Al-Mazârî, Kairouan, Investiture du Juge et nature de l'exécutif, v. 1120 n-è

Il répondit que 2 choses peuvent rendre suspecte la décision de ce qâdî :

1 son séjour dans le voisinage des infidèles

2 son investiture, à lui donnée par un souverain chrétien.

Quant à la première cause de récusation, il y a un principe qu’on doit suivre : c’est qu’en
l’absence de preuves du contraire, on doit toujours présumer la bonne intention chez le qâdî et tenir pour certain que ce n’est pas de son plein gré qu’il séjourne dans le pays des infidèles.

Quant au motif tiré de son investiture de la part des infidèles, cela ne vise en rien ses jugements ni leur force exécutoire, tout comme s’il eut été nommé par un sultan musulman. La raison en est la nécessité et non pas, comme l’a prétendu certain docteur malékite, parce que cette décision s’impose rationnellement.

Les opinions sont d’ailleurs partagées sur la validité de l’investiture donnée par un sultan injuste.

Cette question a été débattue entre les jurisconsultes Abû ‘Abd Allah ibn-Farrûkh, qui fait un devoir au qâdî, nommé dans ces conditions, de décliner le pouvoir, et Ibn Ghânim, qâdî d’Ifrîqyya, qui l’autorise à accepter les fonctions dont le sultan injuste l’a investi. Mâlik, consulté à ce sujet, donna raison à Ibn Farrûkh.