M. Park, Commerce de traite, 1799

Le commerce de la Gambie a été pendant longtemps un monopole des Anglais. On voit dans les voyages de Francis Moore ce qu’étaient, en 1730, les établissements de la compagnie anglaise sur les bords de cette rivière. Alors, la seule factorerie de James avait un gouverneur, un sous-gouverneur, deux autres principaux officiers, huit facteurs, treize écrivains, vingt employés subalternes, une compagnie de soldats, trente-deux Nègres domestiques, des barques, des chaloupes, des canots avec leurs équipages. Elle avait, en outre, huit factoreries subordonnées en différentes parties de la rivière.

Depuis ce temps-là, le commerce des Européens, devenant libre dans cette partie de l’Afrique, fut presque anéanti. Les Anglais n’y envoient plus que deux ou trois navires par an, et je sais que ce qu’ils en exportent ne s’élève pas à plus de vingt mille livres sterling. Les Français et les Danois y font encore quelque trafic, et les Américains des Etats-Unis ont essayé dernièrement d’y envoyer quelques navires.

Les marchandises qu’on porte d’Europe dans la rivière de Gambie consistent en armes à feu, munitions, ferrements, liqueurs spiritueuses, tabac, bonnets de coton, une petite quantité de drap large, quelque quincaillerie, un petit assortiment des marchandises des Indes, de la verroterie, de l’ambre et quelques autres bagatelles.

On reçoit en échange des esclaves, de la poudre d’or, de l’ivoire, de la cire et des cuirs. Les esclaves sont le principal article ; malgré cela, les Européens qui traitent dans la rivière de Gambie n’en tirent pas à présent tous ensemble mille par an. La plupart de ces infortunés sont conduits de l’intérieur de l’Afrique sur la côte, par des caravanes qui s’y rendent à des époques fixes. Souvent ils viennent de très loin, et leur langage n’est nullement entendu par les nations qui vivent dans le voisinage de la mer. Je dirai par la suite tout ce que j’ai recueilli sur la manière dont on se procure ces esclaves.

Lorsqu’à leur arrivée sur la côte il ne se présente pas une prompte occasion de les vendre avec avantage, on les distribue dans les villages voisins, jusqu’à ce qu’il paraisse quelque navire d’Europe, ou que des spéculateurs nègres les achètent. Pendant ce temps-là, ces malheureux restent continuellement dans les fers.