Michel le Syrien, v. 640 : Correspondance : Marûta de Tikrit, métropolitain du “Pays des Perses” et Jean, patriarche d’Antioche, v. 1170 n-è

 

« A notre vénérable et saint frère et collègue, Mar Marouta, évêque et métropolitain du Beit Parsayê : l’humble Jean, gardien du siège apostolique d’Antioche, c’est-à-dire serviteur de l’Eglise de Syrie, décoré du nom de patriarche, demande en Jésus-Christ, Seigneur et Dieu au-dessus de tout, votre paix et vos prières.

« Comme vous le savez, monseigneur, lors de notre descente près du roi des

Perses, nous avons fait l’union avec vous, alors que vous aviez été, depuis l’époque de la persécution de Bar Çauma de Nisibe jusqu’à l’époque du patriarche Mar Athanasius, mon prédécesseur, comme une fraction séparée du troupeau. Car auparavant, le siège du catholicos des Perses et (celui) du catholicos d’Arménie, de Gourzan et d’Aran, étaient soumis au siège d’Antioche, jusqu’au meurtre du catholicos Babai.

Depuis lors, vos pères se conduisirent selon leur propre gré, jusqu’à notre descente, comme je l’ai dit, et notre rencontre avec Christophorus, votre métropolitain, et Addai, archimandrite de Mar Mattai, Vous vous êtes unis à nous, lorsque le vénérable dont nous avons parlé et vous, évêques ordonnés par votre métropolitain, vous êtes montés avec les évêques d’Athanasius,

 

« Et nous vous demandâmes le récit de la persécution de Bar Çauma. Mais comme (ces évêques) ne [424] connaissaient pas exactement les faits, ils ont négligé de le faire du vivant du dit bienheureux. Maintenant que nous avons été appelé à lui succéder, alors que nous n’en étions pas digne, nous vous prions de nous faire connaître l’histoire. Nous savons qu’on trouve chez vous des histoires de ce genre. Béni soit le Seigneur de ce que vous ne rejetterez pas notre demande, de sorte que quand nous placerons ce mémoire dans nos bibliothèques, votre mémoire y sera aussi consignée.

 

Donnez des ordres, et priez pour nous afin que Notre-Seigneur nous accorde de diriger et de gouverner selon sa volonté son troupeau racheté par sa croix victorieuse ; et que notre dignité et notre élection ne tournent pas à notre condamnation. Tous nos frères les évêques de Syrie demandent votre paix et en même temps vos saintes prières. »

 

RÉPONSE DE MAROUTA À JEAN.

 

Au très bienheureuxPère des Pères, prince des Pontifes, ornement et gloire de la sainte Eglise_, Mar Jean, patriarche : le pèlerin Marouta, par la grâce de Dieu métropolitain du couvent de Mar Mattai et de la région orientale, demande votre paix divine et vos saintes prières.

 

Nous avons reçu la lettre de Votre Sainteté, et ce fut un grand plaisir et une grande joie pour nous, pour tous nos frères et pour notre troupeau, qu’après la mort de saint Athanasîus, Dieu ail établi comme chef de son Église Votre Béatitude, dont l’élection n’a pas eu lieu par la volonté de la chair, mais par l’Esprit-Saint’ quia choisi le grand Pierre; et nous prions pour que vous receviez le don de l’Apôtre, comme vous avez hérité de son siège.

 

Ensuite, puisque vous nous avez demandé le récit de la persécution de Bar

Çauma, sache, ô prince des princes ! que toutes les histoires antérieures qui étaient dans le couvent ont été brûlées en même temps que le couvent par cet impur Bar Çauma. Cette histoire ne se trouve nulle part, parce que les hommes instruits et les écrivains ont été couronnés du martyre à cette époque; mais, pour ne pas frustrer le désir de

 

Votre Béatitude, nous écrivons rapidement ce que nous avons appris de vive voix de vieillards véridiques, qui avaient reçu ces choses de leurs pères. Nous commencerons à Nestor[ius] et nous continuerons successivement.

 

Après que Nestorius eut été anathématisé et exilé à Pathmos, par le synode d’Ephèse, alors Rabboula apporta les commentaires détestables de Theodorus et de son maître Diodorus. Quand on les lut, toute l’Eglise de Dieu les anathématisa ; et l’empereur Theodosius prescrivit de brûler tous leurs écrits, partout où on les trouverait, et de mettre à mort quiconque les suivait. Or, quand Rabboula revint à Edesse, il trouva dans l’École des Orientaux les livres de Theodorus et les fit brûler au milieu de la

ville ; et les partisans de cette hérésie s’enfuirent à Nisibe, qui était, à cette époque, sur la frontière des Perses. Il s’y trouvait un évèque nommé Bar Çauma. Cette doctrine abominable était cachée en lui, mais il ne le laissait pas voir, parce qu’il dépendait de Babai (Baboui), catholicos de Perse^ et le catholicos dépendait du siège d’Antioche. Quand le catholicos fut convoqué au synode, il ne put s’y rendre, par crainte de la royauté des Perses, qui était impliquée dans une guerre contre les Romains.