Ibn Battuta, Commerce arabo-persan à Mogadichio, v. 1335 n-è

Nous voyageâmes sur mer pendant quinze jours, et arrivâmes à Muqadishû, ville extrêmement vaste.
Les habitants ont un grand nombre de chameaux, et ils en égorgent plusieurs centaines chaque jour. Ils ont aussi beaucoup de moutons, et sont de riches marchands. C’est à Muqadishû que l’on fabrique les étoffes qui tirent leur nom de celui de cette ville, et qui n’ont pas leurs pareilles.
De Muqadishû, on les exporte en Égypte et ailleurs .

Parmi les coutumes des habitants de cette ville est la suivante : lorsqu’un vaisseau arrive dans le port, il est abordé par des Sunbûk, c’est-à-dire de petits bateaux. Chaque Sunbûk renferme plusieurs jeunes habitants de Mogadischio, dont chacun apporte un plat couvert, contenant de la nourriture. Il le présente à un des marchands du vaisseau, en s’écriant : « Cet homme est mon hôte » ; et tous agissent de la même manière. Aucun trafiquant ne descend du vaisseau, que pour se rendre à la maison de son hôte d’entre ces jeune gens, sauf toutefois le marchand qui est déjà venu fréquemment dans la ville, et en connaît bien les habitants. Dans ce cas, il descend où il lui plaît. Lorsqu’un commerçant est arrivé chez son hôte, celui-ci vend pour lui ce qu’il a apporté et lui fait ses achats. Si l’on achète de ce marchand quelque objet pour un prix au-dessous de sa valeur, ou qu’on lui vende autre chose hors de la présence de son hôte, un pareil marché est frappé de réprobation aux yeux des habitants de Mogadischio. Ceux-ci trouvent de l’avantage à se conduire ainsi.