Mas’ûdî, Prairies d’Or, XXXIII, Pays des Noirs, v. 940

  • Migrations

Lorsque la postérité de Noé se répandit sur la terre, les fils de Kouch, fils de Canaan, se dirigèrent vers l’occident st traversèrent le Nil. Là, ils se partagèrent : les uns, c’est-à-dîre les Nubiens, les Baja et les Zanj, tournèrent à droite, entre l’orient et l’occident; les autres, en très-grand nombre, marchèrent vers le couchant, dans la direction de Zaghawa, de Kanem, de Marka, de Rawkaw, de Ghana et d’autres parties du pays des Noirs et des Demdemeh.

Ceux qui s’étaient dirigés sur la droite, entre l’est et l’ouest, se disséminèrent à leur tour, et formèrent plusieurs nations : les Mékir, les Mashkir, les Berbera et d’autres tribus des Zanj. Dans un des chapitres précédents, à propos de la mer d’Habasha, nous avons parlé du détroit Berberi, des variétés de Noirs qui l’habitent et de leurs communications avec Dehlek, Zeïlà et Naçè.

Le pays des Zanj fournit des peaux de panthères fauves ; les habitants s’en servent pour se vêtir, ou les expédient en pays musulman. Ce sont les plus grandes peaux de panthères et les plus belles pour faire des selles. La mer du Zanj et de Habasha est à droite de la mer de l’Inde, bien que ces deux mers communiquent entre elles. On exporte aussi de ce pays des écailles de tortue dont on fabrique des peignes, de même que l’on emploie la corne à cet usage.

  • Girafe :

L’animal le plus commun dans ces contrées est la girafe ; mais elle vit généralement en Nubie et ne se trouve dans aucune partie de Habasha. On n’est pas d’accord sur l’origine de la girafe : les uns la considèrent comme une variété du chameau; d’autres disent que sa formation est due à l’accouplement du chameau et de la panthère; d’autres enfin que c’est une espèce particulière et distincte comme le cheval, l’âne et le bœuf, et non pas le produit d’un croisement, comme le mulet qui est formé par l’accouplement du cheval avec l’anesse. La girafe est nommée en persan Oshtorgaw.

On l’envoyait en présent de la Nubie aux rois de Perse, comme elle fut offerte plus tard aux rois arabes, aux premiers khalifes abbassides et aux gouverneurs de l’Egypte.

Cet animal a les jambes antérieures et le cou très longs, et les jambes postérieures beaucoup plus courtes; les jambes de devant sont les seules qui aient un genou. Al-Djahiz, dans son Livre des animaux, donne de longs détails sur l’origine de la girafe. Selon lui, un grand nombre de bêtes féroces et d’animaux sauvages se réunissent, pendant les chaleurs de l’été, au bord des vastes amas d’eau situés à l’extrémité de la Nubie. Des accouplements qui en résultent, les uns sont stériles, les autres donnent naissance à des produits très-variés de forme et d’aspect, entre autres à la girafe. Cet animal a le pied fourchu ; son dos est déprimé et incliné en arrière, parce que ses jambes postérieures sont très-courtes.

L’origine de la girafe a donné lieu à de nombreuses discussions. On a fait remarquer que la panthère de Nubie atteint un grand développement, tandis que le chameau de ce pays a une taille exiguë et de petites jambes. On a cité comme un exemple analogue les jeunes chamelles arabes qui, saillies par des sujets reproducteurs originaires du Kermàn ou d’autres provinces du Khoraçàn, donnent naissance aux espèces nommées Bukht et Jammazât. Il n’y a jamais d’accouplement entre un chameau et une chamelle Bukht, et les meilleurs produits de cette espèce sont dus au croisement du gros chameau à deux bosses avec les jeunes chamelles d’Arabie ; mais les espèces dites Bajawî et Mahari peuvent produire aussi des chameaux Bukht.

 Une longue notice sur la girafe se trouve dans le grand ouvrage sur les animaux par Aristote; cet auteur y explique les fonctions de chaque membre dans la girafe et chez tous les animaux en général. Nous lui avons emprunté, dans notre livre des Questions et expériences, tout ce qu’il était bon de faire connaître sur ce sujet. La girafe est remarquable par sa douceur et l’affection qu’elle témoigne à sa famille.

 Dans cette espèce, comme parmi les éléphants, il y a des individus sauvages et d’autres privés.

  • Migrations

Ainsi que nous l’avons dit ci-dessus, les Zanj et d’autres peuplades de Habasha se répandirent sur la rive droite du Nil, jusqu’à l’extrémité de la mer d’Habasha.

Seuls parmi toutes les tribus d’Habasha, les Zanj traversèrent le canal qui sort du cours supérieur du Nil et se jette dans la mer de Zanj ; ils s’établirent dans cette contrée, et s’étendirent jusqu’à Sufâla , qui est la frontière la plus reculée de ce territoire et le terme de la navigation des bâtiments d’Oman et de Siraf dans la mer de Zanj. De même que la mer de Chine aboutit au pays de Sila (Japon), dont nous avons eu déjà occasion de parler, de même les limites de la mer de Zanj sont au pays de Sufâla et des Wak-Wak, pays qui produit de l’or en abondance et d’autres merveilles; le climat y est chaud et la terre fertile. C’est là que les Zanj bâtirent leur capitale; puis ils élurent un roi qu’ils nommèrent Waqlîmî. Ce nom, comme on l’a vu déjà, a été dans tous les temps celui de leurs souverains. Le Waqlîmî a sous sa dépendance tous les autres rois Zanj, et commande à 300 000 cavaliers. Les Zanj emploient le bœuf comme bête de somme, car leur pays ne fournit ni chevaux, ni mulets, ni chameaux, et ils ne connaissent même pas ces animaux. La neige et la grêle leur sont inconnues comme à tous les Habasha. Il y a parmi eux des tribus qui ont les dents très-acérées et qui sont anthropophages.

Le territoire des Zanj commence au canal dérivé du haut Nil et se prolonge jusqu’au pays de Sufâla, et des Wak-Wak. Leurs habitations s’étendent sur un parcours d’environ 700 parasanges en long et en large ; cette contrée est coupée de vallées, de montagnes et de déserts sablonneux ;

  •  Ivoire

Elle abonde en éléphants sauvages; mais on n’y trouve pas un seul éléphant privé. Les Zanj ne s’en servent ni pour la guerre ni pour d’autres usages, et s’ils leur font la chasse, c’est pour les tuer. Quand ils veulent les prendre, ils jettent dans l’eau les feuilles  l’écorce et les branches d’un arbre qui croît dans leur pays; puis ils se mettent en embuscade jusqu’à ce que les éléphants viennent s’abreuver. Cette eau les brûle et les enivre; ils tombent (et ne peuvent se relever), leurs jambes, comme nous l’avons dit, étant dépourvues d’articulations et de rotule. Les Zanj se précipitent sur eux, armés de lances très-longues, et les tuent pour prendre leurs dents. En effet, c’est de leur pays que proviennent ces dents d’éléphant dont chacune pèse cent cinquante mena, et davantage. Elles vont ordinairement dans l’Oman, et sont expédiées ensuite en Chine et dans l’Inde. Telle est la route qu’elles suivent, et si on ne leur donnait pas cette destination, l’ivoire serait très-abondant en pays musulman. En Chine; les rois, les officiers militaires et civils se servent de sièges (palanquins) en ivoire; aucun fonctionnaire, aucun personnage notable n’oserait entrer chez le roi sur un siège de fer, et l’ivoire seul est destiné à cet usage. Aussi recherchent-ils les dents d’éléphant bien droites de préférence à celles qui sont recourbées, pour confectionner les objets dont nous parlons. Ils brûlent aussi de l’ivoire devant leurs idoles et en encensent leurs autels, comme les chrétiens emploient à cet usage, dans leurs églises, l’encens de Marie et d’autres parfums. Les Chinois ne tirent aucun parti de l’éléphant, et ils considèrent comme funeste de l’employer à des services domestiques ou à la guerre; cette crainte a son origine dans une tradition qui date d’une de leurs plus anciennes expéditions. Dans l’Inde, l’ivoire est très recherché : on en fait des manches pour les poignards nommés harari, et au singulier hurri, ainsi que des gardes d’épées recourbées qui, dans le pays, ont le nom de kartal, au pluriel karatil. Mais l’emploi le plus fréquent de l’ivoire est dans la fabrication des jeux d’échecs et de nerd (trictrac). […]

  •  Elephant

C’est seulement chez les Zanj et dans l’Inde que les éléphants sont aptes à la reproduction. Dans l’Inde et le Sind, leurs défenses n’ont pas le même développement que chez les Zanj; ceux-ci, de même que les Indiens, fabriquent des boucliers avec le cuir de l’éléphant; mais ces bouchers sont loin d’être aussi solides que ceux qui se font en Chine, au Tibet, et chez les Baja. Le cuir en est inférieur a celui qui a été macéré dans le lait, et à plusieurs autres espèces de boucliers.

C’est avec sa trompe, composée de cartilages, de chair et de nerfs, et qui lui tient lieu de nez, que l’éléphant porte les aliments à sa bouche et se désaltère : il s’en sert pour combattre et frapper son adversaire, ou pour pousser des cris qui ne sont nullement en rapport avec sa taille et la grosseur de son corps.

 L’auteur du Ià>re des Animaux, al-Djahiz, fait une longue description et un éloge pompeux de l’éléphant. Il promet de donner plus loin de nombreux détails sur la nature de cet animal, sur ce que sa conformation présente de curieux, sur sa sagacité et la finesse de sensations dont il est doué, son aptitude à être dressé et la rapidité avec laquelle il profite de l’éducation qu’on lui donne. Al-Djahiz devait ensuite décrire les membres de ce noble animal, leurs avantages et leurs inconvénients, montrer la supériorité de son espèce, et l’étendue de son intelligence, rechercher en lui les signes et les preuves manifestes que Dieu a dévoilés aux yeux et démontrés à l’intelligence de ses serviteurs, et dont l’enchaînement et le souvenir doivent entraîner leur conviction et leur inspirer de la reconnaissance pour tous ses bienfaits. L’auteur se proposait de passer en revue les passages du Koran, de la tradition orale et des relations authentiques du Prophète qui se rapportent à ce sujet, les proverbes et les observations véridiques auxquels il a donné lieu, les pensées ingénieuses qu’il a inspirées aux poètes et aux prédicateurs, les remarques des savants et les doutes des philosophes. Puis il aurait montré l’emploi que l’éléphant remplit chez les rois, les services qu’il rend à la guerre; le charme qu’il inspire aux yeux et à la pensée; sa longévité et sa vigueur, ses penchants, ses pensées secrètes et ses haines, sa patience inébranlable; le prix qu’il attache aux récompenses; sa répugnance à avoir pour maître un homme infime, à servir des gens de basse condition, ou à être vendu à vil prix; combien il est sensible aux injures, aux reproches et aux outrages; la résistance innée qu’il semble opposer à la nature lorsqu’elle développe sa taille, ses défenses et ses membres; enfin, l’impossibilité où il est de s’accoupler et de se reproduire hors du sol natal et du pays où sa race a pris naissance, à ce point que, malgré les essais de plusieurs rois et les efforts tentés pour faciliter son accouplement, il a déjoué toutes les tentatives et déçu toutes les espérances. Al-Djahiz promettait d’étudier la gestation et l’enfantement de l’éléphant, la disposition de ses membres et en quoi ils s’écartent des quatre caractères communs aux êtres qui peuvent nager, se tenir debout, marcher ou voler. Al-Djahiz aurait rapporté ensuite les traditions relatives à la conformation primitive de l’éléphant, en recherchant dans son état actuel les traces de sa forme première, et en signalant les différences qui le séparent des autres animaux. Puis devaient venir des détails sur son énergie et sa fermeté, sur l’audace avec laquelle il s’attaque à des animaux plus grands et plus féroces que lui et pourvus de dents ou d’oncles plus acérés, tandis qu’il fuit devant, un ennemi qui, par sa taille, son impétuosité, sa vigueur, a une réputation bien inférieure à la sienne. En dernier lieu, l’auteur voulait passer en revue les qualités bonnes et mauvaises de l’éléphant, en étudier la couleur, le cuir, le poil, la chair, la graisse, les os, l’urine, les excréments, la langue, la bouche et d’antres sujets intéressants qu’il s’engageait à développer. Cependant, lorsqu’il arrive à ce chapitre spécial, au lieu d’aborder son sujet et d’entrer dans les détails annoncés au début de son livre, il se contente de donner rapidement et sans ordre quelques aperçus généraux sur l’éléphant et d’autres animaux. Il passe sous silence les propriétés et les fonctions de chaque membre chez cet animal, ses qualités merveilleuses, les recherches auxquelles sa nature mystérieuse a donné lieu, l’opinion des philosophes indiens et la tradition qu’ils ont reçue des anciens sages sur son origine et sa forme première. 11 se garde bien d’expliquer pourquoi l’éléphant ne se trouve que chez les Zanj et dans le Sind ; pourquoi il n’existe pas ailleurs ; pourquoi il a horreur d’une bête aussi énorme que le rhinocéros et fuit devant un ennemi aussi faible et d’un aspect aussi gracieux que le chat. Enfin il ne dit rien de la gaîté qui distingue l’éléphant des autres animaux, de son aptitude à être dressé et instruit et à comprendre le langage de l’homme, rien enfin de son astuce, de sa malice et de son discernement.

 L’auteur de la Logique donne, dans son Traité des animaux, de longs détails sur les qualités de l’éléphant et l’utile conformation de ses membres. Il suit, en étudiant ce sujet, une méthode inconnue aux philosophes de l’Inde.

Ces derniers soutiennent que tous les corps dont se compose le monde sont ou unis, ou variés, ou opposés entre eux, c’est-à-dire, d’une manière générale, qu’ils sont ou inertes ou animés. Ils tirent leur origine du monde des sphères, des étoiles, des signes du Zodiaque et d’autres constellations célestes, lesquelles sont, non pas des corps inertes ou animés d’une vie végétative, mais de véritables êtres de raison.

  •  Commerce et boeufs

Mais reprenons le sujet que nous traitions au début de ce chapitre, les Zanj, la description de leur pays et des autres peuplades de Habasha. Les Zanj, quoique toujours occupés à chasser l’éléphant et à en recueillir l’ivoire, ne tirent cependant aucun parti de cette substance pour leurs usages domestiques. Ils emploient dans leur parure le fer au lieu de l’or et de l’argent, de même qu’ils se servent de bœufs, ainsi que nous l’avons dit plus haut, comme bêtes de somme ou pour la guerre, en guise de chameaux et de chevaux. Ces bœufs sont harnachés comme le cheval et courent avec la même vitesse.

  •  Du Buffle

Le bœuf de l’espèce décrite ici a ordinairement la prunelle rouge; les autres bœufs l’évitent et fuient à sa vue. J’en ai remarqué à Ispahan et à Koumni qui portaient suspendu à leurs naseaux un anneau de fer ou de cuivre dans lequel était passée une corde, et on les conduisait ainsi de la même

manière que les chameaux bokhty. J’ai vu à Rey un taureau de la même race passer auprès d’un taureau ordinaire; dès que ce dernier le vit se diriger de son côté, il se dressa avec épouvante.

 Les bœufs de l’espèce dite àbyssînienne sont les seuls qui habitent les fleuves, les îles et les lacs. On les trouve à Misr et dans les pays environnants, dans le lac de Tinnis, à Damiette et aux alentours de celte province. Sur la frontière de Syrie, les buffles sont attelés aux chariots de la plus grande dimension ; comme les bœufs dont il a été question ci-dessus, ils portent suspendu à leurs naseaux un anneau de fer ou de cuivre.

 Le même usage est observé dans la province d’Àntioche; mais c’est surtout dans le Sind, l’Inde et le Tabaristân qu’il est mis en pratique.

 Les cornes des bœufs de l’espèce Habashanne sont plus longues que celles des buffles originaires des pays musulmans ; elles ont une coudée ou deux de développement. On trouve aussi un grand nombre de buffles dans l’Irak, et particulièrement dans les localités élevées des districts de Koufah, de Basrah, des Etangs, etc. Il est souvent question de Yanka merveilleux, et l’on trouve son image peinte sur les murs des bains et d’autres édifices. Cependant je n’ai jamais rencontré ni entendu citer personne dans ces contrées qui pût se vanter de l’avoir vu. J’ignore l’origine des récits que l’on fait à cet égard; peut-être est-ce simplement le nom d’un être imaginaire.

  •  Lois et Coutumes

Pour en revenir aux Zanj et à leurs rois, le nom des rois de ce pays est Waqlîmî, ce qui signifie fils du Seigneur suprême ; ils désignent ainsi leur souverain parce qu’il a été choisi pour les gouverner avec équité. Dès qu’il exerce un pouvoir tyrannique et qu’il s’écarte des règles de la justice, ils le font périr et excluent sa postérité de la succession au trône, car ils prétendent qu’en se conduisant ainsi il cesse d’être le fils du Maître, c’est-à-dire du roi du ciel et de la terre. Ils donnent à Dieu le nom de Malik-Anjalû, dont le sens est le souverain Maître.

Les Zanj s’expriment avec élégance, et ils ont des orateurs dans leur propre langue. Souvent un dévot du pays, se plaçant au milieu d’une foule nombreuse, adresse à ses auditeurs une exhortation dans laquelle il les invite à se rendre agréables à Dieu et à se soumettre à ses ordres. Il leur représente à quels châtiments les exposerait leur désobéissance, et leur rappelle l’exemple de leurs ancêtres et de leurs anciens rois. Ces peuples n’ont point de code religieux; leurs rois suivent une coutume, et se conforment dans le gouvernement à quelques règles de politique.

  • Nourriture

Les Zanj mangent la banane, qui est aussi abondante chez eux que dans l’Inde; mais la base de leur alimentation est la Dhurra (millet) et une plante appelée Kalâri, que l’on tire de terre comme la truffe et la racine d’aunée. On la trouve en abondance à Aden et dans la région du Yémen qui avoisine cette ville; elle ressemble à la colocasie d’Egypte et de Syrie. Ils se nourrissent aussi de miel et de viande. Chacun adore ce qui lui plaît, une plante, un animal, un minéral. Ils possèdent un grand nombre d’îles où croît, le cocotier, dont le fruit est un des aliments de toutes les peuplades de Zanj. Une de ces îles, située à une ou deux journées de la côte, renferme une population musulmane parmi laquelle se transmet la royauté; c’est l’île de Kanbalou dont nous avons eu l’occasion de parler dans cet ouvrage.

  • Nubiens et Baja

Les Nubiens se partagèrent en deux peuples à l’est et à l’ouest du Nil et s’établirent le long de ses deux rives. Leur pays avoisinait celui des Coptes, la ville d’Aswàn et d’autres localités du Ca’îd (Haute-Egypte) : il se prolongeait, en remontant le Nil, jusqu’au voisinage des sources de ce fleuve. Ils bâtirent une grande ville nommée Dongola, qui devint leur capitale. La seconde branche des Nubiens, c’est-à-dire les ‘Alawa, bâtirent à leur tour une grande ville qu’ils appelèrent Suria

Tandis que j’écrivais ces lignes à Fostat pendant le mois de rébi second 332, je fus informé que le roi des Nubiens résidant à Dongola se nommait Kobra b. Sarûr, et qu’il était issu d’une longue suite de rois. Il exerce sa domination sur les Maqurra et les ‘Alawa. La portion de son territoire qui touche à la ville d’Aswân est nommée Maris, et elle donne son nom au vent Marisî. Le royaume de Donqola s’étend donc jusqu’aux frontières égyptiennes, au Ca‘îd et à la ville d’Aswân.

De leur côté, les Baja se fixèrent entre la mer de Qulzûm et le Nil ; ils se partagèrent en plusieurs tribus et se soumirent à des rois particuliers. On trouve dans leur pays des mines d’or natif et d’émeraudes. Ils se divisent en petites troupes qui, montées sur des dromadaires de race, envahissent la Nubie, la ravagent et y font beaucoup de prisonniers. Les Nubiens étaient autrefois plus puissants que les Baja. Mais depuis la naissance et les progrès de l’islam, un certain nombre de musulmans sont venus s’établir près des mines d’or et dans les districts du ‘allaqi et d’Aydhâb. Plusieurs Arabes de la tribu de Rabi‘a b. Nizar, fils de Ma’add, b. ‘Adnân, émigrèrent dans le même pays et s’y rendirent puissants. Ils prirent des femmes parmi les Baja et leur firent épouser leurs filles. Celte double alliance ayant accru la force des Baja et des Arabes de

Rabi‘a, ces derniers purent, avec le secours de leurs nouveaux alliés, vaincre leurs ennemis les plus voisins comme la tribu de Qahtân et d’autres Arabes issus de Mudar, fils de Nizar, qui habitaient cette contrée.

Actuellement, en 332 de l’hégire, la mine appartient à Abu Marwân Bishr,  b. Ishaq , de la tribu de Rabi‘a. Ce chef a sous ses ordres, outre 3000 Arabes de Rabi‘a et leurs confédérés, ceux de Mudar et du Yémen, 30 000 Baja montés sur des dromadaires et armés de lances et du bouclier de cuir nommé bajawi. Ce sont les Hadraba qui, seuls parmi les Baja, professent l’islam. Le reste de ce peuple est païen et adore une idole particulière.

  • Habasha (Ethiopie)

La capitale de Habasha est nommée Kubar ; c’est une ville considérable où réside le Najashi. Les Etats de ce roi renferment un grand nombre de villes et de vastes domaines; ils s’étendent jusqu’à la mer d’Habasha, et plusieurs villes Habashannes s’élèvent sur le littoral de cette mer en face du Yémen; telles sont Zaïla‘, Dahlak et Nâçi‘.

Les familles musulmanes qui y résident sont tributaires des indigènes. Entre le rivage du Habasha et la ville de Ghallâfiqa située sur la côte de Zabîd dans le Yémen, il y a une navigation de 3 jours. C’est sur ce point même que les Habasha traversèrent la mer lorsqu’ils s’emparèrent du Yémen, à l’époque de Dû Nuwas surnommé le maître de la fosse, dont il est fait mention dans le Koran. Le chef actuel de Zabîd est Ibrahim b. Ziad surnommé Maître d’al-harmali. En vertu du traité d’amitié qui unit les deux pays, ses bâtiments vont sans cesse d’Arabie en Habasha, où ils transportent des négociants et des marchandises. C’est en cet endroit que la mer qui sépare Habasha du Yémen présente le moins de largeur.

Parmi les îles situées entre les deux rives, on cite l’île de la Raison, où se trouve une source à laquelle les marins se ravitaillent, et qui est nommée eau de la raison parce qu’elle exerce une action salutaire sur l’esprit et les facultés de l’homme. Certains philosophes de l’antiquité ont traité des vertus particulières de cette eau et en ont recherché les causes. On trouvera des renseignements à cet égard dans nos Annales historiques, dans le paragraphe relatif aux expériences et aux formules thérapeutiques des médecins, tant parmi les anciens qui ont vécu avant l’islam, que parmi ceux qui, depuis l’avènement de la sainte loi, ont été au service des rois et des khalifes, Ibn Ziad s’est rendu maître de cette île et y a établi récemment quelques agents choisis parmi ses partisans.

  • Socotra

Dans la même mer, et non loin d’Aden, se trouve l’île de Suqutra, qui a donné son nom à l’aloès Suqutri, car c’est de là seulement que provient et qu’on exporte cette substance. Aristote, fils de Nicomaque, écrivit à Alexandre, fils de Philippe, au moment de son départ pour l’Inde , et lui donna des renseignements sur Suqutra, en l’engageant à y établir une colonie de Grecs, pour l’exploitation de l’aloès qui est d’un si fréquent usage comme purgatif, etc. En effet Alexandre envoya dans cette île un certain nombre de grecs originaires pour la plupart de la ville d’Astagar(Stagyre), patrie d’Aristote. Une flotte transporta ces colons et leurs familles dans la mer de Qulzûm ; ils soumirent les Indiens qui s’y étaient établis, s’emparèrent de Suqutra et enlevèrent une idole colossale à laquelle les Indiens rendaient un culte; l’histoire de cette expédition exigerait de longs détails. La population grecque de Suqutra s’accrut après la mort d’Alexandre, et, à l’avènement du christianisme, elle adopta celte religion qu’elle professe encore. C’est, je crois, la seule peuplade grecque au monde qui ait gardé avec soin sa généalogie, sans jamais s’allier à des Romains ou à d’autres races. Suqutra est un des points de relâche des bâtiments indiens (baraja) qui donnent la chasse aux navires arabes à destination de la Chine et de l’Inde, de la même manière que les galéaces byzantines (Shawânî) poursuivent les musulmans dans la Méditerranée, le long des côtes de Syrie et d’Egypte. On exporte de Suqutra l’aloès dit Suqutri et d’autres drogues. Plusieurs particularités curieuses relatives à cette île et aux vertus des plantes ou drogues médicinales qu’elle produit se trouvent dans nos précédents ouvrages.

  • Habasha Occidentaux

L’autre branche des Habasha, qui, ainsi qu’on l’a vu, se dirigèrent vers le Maghreb, se composait de plusieurs peuplades nommées Zaghawa, Kawkaw, Qarqâra, Madîda, Maris, Mabras, Malâna, Qûmâtî, Duwayla, Qarma, qui avaient chacune un roi particulier et une résidence distincte. La nomenclature des variétés de la race noire, leur situation géographique et relativement à la sphère, l’explication des causes qui rendent leur peau noire et leurs cheveux crépus, tous ces renseignements et d’autres encore sur l’histoire de leurs rois, les particularités de leur vie, leur arbre généalogique, etc. sont rapportés dans la première des trente sections dont se composent nos Annales historiques. On trouvera, en outre, dans notre Histoire moyenne des détails sur le même sujet, détails omis dans le premier de ces ouvrages; dans ce livre nous ne mentionnons que les choses indispensables, qu’on ne peut passer sous silence.

  • Relations entre l’Egypte et la Nubie

Lorsque Amr, fils d’al-Ass, fit la conquête de l’Egypte, Omar, fils d’al-khattab, lui écrivit de combattre les Nubiens.

L’armée musulmane les attaqua et reconnut qu’ils étaient d’habiles archers. Aussi Amr, tant qu’il résida en Egypte, ne leur laissa ni paix ni trêve. Son successeur, Abd Allah, fils de Saad, leur accorda la paix, moyennant un tribut déterminé d’esclaves nubiens que s’engageait à lui procurer le roi nubien le plus voisin des musulmans, le chef des Maris, etc. dont il a été question au commencement de ce chapitre. Cet impôt devint annuel, et il s’est transmis jusqu’à nos jours; il est adressé directement au gouverneur de l’Egypte, et les Egyptiens ainsi que les Nubiens lui donnent le nom de hakt. Il se compose de trois cent soixante-cinq esclaves fournis au trésor public en vertu de la trêve conclue avec les Nubiens. Ce nombre est basé, si je ne me trompe, sur celui des jours de Tannée. On y joint quarante esclaves pour le gouverneur d’Egypte; vingt pour son délégué l’émir qui réside à Aswân, sur la frontière de Nubie, et préside à la perception du baki; cinq pour le grand juge de cette ville, qui assiste avec l’émir à cette réception; enfin douze pour les douze notaires qui servent d’assesseurs au juge en cette occasion. Telles furent les stipulations conclues au commencement de l’islamisme, lors du premier traité entre les musulmans et les Nubiens. Le lieu fixé pour la perception du tribut en présence des personnages susmentionnés et des commissaires nubiens accrédités par le roi est nommé al-Kasr (le château); il est à six milles d’Aswân, clans le voisinage de l’île de Boulak.

Boulak est une ville située près de la Cataracte {al-djenadil) dans une île entourée des eaux du Nil (Philè), comme les villes bâties sur les îlots de l’Eupbrate entre Rahbah-Malek ben Taouk et Hit; ces villes sont : Taousah, Anah el al-Haditah. Boulak possède une chaire, une nombreuse population musulmane, et de vastes plantations de palmiers sur les deux rives du Nil. C’est le terme de la navigation des musulmans et des Nubiens venus d’Egypte et d’Aswân.

La ville d’Aswân est la résidence de plusieurs familles arabes issues soit de Kahtân, de Nizar ben Rébyah et de Modar, soit des Koreïchites; le plus grand nombre vient du Hédjaz ou d’autres parties de l’Arabie. Le sol y est riche en palmiers et d’une fécondité telle qu’un noyau, semé dans cette terre, produit un palmier dont on peut manger les fruits dès la deuxième année. Ni Basrah, ni Koufah, ni aucun pays de dattes ne sont doués d’un terroir aussi fertile; à Basrah, par exemple, le palmier provient, non du noyau, mais du turion et du fruit nouveau nommé al-façil, jeune palmier. Le rejeton provenant du noyau ne fructifie point et ne peut être fécondé.

Les musulmans établis à Aswân possèdent plusieurs fermes qui s’avancent jusqu’en Nubie et pour lesquelles ils payent une redevance territoriale au roi de ce pays. Elles furent achetées aux Nubiens, dès les premiers temps de l’islam, sous les Omeyades et les Abbassides. Le roi de Nubie profita du passage en Egypte du khalife al-Mamoun pour porter plainte contre les détenteurs de ces biens. Ses députés vinrent trouver le khalife à Fostat et l’informèrent, de la part de leur maître, que certains sujets et esclaves du roi de Nubie avaient vendu plusieurs domaines à leurs voisins les habitants d’Aswân; que, cependant, ces domaines étaient la propriété du roi, et non celle des vendeurs, qui, en leur qualité d’esclaves, ne pouvaient posséder et ne les détenaient que comme ouvriers attachés à l’exploitation du sol. Al-Mamoun renvoya l’affaire devant le juge su

prême d’Aswân, assisté des cheikhs et des docteurs de l’endroit. Cependant ceux des habitants d’Aswân qui avaient acquis les susdits domaines, apprenant qu’une expropriation les menaçait, eurent recours à un stratagème. Ils persuadèrent aux Nubiens dont ils avaient acheté les fermes de ne pas se reconnaître comme sujets du roi de Nubie, en présence du tribunal, mais au contraire de dire :

« Ô musulmans, votre conduite à l’égard de votre souverain est aussi la nôtre. Comme vous, nous lui devons obéissance et fidélité; si vous êtes ses serviteurs, si vos biens sont sa propriété, nous partageons avec vous ces obligations. »

Lorsque ces Nubiens comparurent avec l’agent du roi en présence du tribunal, ils firent celte déclaration, ou du moins une déclaration analogue et conforme aux inspirations qu’ils avaient reçues. En vertu de leur refus de se reconnaître sujets nubiens, la vente fut reconnue valide, et jusqu’à ce jour les domaines enclavés dans la province de Maris sont restés aux héritiers des premiers acquéreurs. Depuis lors, les sujets du roi de Nubie se divisent en deux classes : les hommes libres dégagés de toute servitude, et les esclaves qui sont domiciliés ailleurs que dans la province de Maris, qui est voisine d’Aswàn.

  •  Oasis berbères

Les Oasis s’étendent entre la province de Misr, Alexandrie, le Ca‘îd, le Maghreb et la partie de Habasha habitée par les Nubiens et d’autres peuplades. Nous avons donné dans nos ouvrages précédents des détails sur ce pays, son degré de culture et les propriétés du sol. Il est riche en alun et en vitriol, et renferme des sources d’eau acide et d’autres sources minérales. En la présente année 332 de l’hégire, le maître des Oasis se nomme ‘Abd al-Malik, fils de Marwân ; il est issu de la tribu des Luwata, mais il appartient à la secte merwanite. Il a sous ses ordres plusieurs milliers de cavaliers montés sur des chevaux et des dromadaires. Ses Etats sont à près de six journées de marche de Habasha et à la même distance des centres de population que nous venons d’énumérer. Ce pays, doté de productions spéciales et de curieuses particularités, se suffit à lui-même et n’a aucune relation ni aucun rapport d’intérêt avec ses voisins; il fournit à l’exportation des dattes et du raisin sec et frais. M’étanl trouvé, en 33o, à la cour d’Al-Ikhshid Muhammad, fils de Tagaj, avec l’agent du roi des Oasis, je l’interrogeai sur tout ce que je désirais connaître touchant son pays natal, car telle est la coutume que j’ai constamment suivie à l’égard des contrées que je n’ai pu visiter par moi-même. 11 me renseigna sur l’alun, les vitriols de toute espèce et les productions des Oasis, comme sur les sources acides ou autres qu’on y rencontre.

  •  Divers

Toute la rive Habasha de la mer de Qulzûm, à l’ouest du Yémen, de Djeddah et du Hédjaz, est un pays misérable et improductif; il ne fournit au commerce que l’écaille et les peaux de panthères, dont nous avons déjà parlé. Il en est de même de la rive opposée, le pays d’ech-Chihr et d’al-Ahkaf, depuis le Hadramaut jusqu’à Aden; toute cette côte est dénuée de ressources, et sa seule production est aujourd’hui l’encens nommé elkondour. Cette mer, qui aboutit à Qulzûm, est à droite de l’Océan Indien, bien qu’en réalité ils communiquent ensemble. Parmi les mers et les golfes que forme la mer d’Habasha, la mer de Qulzûm est la plus dangereuse par le nombre de ses écueils et les miasmes qu’elle dégage; elle est aussi, dans toute son étendue, la moins riche en productions. Tandis que, dans la saison favorable à la navigation, les bâtiments voyagent nuit et jour sur la mer du Habasha, dans la mer de Qulzûm, au contraire, dès que la nuit arrive, ils sont obligés de jeter l’ancre dans certains endroits connus comme points de relâche, tant ses récifs, ses ténèbres et sa navigation si dangereuse leur inspirent de terreur. Loin de participer aux richesses de la mer de l’Inde et de la Chine, elle en est entièrement déshéritée. Les mers qui baignent l’Inde et la Chine recèlent des perles dans leur sein; les montagnes qui les bordent produisent des pierres précieuses, de l’or, de l’argent et de l’étain. Sur leurs rives vivent les animaux dont la gueule fournit l’ivoire. Dans les forêts poussent le bois d’ébène, le bambou, le jonc, le bokam (bois du Brésil), le teck, l’aloès, le camphrier, la noix muscade, le giroflier, le bois de santal. Ces parages produisent l’ambre et toutes sortes d’aromates et de parfums. Parmi leurs oiseaux on remarque des babagi (au singulier babagah, perroquet) blancs ou verts, ainsi que des paons très-variés de taille et d’aspect, dont quelques-uns ont la stature de l’autruche. Parmi les petites espèces de quadrupèdes on trouve le zibet (viverra zibetta), aussi commun dans l’Inde que le chat en pays musulmans; comme ce dernier, il a le pelage tigré; c’est de ses mamelles qu’on tire le singulier parfum nommé lait de zibet. Enfin, à une certaine époque de l’année, une sueur qui ressemble au musc suinte de la tête et du front de l’éléphant.

C’est principalement au moment du rut que cette sueur (sécrétion muqueuse) découle du front de l’éléphant. Quand l’animal est dans cet état de surexcitation, ses cornacs et ses gardiens évitent son approche, car il ne les distingue plus des étrangers. Il erre alors au milieu des vallées, des montagnes et des jangles, loin des lieux où il a vu le jour. Le nouchân ou rhinocéros lui-même fuit son abord et s’écarte avec terreur des parages où l’éléphant se montre, parce que, dans son ivresse amoureuse, celui-ci ne fait plus de distinction entre cet ennemi qu’il redoutait jusqu’alors et les autres animaux. Dès que la saison du rut est arrivée à son terme, l’éléphant regagne son pays , dont il s’est éloigné d’un mois de marche , ou même davantage ; mais le délire qui l’a agité ne le quitte pas entièrement et le rend souffrant pendant un laps de temps égal à celui de la crise; d’ailleurs il ne se manifeste que chez les mâles et surtout parmi les plus braves et les plus intrépides.

 

Nous aurions de curieux détails à ajouter à ceux que nous avons donnés sur les gazelles qui produisent le musc, mais ce que nous en avons dit suffit pour faire juger du reste. Les Indiens font de longs récits sur l’apparition du parfum décrit ci-dessus, lorsque l’éléphant entre en rut, et signalent les différences qui distinguent cet animal des autres quadrupèdes. Selon ces récits, l’éléphant montre une certaine appréhension lorsque l’eau des étangs et des fleuves auxquels il s’abreuve est limpide, et il refuse de boire avant de l’avoir agitée et troublée. On remarque chez beaucoup de chevaux la même répugnance pour l’eau limpide, qu’ils battent et troublent avec leurs pieds de devant avant de boire. C’est leur propre image reflétée sur la surface unie et pure de l’eau qui les effraye, et ils cherchent à la faire disparaître en agitant le fond, sachant que l’eau trouble ne réfléchit plus les objets. On a souvent observé la même habitude chez les chameaux. On remarque, comme nous l’avons dit ailleurs, que les animaux de grande taille, au contraire, quand ils voient dans l’eau leur propre image renversée, contemplent avec plaisir la grandeur et la beauté de formes qui les distinguent des autres animaux. Il n’y a donc que le cheval, le chameau et l’éléphant qui fassent exception à cette règle. Enfin (d’après les Indiens) l’éléphant, cet être si imposant, si vif, si intelligent, qui reconnaît si bien ses amis et ses ennemis parmi les hommes ou les animaux et qui se laisse dresser avec tant de complaisance, montre cependant pour l’accouplement la même répugnance que la chamelle lorsqu’elle est saillie; or l’on ne connaît que l’éléphant et le chameau qui refusent de couvrir une femelle déjà pleine. Une pareille question, si elle était traitée à fond, grossirait démesurément ce livre et nous entraînerait loin des limites que nous nous sommes imposées. Nous renvoyons donc le lecteur pour plus ample informé à nos Annales historiques et à nos autres écrits.