan où mouillent les navires hispaniques qui viennent charger les produits agricoles de la région, c’est aussi là que s’embarquent les habitants de Basra pour emporter les produits de leur cité et de la localité de Biyatha.