Ici, l’un des esclaves de la caravane, qui depuis trois jours marchait avec beaucoup de peine, se trouva hors d’état d’aller plus loin ; son maître, qui était un des chanteurs, proposa de l’échanger pour une jeune fille esclave qui appartenait à quelqu’un de la ville. La pauvre enfant ignora son sort jusqu’au matin que tous les paquets étant faits et la caravane prête à se mettre en route elle vint avec quelques autres filles pour nous voir partir. Son maître la prit par la main et la remit au chanteur. Jamais un visage plus serein ne passa tout à coup à l’expression d’un plus profond désespoir. La terreur qu’elle montra lorsqu’on lui mit son fardeau sur la tête et qu’on lui passa la corde autour du cou, ainsi que la douleur avec laquelle elle dit adieu à ses compagnes, étaient vraiment attendrissantes.