Michel le Syrien, III, 85-8/IV, 328-9 ; Conférence de Denis, patriarche jacobite d'Antioche, pour réconcilier l'église d'Iraq (835 n-è), v. 1170 n-è

Saint Dionysius dit :

“Quand nous nous mîmes en route, au mois de hazîran (juin) de l’année 1145, pour descendre à Bagdad saluer le roi Abû Ishaq (calife Al-Mu’tasim b. Hârûn ar-Rashîd), qui régnait nouvellement, nous vînmes à Nisibe et nous unîmes l’Église de cet endroit, qui avait été séparée pendant six ans par le rebelle Philoxenus. Les habitants, après s’être unis à nous, le chassèrent chez l’impur Abîram, dans la Cyrrhestique, Mossoul fut pour nous une cause de retard, à cause de la paix des églises de cet endroit, au sujet de la proclamation.

L’assemblée des gens de Mossoul appelait métropolitain Cyriacus, de Mar Mattai ; les Tagritains n’admettaient pas cela , Ensuite, nous pûmes, grâce à Dieu, faire l’accord entre eux. Quand nous descendîmes à Tagrit pour leur ordonner un métropolitain, nous leur donnâmes une solution, en les réconciliant, et nous écrivîmes ainsi :

“Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, — Nous trouvant à Tagrit, ville métropolitaine, Moi, Dionysius, par la miséricorde de Dieu patriarche, et les vénérables évêques qui étaient présents : ‘Othman des Taglibites, Addai de Karmè, Elias de Khorsabad, Thomas du Ségestan, Moïse de Balad, Cyriacus de Mossoul, Jean de Bagdad ; pour procéder à l’élection et à l’ordination d’un métropolitain pour ladite ville et toute la région orientale :

« On a porté devant nous la quesion des motifs de la discorde qui règne depuis longtemps entre le saint couvent de Mar Mattai et Cyriacus. leur évêque, (d’une part), et l’assemblée des Tagritains qui habitent dans la ville de Mossoul, (d’autre part).

« Quand nous fîmes une enquête, les Matthéens dirent : qu’ils avaient la coutume, venant des temps anciens, que l’évèque ordonné pour eux’ et pour le diocèse de Ninive fût proclamé métropolitain dans leur église ; et ils demandaient qu’il soit pareillement proclamé métropolitain dans l’église où s’assemblent les Tagritains, à Mossoul. — Les Tagritains de Mossoul disaient au contraire : « Dans notre église de Mossoul, il ne doit être proclamé que comme simple évêque, et nous n’admettrons jamais de proclamer un métropolitain autre que celui de Tagrit. « Nous réunîmes les prêtres, les diacres, les moines et les notables de Tagrit, et nous tînmes conseil tous ensemble sur la manière de procurer un remède à cette affaire.

Considérant que le siège de Tagrit n’est pas amoindri, ni aucunement avili, parce que celui’ qui est ordonné pour Mossoul est proclamé métropolitain ; mais qu’au contraire l’honneur du métropolitain de Tagrit est bien plutôt accru par le fait que ceux qui lui sont soumis sont plus grands ; nous fîmes une règle de conduite qui plut h tout le monde, aux Tagritains et aux moines de Mar Mattai :

Le métropolitain Cyriacus sera proclamé, de même que dans toutes les églises de Mossoul, aussi dans l’église des Tagritains de Mossoul, deux fois par an : le jour des Rameaux, quand toute la ville est assemblée, pour la bénédiction des oliviers, dans l’église des Tagritains, et à la consécration du Clhrême’. Tout le reste de l’année les Tagritains feront la proclamation comme il leur plaira.

Nous avons aussi trouvé dans le libelle que les Matthéens disent avoir été établi par le patriarche Cyriacus [S30] avant sa mort, qu’il avait été défini par ce dernier que l’évêque de Mossoul serait appelé métropolitain dans l’église des Tagritains”; et nous avons aussi trouvé dans la lettre établie par le synode de Callinicè, qui fit l’union sur ce point entre les Matthéens et les Tagritains’ ; « Celui de Mossoul doit être proclamé métropolitain, quoi qu’il soit en tout soumis au métropolitain de Tagrit. » Pour nous, cependant, nous n’en avons pas fait cas, quoique nous soyons désireux d’accroître l’honneur du siège de Tagrit, et nous avons statué, selon la règle qui a cours dans toutes les églises, que les ordinations, la consécration des autels et les autres choses de cette nature seraient accomplies par les évêques eux-mêmes, chacun comme il lui semblerait bon. Mais que, quand le métropolitain se trouvera présent dans l’église de l’un d’entre eux, celui-ci le prierait et lui demanderait d’accomplir ces fonctions dans son église.

Comme la préséance sur tous les évêques de l’Orient appartient au métropolitain de Tagrit, après le patriarche d’Antioche, il peut convoquer les évêques qui sont sous sa juridiction quand il veut et où il veut. S’il survient quelque difficulté entre les évêques de sa juridiction, il est de son devoir d’aller les réconcilier. Si un évêque est accusé, le métropolitain doit convoquer les évêques pour l’examiner et émettre sur lui’ un jugement, conformément à ce que prescrivent les canons. Cyriacus du couvent et ses successeurs doivent être soumis au métropolitain de Tagrit en toutes ces choses.

Ces choses ont été réglées par nous, au mois de tesrîn ii (nov.) de l’an 1146/835, à Tagrit même ».

Après cela nous fîmes l’élection et l’ordination de Mar Thomas, métropolitain de Tagrit.

Et comme nous nous disposions à descendre près du roi, nous reçûmes d’Occident certaines nouvelles, et nous retournâmes dans le Djézireh discuter les affaires pour lesquelles nous montâmes ; et ensuite nous descendîmes de nouveau pour saluer le roi.