En ce temps-là, Athanase était patriarche d’Antioche et Jean le Philosophe (Odznetzi) catholicos des Arméniens. Les habitants de Siunik (Monts arméniens orientaux), du Vasburagan (sud-est anatolien et nord-ouest de l’azerbaijan iranien), les Aghwan(Arran ?), les Syriens Jacobites et les habitants de Sasun (entre Van et Amid), étaient tous basés sur la doctrine des apôtres et professaient la même croyance; c’est pour cela que les Syriens voisins des Sasuniens vinrent dire aux Arméniens :
« Nous sommes attachés au symbole de Saint Grégoire » et ils recevaient d’eux les ordres sacrés et ils n’avaient aucune dissidence avec eux• C’est à cause de cette raison qu’ils s’appelèrent Grégoriens. A cette époque, un prêtre de Moupharghin (Mayyafariqin) nommé Bar Shabuh (Sapor) et le diacre Gabriel, suscitèrent des intrigues entre les Arméniens et les Syriens. Ils disaient des Arméniens qu’ils professaient les erreurs de Julien, et des Syriens qu’ils attribuaient la corruptibilité à la chair du Christ.
En outre, le trouble causé par Ezr (Esdras) continuait encore à avoir dans certaines localités de l’Arménie plusieurs partisans. Le saint homme Jean (Odznetzi), thaumaturge et écrivain distingué, demanda à Athanase de lui envoyer quelques-uns de ses évêques munis de sa profession de foi, par écrit. Lui aussi, accompagné d’Arméniens, se rendit au bourg de Manazgerd. Les évêques syriens accompagnés de nombreux prêtres y vinrent de leur côté et là ils se livrèrent à l’examen.
Quelques-uns d’entre les Syriens demandèrent ce que signifiait le passage des actes des apôtres disant :
« Dieu a ressuscité Jésus, et désormais sa chair ne verra point la corruption. »
On chercha dans la version arménienne, et on n’y trouva point le mot désormais ; on ne le rencontra pas non plus dans le texte syriaque. Alors on prononça l’anathème contre les sectaires de Julien, contre ceux qui attribuaient la corruption au Christ, ainsi que contre Bar Shabuh, Gabriel et les adeptes d’Ezr.
L’unité religieuse basée sur la vérité, se rétablit parmi les Arméniens, et les Syriens Jacobites devinrent leurs alliés. Pour ce qui regardait les fêtes et les cérémonies, bien qu’elles différassent sur certains points, on n’y prêta pas une grande attention ; et aussitôt après, on se sépara avec des sentiments pleins d’affection. Ceci se passa en 1036 de l’ère syrienne et en 166, ou selon d’autres en 135 de l’ère arménienne.