Anonyme, II, Conquête des Falachas par les Ethiopiens, v. 1600 n-è

Et en ce jour de lundi, lorsqu’ils virent ceux de Dakhragot, les troupes du Shum Takla Giorgis et tous les Shum-s de Tigré se concertèrent et descendirent de leur Katama, tenant l’arc et bouclier, et arrivèrent près de l’amba. Alors descendirent contre eux les guerriers des Falasha et repoussèrent les gens du Tigré et les poursuivirent jusqu’au milieu de la déclivité, car ils avaient fait leur katama cette fois dans un endroit élevé qui ressemblait à un Amba. Mais pas un d’entre eux ne périt.

Le lendemain mardi, le 4 du mois de Tahsas, le roi se leva en rugissant comme uu lion et descendit où son armée était campée et, en suivant leurs traces, et, étant passé d’environ le lieu où marchait Dakhragot, il y dressa le Dabana. Et lorsque le vit ce juif soulevé contre le Seigneur et contre Son Oint, la peur et le tremblement descendirent sur lui, à tel point qu’il s’exclama en ouvrant la bouche, et dit :

« Voici, celui-ci veut faire avec moi comme il a fait avec mon frère Kalêf, car son âme intelligente comprit qu’il lui arrivera ce qui était arrivé à l’autre. »

Ce Kalêf prophétisa autrefois, quand il proféra contre lui des paroles injurieuses relativement à sa défaite, en disant :

« Il a été vaincu dans cet Amba parce qu’il l’a voulu ; autrement, les guerriers les plus braves n’auraient pas pu y monter, il les a de ne laisser venir auprès de lui; quand il vit qu’ils tremblaient et ne pensaient pas à monter, Kalêf prit la parole et dit :

« Il ne manquera pas d’arriver à lui ce qui est arrivé à moi. »

Lorsqu’il verra la terrible colère du roi, il jugera ma défaite. Cette parole prophétique sortit de   la bouche de Kalêf et elle fut accomplie à son heure.

Le soir de mardi au matin de mercredi, il conçut un projet de peur, de quitter le refuge où il s’était abrité et renonça de combattre le roi, car l’esprit de crainte posséda son coeur. Alors il se leva en cette nuit où il se rendit à Abba Newây, s’en alla avec sa femme et ses enfants et quelques compagnons en qui il avait confiance et ils entrèrent dans l’intérieur d’une grotte qui était au-dessus du précipice où personne ne monta auparavant et dispersa ses guerriers de   tous les côtés, afin qu’ils fussent soustraits à la colère du roi ; puis, il envoya 2 messagers pour dire à l’Abba :

« Jure-moi par ton Évangile que tu m’obtiendras la miséricorde devant le roi et que tu ne me molesteras pas ! »

Et étant postés de loin, ils appelèrent et dirent :

« Nous avons à te faire une communication, envoie pour nous recevoir; il leur envoya 5 personnes pour les recevoir. En arrivant ils lui firent la communication. Abba Newây leur dit:

« Dites lui : Comment te croirai-je ? autrefois tu as dit qu’Abba Newây vienne pour que je lui dise ce qu’il y a dans mon coeur ; en parlant ainsi tu m’as fait descendre de mon Katama et tu m’as trompé, et tu as refusé de venir me trouver; je ne te crois plus à cause de cela. Maintenant jure-moi par ta Torah et je jurerai par mon Évangile. »

Et ayant fait ainsi, il dit :

« Conclu ! »

Et avec les messagers il envoya 5 hommes pour apporter sa réponse et le sceau de la parole qu’il dira, maintenant qu’il se tienne au serment, car tout se passe par serment.

Alors il envoya la nouvelle au roi, en disant :

« Ta nouvelle, ô roi, Dieu a livré ce Falasha entre tes mains. Ayant entendu cela, le roi ne s’est pas glorifié comme les païens et ne désespérait pas, comme les insensés si un chagrin leur arrivait, car il savait que c’est dans les vicissitudes de l’oeuvre de ce monde corporel que le Très-Haut manifeste sa main, car il est écrit ceci : « Un temps pour le chagrin et un temps pour la joie, un temps pour la victoire et un temps pour la défaite »

Mais il rendit grâces à Dieu, en disant : louange à Dieu qui élève les hommes et qui jette les méchants de leurs sièges.

Quant à Radây il conçut un projet fort et une oeuvre de sage :

« Il s’est dit : Il vaut mieux servir ce roi vainqueur des vainqueurs que de résister à celui avec qui méme une armée pourvue de fusils et de   canons ne peut entrer en lutte. En ce qu’il a dit il n’a pas menti. Il vint auprès de Newây à l’aube du jour de   mercredi, et avec cela il se confia à la pitié de ce roi clément et miséricordieux, comme les pécheurs se confient à la pitié de Notre-Seigneur Jésus, qui dit :

« Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour appeler les pécheurs à la pénitence.

Occupons-nous ici d’Abba Neway. C’était un moine qui n’avait pas appris la stratégie ; voici qu’il dépassait les guerriers en s’engageant dans la bataille et ne reculait pas de la crainte de l’épée et de la lance. Regardez de la bravoure de ce moine, qui ne connaissant autre chose que le travail de la main qu’exercent les moines pauvres, a vaincu néanmoins les habiles de   guerre qui ont appris à guerroyer depuis leur enfance. Étonnante est l’oeuvre du Seigneur, qui fortifie les faibles et affaiblit les forts, ainsi que dit David dans le psaume 124 :

« Béni sois, Seigneur mon Dieu, qui as appris la lutte à mes mains et la guerre à mes doigts. »

Notre roi-guerrier resta cette nuit en faisant entourer l’Amba de tous les côtés, et au point du jour, il y monta et n’y trouva pas un seul qui lui fit opposition. de   grosses pierres, qui étaient posées autour de cet Amba, afin de les rouler l’une après l’autre au moment du combat.

Quelques-unes ont été placées nu temps du roi Ba’ëda [Maryâm] ; d’autres ont été placées au temps du roi Eskëndër et du roi Naod, que la paix soit sur eux et que le Seigneur les prenne en pitié et miséricorde. La façon de ces pierres est ainsi : On les a lissées comme un tympan et on les a placées dans tous les coins ; l’une fut appelée « lumière, » l’autre fut appelée Habëk, et la troisième Dawâ ; il y en a encore d’autres dont nous ignorons les noms.

Tout cet honneur fut fait à ces pierres, parce qu’ils se confiaient en elles en abandonnant Dieu qui, s’il menace les montagnes, elles fument, et qui renverse les montagnes puissantes. Et lorsque il monta vers ses impies, ils les poussèrent encore plus fortement avec leurs doigts pour les faire rouler, parce qu’ils se hâtaient de s’en aller par tous les chemins, en prenant la fuite. Et lorsque l’armée du roi monta sur cette montagne, ils ne trouvèrent rien que des épées et des Selatin (lances).

Quant à Abba Newây, lorsque Radây vint auprès de lui, il l’amena auprès du roi, (Radây ayant jeté de la cendre sur la tête) et le plaça devant le Saqala, dans la honte et l’opprobre. Ensuite, tous les hommes du Katama, grands et petits, hommes et femmes (poussèrent des cris), car c’est ainsi qu’ils ont l’habitude de pousser des cris de joie en l’honneur du vainqueur. Mais ce roi messianique ne s’est pas glorifié de cela, comme les fous qui se glorifient de leur force et se vantent de leurs grandes richesses, mais il de ma louange à son créateur, en disant :

« Cela est arrivé par la puissance de mon Seigneur Jésus-Christ. »

Ensuite il dit à Radây :

« Ne crains pas qu’il t’arrive comme tu l’as cru, mais fais attention que tu ne pèches pas une autre fois, et alors il t’arrivera quelque chose de pire. Il fit venir sa femme, ses biens et ses enfants, et Abba Newây les lui rendant, ne trouva pas de richesses, mais un petit nombre de   vêtements, car ce n’était pas un amasseur de richesses, mais un laboureur de terre qui mangeait son pain à la sueur de son front.

Vendredi, le 6 Tahsas, Abba Newây monta à l’Amba supérieur, en y portant un Dabana avec le Tabot de Jésus et les vases sacrés avec lesquels on fait le sacrifice de la messe ; il amena aussi les prêtres de l’église, les chantres ordonnés pour faire le sacrifice, comme les enfants d’Aaron, et fit monter le sacrifice. Le but de l’acte d’y administrer le sacrifice fut pour sanctifier ce lieu contaminé par les porcs des champs et brouté par les bêtes de la campagne.

Le jour de dimanche, le roi monta sur cette montagne avec beaucoup de soldats et entra dans cette église pour offrir un sacrifice de glorification au Seigneur dans le lieu où l’on n’invoquait pas le nom de Notre-Dame Marie ; il lit le sacrifice du corps, et du sang du Fils de Dieu, qui a été fait homme, du Saint-Esprit et de la Sainte-Vierge. Le second but fut la propagation de l’événement pour que l’histoire se répande à la génération à venir, que les pères le racontent à leurs enfants et aux enfants de   leurs enfants, afin qu’ils mettent leur confiance en le Seigneur et qu’ils n’oublient pas les oeuvres du Seigneur et ses prodiges, qui furent faits dans cet Ambâ; et, en ce jour, ‘Asbê administra l’encens Mugar en rappelant la victoire du roi et la défaite du Juif. C’est l’usage des prêtres de   l’Ethiopie de chanter dans l’église des cantiques d’homélies, en commémorant l’excellence du roi de chaque époque.

Après la fin de la messe, il sortit de l’église et entra dans la tente qu’il avait dressée pour lui et fit un grand festin et un abondant banquet, auquel il invita d’une part les Azaj et les chefs, d’autre part il invita les jeunes officiers de l’intérieur; il leur fit apporter tout et ne leur laissa manquer rien de ce qu’ils désiraient. Ce fut une grande joie, et les prêtres disaient : C’est le jour que Dieu a fait, réjouissons-nous et soyons on allégresse en lui. A 9 heures il descendit de   la montagne et alors les restants de   l’armée le reçurent en tirant des coups de fusils et de   canons, selon l’usage des Francs et des Turcs ; il passèrent cette journée dans une grande allégresse.

Deux semaines se passèrent dans ce Sëfrâ, et pendant cet arrêt, les gens du Katama disaient :

« Radây nous échappera et s’en ira auprès de son peuple ; il vaut mieux le mettre en prison, et lorsque nous quitterons le Samên et que nous arriverons à Gubâê, nous le relâcherons ! »

Alors ils lui mirent des chaines de fer, et cet emprisonnement n’était pas fait en vue de lui faire du mal, mais dans le but que la ville ne fût pas troublée et que l’impie ne soit pas roi comme c’est son habitude.

Maintenant nous ferons connaître la fin de l’affaire de ces pierres que nous avons mentionnées. Le jour où ils montèrent à l’Amba, ils poussèrent une d’elles, la plus grande, et lorsqu’ils l’eurent roulée, elle descendit jusqu’au bas en broyant tout ce qu’elle trouva devant elle ; et en cessant de rouler elle entra dans l’intérieur de la terre, en profondeur de deux coudées, à cause de   son grand poids. On croyait que lorsqu’elle rencontrait un homme, celui-ci aurait laissé sa chair et ses os ; on n’en a cependant rien trouvé. Gloire à Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a protégé les chrétiens et qui n’a laissé périr aucun homme par ces pierres.

Maintenant décrivons ce que le Soigneur a fait à ce roi, non après beaucoup d’années et de jours, mais dans un seul jour, par la terreur de sa colère, sans combat, comme il a été dit au sujet du Seigneur :

« Il regarde la terre et fait qu’elle tremble et fume. »

La grâce de Dieu qui demeura sur ce roi aimant le Seigneur, a rendu tremblants et angoissés Radây et les siens, à tel point qu’ils ont abandonné l’Amba où ils s’étaient abrités et se sont dispersés sur plusieurs routes, avant de vaincre les braves qui s’étaient levés successivement dans leur temps, se montraient faibles et petits. Vespasien et son fils Titus assiégèrent Jérusalem ; ils campèrent au dehors des murs pendant 3 ans, en l’entourant de tous les côtés ; à la fin de 3 ans il réussirent à brûler le temple, après avoir détruit 3 murs d’enceinte. Parmi les juifs, les plus braves furent tués et la plupart en furent faits captifs, et depuis lors jusqu’à présent, leur souvenir a été effacé ; ceux qui ont échappé au massacre et à la captivité ont été dispersés dans tous les pays. Toutes ces victoires des Romains ont duré des années.

Marqos, l’Azmâch de Bagêmëdër dans le temps, a été témoin du fait et puissant en autorité au temps du roi Ba’ëda Mâryâm, où étaient les Falasha dont nous écrivons l’histoire. Ce Marqos que nous venons de mentionner vint et campa au pied de leur Ambâ pendant 7 ans ; puis il les vainquit avec beaucoup de peine et de ruse et les livra dans sa main et s’empara de toutes leurs villes. Puis l’idée lui vint, en disant :

« Comment puis-je donner la foi (Amân) à ces maudits, qui irritent toujours le Saint-Esprit par leurs œuvres ; plutôt que de les laisser en vie, il vaut mieux les exterminer ! »

En disant cela, il ordonna que le crieur publique criât et proclamât, en disant :

« Tout Falasha doit venir à l’endroit que je lui indiquerai, celui qui n’y viendra pas, sa maison sera pillée et son bien sera mis à sac ! »

Puis, tous les Falasha s’assemblèrent autour du Mekuënën de Marqos, et ce fut une grande assemblée ; puis, il ordonna à ses compagnons de   leur couper le cou avec l’épée, au point que leur sang coula et que leurs cadavres emplirent la campagne ; alors fut accomplie la parole ironique que leurs pères avaient prononcée au jour du crucifiement de Notre-Scigneur, en disant :

« Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! »

Le fait suivant arriva il y a peu de temps :

Esdëmur, le lieutenant l’armée d’Ibn-‘Atman (Ottomane), se posta avec son armée près d’un Ambâ qui est situé dans le pays de Zabid, et les gens de cet Ambâ avaient fait du tort à Ibn ‘Atmân en ces jours ; c’est pourquoi il vint auprès d’eux et construisit une ville près de leur Ambâ, et il resta 8 ans en combattant avec eux, et à la fin de ces années et de ces jours il les vainquit et les soumit et leur imposa un tribut. Cette victoire a demandé un si long temps, a émerveillé tous ceux qui l’ont vue et entendu. Nous aussi, nous rivaliserons en disant :

« Un miracle est la victoire de ce roi Malak Sagad, qui n’y a pas mis 3 ans comme Titus, ni 7 ans comme Marqos, ni 8 ans comme Esdëmër, mais un jour où lui vint en aide la main forte et les bras élevés qui ont exterminé l’armée de Sennachérib. Dieu a abaissé sous ses pieds les montagnes élevées, dont le sommet touchait au ciel, ainsi qu’il a été dit au sujet des rois de Kana’an :

« Les murs de leurs forteresses arrivaient jusqu’au ciel »

Cette parole qui a été dite au sujet de la dimension de leur hauteur, nous disons aussi au sujet de l’Ambâ qui paraissait toucher au ciel.

Le 21 du mois de Tahsâs, ce roi vainqueur partit de son Katama du sein de la montagne pour le Katama d’en haut où furent les Gwaz. En ce jour il fit une grande joie avec ses parents et ses soeurs et les autres siens. Quant à sa propre joie, elle fut en la glorification de Dieu, qui fit voir un miracle par sa main.

Le 29 du mois, fête de la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il y eut une grande joie, et le soir de ce jour il mit le Wëraj que mettent les princes et ceignit le diadème du sacerdoce que ceignent ceux qui sont ordonnés. Alors il dit :

« Nous avons été ordonné de l’ordre de Nëbra-ëd de la garde d’Aksum, au sujet du Tabot du Dieu d’Israël. Donc, Ô, garde d’Aksum, voici que tu es arrivé au rang le plus élevé. Avant on ordonnait des hommes humbles à cette dignité tienne, maintenant elle est unifiée avec celle du roi, maintenant la couronne est la couronne de royauté. »

Puis, il alla vers le trésor de la chapelle du Tabot de Notre-Dame Marie et dans l’église de Notre-Seigneur Jésus-Christ et leur distribua des dons, en adorant comme font les chefs laïques devant le roi, et il dit à ‘Asbê :

« Prends la fonction de Nëbrëd à notre place de Gabaza Aksum »

Voici, il fut élevé plus que les chefs d’Aksum qui l’ont précédé jusqu’à ce qu’il fût à la place du roi, de même que la dignité d’Aksum fut élevée et monta jusqu’au rang de la royauté.

Personne ne souleva une opposition contre cette fonction du sacerdoce, tel que Hyrcan qui rivalisait avec Aristobule larsque celui-ci réunit dans sa personne la dignité de la royauté et du sacerdoce ; mais tous les prêtres disaient d’une seule voix :

« Il le mérite 3 fois ! »

Tout cela arriva dans le lieu où il était, en partant du premier Sëfrâ à une marche de 2 jours dans ce Sëfrâ et il fit la fête du baptême. Là il passa 2 semaines.

Ne négligeons pas de décrire le mauvais état de la terre de Samên.

Toutes ses routes sont tortueuses et ne sont pas droites ; la plupart sont des précipices ; les chevaux, les mulets et les ânes n’y peuvent marcher qu’un à un et cela encore avec difficulté.

Le second mal consiste dans le froid excessif, au point que les voyageurs ne peuvent y rester par suite du froid, sauf les gens du pays qui y sont habitués.

Le troisième mal est la neige, qui tombe en haut et en bas en même temps, pendant que le sol est ardent au-dessous.

Un jour que nous nous mettions en mouvement pour attaquer l’Amba de Kalêf, il neigeait toute la journée, et lorsqu’il fit matin, nous vîmes que la région où nous nous trouvions était partout couverte de neige, et les gens du katama aussi, lorsqu’il tombait de la neige, ne pouvaient marcher dans aucune direction, ni mettre le pied au dehors. A tel point que les érudits disaient :

« Ce pays ressemble aux territoires d’Egypte, au sujet desquels il a été dit : Il a changé leur pluie en neige, mais la chute de neige de ce territoire est pire que celle des premiers, car dans celui-ci la neige EST la pluie, tandis que dans les autres territoires, la chute de neige n’a duré qu’un seul jour, et cela afin de punir Pharaon ! »

Nous allons décrire ici l’abaissement de Radây qui tomba, comme Sennachérib, dans l’avilissement et la honte, comme le diable par son arrogance. Il donna aux montagnes de ses territoires les noms des montagnes d’Israël ; il appela l’une mont Sinaï, une autre il le nomma mont Tabor, et il y en a d’autres que nous n’appelons pas de leurs noms. Combien est mauvais l’orgueil de ce juif, qui a donné à ses montagnes les mêmes noms que ceux des montagnes d’Israël, sur lesquelles le Seigneur descendit et leur révéla les mystères de son royaume!

Quant à ce roi, il se leva et dirigea sa face vers Aqata, en dépassant un peu il fit un Sëfrâ le 19 de Ter ; là il passa une semaine et demie, et il se leva le 30 de ce mois, il descendit vers une déclivité par un chemin étroit et tortueux.

Ce jour-là périrent beaucoup de bêtes de somme, telles que les ânes et les ânesses ; ayant descendu en bas, il fit un Sëfra, et le lendemain, le 1er Yëkâtit, nous prîmes une route de montée du Mashahâ ; ce jour-là il y eut un long défilé pire qu’hier, et quand ils se sont rencontrés, les hommes et les bêtes fatigués trouvèrent la douleur et la souffrance, comme la femme qui accouche laborieusement. Puis, en sortant de la déclivité, il fit un Sëfrâ. Abba Newây en sortit après les autres, en soutenant ceux qui étaient embarrassés et en relevant ceux qui tombaient. Le lendemain mardi, nous y passâmes la journée.

Le jour de mercredi nous partîmes, et nous fîmes halte dans un endroit large ; là, nous passâmes la journée avant le jeûne, et nous fortifiâmes la place jusqu’au mercredi, le samedi du carême, et pendant qu’il était là, il envoya à toutes les villes pour fortifier les habitants qui ont échappé au massacre, et à ceux qui se sont cachés dans les montagnes et dans les cavernes, et il commanda à l’Awaj de leur dire :

« N’ayez pas peur, restez dans vos territoires, mais obéissez à ceux que nous vous avons préposés ! »

Puis nous partîmes le 7 Magâbit, et en sortant de la déclivité, nous restâmes le samedi à Shewâdâ, et de Shewâdà nous partîmes le 15 du mois de Magâbit, et en quittant la déclivité, nous fîmes un Sëfrâ où nous l’avions fait auparavant, et de là, à 9 heures, nous marchâmes 9 jours, nous arrivâmes à Kosogê, et nous restâmes là le samedi, et il y passa le lundi, pendant lequel il renvoya le Mëkwanën de Tigré, Shum Takla Giorgis, le Bahr Naggâsh Sëbhat-laab, le Shum, de Tigré Takla Sëlus, et tous les Shum-s de Tigré. Ils partirent chacun pour son poste, et le roi aussi revint dans le Katama de Gubâê, le 6ème shabbat du jeûne, et le 25 de Magâbit, le jour de lundi, il renvoya Dakhragot, Wajqoç et le Gojam-Naggâsh Qozmos, en leur donnant des décorations et des félicitations dépassant les décorations et les nominations, parce qu’ils ont agi virilement et n’ont pas ménagé leurs personnes, lorsqu’ils combattaient contre ses ennemis.

Et lorsqu’il arriva à Gubâê de l’expédition, ii ne fit pas de fête comme d’habitude, parce que c’étaient des jours de jeûne, et les docteurs de l’Église les appelaient jours de tristesse, mais il fit une fête après que les jours de jeûne furent terminés dans le mois de la Pâque, au point que les docteurs disaient :

« Cette double vaut mieux que la pâque de Josias ! »

Ici nous avons accompli la conclusion de ce livre, pendant que nous disons :

« Gloire au Seigneur, qui a donné la victoire à notre roi Malak Sagad, et que sur lui et sur nous soient sa clémence et sa miséricorde à tout jamais. Amên et Amên ! »

Cette histoire des juifs fut terminée la 7703ème année des années du monde, 1868 des années d’Alexandre le Bicornu, 1573 de l’incarnation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, louange à lui, 1297 des années des martyrs, 18ème année du règne du roi Malak Sagad, fort et victorieux dans la guerre. Que le Seigneur affermisse son trône comme le firmament du ciel, et qu’il prolonge ses jours comme les jours de deux olivier. Amên et Amên.

Autrefois, il y eut 9 tribus que Salmanasar amena en captivité; il leur fit traverser la mer et les établit dans un pays fertile qui s’appelle « la mer des vivants »