Guillaume de Tyr, Prise de Damas par Nur-ad-Dîn Zengi, 1152, v. 1170 n-è

Pendant ce temps aussi, Noradin, homme sage et prudent, ayant appris la mort d’Ainard[ son beau-père, chef des chevaliers de Damas et gouverneur de ce pays pour le Roi qui avait à diverses reprises résisté aux tentatives de son gendre, et sachant que d’un autre côté le seigneur roi de Jérusalem, ainsi que tous les chevaliers du royaume, était occupé dans les environs d’Ascalon, jugea qu’il ne serait pas facile à ceux-ci d’abandonner le siège, et de se porter au secours du pays de Damas s’ils en étaient requis, et profita de ces circonstances favorables pour se rendre sur le territoire de Damas avec d’immenses troupes, dans l’intention de s’en emparer de vive force. Les habitants l’ayant bien accueilli et lui prêtant assistance, Noradin détrôna le Roi, homme perdu de débauche et complètement nul, et le força à prendre la fuite, et à s’en aller errant et vagabond dans tout l’Orient. Cet événement fut fatal aux Chrétiens, en ce qu’il substitua un adversaire formidable à un homme sans puissance, et que sa faiblesse avait mis sous notre dépendance, à tel point qu’il était devenu comme notre sujet, et payait un tribut annuel. Car de même qu’il est vrai qu’un royaume divisé en lui-même périra, comme l’a dit le Sauveur, de même aussi plusieurs royaumes unis se prêtent appui mutuellement et se lèvent plus forts contre leurs ennemis.