Philippe du Fresne-Canaye, Rapport d’Ambassade à Soliman : Réception à Topkapi, 1573

A main droite était assis le Agha des janissaires, près de la porte, et à côté de lui quelques-uns des plus Grands de la cour. L’ambassadeur les salua de la tête et ils se levèrent et le saluèrent. Et à un moment donné tous les janissaires et les autres soldats qui se tenaient debout et sans armes le long du mur de cette cour firent de même, de telle sorte que, voir s’incliner tous ces turbans d’un même mouvement semblait tel un plein champ de blé mûr se mouvant doucement sous le léger souffle du Zéphyr […] Nous examinâmes avec beaucoup de plaisir et encore plus d’admiration cette foule effrayante de janissaires et d’autres soldats dressés le long des murs de cette cour, les mains jointes devant à la manière des moines, dans un silence qui nous faisais paraître contempler non pas des hommes, mais des statues. Et ils restèrent ainsi immobiles plus de 7 heures, sans parler ni bouger.