Bakri, Sijilmassa, Tafilalt, v. 1070 n-è

Après avoir traversé pendant trois journées un pays bien boisé, cultivé et arrosé on entre dans la ville.

[…] Muhammad bn Yûsuf :

1J : Parti de Sijilmasa, on arrive au lieu dit Arfûd, montagne stérile aux environs totalement déserts et avec une source d’eau chaude, de là à Al-Ahsa, lieu sableux où l’eau est puisée à une coudée de profondeur, station située sur les terres Znata, à une journée.
1J plus loin se trouve Yrara, qaçr à la forte population, un sûq, un jâmi‘ et un ruisseau. […] leur laine de qualité supérieure s’emploie à Sijilmasa pour le tissage d’etoffe dont le prix dépasse 20 mithqâl la pièce.
1J encore pour atteindre Sengenfû, montagne du Duran […] avec beaucoup de pins, cèdres, chênes doux

1J : au sud du Mulwya on trouve Matmata, Amskûr, canton qui abonde en céréales et irrigué par les eaux de ce wadî, et couvertes de bovins et d’ovins. […]
1J : Sûq Al-Khmîs […]
1J : Maghîlat Bnî Tigaman, appartenant à un Ribât de Sufrî et entourée d’un vaste faubourg, les Bnî Tigaman, eux même, professent la Sunna et demeurent sur la colline qui touche au faubourg.
2J pour traverser une haute montagne et arrivée à Maghîlat-Al-Qât […] l’arbre le plus abondant y est le figuier, dont les fruits séchers s’envoient à Fàs ;
1J : conduit à Lwata Madyan, réputée imprenable, sur le Wadî Sbû […]
1J : de là on descend à Fàs.

Sijilmasa fut fondée en 140/757 et son accroissement dépeupla Tergha qui était à deux journées, et la ruine de la cité de Zîz, elle est implantée sur une plaine salée et entourée de faubourgs, à l’intérieur on trouve de très belles maisons […] un grand nombre de jardins, la partie inférieur de son Mur est en pierre, le dessus en briques et fut édifié par Abû Mançûr Al-Yasa bn Abî Al-Qâsim […] y consacra 1000 muids de vivres chaques jours ; percée de 12 portes, dont huit en fer fut construite […] en 199/814, l’année suivante, il partagea entre les tribus les terrains de la cité, les habitants portent systématiquement le Niqâb qui leur cache la figure et si quelqu’un montre son visage, ses parents ne le reconnaissent pas.
Sijilmasa est située sur un rivière, réunion de ruisseaux dont la source est au lieu dit Aglef, et qui se partage en deux branches non loin de la ville, l’une à l’est, l’autre à l’ouest, le jâmi‘ de Al-Yas est soigné et bien bâti mais le Hammam est mauvais.
[…] Les dattes, les raisins et toutes les autres espèces de fruits y abondent […]
Sijilmasa est située à l’entrée du désert et ne connaît aucune localité à l’ouest ou au sud.
[…] A Sijilmasa, on engraisse les chiens pour les manger comme cela se fait à Qastilîa et Qafsa […] le métier de […] maçon est réservé spécialement aux judaïsants.
Lorsqu’on part pour se rendre à Ghana au Sûdân, on doit marcher deux mois à travers un désert inhabité, dans cette vaste région, on rencontre quelques nomades qui ne s’arrêtent jamais, tels les Bnî Msûfa, fraction de la tribu Sanhaja qui n’ont aucune ville ou s’abriter à l’exception de la vallée du Draa qui est à 5 journées de Sijilmasa.

Les Bnî Midrar ont régné à Sijilmasa pendant 160 ans, Abû Al-Qâsim Samgû bn Waçûl Al-Miknâsî, père d’Al-Yasa et g-père de Midrar rencontra Ikrima Mawlâ de Ibn ‘abbâs en Ifriqya et appris de lui. Il possédait des troupeaux sur les terrains de Sijilmasa ; quelques Sufryâ le rejoignirent et dès qu’ils furent 40 ils prirent comme chef ‘Ysâ bn Mzyad Al-Aswâd en 104/722 et ils battirent la cité […]

selon d’autres chroniqueurs, Midrar était forgeron et Râbidî d’Isfân, lors de l’affaire du Rabid (faubourg de Cordoue d’où Al-Hakim expulsa les révoltés en 203/818 qui allèrent au Maghreb, à Alexandrie, et surtout fondèrent l’émirat de Crète) […] il alla se fixer près de Sijilmasa qui était une plaine inculte, espace de commerce des peaux, Midrar apportait à ce sûq des ustensiles de fer […] et dressa une tente fixe et les Berbers en firent le centre d’un campement ; […] elle devint peu à peu un grande cité.

[…] ‘Ysâ bn Mzyâd (15 ans), premier wâlî de Sijilmasa entraîna le mécontentement de ses partisans sufryâ et un jour, en réunion à son domicile, Abû Al-Khattab déclara à l’assemblée :
« les Sûdân sont tous des voleurs sans en excepter celui-là ! » et le montra du doigt ; les assistants s’en emparèrent […] l’attachèrent à un arbre sur un colline pour l’exposer aux moustiques jusqu’à la mort […] de nos jours elle a le nom de Jbal ‘Ysâ.

-Abû Al-Qâsim Samgû bn Mizlân bn Nuzûl Al-Miknâsî fut choisi comme chef et mourut en 168/784 à la dernier sijda du soir après 13 ans de règne.

-Abû Al-Wazîr Al-Yâs, son fils fut déposé

-en 164/790 par son frère Abû Al-Muntaçar Al-Yasa […] despotique, violent, dur, emporté soumit tous les berbers qui lui resistèrent […] préleva le quint sur le produit des mines du Dra‘a et professa les doctrines sufryâ, bâti les murs de Sijilmasa et mourut en 208/823

-son fils Al-Muntaçar Al-Yasa Midrar lui succéda […] puis chacun de ses fils Maymûn entrèrent en rivalité […] l’un étant dit Bn Thakîa et l’autre Ibn Ar-Rustamya (rustemides de Tahert) [ …] favorisé par son père qui chasse Bn Thakîa de Sijilmasa, le fils préféré déposséda son père mais les habitants de la cité se révoltèrent et lui enlevèrent le commandement […] on décida de rendre le pouvoir à Midrar. Quelques temps après, ils apprirent que leur Sultan avait invité BN Ar-Rustamya à quitter le Dra‘a avec ses partisans pour lui remettre l’Autorité. […] ils assiégèrent Midrar et lui enlevèrent le commandement pour le donner à Bn Thakîa désigné sous le titre Al-Amîr qui garda le pouvoir jusqu’à sa mort en 263/876. […]

-Muhammad bn Maymûn Al-Amîr garda le pouvoir jusqu’en 270/883 ou il décéda.

-Al-Yasa bn Al-Muntaçar bn Abû Al-Qâsim commanda alors er régna jusqu’en 297/910 lorsqu’il s’enfuit de la capitale qui venait d’échoir à Abû ‘Abd Allah Ash-Shya‘î et le vainqueur donna le commandement de la ville à Ibrahim bn Ghâlib Al-Mzatî

[…]
-En 331/942 […] Muhammad bn Al-Fath bn Al-Amîr ayant triomphé par la force des armes chassa son cousin Al-Muntaçar Samgû et attesta de la doctrine sunnite et du madhab de Mâlik, il régna en bonne conduite et veilla à faire fleurir la justice, mais on peut lui repprocher de s’être arrogé en 342/953 le titre de Amîr Al-Mû’minîn et le Laqab d’Ash-Shâkir Billah et d’avoir frappé à ce titre des dirham et des dinâr […] à l’approche des troupes d’Abû Tamîm Mu‘add (Fatimide) du général Jûhar, il fuit la ville avec ses familliers et ses officiers et alla s’enfermer avec se strésors au Qasr Takegdalt à 12 milles de Sijilmasa ; Jûhar s’empara alors de la cité en 347/958.
[…]

Il suffit d’ensemencer une seule fois les terres de Sijilmasa pour avoir des récoltes 3 ans de suite en raison de la forte châleur du pays. A la récolte, les grains sont désséchés et certains tombent dans les sillons du sol et recommence à pousser […].
Leur froment est de l’espèce chinoise, au grain petit à raison de 75 000 pour un muid prophétique. Le muddi en usage chez eux contient 12 Qanqal de 8 Zllafât de 8 muids légaux.
La singularité chez eux est que les pièces d’or sont reçues au compte et non au poids et [l’inverse…] des poireaux […].