Hérodote, I, Passages mentionnant les Arméniens, v. 445 av. n-è

I, 194 :

Je vais parler d’une autre merveille qui, du moins après la ville, est la plus grande de toutes celles qu’on voit en ce pays. Les bateaux dont on se sert pour se rendre à Babylone sont faits avec des peaux, et de forme ronde. On les fabrique dans la partie de l’Arménie qui est au-dessus de l’Assyrie, avec des saules dont on forme la carène et les varangues, qu’on revêt par dehors de peaux, à qui on donne la figure d’un plancher. On les arrondit comme un bouclier, sans aucune distinction de poupe ni de proue, et on en remplit le fond de paille. On les abandonne au courant de la rivière, chargés de marchandises, et principalement de vin de palmier. Deux hommes debout les gouvernent chacun avec un pieu, que l’un tire en dedans et l’autre en dehors. Ces bateaux ne sont point égaux, il y en a de grands et de petits. Les plus grands portent jusqu’à 5000 talents (125 T : sic) pesant. On transporte un âne dans chaque bateau ; les plus grands en ont plusieurs. Lorsqu’on est arrivé à Babylone, et qu’on a vendu les marchandises, on met aussi en vente les varangues et la paille. Ils chargent ensuite les peaux sur leurs ânes, et retournent en Arménie en les chassant devant eux : car le fleuve est si rapide qu’il n’est pas possible de le remonter; et c’est par cette raison qu’ils ne font pas leurs bateaux de bois, mais de peaux. Ils en construisent d’autres de même manière, lorsqu’ils sont de retour en Arménie avec leurs ânes. Voilà ce que j’avais à dire de leurs bateaux.

V, 52 :

Il y a sur toute cette route des maisons royales ou Stathmes (qarwan-saray), et de très belles hôtelleries : ce chemin est sûr, et traverse des pays très peuplés. On voyage d’abord en Lydie et en Phrygie, et l’on y rencontre vingt stathmes en 94 parasanges et demie. Au sortir de la Phrygie, vous trouvez l’Halys, sur lequel il y a des portes, qu’il faut nécessairement passer pour traverser ce fleuve, et un fort considérable pour la sûreté de ce passage. Vous parcourez ensuite la Cappadoce jusqu’aux frontières de la Cilicie eu 28 journées, qui font 104 parasanges. Mais, sur cette frontière même, il faut passer deux défilés et deux forts, après quoi vous faites dans la Cilicie 15,5 parasanges en 3 journées. L’Euphrate, qu’on passe en bateaux, lui sert de bornes, et la sépare de l’Arménie. On fait en Arménie 56 parasanges et demie, et l’on y rencontre 15 Stathmes, et des troupes en chacun ; ce pays est arrosé par quatre fleuves navigables qu’il faut nécessairement traverser. Le premier est le Tigre ; le deuxième et le troisième, ont le même nom, quoiqu’ils soient très différents, et qu’ils ne sortent pas du même pays ; car le premier prend sa source en Arménie, et l’autre dans le pays des Matianiens. Le Gyndes, que Cyrus partagea en 360 canaux, est le quatrième. De l’Arménie on entre dans la Matiane, où l’on fait 4 journées. On traverse ensuite la Cissie en onze journées, qui font quarante-deux parasanges et demie, jusqu’au Choaspes, fleuve qu’on passe aussi en bateaux, et sur lequel est aussi la ville de Suses. De Sardes à Suses, il y a donc en tout 111 journées ou Stathmes.

VII, 73 :

L’armure des Phrygiens approchait beaucoup de celle des Paphlagoniens ; la différence était fort petite. Les Phrygiens s’appelèrent Briges, suivant les Macédoniens, tant que ces peuples restèrent en Europe et demeurèrent avec eux ; mais, étant passés en Asie, ils changèrent de nom en changeant de pays, et prirent celui de Phrygiens. Les Arméniens étaient armés comme les Phrygiens, dont ils sont une colonie. Les uns et les autres étaient commandés par Artochmès, qui avait épousé une fille de Darius.