Ps-Sebeos, XX, Révolte d'Ashtat Korkhuni, v. 675 n-è

Et maintenant, que dirai-je de la nouvelle insurrection d’Ashtat Khorkhuni ? Il était grand patrice ; pour cette raison, le roi (des romains) ordonna de le mander au palais ; il s’y rendit avec 70 hommes; [le roi] l’honora beaucoup, lui et ceux de sa suite, et lui fit une réception comme il convenait. Il lui donna des vases en or et en argent et beaucoup de trésors.
Puis il lui ordonna (en 608) d’aller en Thrace rejoindre son armée ; il prit congé du roi et partit. Pendant qu’il était en route, il conçut le projet de se révolter et de se rendre auprès du roi de Perse. Après s’être détourné de son chemin, il alla au bord de la mer où il rencontra un navire ; il dit aux marins :
« Passez-moi de l’autre côté, car je suis envoyé par le roi pour une affaire importante. »
Il gagna quelques marins, qui le firent passer et il partit rapidement ; il fit diligence et arriva en Arménie. Personne ne savait le chemin qu’il prendrait, jusqu’à ce qu’il fut éloigné de la mer de plusieurs étapes. Lorsqu’on sut où il allait, les armées de quelques villes s’opposèrent à lui, mais elles ne purent l’arrêter ; il leur livra bataille 8 ou 10 fois sur sa route et fut toujours victorieux. Quoique le nombre de ses soldats diminuât, il arriva tout de même rapidement à Nakhshawan. Les Perses le reçurent et il se fortifia dans la forteresse. Alors le Stratelat (Nerses de Syrie ?) rassembla toutes ses troupes et alla investir et assiéger la forteresse.
Le roi Khosrow, l’ayant appris, envoya contre eux Parsayenpet avec l’armée ; lorsque celle-ci fut arrivée, [les soldats du stratelat] quittèrent le siège de la ville et s’en allèrent. [Ashtat] se hâta d’aller chez le roi de Perse, qui le reçut amicalement, l’honora beaucoup, lui donna des trésors et lui assigna un traitement sur le trésor royal.
Un an après, Maurice mourut et Phocas régna. Alors [Ashtat] conçut le projet de se révolter et d’aller chez l’empereur des Romains ; il commença à préparer des chevaux arabes et à tenir prêt l’équipement ; puis il engagea auprès de lui des brigands. Le roi l’apprit ; il ordonna de lui lier pieds et mains et de le faire périr sous les coups.
Voici les [noms des] sahmanakals (marquis) du royaume de Perse, l’année [où fut rétablie] la paix en Arménie, à Dwin : Vandatakan, Nikhawrakan, qui fut tué par l’armée persane à Dwin.
Ensuite Merkut, Yazdên, Butmah, Yemann ; du côté romain, d’abord le patrice Jean, ensuite Herakl (l’ancien) et le général Surên. [Et ceci] pendant les 13 années que dura la paix.
L’empereur promulgua cet édit :
« Il me faut 30.000 cavaliers, comme tribut [prélevé] sur l’Arménie ; or, il faut que 30.000 familles se réunissent et qu’elles s’établissent en Thrace ».
Il envoya Priskos en Arménie à cet effet, tandis que le bruit d’une grande insurrection arrivait [au roi]. Et Priskos partit en toute hâte.