Ps-Sébéos, XXXIV à XXXVIII, Fin : 651-661 : Arméniens entre romains et arabes, v. 675 n-è

XXXIV :

Je continuerai en racontant les maux arrivés en notre temps, au sujet du déchirement du voile de l’ancienne foi, et du Simoun brûlant et mortel qui souffla sur nous et brûla les grands et beaux arbres, jeunes et feuillus, des jardins. Et nous l’avions mérité, car nous avons péché contre le Seigneur et nous avons courroucé le saint d’Israël. « Si vous prenez plaisir à m’écouter, dit-il, vous goûterez les biens de la terre ; mais si vous ne voulez pas m’écouter, l’épée vous dévorera, car la bouche du Seigneur a ainsi parlé. (Matthieu, V, 16)»

La tempête dont il est question passa sur Babylone, mais elle se déchaîna aussi sur tous les pays ; car Babylone est la mère de toutes les nations, et son royaume est le royaume des régions du Nord ; et aussi au sud, c’est-à-dire sur les Indiens et sur les nations qui habitent de leur côté dans le grand désert, ou les fils d’Abraham, qui sont nés d’Hagar et de Kétur : Ismaël, Amram, Médan, Madian, Héqsan, Hésbok, Mélisavê; et les fils de Lot : Amon et Moab ; et les fils d’Esaü, c’est-à-dire Edom ; et d’autres aussi qui étaient dans les pays méridionaux, au nord de ces mêmes Indiens. Elle venait du grand et énorme désert, où avaient habité Moïse et les fils d’Israël, suivant la parole du prophète :

« Comme un ouragan, il viendra du sud, venant du désert, d’un endroit redoutable, c’est-à-dire du désert grand et terrible, d’où l’orage de ces nations-ci surgit et occupa toute la terre, la conquit et la battit » (Pseudo-Prophétie).

Et ce qui avait été dit fut accompli : « La quatrième bête sera le quatrième royaume sur la terre, qui est plus funeste que tous les royaumes, qui changea en désert toute la terre. (Daniel, VII, 16)»

Et maintenant, je dirai aussi le trouble du royaume des Romains et les calamités de destruction qui ne cessèrent jamais dans la guerre intestine, l’effusion du sang et le massacre des principaux personnages et des conseillers du royaume, auxquels on attribua le dessein de tuer le roi ; pour cette raison, on massacra tous les notables, et pas un conseiller ne resta dans le royaume, car les habitants du pays furent massacrés sans exception ; ils furent anéantis, ainsi que les princes qui se trouvaient dans le royaume.

On tua aussi George Magistros, et Manuel, l’homme vertueux qui était le beau-père du chevalier Smbat, (petit-) fils du grand Smbat, appelé Khosrow Shnum, au sujet duquel quelques-uns ont dit qu’on voyait des lumières allumées la nuit sur le lieu où il avait été tué. Et on envoya Smbat en exil, car ses propres troupes le condamnèrent et se soulevèrent, après les événements [que voici] car on rapporta de lui au roi qu’il disait :

« Il faut venger le sang de Magistros ».

Le chef de l’armée qui [était] de ce côté était cher à tous les soldats. Or Smbat était chef des troupes des chefs de Thrace, et Manuel exerçait à Constantinople la fonction de Magistros. Le roi n’appela pas Magistros, ouvertement et avec autorité, craignant la rébellion des troupes ; mais il appela à lui l’Aspet Smbat, et lui fit jurer sur la croix du Seigneur, qui était sur sa personne, de ne révéler à personne ses paroles ; puis il le renvoya parmi ses soldats, pour parler à Magistros de manière pacifique et l’amener en le trompant.

Il s’y rendit, mais ne put le tromper, d’autant que la chose ne lui était pas restée cachée ; puis il parla à tous les chefs de l’armée, et il lui [à Magistros] communiqua l’ordre royal. L’armée, ne pouvant s’opposer à l’ordre royal, le livra entre les mains [de Smbat], et, l’ayant arrêté, le conduisit en présence du roi ; c’est pour cette raison que les troupes des chefs de Thrace complotèrent la mort [de Smbat], et dirent de lui qu’il était la cause de l’insurrection projetée, pour qu’il fût mis à mort; mais le roi l’épargna et en le séparant de l’armée il le sauva.

XXXV

La 20e année du roi de Perse Yazkert, la 11e année de l’empereur Constance, qui fut nommé du nom de son père, Constantin, la 19e année de la domination (sic : de “l’hégire”) des Ismaélites (651), l’armée arabe, qui se trouvait dans le Fars et le Khuzastan, marcha à l’orient dans le pays nommé Palhaw, qui était le pays des Parthes, contre Yazkert le roi de Perse. [… fuite de Yazdagard auprès des “Thetal-s]

Ainsi fut détruite la domination des Perses et celle de la race de Sassan, qui avait régné 542 ans.

Lorsque le roi ismaélite (‘Uthmân) vit que la victoire lui était favorable, et que l’empire des Perses était détruit, il ne voulut plus, à l’expiration des 3 ans du traité de paix, vivre plus longtemps en paix avec l’empereur des Romains ; mais dans la 12e année du règne de Constantin, il donna l’ordre à ses troupes de commencer la guerre sur terre et sur mer, pour anéantir aussi cet empire de dessus la terre.

La même année, les Arméniens se détachèrent et s’affranchirent de la domination des Romains et passèrent sous celle du roi ismaélite. Ils firent un accord avec la mort et conclurent une alliance avec l’enfer, à savoir Théodoros, seigneur des Rshtuni (Van) et tous les Arméniens, en rejetant l’alliance de Dieu.

Le chef ismaélite négocia avec eux et dit :

« Qu’il y ait accord entre moi et vous, pour autant d’années que vous voulez ; je ne lèverai aucun tribut sur vous pendant 7 ans. Mais, conformément au serment, vous donnerez autant que vous voudrez, et vous entretiendrez 15 000 hommes de cavalerie dans votre pays ; vous en livrerez du pain, et j’en tiendrai compte dans le tribut royal. Je ne demanderai pas que la cavalerie vienne en Syrie. Mais partout ailleurs où je lui ordonnerai d’aller, vous devez être prêts à agir. Je n’enverrai pas d’Amirs dans vos forteresses, pas d’officier arabe et pas un seul cavalier. Aucun ennemi ne doit venir en Arménie ; et si les Romains marchent contre vous, j’enverrai des troupes à votre secours, autant que vous voudrez. Et je jure par le grand Dieu que je ne mens pas ».

Ainsi lui, le grand allié de l’Antichrist, les détacha des Romains ; car quoique l’empereur leur eût écrit avec beaucoup de prières et de supplications, et les eût appelés à lui, ils ne voulurent pas l’écouter. Il disait :

« Je viens dans la ville de Karin (Erzerum) ; venez à moi ; ou bien je viens à vous, et je vous assisterai par une solde et nous délibérerons ensemble sur ce qu’il y a à faire. »

Mais ils ne voulurent pas l’écouter.

Toutes les troupes romaines se plaignirent et murmurèrent devant leur empereur contre le seigneur des Rshtuni (Van) et les Arméniens, à propos des défaites subies car ils disaient:

« Ils se sont alliés aux ismaélites ; c’est contre nous qu’ils ont agi, certainement ; ils ont fait disperser notre armée par l’invasion dans l’Atrpatakan ; ils ont conduit ensuite les Ismaélites contre nous à l’improviste et nous ont laissé terrasser. Tout ce que nous avions a péri. Eh bien ! allons en Arménie, tirons vengeance de tout cela. »

Alors l’empereur Constantin se laissa persuader de faire la volonté de l’armée. Il prit son armée et alla en Arménie avec 100 000 hommes. Lorsqu’il arriva à Derdzan (vers Erzerum), les Ismaélites s’avancèrent devant lui et lui présentèrent une lettre de leur chef, conçue en ces termes :

« L’Arménie est à moi, n’y va pas. Si tu y pénètres, je marcherai contre toi et je t’arrangerai de telle façon que tu ne pourras pas t’enfuir ».

L’empereur Constantin dit :

« Le pays m’appartient et j’y irai ; si tu marches contre moi, Dieu jugera dans sa justice ».

Là-dessus il se rendit à Karin (Erzerum), dans la 12e année de son règne, et dans la 20e de la domination ismaélite (653).

L’empereur Constantin séjourna quelques jours à Karin (Erzerum) ; il y fut rejoint par les chefs et les soldats de l’Arménie dite quatrième (Elazig), et toutes les autres troupes et les chefs qui étaient partis du territoire des Rshtuni (Van). Vinrent aussi devant lui ceux de Sper, les chefs des Bagratunis, ceux de Manali et ceux de Daranali, ceux du canton d’Ekeleash, avec tous les soldats de ces endroits ; puis ceux de Karin (Erzerum), de Taykh et de Basean. Vinrent également les Ishkhans de Vanand avec leurs troupes, ceux de Shirak (nord arménie), les Khorkhorunis (Van-nord) et les hommes de la maison des Dimakhséens.

Vinrent aussi Muchel le Mamikonien avec ses parents et quelques autres Ishkhans, et des troupes de la province d’Ararat ; les Apaweleans, les Apaneans, les Varaznunis, les Gnthunis, les Spandunis et d’autres avec eux. Se rendit aussi auprès de lui le Katholikos Nersès (641-61), venu de Taykh. Et tous les chefs racontèrent à l’empereur quel était le sens et le but de la défection du seigneur des Rshtuni (Van), et comme les envoyés des Ismaélites avaient été prompts à venir et à partir. Alors l’empereur et tous ses soldats maudirent le seigneur des Rshtuni (Van) ; ils lui enlevèrent les honneurs et dignités, et envoyèrent à sa place un autre et quarante autres avec lui. Mais lorsque ceux-ci arrivèrent, il les fit prendre, lier et conduire les uns dans la forteresse de Balêsh ; et quelques autres dans l’île des Bznunis. Lui-même se rendit dans l’île d’Althamar. Il donna ordre aux troupes qui se trouvaient dans ces régions d’aller et de se fortifier dans leurs pays respectifs.

Les Géorgiens, les Aluans, les Siuniks, qui étaient alliés avec lui, retournèrent dans leurs pays, conformément à son ordre, et s’y fortifièrent. Mais Théodoros, le seigneur des Vahewunis, prit la forteresse d’Arphay. Son fils Grégoire, le gendre du seigneur des Rshtuni (Van), et Varaz Nersêh Dasht-Karin (Erzerum) se fortifièrent dans cette place publique et s’emparèrent des trésors. Car là se trouvaient tous les trésors du pays, de l’Eglise, des chefs et des marchands.

Lorsque l’empereur Constantin l’apprit, il voulut faire piller [le pays] par la foule de ses soldats et hiverner en Arménie, pour ruiner le pays. Alors le Katholikos et Muchel avec tous les chefs arméniens tombèrent la face contre terre et [le] prièrent, avec beaucoup de supplications et des prières entremêles de larmes d’avoir compassion et de ne pas s’irriter contre tous et de ne pas dévaster le pays à cause de la faute de ceux-là. L’empereur prêta l’oreille à leurs prières et il licencia de nouveau la grande foule de ses troupes.

Il se rendit lui-même avec 20 000 hommes dans l’Ararat et, arrivé à Dwin, il s’installa dans la maison du Katholikos ; il nomma Muchel, le seigneur des  Mamikoniens (Arméniens Occidentaux), chef de la cavalerie arménienne et l’envoya avec 3 000 hommes du côté où était l’armée des nobles. Il envoya aussi des troupes en Géorgie, en Albanie et en Siunik, pour détacher ces pays de l’alliance [de Théodoros]. Les autres troupes campèrent autour du roi, dans la montagne et dans la plaine ; et quoiqu’elles ne voulussent pas se soumettre pendant un temps assez long, elles furent cependant ramenées sous la domination [de l’empereur]. Mais ceux d’Albanie et de Siunik et l’armée noble ne se soumirent pas ; c’est pourquoi ils pillèrent leur pays, emportèrent ce qu’ils trouvèrent et s’en retournèrent vers [leur] roi.

XXXVI

[Menace de Mu’awiya (“roi des Ismaelites”) à l’empereur des Romains, bataille de Chalcédoine, victoire romaine…]

Lorsque les Ismaélites virent la main terrible du Seigneur, leur courage fut brisé. Ils quittèrent Chalcédoine nuitamment et retournèrent dans leur pays. Les autres troupes qui se trouvaient dans la région de Cappadoce firent la guerre à l’armée des Romains. Battues par ceux-ci, elles s’enfuirent du côté de l’Aruastan, en pillant la quatrième Arménie. Mais lorsque l’automne fut passé et que l’hiver fut proche, l’armée ismaélite arriva et prit ses quartiers à Dwin, avec l’intention de marcher contre les Géorgiens, et de les passer au fil de l’épée. Ils leur notifièrent avec menaces, par des ambassadeurs, d’avoir à leur faire leur soumission, ou bien de quitter le pays et de s’en aller. Mais ceux-ci n’y étaient pas disposés et ils se préparèrent à la lutte. Alors les Ismaélites voulurent les envelopper par la guerre, pour les anéantir entièrement. Mais lorsqu’ils se furent mis en marche, la rigueur et la neige de l’hiver les surprirent; ils s’en retournèrent promptement dans l’Asorestan, sans commettre de violences en Arménie.

Les chefs des Arméniens romains et des Arméniens arabes, Hamazasp et Muchel, et tous les autres, se réunirent en un lieu et s’accordèrent pour faire cesser toute guerre et toute effusion de sang entre eux. Ils passèrent les jours de l’hiver en paix pour conserver les habitants du pays, car le seigneur des Rshtuni (Van) était tombé malade et il s’était rendu dans l’île d’Althamar. Il ne lui était pas possible de sortir et d’entreprendre quoi que ce fût; ils partagèrent le pays d’après le nombre de leurs cavaliers et ils établirent des gens pour faire rentrer l’or et l’argent.

Alors on put voir les tourments du désespoir, comme il arrive aux malades qui sont en proie à la douleur et ne peuvent parler ; il arriva ici quelque chose d’analogue. Car il n’y eut pas un endroit où les hommes pussent s’enfuir et se cacher, pour échapper ; mais ce fut comme lorsque quelqu’un tombe à la mer et ne peut en sortir.

Lorsque le seigneur des Rshtuni (Van) vit cela, il demanda des troupes aux Ismaélites, pour battre les Arméniens, pour les chasser et pour passer les Géorgiens au fil de l’épée.

XXXVII

[Soulèvement des Mèdes …]

XXXVIII

Cependant Muchel, le seigneur des  Mamikoniens (Arméniens Occidentaux), se détacha des Romains et se soumit aux Ismaélites. La même année, l’armée ismaélite qui se trouvait en Arménie, s’empara de tout le pays, d’un bout à l’autre. Théodoros, le seigneur des Rshtunis (Van), et tous les Ishkhans se soumirent volontairement à eux et s’empressèrent d’accomplir leur volonté en toutes choses, car la crainte d’une mort inévitable planait sur eux.

Cette même année, l’homme béni, le pieux Artawazd Dimaksean fut trahi par la jalousie de son frère et livré entre les mains de l’impitoyable bourreau, le général Habib, qui résidait à Aruch Ashnak, et qui lui fit subir une mort misérable.

Lorsque les jours froids de l’hiver vinrent, les Romains les repoussèrent, qui ne purent pas prendre les armes à cause du froid et combattre, et qui décampèrent et se retirèrent ; car ils franchirent le fleuve (Arax) et se retranchèrent à Zarehawan. Lorsque les Romains virent cela, ils ne s’inquiétèrent plus d’eux, mais ils pillèrent la forteresse de Dwin, marchèrent sur Nakhshawan, et assiégèrent la forteresse pour la piller aussi. Le chef de l’armée des Romains était un certain Môrianos, un homme que l’on disait sûr.

Lorsque la saison du printemps arriva, il se prépara la guerre contre les Ismaélites. Mais Môrianos voulait auparavant achever complètement son entreprise. Alors les Arabes tombèrent sur les Romains, qui assiégeaient la forteresse de Nakhshawan, les battirent, les massacrèrent et mirent en fuite ceux qui restaient. Môrianos, lui aussi, s’enfuit et se rendit en Géorgie. Mais l’armée ismaélite se détourna d’eux, assiégea la ville de Karin (Erzerum) et commença la lutte avec. Ceux-ci, ne pouvant pas offrir de résistance dans la lutte, ouvrirent les portes de la ville et se soumirent à eux. Ils entrèrent dans la ville, en emportèrent l’or, l’argent, toutes les richesses, pillèrent toute l’Arménie, l’Albanie, la Siounie et dépouillèrent toutes les églises. Ils emmenèrent comme otages les chefs considérables du pays, les femmes, les fils et les filles de beaucoup d’entre eux.

Théodoros, le seigneur des Rshtuni (Van), avec ses parents, partit aussi avec eux. Ils les amenèrent dans l’Asorestan. Là mourut Théodoros, le seigneur des Rshtuni (Van). Son cadavre fut ramené dans sa patrie et placé dans le sépulcre de ses pères.

Hamazasp, le seigneur des  Mamikoniens (Arméniens Occidentaux), fils de Dawith, un homme excellent à tous les points de vue, obtint le commandement du pays des Arméniens. Mais il aimait la vie de famille, était un ami de la lecture et de l’étude et n’était pas versé et expert, comme ses pères, dans le métier de la guerre. Il n’avait encore assisté à aucune bataille et n’avait pas encore vu l’ennemi en face. Alors il commença à imiter avec ardeur la bravoure de ses pères et à accomplir des actions viriles suivant l’exemple de ses ancêtres, en priant Dieu de le conduire et de donner succès à ses actes de bravoure.

Comme je l’ai dit plus haut, le Katholikos des Arméniens, Nersès, partit avec l’empereur et le suivit à Constantinople. Il y fut accueilli avec honneur, reçut des présents et fut ensuite renvoyé chez lui. Quand il y fut arrivé, il s’établit à Taykh jusqu’à la mort du seigneur des Rshtuni (Van). Lorsque l’invasion des Arabes eut pris fin, six années après son expulsion, il retourna en son siège, se fortifia sur le siège du catholicosat et s’empressa d’achever la construction de l’église qu’il avait commencé à bâtir sur la route de la ville de Vagharshapat.

[…]

La même année, les Arméniens se détachèrent des Ismaélites et se soumirent de nouveau à l’empereur romain. L’empereur Constantin nomma Hamazasp, seigneur des  Mamikoniens (Arméniens Occidentaux), Kouropalate, lui fit cadeau de sièges d’argent et lui octroya le commandement du pays des Arméniens, en donnant aux autres chefs des places d’honneur et de l’argent aux troupes.

Lorsque le roi ismaélite vit que les Arméniens s’étaient détachés de lui, il fit passer au fil de l’épée tous les otages qu’ils avaient emmenés du pays, environ 1 775 personnes. Les quelques autres, environ 22, qui ne s’y trouvaient pas, furent les seuls à avoir la vie sauve.

Mais Muchel, seigneur des  Mamikoniens (Arméniens Occidentaux), ne put pas se détacher des Ismaélites, parce qu’il avait 4 fils en otage chez eux. Il y avait parmi les otages 3 et un frère d’Hamazasp. Ils firent venir chez eux en Syrie ces derniers ainsi que d’autres chefs, avec leurs femmes. Par suite, persuadés qu’il valait mieux mourir que de vivre, ils se séparèrent d’eux, et après des négociations hâtives, se soumirent à l’empereur romain, d’intelligence avec les chefs et les troupes des Alvans, et les chefs de Siunik avec leur pays. Ceux aussi qui s’étaient mis précédemment sous la protection de l’Atrpatakan, se soumirent de nouveau et s’allièrent aux Arméniens, lorsque l’empire perse fut renversé et que les Ismaélites furent arrivés à la domination. Ils firent prisonniers Muchel et les autres chefs, alliés avec lui.

Mais l’empereur ordonna de mettre ces derniers en liberté et il manda auprès de lui Muchel seulement.

[…Guerre civile arabe]

Et ils n’eurent de repos de l’épée, de la captivité, des violents combats sur terre et sur mer que lorsque Moavia fut devenu puissant et les eut tous vaincus. Lorsqu’il se les eut soumis, il domina sur les possessions des enfants d’Ismaël, et fit la paix avec tous.