Michel le Syrien, II.414/IV.412 ; an 628 : défaite sassanide, Antioche nomme Marûta métropolitain à Tikrit, et Aha, évêque des “arabes Namir”, v. 1170 n-è

628 : le patriarche Athanase rattache Christophore, métropolitain de l’Orient, à Antioche et nomme Marûta métropolitain à Tagrit, ainsi qu’un certain Aha, évêque des arabes Namirayê

La coutume antique qui a cours dans les Eglises, depuis qu’ont été réglées les dépendances des quatre sièges apostoliques, est celle-ci : Au siège de Rome et à celui de Constantinople (appartient) l’une des trois parties du monde, c’est-à-dire l’Europe, qui est située au nord de la mer occidentale appelée Adrias. On a attribué l’Egypte, l’Ethiopie et la Libye, situées au sud de cette même mer, à la juridiction d’Alexandrie.

La grande Asie, qui commence aux confins orientaux de cette mer Adriatique et s’étend jusqu’aux extrémités orientales de la terre habitée, à peu près aussi grande que les deux autres parties, dépend du siège d ‘Antioche.

C’est pourquoi le patriarche d’Antioche ordonnait le catholicos des Arméniens, ou de Gourzan et Aran, jusqu’à l’époque où Babai fut tué par le persan Bar Çauma, alors, cette règle cessa d’être en usage, jusqu’au temps du roi des Perses, Ardasîr.

Lorsque le patriarche Athanasius envoya Jean, son syncelle, à la Porte du roi des Perses, après avoir terminé son affaire, Jean fit route par le pays d’Athôr et de Ninive, et monta au monastère de Mar Mattai pour recevoir la bénédiction des bienheureux qui y étaient.

Il y rencontra le métropolitain Christophorus, et il se réjouit de voir les actions des moines de cet endroit. Il parla avec eux du rétablissement et combien ils étaient affaiblis depuis qu’ils s’étaient séparés du siège d’Antioche ; et ils consentirent à se rendre avec lui près du patriarche.

Jean emmena Christophorus et trois moines : Marouta, Aha et Aitallaha. — Ils vinrent à Antioche, en l’an 940 des Grecs (628), pour que le patriarche les ordonnât évêques. Que se passa-t-il après leur arrivée ? On peut l’apprendre de la lettre suivante :

Lettre du patriarche Athanasius aux moines de Mar Mattai, 629

« A nos excellents et pieux fils spirituels : Mar Mattai prêtre et archimandrite, les autres prêtres et diacres, et à toute la fraternité dans le Christ du couvent de Mar Mattai ; l’humble Athanasius : joie en Jésus, Dieu au-dessus de tout. Le divin David nous fournira le début des paroles que nous vous adressons présentement. Il dit : « Heureux ceux qui sont immaculés dans la voie, ceux qui marchent dans la loi du Seigneur. Heureux ceux qui scrutent ses témoignages. Ce ne sont pas les fauteurs de l’iniquité qui marchent dans ses voies. »

Tels sont, dans le temps présent, ceux qui gardent sans tache la foi orthodoxe en notre Seigneur, Dieu et Sauveur, Jésus-Christ. Il est lui-même la voie qui conduit au Père, selon^ sa propre parole infaillible, car il est dit :

« Je suis la voie ».

Que nous soyons liés par l’union et l’affection spirituelle les uns à l’égard des autres, et à l’égard de tous les fidèles : telle est la voie dans la loi du Seigneur; car il a dit :

« Mon commandement est que vous vous aimiez l’un l’autre. »

Que nous supportions les afflictions et que nous participions à sa passion : telle est la recherche véritable de son beau témoignage, qu’il a rendu, comme il est écrit, devant Ponce-Pilate. Qui sont ceux qui courent après le Seigneur [412] de tout leur cœur et de toute leur âme, qui haïssent l’iniquité et aiment la justice, sinon vous et tous les amis de Dieu qui vous ressemblent ? qui, comme une myrrhe très précieuse, êtes une odeur suave dans le Christ, ainsi qu’il est écrit, pour ceux qui vivent et pour ceux qui périssent; aux uns une odeur de vie pour la vie, aux autres une odeur de mort pour la mort. » — A qui convient, dans les temps postérieurs aux Apôtres et aux saints Pères, ce qu’a dit notre Sauveur’ : « Vous êtes la lumière du monde et le sel de la terre », sinon h vous et aux saints comme vous? Vous qui, comme la lumière et le sel, par la foi véritable et les œuvres droites, illuminez et convertissez à la vérité ceux qui sont dans les ténèbres* de l’infidélité, affermissez et assaisonnez, par la saveur agréable de la religion, ceux qui respirent l’odeur fétide des désirs insipides et des œuvres relâchées. Et qui, en entendant des bruits réjouissants comme ceux-ci et en recevant de si bonnes nouvelles de ses enfants, se réjouira et tressaillira dans son esprit plus que nous, et devra à juste titre, à cause de la pureté de son esprit, louer grandement et glorifier le Dieu donateur de tous les biens? Nous avons de tout temps entendu parler de votre vertu, et nous avons été rempli de joie. Mais, depuis que notre fils et syncelle, l’ami de Dieu, le prêtre Mar Jean est de retour près de nous, il nous a raconté votre amour pour tous les saints et surtout pour notre bassesse, votre humilité, votre docilité, votre patience, vos veilles, vos stations nocturnes prolongées, votre jeûne, votre abstinence, et, par-dessus tout, votre zèle ardent pour la foi; comment vous étiez prêts à souffrir plutôt que de laisser altérer l’orthodoxie de la foi, ou fouler aux pieds les canons. Il a vu chez vous bien des fois le double de ce que nous avions entendu dire de vous; et nous nous sommes réjoui en vous dans ces temps durs.

Aussi, nous, faible, désireux de vous accorder selon notre capacité les récompenses convenables, qui figurent et représentent le moins imparfaitement les biens incomparables que vous devez recevoir de Dieu, avons-nous ordonné, encore maintenant, par des écrits qui seront conservés pour les générations à venir, que les choses qui vous ont été dites par Jean de notre part, nous voulons dire ces mêmes privilèges, vous soient maintenant et désormais, surtout après notre décision et notre sentence, maintenus avec un égal honneur. A votre saint monastère sera accordé l’honneur et la primauté sur tous les couvents des Orthodoxes qui sont en Perse; à votre pieux archimandrite sera conservée la dignité de chorévêque et la primauté sur tous les chorévêques et les archimandrites des dits lieux; il aura la seconde dignité après l’évêque, avec les facultés et fonctions qui lui sont attribuées dans les affaires ecclésiastiques, telles qu’elles existaient pour les archimandrites de votre couvent. Nous définissons, par la sentence indissoluble de Dieu et la volonté inébranlable de l’Esprit-Saint, que ces choses doivent demeurer à perpétuité. L’évêque qui aura été régulièrement établi pour votre couvent sera l’archevêque et le métropolitain de tous les évêques de votre région d’Athôr. Nous avons attribué ces (privilèges) à votre excellence, et nous faisons savoir à Votre Charité, que les saints évêques Mar Christophorus, Georgius, Daniel, Gregor[ius] et Yezdapnah, qui sont venus pour le règlement des affaires ecclésiastiques qui vous concernent, [443] et nous ont apporté de nouveau la preuve de votre affection pour nous, ont été reçus par nous comme des frères. Ils nous ont demandé de manifester notre autorité et notre soin spirituel à votre égard et à l’égard des églises de chez vous comme dans les églises de nos régions. Mais, à cause de la difficulté de la chose, nous nous y refusions; et après nous y être refusé longtemps, nous avons été vaincu par la violence de la charité.

C’est pourquoi nous avons consenti, à leur demande, à conduire avec l’aide de Dieu et à diriger les affaires ecclésiastiques chez vous. Dès lors, étant tous réunis dans une bonne volonté, et avec notre permission, ils ont fait l’élection d’hommes pieux et âgés. Mar Marouta a été ordonné pour Tagrit; Aitallaha, pour Marga et Gomal ; Aha, pour Pérôz-Sabour inférieure, et le peuple des Taiyayê Namirayê.

Nous avons ordonné métropolitain Mar Christophorus, pour la province d’Athôr seulement. — Afin qu’il n’y ait qu’un seul chef pour les évêques d’Alhôr, du ‘Arabayê et des différents lieux du Beit Parsayê, pour le bon ordre des églises, nous avons, par l’action de Dieu et du consentement de nos frères les évêques mentionnés, institué Mar Marouta de Tagrit, métropolitain du Beit ‘Arabayê, chef et directeur général de tous les évêques dénommés, de leurs régions et de leurs provinces, de manière à ce qu’il soit pour tous notre représentant, notre lieutenant et comme notre vicaire. Nous lui avons demandé de remplir cette fonction, non seulement à cause de la vertu de cet homme et de la piété qui est en lui, mais aussi à cause de votre témoignage, et nous vous demandons instamment d’être pour lui des soutiens puissants, comme pour notre vicaire. »

Et un peu plus loin :

« En faisant cela, vous serez agréables à Dieu; vous nous procurerez de la joie, vous rendrez assidus dans les prières pour vous, et vous édifierez grandement les fidèles. — Que le Christ notre Dieu, qui a accordé à ses disciples de fouler aux pieds les serpents et les scorpions et toute la puissance de l’ennemi, vous donne de comprendre ses jugements précieux, d’éviter l’humiliation des hérétiques, et d’être conservés au monde comme la bonne semence de vertu abondante, brillant par la contemplation et l’action », etc.