Al-Idrissi, L’église Mozarabe des Corbeaux du Cap d’Algarve (une autre Compostelle), v. 1160 n-è

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De là à « l’église des Corbeaux », Cap d’Al-Gharb

Cette église n’a point éprouvé de changements depuis l’époque de la domination chrétienne ; elle possède des terres, les âmes pieuses ayant la coutume de lui en donner, et des présents apportés par les chrétiens qui s’y rendent en pèlerinage. Elle est située sur un promontoire qui s’avance dans la mer. Sur le faite de l’édifice sont 10 corbeaux ; jamais personne ne les a vu manquer, jamais personne n’a pu constater leur absence ; les prêtres desservant l’église racontent au sujet de ces corbeaux des choses merveilleuses, mais on douterait de la véracité de celui qui voudrait les répéter. Du reste il est impossible de passer par là sans prendre part au grand repas que donne l’église ; c’est une obligation immuable, un usage dont on ne se départ jamais, et auquel on se conforme d’autant plus exactement qu’il est ancien, transmis d’âge en âge et consacré par une longue pratique.

 L’église est desservie par des prêtres et des religieux. Elle possède de grands trésors et des revenus fort considérables » qui proviennent pour la plupart de terres qui lui ont été léguées dans différentes parties du Gharb. Ils servent aux besoins de l’église, de ses serviteurs, de tous ceux qui y sont attachés à quelque titre que ce soit, et des étrangers qui viennent la visiter en petit ou en grand nombre.