Chronique Officielle : Tang Shu : Relations avec l’occident et description et histoire des préfectures d’occident

Yabghu Kagan

Tong Che-Hu (Yabghu) Kagan  était vaillant et avisé ; il excellait dans l’attaque et la bataille ; c’est ainsi que, au N, il s’annexa les Tie-le (Talas) ; à l’W il lutta contre Po-se (Fors) ; au S, il devint voisin du Ki-pin (Kapisa) ; tous lui firent leur soumission ; il avait des archers au nombre de prs centaines de mille ; il eut l’hégémonie dans les contrées d’W et les posséda. Il était maître de l’ancien territoire des U-Suen (vallée de l’Ili) ; en outre, il transporta sa cour à Ts’ien­-ts’iuen,au nord du royaume de Che (Shâsh). Quant aux rois des divers royaumes des contrées d’occident, il les titra à tous Hie-li-fa (Khalifa ?) ;en même temps, il envoyait un Tu-Toen (Tudun) pour les surveiller et les gouverner et pour y contrôler les impôts et les taxes. Jamais les Jong de l’ouest n’avaient été aussi puissants.

Quand […le] Kagan eut pris le pouvoir, il établit sa cour au nord de la rivière Soei-ho et l’appela la cour méri­dionale ; à l’est, la rivière I-lie formait sa frontière. Alors les États de K’ieou-tse (Kouça), Chan-chan (au Sud du Lop-nor), Tsiu-mo (à l’est de Khoten), T’ou-ho-lo (Tokharestan), Yen-k’i (Harachar), Che (Shâsh), Che (Kish), Ho (au S du Zarafchan), Mu (àl’W de l’Oxus), Kang (Samarqand) reçurent tous ses gouverneurs. Puis il envoya un am­bassadeur rendre hommage (à la cour de Chine) et apporter le tribut ; Tai­-Tsongdélivra un écrit scellé de son sceau pour le consoler et l’encourager ; la quinzième année çeng-koan (641), il ordonna au général commandant de gauche de l’armée, Çang Ta-che,d’aller remettre (cet écrit au kagan) et de lui faire présent d’un tambour et d’un guidon.

En ce temps, Tu-Lu Kagan  et Che-Hu (Yabghu) Kagan) s’étant attaqués à plusieurs reprises, il arriva que Tu-Lu envoya un ambassa­deur au palais impérial ; Tai-Tsong lui enseigna la doctrine de la sincérité et de la bonne harmonie.

Tu-lu  en ce temps avait une multitude de soldats et devenait de plus en plus puissant ; les divers royaumes des contrées d’occident vinrent derechef lui faire leur soumission. Peu après, Tu-lu chargea le Tu­-Toen (toudoun) du royaume de Che (Châch) d’attaquer Che-hou (Yabghu) ; il le fit prisonnier et l’expédia à Tu-lu ; ensuite (Che-Hu kagan) fut mis à mort.

T’og Che-hou (Yabghu) lui succéda ; ce fut Tong Che-hu (Yabghu) kagan. Tong Che-hu kagan était brave et avisé. Quand il livrait bataille il remportait aussitôt la vic­toire ; ainsi il s’annexa les Tie-le (Tölös) ; il soumit le Po-se (Perse) et le Ki-pin (Kapiça)  ; il avait plusieurs centaines de mille d’archers. Il trans­féra sa cour à Tsien-Tsiuen,au nord du royaume de Che ; alors il soumit à ses lois les divers royaumes des contrées d’occident ; il conféra à tous (leurs rois) le titre de Hie-li-fa (cf : Khalifa) ; puis il ordonna qu’un Tu-Toen (Tudun) surveillerait le gouvernement nord de la rivière Soei-ho ,et l’appela la cour méridionale ; à l’est, il était contigu à la rivière I-lie.Les royaumes de Kieu-tse (Kouça), Chan-chan (au sud du Lop nor), Ts’ie-mo (à l’est de Khoten), T’ou-ho-lo (Tokharestan), Yen-k’i (Harachar), Che (Shash), Che (Kish), Ho (au sud du Zara­fchan), Mu (à l’ouest de l’Oxus), K’ang (Samarkand) etc, lui furent tous soumis.

Tu-Lu kagan avait un naturel violent et arrogant ; il retint les ambassadeurs (chinois), Yuen Hiao-yeou et ses collègues, et ne les renvoya pas ; il leur tint ces paroles déraisonnables :

« J’ai entendu dire que le Fils du Ciel des Tang était puissant à la guerre. Je vais aller châtier le Kang-Ju (Sogdiane) ; vous autres vous verrez si je suis ou non l’égal du Fils du Ciel. »

Alors, emmenant avec lui (les ambassadeurs), il attaqua le Kang-Ju; passant par le royaume de Mi (à100 li au S de Samarkand), il l’attaqua à l’improviste et le vainquit ; il chargea de liens et fit prisonniers ses habitants ; il prit du butin et des captifs et n’en donna rien à ses subordonnés. Son général, Ni-chou ç’ouo (çour)en fut

(Sou) Ting-fang poursuivit Ho-lou ; il arriva jusqu’à la rivière Soei-che (rivière Çou) et s’empara de tout son peuple. Ho-lou [21] et Tie-yun voulurent se réfugier auprès de Chou-neou chad ;arrivés à la ville de Su-Tu du royaume de Che (Shash), leurs chevaux refusèrent d’avancer et leurs gens furent affamés ; prenant avec eux des objets précieux, ils entrèrent dans la ville pour y acheter des chevaux ; le gouverneur de la ville, I-nie tarkan alla à leur rencontre, et, quand ils furent entrés, il les arrêta puis les envoya à (la capitale du) royaume de Che. A ce moment, Yuen-choang,fils de Mi-che,avec les soldats de (Siao) Se-ye,ar­riva et s’empara d’eux. Alors ils licencièrent les soldats de toutes les hordes ; ils ouvrirent des routes et y établirent des relais ; ils recueillirent les ca­davres qui restaient exposés à la rosée ; ils s’informèrent des souffrances des gens ; ils rendirent au peuple tout ce dont Ho-lu es avait dépouillés ; les contrées d’occident furent pacifiées.

Mo-ho (baga) tarkan et (Kai) Kia-yun emmenèrent avec eux le roi de Che (Tash-Kend), Mo-ho-tu Tu-Toen (Baghatur Tudoun) et le roi de Che (Kesch), Se-kin-t’i, et tous ensemble ils attaquèrent le fils de Su-lu et le défirent dans la ville de Soei-che p.84 (Tokmak). T’ou-ho-sien abandonna ses étendards et s’enfuit ; ils le firent prisonnier ainsi que son frère cadet le che-hou (jabgou) Toen-a po .

Cette demande fut octroyée.

L’année suivante (740), on promut le k’iue-lu çour au rang de grand général des gardes vaillants de droite ; par brevet, le roi de Che (Tash-Kend) fut nommé Choen-i wang (roi qui se conforme à la justice) ; on honora le roi de Che (Kesch) du titre de « spécialement promu » ; on illustra ainsi et on récompensa leurs mérites.

firent essuyer une grande défaite à Ho-lou ;ils reprirent Pei-t’ing.

La première année hien-k’ing (656), Ho-lu viola de nouveau la fron­tière. Sur un décret impérial, Ç’eng Çe-tsie, Sou Ting-fang, Jen Ya­-siang et Siao Se-ye, à la tête de soldats et unis aux Hoei-ho (Ouigours), firent essuyer une grande défaite à Ho-lou sur la montagne Yn ;ils le battirent de nouveau sur la montagne Kin-ya et s’emparèrent de tout le territoire sur lequel il dominait. Vers l’ouest ils le poursuivirent jusqu’à la vallée Ye-lo. Ho-lou s’enfuit du côté de l’ouest dans le royaume de Che (Tash-Kend). P’o-juen,accompagnant Sou Ting-fang,poursuivit Ho-lu et arriva à la ville de Sou-tou,au nord-ouest du royaume de Che (Tash-Kend). Le gouverneur de cette ville, I-nie tarkan,arrêta Ho-lou .On l’envoya à Lo-yang.Son territoire devint les préfectures de Mong-ç’e et de Koen-ling ; A-che-na Miche et A-che-na Pou-çen furent les deux Gouverneurs de ces deux préfectures ; ils commandèrent aux dix tribus, à savoir les cinq Nou-che-pi de l’aile gauche et les cinq Tou-lou de l’aile droite. Parmi toutes les hordes de Ho-lou on répartit des préfectures et des sous-préfectures ; à l’ouest, le point extrême qu’on atteignit fut Po-se (la Perse).

SAMARQAND = SUGHD

Kang est appelé aussi Sa-mo-kien ; c’est le pays qu’on appelait Si-wan-kin sousles Yuen Wei.Du côté du S il est à 150 li de Che (Kish) ; du côté du N-W, il est à plus de 100 li du Ts’ao occidental (Ishtîkhan) ; au S-E, il est à 100 li de Mi (Mâïmargh) ; au N, à cinquante li du Ts’ao central (Kaboûdhan) ; il est au sud de la rivière Na-mi (Zarafchan). Il a trente grandes villes et trois cent petites places.

Le nom de famille du prince est Wen.

C’étaient à l’origine des Yue-çe (Scythes) quirésidaient autrefois dans la ville de Çao-U, au N (des monts) Ki-lien.Ayant été battus par les Tou-kiue ,ilsse retirèrent graduellement vers le S en s’appuyant sur (les monts) Ts’ong-ling et entrèrent ainsi en possession de ce territoire.

Les principautés qui s’en sont détachées comme des rameaux s’appel­lent Ngan (Bukhârâ), Tsao (Kabûdhan), Che (Shâsh), Mi (Mâïmargh), Ho (Kushânya), Ho-siun (Khârizm), Meu-ti ,Che (Kish). On les nomme communément les 9 familles.Tous sont de la famille Çao-U.

Le sol y est fertile et propice à la culture des céréales. (Ce pays) produit d’excellents chevaux. Il a une grande puissance militaire. Les gens de ces diverses principautés aiment le vin ; ils se plaisent à chanter et à danser sur les routes. Le roi a un chapeau de feutre qu’il orne d’or et de divers joyaux. Les femmes se font un chignon ; elles portent un bonnet noir auquel elles cousent des fleurs d’or. Quand elles ont accouché d’un enfant, elles lui donnent à manger du sucre candi et elles lui mettent de la colle sur la paume de la main, dans le désir que, lorsqu’il sera grand, il ait des paroles douces et tienne les objets précieux comme s’ils étaient ad­hérents (à ses mains). (Ces gens) sont habitués à écrire en lignes horizontales. Ils excellent au commerce et aiment le gain ; dès qu’un homme a vingt ans, il s’en va dans les royaumes voisins ; partout où on peut gagner ils sont allés. Le douzième mois est pour eux le commencement de l’année. Ils honorent la religion bouddhique ; ils sacrifient au dieu du ciel.Ils ont des machines fort ingénieuses. Le onzième mois, ils battent du tambour et dansent pour demander le froid ; ils se jettent de l’eau les uns aux autres en manière d’amusement.

A l’époque des Soei,leur roi Kiu-Mu-çe épousa la Khatun des Tu-kiue de l’W et fut dès lors assujetti aux Tu-kiue.

La dixième année ou-té (627), ils envoyèrent pour la première fois un ambassadeur offrir des présents.La cinquième année çeng-koan (631),ils demandèrent à être sujets (de l’empereur).

T’ai-tsong dit :

« Je n’aime pas, pour prendre de vains titres, nuire au peuple. Si Kang est notre sujet, nous l’aiderons dans les moments difficiles et devrons participer à ses peines ; nos troupes auront à aller à 10 000 li de distance. Comment serait-ce là mon intention ? »

Il déclina donc cette proposition.

Ilsenvoyèrent encore une ambassade offrir des lions. L’empereur, considèrent que leur éloignement donnait du prix à la chose, ordonna au surveillant des archives, Yu Che-nan,d’écrire une composition littéraire à cette occasion. A partir de ce moment, ils vinrent chaque année apporter un tribut ; ils offrirent des pêchers d’or et des pêchers d’argent qui furent plantés dans le parc sur un ordre donné par décret impérial.

A l’époque yong-hoei (650-655), Kao-Ti (l’empereur)fit de ce territoire le Gouvernement de Kang-kiu et donna le titre de gou­verneur au roi de ce pays, Fu-hu-Man.

Pendant la période wan-soei-t’ong-t’ien (696), on nomma roi le grand chef Tu-So-Po-Ti .A sa mort, son fils Ni-nié-che-che lui succéda. Quand il mourut, les gens du pays donnèrent le titre de roi à Tu-Hoen.

Au début de la période Kai-yuen (713-741), ils offrirent en tribut des cottes de mailles, des coupes en cristal de roche, des bouteilles en agate, des œufs d’autruche, des nains de Yue-no et des femmes de Hu-siuen .

Le roi de ce pays, U-le-kia (Ghûrek),ayant combattu à outrance contre les Ta-che et n’ayant pas été vainqueur, vint demander des soldats ; le Fils du Ciel ne les accorda pas. Longtemps après, il demanda qu’on conférât à son fils Tu-ho le titre de roi de Tsao, et à son fils Me-çuo letitre de roi de Mi(Mâïmargh) ; un décret impérial y consentit. A la mort de U-le-kia (Ghourek), il envoya un am­bassadeur donner à Tu-ho le titre de « roi qui respecte la transformation », et à sa mère la Khatun le titre de Kiun-fou jen.

 

BUKHARA :

Ngan est appelé aussi Pu-ho, c’est le pays qu’on appelait Nieu-mi sousles Yuen Wei.Vers le N-E, on arrive au Ngan oriental (Kharghân) ; vers le S-W, à Pi ;ces lieux étant tous deux à une distance de 100 li.A l’W, il est riverain du fleuve U-Hu ; sa capitale est la ville de A-lan-mi qui est l’ancien territoire du roi de Ki,petit chef du K’ang-kiu.Il possède 40 grandes cités murées et plus de 1000 petits postes fortifiés ; on y enrôle les hommes braves et robustes pour constituer les ço-kie ;l’expression ço-kie est l’équivalent de l’expression chinoise « combattants ».

Pendant la période ou-té (618-626), il envoya une ambassade rendre hommage à la cour.

Au début de la période çeng-koan (627-649), il offrit des produits du pays. Tai­-Tsong encouragea fort l’ambassadeur en lui disant :

« Les Tu-kiue W se sont soumis ; les caravanes de marchands peuvent se mettre en route. »

Les peuples Hu en furent très satisfaits. — Le roi de ce pays, Ho-Ling­-Kia,offrit encore des chevaux renommés ; il disait lui-même que 22 princes de la même famille s’étaient transmis le pouvoir jusqu’à lui.

Cette année-là, le royaume de Ngan E vint aussi offrir des présents, disant que la même famille se transmettait le pouvoir depuis dix générations.

Le Ngan oriental est appelé aussi le petit royaume, ou encore Hohan(Kharghân).Il est au nord de la rivière Na-mi (Zarafshan). Du côté de l’E, il est distant de Ho de 200 li ;du côté du S-W, il y a 400 li pour arriver au grand Ngan. La capitale est la ville de Ho-hanqu’on appelle aussi Se-kin. Il y a 20 grandes cités et 100 petits postes fortifiés.

Pendant la période hien-k’ing (656660), on fit de A-lan l’arron­dissement de Ngan-si, et le roi de ce pays, Çao-U Cha,en fut nommé préfet. Se-kindevint l’arrondissement de Mu-lu et le roi de ce pays, Çao-U Pi-si,en fut nommé préfet.

La quatorzième année k’ai-yuen (726),le roi Tu-sa po-ti envoya son frère cadet A-si-lan (Arslan) ta-fu tan-fa-li rendre hommage à la cour et présenter des chevaux et des léopards. 8 ans plus tard (734), il offrit 2 mulets de Perse, un tapis brodé de Fu-lin (Syrie), des parfums Yu-kin,du sucre candi, etc. La Khatûn femme du roi, offrit 2 grands tapis de Ço pi,un tapis brodé ; ils demandaient qu’on leur fît présent de tuniques et de ceintures, de cuirasses et d’armes ainsi que de vestes, de robes, d’ornements et de parfums pour la Khatûn .

Le Tsao E est aussi appelé des quatre noms de Choai-tou-cha­-na,Sou-toei-cha-na (Satrouchana),Kie-pou-ta-na, Sou-tou-che-ni.Ilest au nord des monts Po-si ;c’est le territoire de la ville de Eul-che à l’époque des Han.Vers le nord-est, il est à deux cents li de Kiu-çan-t’i (Khocent) ; vers le nord, on arrive à Che (Tash-Kend) ; vers l’ouest, à K’ang (Samarkand) ; vers le nord-est, à Ning-yuen (Khokand), tous ces lieux étant à plus de quatre cents li de distance ; vers le sud, il y a cinq cents li jusqu’au T’ou-ho-lo (Tokharestan). (Dans ce pays), il y a la ville de Ye-­ç’a dans laquelle se trouve une grande caverne ; on en défend l’accès par des barrières et des serrures ; on y offre des sacrifices deux fois par an ; des hommes se tiennent debout faisant face à la caverne ; puis une fumée en sort et celui qu’elle touche le premier meurt — Pendant la période  ou-té (618-626), (le Ts’ao oriental) envoya un ambassadeur, en même temps que K’ang (Samarkand), rendre hommage à la cour ; cet ambassadeur dit :

« – Dans mon pays, je suis considéré comme un brave ; j’ai entendu parler des qualités martiales surnaturelles du roi de Ts’in  ;je désire me ranger sous son étendard. »

Kao-tsou en fut très satisfait.

Le Ts’ao occidental (Ishtîkhan) est le pays de Ts’ao de l’époque des Soei.Vers le sud, il touche à Che (Kesch) et à Po-lan.Le siège du gouvernement est la ville de Che-ti-leang.Au nord-est, dans la ville de Yue-yu-ti, il y a le sacrifice aux dieux To-si ;les gens du pays leur rendent un culte. Il y a un assortiment d’ustensiles en or sur la gauche desquels est une inscription qui dit que c’est un présent fait par le Fils du Ciel à l’époque des Han. Pendant la période ou-té (618-626), (le Ts’ao occidental) vint rendre hommage à la cour. — La première année t’ien-pao (742),le roi Ko-lo­-pou-lo envoya des ambassadeurs offrir des produits de son pays ; un décret lui conféra le titre de « roi qui chérit la vertu ». Il dit alors au Fils du Ciel que depuis son aïeul et son père défunt jusqu’à lui, (sa dynastie) avait servi le kagan céleste et qu’il désirait s’unir aux hommes des T’ang en recevant l’ordre d’entrer en campagne pour aider le Fils du Ciel à punir (les rebelles).

La onzième année (752),le roi du Ts’ao oriental (Satrouchana), Cho A-hou,avec le roi de Ngan (Boukhârâ), demanda à attaquer les Ta-che aux vêtements noirs . Hiuen-tsong les calma et n’y consentit pas.

Le Ts’ao central est à l’Est du Ts’ao occidental (Ischtîkhan) et au Nord de K’ang (Samarkand).  Le roi a sa capitale dans la ville de Kia-ti-çen.Les hommes de ce pays sont de grande taille ; ils sont habiles aux combats et aux luttes.

 CHACH :

Le pays de Che est aussi appelé Ço-çe ou Ço-­Che ; c’était la frontière N de Ta-yuan à l’époque des Han.Il est à 9 000 li de la capitale. Au N-E, il touche aux Tu-­kiue W ; au N-W, à Po-la ;vers le S, à 200 li de distance, on arrive à Kiu-çan-ti (Khujand) ; à 500 li au S-W se trouve Kang (Samarkand). Il a plus de 1000 li de tour. A Dr (àl’W), il borde la rivière Su-che.Le roi a pour nom de famille Che ;sa capitale est la ville de Ço-che ; c’était autrefois la capitale du petit roi Yu-ni,(dépendant) du Kang-kiu.AuS-W se trouve la rivière Yo-cha (Yaxartes), qui, lorsqu’elle entre dans le royaume du Milieu, s’appelle la rivière Çen-çou ,ouencore rivière Çe.AuS-E sont de grandes montagnes qui produisent des turquoises..Ils sont bons guerriers de tempérament. Ils ont beaucoup d’excellents chevaux. Sous les Soei,au début de la période ta-ye(v. 605…-616),les Tu­-kiue W tuèrent leur roi et firent gouverner ce royaume par le Tegin Fu-çe.Pendant les périodes U-téet çeng-koan(618-49),ilsoffrirent à plusieurs reprises des produits de leur pays. La troisième année hien-k’ing(658),la ville de Kan-kie fut érigée en Gouver­nement de Ta-yuan et on donna le titre de gouverneur au roi de ce pays, Kan Tu-Toen Che-Cho-Ti yu-kiu çao-Mu.Au début de la période k’ai­-yuen(v. 713…-741) on conféra au prince de ce pays, Mo-ho-Tu Tu-Toen (Baghatur Tudun),qui avait accompli des actions glorieuses, le titre de roi du royaume de Che. La vingt-huitième année (740), on lui donna encore par brevet le nom de « roi qui se conforme à la justice . L’année suivante, le roi I-nai Tu-Toen (Inay Tudun) Kiu-le dit à l’em­pereur :

« Maintenant les Tou-kiue ont été soumis au Kagan céleste ; ce sont seulement les Ta-che qui sont un fléau pour les divers royaumes ; je demande qu’on les punisse. »

Le Fils du Ciel n’y consentit pas.

Au début de la période t’ien-pao (v. 742…-755) on conféra au fils du roi, Na-kiu kiu pi-che,le titre de « roi qui chérit la transformation » et on lui fit présent d’un brevet en fer. Quelque temps après, l’admini­strateur du Ngan-si, Kao Sien-çe, l’accusa de n’avoir pas observé les devoirs d’un sujet-barrière et demanda à le punir. Le roi convint de faire sa soumission à (Kao) Sien-çe ; on envoya des gens pour l’escorter jusqu’à la porte k’ai-yuen ; on le fit alors prisonnier pour l’offrir (à l’empereur) et on le décapita dans le palais impérial. A la suite de cela, les contrées de l’W furent toutes irritées. Le fils du roi s’enfuit chez les Ta-che pour demander des soldats ; il attaqua la ville de Ta-lo-se (Talas) et battit l’armée de (Kao) Sien-çe.A partir de ce moment, il fut soumis aux Ta-che— Pendant la période pao-yng (762),(ce pays) envoya des ambas­sadeurs rendre hommage à la cour et apporter tribut.

Le territoire de Soei-che (Soûj = Tokmak) est à l’issue des monts Pou-ta qu’on trouve à mille li du territoire sud-ouest de Ngan-si (Kouça). Au sud, il touche au royaume du Milieu ; au nord, à la frontière sud des Tou-k’i-che (Turgäch) ; vers le sud-ouest, il y a plus de deux mille li pour arriver aux Ts’ong-ling.Les rivières qui coulent vers le sud traver­sent le royaume du Milieu pour se jeter dans la mer ; celles qui coulent vers le nord traversent (le pays des) Hou pour se jeter dans la mer  ; après avoir marché vers le nord pendant trois jours, on traverse un lac ; même pendant le printemps et l’été, il tombe sans cesse de la neige.A partir des monts Pou-ta ,après plus de mille li de marche vers le nord, on trouve la vallée de Si-che ; à l’Est est ce qu’on nomme le lac chaud (jo-hai = Issyk koul). La terre, malgré le froid, ne gèle pas. # A l’Ouest est la ville de Soei-che (Tokmak). La septième année t’ien-pao (748), l’ad­ministrateur de Pei-t’ing (près de Gouçen), Wang Çeng-kien,attaqua Ngan-si (Kouça) et ravagea (la contrée de Soei-che) .Cette vallée est longue de mille li ; il s’y trouve plusieurs myriades de soldats Tou-kiue appartenant à différentes familles ; les laboureurs sont tous revêtus de cui­rasses ; ils s’enlèvent les uns les autres pour se réduire en esclavage. A l’ouest, (cette région) se rattache à la ville de Ta-lo-se (Talas). Che (Tash-Kend) y détache constamment des soldats pour y tenir garnison. A partir de là, on arrive à la mer d’occident. Depuis le troisième jusqu’au neuvième mois, il ne pleut habituellement pas ; les habitants irriguent leurs champs avec de la neige et de la glace.

A plus de mille li au sud-est de Che (Tash-Kend) est le pays de Pou-han .Il est entouré de montagnes des quatre côtés ; le sol y est fertile ; il y a là beaucoup de chevaux et de moutons. A mille li à l’ouest, on arrive à Tou-li-che-na .A l’est, (le pays de Pou-han)est voisin de la rivière Che-che ;cette rivière sort des plateaux septentrionaux des Ts’ong-ling ;sa couleur est trouble ; elle coule vers le nord-ouest. On entre dans un grand désert où il n’y a ni eau ni herbages ; c’est en regardant au loin de hautes montagnes et en recherchant les charognes abandonnées (sur la route) qu’on sait la direction qu’il faut suivre. A cinq cents li de là, c’est le pays de K’ang (Samarkand).

 MARGIANA :

Le pays de Mi est appelé aussi Mi-mo ou Mi-mo-kia (Margiane) ; vers le N, à 100 li de distance, se trouve Kang. Le roi a pour capitale la ville de Po-si-to

Pendant la période yong-hoei (650655), il fut battu par les Ta-che (Arabes).

La troisième année hien-k’ing (658), ce pays fut érigé en arrondissement de Nan-mi et on donna le titre de préfet à son prince, Çao-U Kai-çuoA partir de ce moment, il ne cessa pas de rendre hommage et de payer tribut.

Pendant la période k’ai-yuen (713-741), il offrit des anneaux précieux, des danseurs, des nattes, des lions, des femmes de Hu-siuen.

La dix-huitième année (730),le haut dignitaire Mo-ye-men vint rendre hommage à la cour.

Au début de la période t’ien pao (v. 742…-755), on conféra au prince de ce pays le titre de « roi qui respecte la conformité », et à sa mère la Khatûn, le titre de Kiun-fu-jen.

 KUSHANIYA

Le pays de Ho est aussi appelé K’iu-choang-ni-kia (Kushânya), ou encore Koei-choang-ni ; c’est l’ancien territoire de la ville de Fu-mo, petit roi du Kang-Ju. A Gauche (à l’E) de la ville est un pavillon à étages dans lequel on a peint, au nord les anciens empereurs de Chine ; à l’E, les princes et rois des Tu-kiueet des Po-lo-men (Brahmanes) ; à l’W, ceux de Po-se (Perse), de Fu-lin (Syrie) etc.  Le prince de ce pays va le matin s’y prosterner, puis il se retire.

La quinzième année çeng-koan (641),il envoya des am­bassadeurs rendre hommage à la cour.

Pendant la période yong-hoei (650-655),il fit dire à l’empereur qu’il avait appris que les Tang faisaient sortir des troupes pour une expédition dans l’W et qu’il désirait transporter des grains pour l’armée. Ensuite, on fit de ce territoire l’arron­dissement de Koei-choang et on donna le titre de préfet à son prince Çao-U Po-ta-ti ; celui-ci envoya l’ambassadeur Po-ti-che exprimer ses remer­cîments à la cour.

 KHARIZM :

Le pays de Ho-Siun est aussi appelé Ho-li-si-mi (Khârizm), on encore Kuo-li ; il est au nord de la rivière U-Hu (Oxus). A 600 li au S-E, on arrive à Chu-ti ; au S-W, il est limitrophe de Po-se (la Perse) ; au N-W, il touche aux Tu-kiue Ho-sa (Khazars). C’est l’ancien territoire de la ville de Ngao-kien, petit roi du Kang-Ju.Le roi de ce pays a pour capitale la ville de Ki-to-kiu-ço. Entre tous les peuples Hu,ce peuple est le seul qui ait des boeufs à chars ; les marchands y montent pour parcourir les divers royaumes.

La dixième année Tien-pao (751),le prince, Chao-che-fen,envoya un ambassadeur rendre hommage à la cour et offrir du sel noir.

Pendant la période pao-yng (762),ils vinrent de nouveau rendre hommage à la cour.

KISH

Le pays de Che est aussi appelé Kiu-sha (Kish) , on encore Kie­choang-na.Il est au sud de la rivière Tu-mo. C’est l’ancien territoire de la ville de Su-hie (Sughd) petit roi  du Kang-JuA 150 li vers l’W, se trouve Na-so-po (Nasaf)  ; à 200 li vers le N, il se rattache à Mi (Mâï­margh) ; à 400 li au S-E le Tu-ho-lo (Tokharestan). Là se trouve la montagne des Portes de fer ; à D et à G sont des parois escarpées dont la roche a la couleur du fer ; cela constitue un défilé qui sert à séparer les deux royaumes ; on l’intercepte avec des (portes garnies de) ferrures.

Dans la cité est le temple d’un dieu auquel, chaque fois qu’on sacrifie, on offre 1000 moutons ; dans tous les cas où on fait la guerre, on commence par l’implorer et ce n’est qu’ensuite qu’on se met en route. Ce royaume possède 500 cités murées.

Sous les Sui, pendant la période ta-ye (605-616), le prince de ce pays, Ti-ço,entra pour la première fois en communications avec le royaume du Milieu ; il avait la renommée d’être extrêmement puissant ; il construisit la ville de Ki-che ; son territoire avait une superficie de plusieurs milliers de li de côté.

La seizième année çeng-koan (642),le prince, Cha-che-pi offrit des produits de son pays.

Pendant la période hien-k’ing (656660),ce territoire fut érigé en arrondissement de K’iu-cha et on donna le titre de préfet au prince Çao-U Che-a-ho.

La quinzième année k’ai-yuen (727),le prince Hou-pi-to offrit des danseu­ses et des léopards tachetés. Dans la suite, plusieurs souverains moururent et montèrent sur le trône, mais constamment les chefs vinrent apporter tribut.

Pendant la période t’ien-pao (742755),un décret impérial ordonna que le nom de Che serait changé en celui de « royaume de Lai-wei ».

Na-so-po (Nasaf) est aussi appelé le petit Che,car il est en effet sous la dépendance de Che (Kesh). Il occupe un territoire qui appartenait anciennement au Tu-ho-lo (Tokharestan). A l’est, il a pour limite (les monts) Ts’ng-ling ; à l’ouest, il touche à Po-la-se (la Perse) ; au sud sont des montagnes neigeuses.