Xénophon, Anabase, IV, Cité souterraine cappadocienne, v.430 av. n-è

Polycrate Athénien, chef de lochos, demanda qu’il lui fût permis de devancer la troupe. Il choisit des soldats agiles, court au village que le sort avait destiné à Xénophon, y surprend tous les paysans, le magistrat, dix‑sept poulains qu’on élevait pour le tribut dû au roi, et la fille du magistrat, mariée depuis huit jours ; son mari était allé chasser le lièvre, et ne se trouvant point dans le village, il ne fut pas pris. Les maisons étaient pratiquées sous terre, et quoique leur ouverture ressemblât à celle d’un puits, l’étage inférieur était vaste. On avait creusé d’autres entrées pour les bestiaux, mais les hommes descendaient par des échelles. Il y avait dans ces espèces de cavernes des chèvres, des brebis, des bœufs, des volailles et des petits de toutes ces espèces : tout le bétail y était nourri au foin. On trouva du froment, de l’orge, des légumes et de grands vases qui contenaient de la bière faite avec de l’orge. Ce grain y était mêlé encore et s’élevait en surnageant jusqu’au bord de ces vases qui étaient pleins ; à leur surface nageaient aussi des chalumeaux, les uns plus petits, les autres plus grands : il fallait, quand on avait soif, en porter un à sa bouche et sucer. Cette boisson était forte si l’on n’y mêlait de l’eau ; mais on la trouvait très agréable dès qu’on s’y était accoutumé.