Diodore de Sicile, Hercule et Atlas, v. 20 av. n-è

XXVII. Il ne faut point omettre ce que les mythographes racontent d’Atlas et de l’origine des Hespérides. Dans le pays appelé Hespéritis, vivaient deux frères célèbres, Hespérus et  Atlas ; ils possédaient des troupeaux d’une rare beauté, de couleur jaune, semblable à de l’or ; et comme les poètes appellent les brebis des pommes, ces troupeaux reçurent le nom de pommes d’or. Hespérus eut une fille nommée Hespéris ; il la donna en mariage à son frère Atlas. C’est d’elle que le pays d’Hespéritis prit son nom. Atlas eut d’Hespéris sept filles, appelées Atlantides du nom de leur père, et Hespérides de celui de leur mère. Comme elles étaient distinguées pour leur beauté et leur sagesse, Busiris, roi d’Egypte, désira, dit-on, s’en emparer. Dans ce dessein, il envoya des pirates avec l’ordre d’enlever ces filles et de les lui amener.

A cette époque, Hercule, achevant son dernier travail, venait de tuer, en Libye, Antée qui provoquait tous les étrangers à la lutte ; il venait aussi de châtier, en Egypte, en l’immolant à Jupiter, Busiris, qui égorgeait les voyageurs étrangers. Puis, remontant le Nil jusqu’en Ethiopie, il tua Imathion, roi des Ethiopiens, qui voulait le combattre, et retourna pour prendre l’ordre d’un nouveau travail. Or, les pirates (envoyés par Busiris) trouvèrent les filles d’Atlas jouant dans un jardin ; ils les enlevèrent et s’enfuirent promptement dans leurs vaisseaux. Hercule les ayant surpris au moment où ils mangeaient sur le rivage, et ayant appris de ces filles ce qui leur était arrivé, il tua tous les ravisseurs, et rendit les filles à leur père Atlas. En reconnaissance de ce service, Atlas donna à Hercule non seulement ce qu’il était venu chercher, mais encore il l’initia dans l’astronomie. Atlas avait bien approfondi cette science, et il avait construit avec art une sphère céleste ; c’est pourquoi on le supposait portant le monde sur ses épaules. Comme Hercule apporta le premier en Grèce la science de la sphère, il en retira une grande gloire ; c’est ce qui fit dire aux hommes, allégoriquement, qu’il avait reçu d’Atlas le fardeau du monde.

Hercule et Antée