Ludovico Vartema, Mamlouk Bolognais, Route du Hajj, v.1506

Wadi Râm : Sodom et Gomorre, attaque des bédouins

Après avoir voyagé 12 jours nous découvrîmes la vallée de Sodome et Gomorrhe, les écritures ne mentent pas, on peut voir comment elles furent détruites par la volonté de Dieu, on trouve 3 cités au sommet des montagnes et sont toujours visibles sur une auteur de 3 ou 4 coudées, et on pouvait apercevoir comme du sang, comme de la cire rouge mélangée à la terre.

A la vérité, à partir de ce que j’ai vu, ils étaient de méchants peuples, car tout autour le pays tout entier est désertique et barren. La terre n ne produit ni fruits ni eaux, il vivait de la manne et furent punis, pour ,n’avoir eu nulle reconnaissance pour les bienfaits qu’ils avaient reçu ; et par miracle, tout ceci est encore visible, en ruines.

Puis ,nous longeâmes cette vallée sur au moins 20 miles, et 33 personnes y succombèrent de la soif, et nombre d’entre eux furent enfouis dans les sables alors qu’ils n’étaient pas tout à fait morts, on laissait ainsi leurs visages à l’air libre. Ensuite, nous découvrîmes une petite montagne, à côté de laquelle se trouvait un puits, ce qui nous ravis énormément. Nous fîmes halte sous ce massif.

Le jour suivant, à l’aube, 24 000 arabes arrivèrent, affirmant que nous devrions payer pour leur eau(Deut, II, 3-6 : les B. Esau demandent argent pour l’eau et la viande), nous répondîmes que nous ne pouvions payer une eau donnée par Dieu. Ils commencèrent à nous combattre, déclarant que nous leur avions pris leur eau. Nous nous barricadâmes, faisant de nos chameaux une palissade, et les marchands se tenant entre eux, et nous fûmes constamment assaillis de sorte que nous restâmes ainsi assiégés deux jours et deux nuits, et les choses restèrent en l’état et ni nous ni eux n’avions d’eau à boire. Ils encerclèrent complètement le massif, disant qu’ils allaient percer la caravane. Incapable de continuer à combattre, notre capitaine consulta les marchands Maures et nous leurs donnâmes 1200 ducats d’or ; ils prirent l’argent, puis ajoutèrent que nous n’aurions leur eau pas même pour 10 000 ducats d’or, et nous comprîmes qu’ils désiraient autre chose que l’argent. Ainsi, notre capitaine, prudemment, prépara la caravane, afin que tous les hommes capable de porter une arme ne chevauche pas son chameau, et que tous préparent ses armes. Le matin était venu, nous fîment avancer toute la caravane et les Mamluks restèrent sur les flancs. Nous étions en tout 300 hommes, et nous reprîmes le combat ; un homme et une dame furent tués à l’arc de notre coté, et ne nous firent pas plus aucun mal. Nous tuâmes 1600 de leurs hommes ; mais il n’est pas lieu de s’étonner que nous ayons pu tuer tant d’entre eux, car ils étaient nus et sans selle, incapable de manœuvrer.

Khaybar et les Juifs :

Après 8 jours supplémentaires, nous trouvâmes une montagne d’environ 10 ou 12 miles de circonférence, sur laquelle campaient 4 ou 5000 Juifs, qui étaient nus, de 5 ou 6 empans de haut, à la voix féminine, et plus noir que de toute autre couleur. Ils vivent entièrement de la chaire du mouton et ne mangent rien d’autre, ils sont circoncis, et se prétendent juifs, et s’ils peuvent capturer un Maure, ils le scalpent vif. Au pied de ce massif, nous trouvâmes une citerne, issue de l’eau de la saison pluvieuse. Nous chargeâmes de cette eau 16 000 chameaux, ce qui mécontenta les Juifs, qui se répandirent dans la montagne comme des chèvres sauvages, et sans jamais tenter de descendre dans la plaine, étant les ennemis mortels des Maures. Au pied de cette montagne, grâce à cette eau, il y avait 6 ou 8 pieds de magnifiques épineux dans lesquelles nous trouvâmes deux tourterelles, ce qui nous paru dans ces circonstances comme un miracle, d’autant que nous avions voyagés 15 jours et nuits, et n’avions rencontré pas un seul animal ou oiseau. Nous reprîmes le voyage le jour suivant, puis en deux journées nous atteignîmes la cité appelée Madinat-an-Nabî.