Codex Calixtinus, Livre de Charlemagne, dernier chapitre : Almanzor de Cordoba à Compostelle, v.1140 n-è

Il faut encore rapporter ce qui advint en Galice après la mort de Charles. Alors que le pays de Galice avait connu une longue période de paix après la mort de Charles le Grand, un certain sarrasin, Al-Mançûr de Cordoba, se leva, aiguillé par le démon, et déclara qu’il voulait s’approprier la terre de Galice, dont Charles avait jadis dépouillé ses ancêtres, et la soumettre à la foi sarracène.

Il rassembla donc de puissantes armées, dévasta en tous sens le pays, parvint jusqu’à la cité du Béat Tiago et s’empara par violence de tout ce qu’il y trouva. Il détruisit outrageusement toute la basilique de l’Apôtre, s’emparant des manuscrits, des tables d’argent et des cloches. Les Sarracènes campaient au-dedans avec leurs chevaux, et l’engence impie alla jusqu’à satisfaire ses besoins naturels sur l’autel de l’Apôtre.

C’est pourquoi quelques uns d’entre eux, touchés par la vengeance divine, subirent une forte dissentrie et laissèrent échapper par derrière tout ce qu’ils avaient dans le corps. D’autres perdirent la vue et se mirent à errer tel des aveugles à travers l’église et la cité.

Al-Mançûr lui-même fut atteint de cécité, sur le conseil d’un de ses prisonniers, un prêtre de la basilique, il implora alors l’aide du Dieu des Chrétiens : disant :

« Ô Dieu des chrétiens, Dieu de Ya’qûb, Dieu de Mariyam, Dieu de Butros, Dieu de Martin, Dieu de tous els chrétiens, si tu me rends ma santé de jadis, je renoncerais à Muhammad mon Dieu, et je ne viendrai plus piller le pays du grand Santiago. Ô Ya’qûb, grand homme, si tu rends la santé à mes entrailles et à mes yeux, je te restituerais tout ce que j’ai pris dans Ta maison ! »

15 jours plus tard, lorsqu’il eut tout rendu en double, il recouvra sa santé et quitta le pays du Béat Santiago. Il promit de ne plus jamais revenir en ce pays à des fins de pillage et proclama très fort que le Dieu des Chrétiens était le plus grand et que Santiago était un grand homme !

Puis, dévastant l’Espagne, il parvint à la villes d’orniz (vengeance de St Romanus)

[…]

Le païen partit alors en plein trouble avec son armée. Après quoi il n’y eut plus personne pendant longtemps qui osât porter la guerre dans le pays du Béat Tiago. Que ceux qui inquiéteraient encore son pays sachent qu’ils seront damnés pour l’éternité. Que ceux qui le protègent contre la puissance des païens recevront la récompense éternelle.