JIHAD DANS LE CORAN :

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Seize Surat du Coran comportent la racine JHD reliée à Jihâd, Mujâhid, Jâhada ; cette même racine apparait dans 20 contextes du Coran ; répartis sur 29 versets, dans 16 Surats dont 13 sont médinoises
Il y a donc 3 surat considérées par l’exégèse classique comme Mekkoises, c’est-à-dire antérieures à l’Emigration à Yathrib en 622.

Nous avons utilisé la Lecture (Riwâya(t)) de Hafç b. Sulaymân, dominante dans les écoles musulmanes (à l’exception de l’école Malikite Africaine.

L’apparition chronologiquement la plus ancienne se retrouverait dans la Surat des abeilles (An-Nahl) rangée comme XVIème dans le « Maçhaf » (Codex), la mention est cise dans une inclusion orpheline, sans doute postérieure, dans un discours attaquant aux Murtadîn, c’est à dire les Félons, ou Apostats.

Son Ductus consonantique est conservé comme suit :

  • TM ’N RB-K L-L-DYN H’JRW’ MN B‘D M’ FTNW’
  • TM JHDW’ W CBRW’
  • ’N RB-K MN B‘D-H’ L-GFWR RHYM

On peut la traduire ainsi :

  • Puis, vraiment, votre Seigneur (est ?) pour ceux qui (é)migrèrent, après avoir été persécutés (futinû)
  • Puis s’efforcèrent (jâhadû) et furent Constant (çabarû)
  • Vraiment, ton seigneur, après cela, (est) Pardonneur, Aimant

Nous ne pouvons avoir ici la première mention du Jihâd dans son sens religieux, on y voit le verbe Jahada, auquel a été ajouté tardivement, un Alif suscrit qui distingue Jâhada (champs lexical du combat) de Jahada (champs lexical de la force), on vocalise son Accompli avec une Fatha.

Voyons la seconde Surat supposée Mekkoise, al-Furqân (XXV) :

On retrouve une inclusion, elle aussi orpheline, qui suit une autre inclusion sur la possibilité d’envoyer un Nadhîr (Avertisseur) dans chaque Qarya (bourgade), elle apparaît dans un discours sur la Bienfaisance de Dieu dans sa Création, son Miracle essentiel. Son ductus est le suivant : 

  • F-L’ T-T‘ ‘L-KFRYN
  • W JHDHM B-H JH’D’ KBYR’
  • Alors, n’obéit pas aux Traître/Dénégateurs (Kafirîn)
  • Et Combat-les (Jâhidhum) par Lui( ?), (c’est) un Grand Combat/Effort (Jihâdâ(n))

Nous voici donc en présence du verbe Jâhada, cette fois-ci à l’impératif, inaccompli, avec un nouvel Alif suscrit, dans la même perspective que précédemment, comme pour “Kâfirîn”, du reste, ce qui donne jâhid-hum bi-hi : que je traduit maladroitement par « Combat-les par Lui ».

On trouve également le nom “Combat”, Jihâd, à l’accusatif indéfini (qui peut être un vestige de l’article araméen comme le suppose Luxenberg, je n’y reviendrai pas). C’est aussi la seule mention, dans le Coran de « Grand Jihâd », qui, dans la littérature mystique, sera voué à une grande exégèse piétiste, pourtant, ici, il désigne le Combat contre les Traîtres, les Dénégateurs : (Kâfirîn)

Cependant, à nouveau, cette inclusion presque hors contexte ne permet pas de dater la thématique de la période mekkoise.

C’est dans les versets 6, 8 et 69 de la surat dite de l’Araignée, (Al-‘Ankabût) classée XXIX, en général considérée comme Mekkoise, mais placées, en raison du prétendu Contexte de Révélation, quelques jours avant l’Emigration à Yathrib.

A en croire la trame classique, le concept pourrait y avoir été formulé pour la première fois :

Le premier verset traite des œuvres et de la piété de manière générale, on y trouve ce ductus :

  • W MN JHD F-‘N-M’ Y-JHD L-NFS-H
  • ’N ’L-LH L-GNY ‘N ’L-‘LMYN

On peut la traduire comme suit :

  • Et quiconque s’efforça(jâhada) ne s’efforce (yujâhidu) que pour lui-même
  • Vraiment Dieu (est) le Riche sur les Mondes/Temps (al-‘âlamîn)

A nouveau, deux mentions, le verbe Jâhada à l’Accompli, puis à l’Inaccompli (yujâhidû), avec le alif suscrit. Ici, je crois nécessaire de donner la traduction de Blachère du passage dans lequel il se situe :

« […] Les Hommes croient-ils qu’on les laissera dire : « Nous croyons ! » sans qu’ils soient éprouvés ? Nous avons certes éprouvé ceux qui furent avant eux, Dieu connaîtra certes ceux qui auront été véridiques, et il reconnaîtra certes les menteurs. Ceux qui font de mauvaises actions croient-ils au contraire qu’ils Nous devancerons ? Combien mauvais est ce qu’ils jugent ! Celui qui espère la rencontre de Dieu[…], car le terme de Dieu va certes venir _Il est l’Audient, l’Omniscient_ qui mène combat, mène seulement combat pour soi-même _En vérité Dieu est certes suffisant à Soi-Même (Ghânî) vis-à-vis du Monde_Ceux qui auront cru et accompli des œuvres pies, Nous les laverons certes de leurs mauvaises actions et Nous les récompenserons certes pour ce qu’ils accomplissaient de plus beau[…] Vers Moi sera votre retour et je vous aviserai de ce que vous faisiez. Ceux qui auront cru et accompli les œuvres pies, Nous les ferons certes enter parmi les Saints. »

Ce passage a une véritable cohérence, le narrateur insiste sur les œuvres qui autorisent d’espérer la reconnaissance de Dieu, et cependant, on ne peut le duper, mais en plus, « l’effort » de l’homme ne sert qu’à l’homme seul, Dieu est le “Très Riche sur les Mondes”, il n’a pas besoin de cet « effort », il lave de plus les croyants aux bonnes oeuvres de tous leurs pêchés, et il les récompense de cet « effort » (« ce qu’ils accomplissent de plus beau ») et « les fait entrer parmi les Saints ».

La phrase qui nous concerne pourrait paraître un petit peu a-thématique, mais elle permet d’insister sur l’auto-suffisance de Dieu entre l’effort des bonnes œuvres d’un côté et sa grâce de l’autre, elle remet la créature à sa place face au créateur qui la jugera bientôt.

Blachère place, au cours de cette Surat, le verset 8 entre crochets, il le considère comme un ajout postérieur, et en effet, cet ajout comporte à nouveau la racine Jâhada :

  • Et nous enjoignirent à l’Humain  à ses géniteurs une Husn
  • Et s’ils te forcèrent (jâhadâk) à ce que tu m’associe (li-tu-shrika) ce qui n’est pas pour toi, de lui, une science,
  • alors ne leur obéit pas […]

Ici, il y a la notion de force et contrainte, comme lorsque la racine JHD est utilisé dans le champs lexical de la force (je ne les ai pas recensé), mais il y a aussi une première notion de combat militaire, de contrainte ennemie. On a donc inclu un passage qui ajoute au combat/effort pour les œuvres la notion de contrainte forcée, inamicale, de la part des Parents, auxquels pourtant on ordonne l’obéissance, à part en cas d’Association à Dieu d’une autre divinité ou croyance.

Le dernier verset de la Sûra (69) reprend la racine Jâhada, suite à un discours dénonçant les actes impies : voici le ductus :

  • W ’L-DYN JHDW’ FY-N’ L-NHDYN-HM SBL-N’
  • W ’N ’L-LH L-M‘ ’l-MHSNYN

Qui donne cette traduction approximative :

  • Et ceux qui s’efforcèrent (jâhadûw ) en Nous, alors Nous les guidons (sur) Nos Chemins (Subula-na)
  • Et vraiment Dieu (est) avec les Bienfaisants (Muhsinîn)

A nouveau, il nous faut reprendre le passage entier selon la traduction de Blachère :

« Quand ils montent sur un vaisseau, ils prient Dieu, Lui vouant le Culte. Quand Il les a conduits sains et saufs sur la terre ferme, voici qu’ils lui donnent des Associés. Qu’ils soient ingrats à propos de ce que Nous leur avons accordé ! Qu’ils jouissent ! Bientôt ils sauront. Eh bien ! N’ont-ils pas vu que Nous avons fait un sanctuaire sûr, alors qu’autour d’eux les gens sont dépouillés ? Eh bien ! Croiront-ils au Faux et seront-ils ingrats à propos du Bienfait de Dieu ? Qui donc est plus injuste que celui qui forge un mensonge contre Dieu ou qui traite de mensonge la Vérité quand elle est venue à lui ? N’est-il pas, dans la Géhenne, un séjour pour les Infidèles ? Ceux qui, pour Nous, auront mené Combat, Nous les dirigerons certes dans Nos Chemins. En vérité, Dieu est certes avec les Bienfaisants. »

(Le « sanctuaire » est considéré par l’exégèse comme l’acte fondateur de Medine)

A nouveau, la phrase, qui, selon Blachère n’est pas aberrante, parait tout de même d’une tonalité différente, puisqu’on y dénonce les impies et leurs impiétés, qu’on leur promet l’Enfer, on rappelle tout de même que celui qui “s’efforcera” sera dirigé vers les « Subul » de Dieu.

A en croire l’historio-génèse des Asbâb an-Nuzûl, la notion de combat apparaît durant l’installation à Médine, et se structure, comme un combat militaire, en plus d’un effort des œuvres, présent depuis la toute fin de la période mekkoise.

Analysons désormais les passages médinois :

Al-Baqara (II) est censée être « descendue » dès la Constitution de Yathrib, elle traite on le sait, de thèmes hétéroclytes, aussi bien de sujets ayant trait à la piété, de passages bibliques et de dispositions légales pour la jeune communauté, on pourrait pourtant la considérer, historiquement, comme post-médinoise, on y reviendra. On y trouve une mention, verbale, de la racine, au cours d’un discours légitimant la profanation du mois sacré par la guerre : voici son ductus :

  • ’N ’L-DYN ’MNW’ W ’l-DYN H’JRW’ W JHDW’ FY SBYL ’L-LH
  • ’WLYK YRJWN RHMT ’L-LH
  • W ’L-LH GFWR RHYM
  • Vraiment ceux qui crurent et ceux qui migrèrent (hâjarû) et s’efforcèrent sur le Chemin de Dieu ( jâhadû fî sabîli-l-llahi)
  • Ceux-là espèrent (rjâ) l’Amour (Rahmat) de Dieu
  • Et Dieu est Un Pardonneur, Un Aimant

Voici apparaître une fameuse expression, le « Jihâd sur le Chemin de Dieu » ; il s’agit d’un verbe conjugué à l’inaccompli, donc selon le schème Fâ‘aLa ; on a pris l’habitude du alif suscrit (nous n’y reviendrons plus), et de l’accompli de ce verbe. On découvre aussi un triptique fondamental : 1 : Croire : A’mana ; 2 : Migrer : Hâjara (le alif fait partie du ductus); 3 : S’Efforcer : Jâhada.

La présence du verbe de Migration est interprété dans l’exégèse classique comme un élément fort de l’identité médinoise de la Surat. Nous devons ajouter que le Muhajir semble avoir été durant les 60 premières années de l’expansion arabe, le nom des coalisés arabes dominant l’Egypte, la Syrie et l’Iraq, tel qu’on le retrouve dans les sources « externes » grecques et syriaques, notamment dans les papyrii égyptiens et palestiniens.

On a proposé pour Mu’minîn, les Croyants, l’idée de “Coalisés”, voire d'”Affidés”.

Donc : 1 : coalition, 2 : (é)migration, 3 : Effort : triptique militaire s’il en est ; mais aussi triptique religieux : 1 : Foi, 2 : Anachorèse, 3 : Abandon de soi…

Nous voici maintenant dans un contexte médinois primitif, dans la surat VIII, al-Anfal, on définit la communauté médinoise, et dans les derniers versets, on a apposé ce long passage (72-5)

  • ’N ’L-DYN ’MNW’ W H’JRW’ W JHDW’ B-’MWL-HM W ’NFS-HM FY SBYL ’L-LH W ’L-DYN ’WW’ W NCRW’ ’WLYK B‘D-HM AWLY’ B‘D
  • W ’L-DYN ’MNW’ W LM YH’JRW’ M’ L-KM MN WL’YT-HM MN SY HTY YH’JRW’ W ’N ’STNCRW-KM FY ’L-DYN F-‘LY-KM ’L-NCR ’L’ ‘LY QWM BYN-KM W BYN-HM MT’Q
  • W ’L-LH B-M’ T-‘MLWN BCYR
  • W ’L-DYN ’MNW’ W H’JRW’ W JHDW’ FY SBYL ’L-LH W ’L-DYN ’WW’ W-NCRW’ ’WLYK HM ’L-MWMNWN HQ’
  • L-HM M-GFRH W RZQ KRYM
  • W ’L-DYN ’MNW’ MN B‘D W H’JRWA W JHDWA M‘-KM F-’WLYK MN-KM
  • W ’WLW ’L-’RH’M B‘D-HM ’WLY B-B‘D FY KT’B ’L-LH
  • ’N ’L-LH B-KL SY ‘LYM
  • Vraiment, ceux qui crurent et migrèrent et combattirent de leurs Biens et de leurs Âmes sur le Chemin de Dieu ( jahidû bi-Amwâli-him wa A’nfusi-him fî sabîli allahi), (et ceux qui) accueillirent et secourirent, ceux-là sont alliés (Awliyâ’) les uns envers les autres.
  • Et ceux qui crurent et ne migrèrent pas il n’y a pas d’alliance avec eux en quoi que ce soit jusqu’à ce qu’ils émigrent et s’ils vous demandent secours (Astançirû) dans la Loi (dîn), alors sur vous le secours sauf sur un peuple (dont il est) entre vous et eux un Pacte (Mithâq)
  • Et Dieu de ce que vous agissez (est) un Observateur
  • Et ceux qui crurent et migrèrent et combattirent sur le Chemin de Dieu( jahidû fî sabîli allahi) (et ceux qui) accueillirent et secoururent et ceux-là Ils sont les Croyants Véritables (Haqqâ(n))
  • A eux un Pardon (Maghfira(t)) et une Récompense Généreuse (Rizq Karîm)
  • Et ceux qui crurent ensuite, et migrèrent et combattirent (jâhidû) avec vous alors ceux là (sont) parmi vous
  • Et en priorité les Aimés (Arhâm) les uns priorité des autres en l’Ecrit de Dieu
  • Vraiment Dieu en Toute Chose (est) Sachant (‘Alîm)

Nous retrouvons notre triptique, à 3 reprises, ces trois devoirs permettent le Pardon et le Rizq, la Récompense, dont le terme est aussi bien relié au butin terrestre qu’à la place au Paradis. Ceux qui accueillent et secourent (naçirû) ce sont les Ançâr, les indigènes de Yathrib ; ils valent autant que les Migrants.

Il y a une connexion évidente entre Emigration et Jihâd d’un part et l’alliance (Walâya(t)) (avec l’ajout d’un alif suscrit) d’autre part, ainsi, sans émigration, pas d’alliance possible, mais l’assistance (militaire) est possible, mais jamais contre un peuple avec qui la Communauté Médinoise aurait conclu un Pacte (Mithâq, lui aussi avec un alif suscrit). La politique médinoise s’invite donc et l’Effort de Jahada est étroitement connecté avec cette expérience nouvelle.

Enfin, c’est la première apparition d’un formule destinée à une longue existence : “combattirent de leurs Biens et de leurs Âmes sur le Chemin de Dieu” ( jahidû bi-Amwâli-him wa A’nfusi-him fî sabîli allahi)

Nous allons bientôt voir la racine JHD dans un contexte indubitablement militaire :

La surat XLVII est aussi supposée être du début de la période médinoise, elle s’intitule Muhammad, et son verset 31 comporte une attestation de la locution Mujâhid : le Combattant. Le verset est inscrit dans une longue diatribe contre les nouveaux convertis qui craignent de combattre, dans une Surat à la thématique assez uniforme. Il s’agit, selon l’exégèse, de déclarer la guerre aux Mekkois, en effet, dans le verset 20, on dit :

« (et) Ceux qui croient s’écrient : « Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre une Surat ? » Et quand on fait descendre une Surat confirmée (muhkama(t)un) où il est mentionné de combattre (al-Qitâl), tu vois ceux au cœur de qui est un mal jeter des regards vers toi comme un homme frappé de défaillance devant la mort. Le mieux, pour eux est… »

voici le ductus du verset 31 :

W L-N-BLWN-KM HTY N-‘LM ’L-MJHDYN MN-KM W ’L-CBRYN W N-BLW ’KB’R-KM

Ce qui peut se traduire ainsi :

C’est pourquoi Nous vous éprouvons (nblû-nna) jusqu’à ce que Nous sachions les Combattants (Mujâhidîn) parmi vous et les Constants (Câbirîn) et que Nous éprouvions vos Informations (A’khbâra-kum)

A nouveau la lecture de Hafç appose un alif suscrit à Mujâhid, le Combattant, qui est la première forme adjectivale active de cette racine.

Il ne semble, ici n’y avoir aucun doute sur le sens, en effet, un peu plus loin, selon la version de Blachère, l’Orateur dit :

« Ne faiblissez donc pas (Fa-lâ tahinû)! N’appelez point à la paix (wa tad‘û I’lâ as-Salmi) alors que vous avez la supériorité (wa A’ntum al-A’‘lûn)! Dieu est avec vous et il n’abolira pas vos Actions. »

La Surat IV : An-Nisâ’ définit en son milieu la guerre selon la “Cité” des Emigrés et des Ançâr, juste après une explication des règles afférantes au prix du sang (94) : “engagez dans le Chemin de Dieu (Darabtum fi-sabîli-l-llahi)à celui qui vous offre la paix (A’lqâ Ilaykum as-Salam): « Tu n’es pas Croyant ! », recherchant ce qu’offre la Vie Immédiate (Duniyâ). Auprès de Dieu sont des prises nombreuses. Ainsi vous vous comportiez antérieurement, Dieu vous a comblé […] »

A nouveau le contexte ne semble pas pouvoir prêter à confusion, ce verset est suivi d’une longue Ayat, la 95 qui comporte le ductus qui suit :

  • L’ Y-STWY ’L-Q‘DWN MN AL-MWMNYN
  • [GYR ’WLY ’L-DRR]
  • W ’L-MJHDWN FY SBYL ’L-LH B-’MWL-HM W ’NFS-HM
  • F-DL ’L-LH ’L-MJHDYN B-’MWL-HM W ’NFS-HM ‘LY ’L-Q‘DYN DRJH W KL’ W‘D ’L-LH ’L-HSNY
  • W FDL ’L-LH ’L-MJHDYN ‘LY ’L-Q‘DYN ’JR’ ‘ZYM’
  • Ils ne sont pas égaux les Siégeants (qâ‘idûn) parmi les Croyants,
  • [sauf les Souffrants (Uwly al-Darari)]
  • et les Combattants sur le Chemin de Dieu par leurs Biens et leurs Âmes (Mujâhidûn fî sabîli al-llahi b-Amwâli-him wa Anfusi-him)
  • Alors Dieu a « privilégié » (ddala) les Combattants sur le Chemin de Dieu par leurs Biens et leurs Âmes sur/contre les Siégeants (Qa‘idîn) un degré (daraja(t)in) et à tous (kullâ) Dieu a « promis » (wa‘ada) le Bienfait (al-Husnâ)
  • Et Dieu préfère les Combattants (Mujâhidîn) sur/contre les Siégeants (Qâ‘idîn) ; Une Récompense (Ajr) Immense …

La phrase entre crochets est considérée par Blachère comme un ajout tardif, ce qui semble correct si on interprète correctement l’opposition entre les Qâ‘id, les Siégeants (au camps) et les « Combattants sur le Chemin de Dieu », qui ici s’efforcent/combattent à l’aide de leurs Biens et de leurs Âmes (ou d’eux-même, de leur personne). Dieu préfère les suivants, il les couvre (ddal) même si tous auront droit à son Bienfait (Husnâ).

Ici aussi la lecture de Hafç ajoute des alif suscrit pour corriger la langue coranique, notamment à Amwâl, pluriel de Mâl, et à Qâ‘id, participe actif.

Cette Surat expose une théorie du Jihad par excellence comme nom de l’action de Daraba : “frapper” ! Et la formulation complète présente  au verset VIII, 72 (supra) : « sur le chemin de Dieu, par leurs Biens et leurs âmes ». On la retrouve dans la surat LXI, Aç-Caff, dans le contexte exégétique qui suit la défaite d’Uhud, après un rappel des difficultés de Jésus, et la mention de l’Apôtre de la Communauté Médinoise : (verset 11) :

Vous croyez en Dieu et en Son Apôtre et vous combattez (tujâhidûn) sur le Chemin de Dieu, par vos biens et vos personnes, et cela (est) meilleur, si vous saviez !

Après la défaite d’Uhud, le langage coranique devient plus varié, dans al-‘Imrân, (III) un long passage appelle les Coalisés à la Constance, en dépit de la débacle ; l’exégèse le connecte à cet événement  et la “Cause de la Descente” Sabâb an-Nizâl conditionne évidemment notre chronologie, même si ce discours peut recouvrir une grande diversité de contexte (notamment si on considère le caractère complémentaire, et répétitif dans le Coran entre “Effort” et “Constance”), la Sîra de Ibn Hishâm vient consolider cette contextualisation, profondément militaire (verset 142) :

’M HSBTM ’N TDKLW’ ’L-JNH W LM’ Y-‘LM ’L-LH ’L-DYN JHDW’ MN-KM W Y-‘LM ’L-CBRYN

Ou bien vous comptez rentrer au Jardin sans que Dieu connaisse ceux qui combattirent (jâhadû) parmi vous et qu’il connaisse les Constants

De fait, le verset 146 dit bien : « Wa Kâ’in mmin nnabiy(in) Q(â)tala Ma‘a-hu Ribiyyûn Kathîr(un) » donc il semble bien que le Rasûl, « Muhammad », qui « n’est qu’un Apôtre » (144) tente un parallèle avec le combat antérieur des Apôtres et leurs cuisants échecs. Cependant, si on mettait le ductus QTL à la voie passive : « Qutila », on supprimerait tout contexte militaire, et il pourrait simplement correspondre à l’effort du martyr, qui s’accorde bien avec la mention du versement du “sang”, et même avec les descriptions de “déplacement” des versets suivants.

Dans la Ma’ida (V), on a deux mentions de la racine, l’une dans une condamnation générale du meurtre, consécutive à l’exemplarité biblique du meurtre d’Abel par Cain (35) :

Y’ ’YH’ ’L-DYN ’MNW’ ’TQW’ ’L-LH W ’BTGW’ ’LYH ’L-WSYLH W JHDW’ FY SBYLH L‘L-KM T-FLHWN

O ceux qui ont cru, Craignez/Ayez foi (Attaqû) Dieu et recherchez (Abtaghû) en lui le Moyen (Wasîla(t)) et Combattez sur Son Chemin, (Jâhidû fy Sabyli-hi) afin que vous réussissiez (Tuflihûn)

On a ici 3 nouveaux “piliers” : « Taqwa », (la foi/la crainte) ; recherche de la « Wasîla », le « Passage », et « Jihâd » avec comme résultat : la « Réussite » : al-Falah

Ce vocabulaire est à nouveau à double usage, mystique et politique.

Dans un passage, un peu plus loin (54), la Surat insiste sur la politique à mener pour un peuple (Qawm) qui aime Dieu et que Dieu aime : il doit être bon avec les Croyants, dur avec les Kâfirîn, il ne craint pas le la Lûma(t), c’est à dire le mauvais œil !

  • Y’ YH’ ’L-DYN ’MNW’ MN Y-RTD MN-KM ‘N DYNH
  • F-SWF Y-’TY ’L-LH B-QWM Y-HB-HM W Y-HBWN-H ’DLH  ‘LY ’L-MWMNYN ’‘ZH ‘LY ’L-K’FRYN Y-JHDWN FI SBYL ’L-LH W L’ Y-K’FWN LWMH L’YM
  • DLK FDL ’L-LH Y-WTY-H MN Y-S’
  • W ’L-LH W’S‘ ‘LYM
  • O ceux qui crurent, quiconque, parmi vous, trahit/apostasie (yartadda) sa Loi (Dîn)…
  • Alors Dieu s’accordera un peuple qu’il aime et qui l’aime, modeste (adhilla(t)in) pour les Croyants et Superbe (A‘izza(t)in) sur les Dénégateurs (Kâfirîn), qui combat sur le Chemin de Dieu (yujâhidûn fî sabîli allahi) et ne craint point le blâme (Lûma(t)a) Blâmant/Blâmeur (Lâ’im(in))
  • Ceci est la préférence (Fadlu) de Dieu qui lui a été accordé comme Il Veut
  • Et Dieu est Longanîme (wâsi‘) et Sachant (‘alîm)

Le premier élément du verset ne semble pas connecté ni au dessus, ni au dessous, preuve de la nature composite des Surat même les plus cohérentes ; on a tout de même, pour le collecteur-lecteur, la volonté de menacer les Murtaddûn, les Traitres-Apostats, et de les comparer à ce peuple presque angélique qui le suit.

La Surat al-Hajj (XXII) s’achève par un Commandement Général, après une longue dénonciation des opposants religieux de Médine, le dernier verset (78) déclare ainsi :

  • W JHDW’ FY ’L-LH HQ JH’D-H
  • HW ’JTB’-KM W M’ J‘L ‘LY-KM FY ’L-DYN MN HRJ
  • MLH ’BY-KM ’BR’HYM
  • HW SM’-KM ’L-M-SLMYN MN QBL W FY HD’ L-Y-KWN ’L-RSWL SHYD’ W T-KWNW’ SHD’ ‘LY ’L-N’S
  • F-’QYMW’ ’L-CL’H W ’TW’ ’L-ZK’H W ’‘TCMW’ B-’L-LH HW MWL’-KM
  • F-N‘M ’L-MWLY W N‘M ’L-NCYR
  • Et Combattez en Dieu ; Vérité de son Combat (Jâhidû fî allahi ; Haqq Jihada-hu)
  • Il vous a élus (Ajtaba)
  • et Il ne vous a pas institué, dans la Loi (Dîn), de gêne (MiN HaRaJin)
  • La Confession (Millat) de votre père Abraham,
  • Il vous a nommés Pacifiés (MuSLiMYN) auparavant, en ceci, afin que l’Apôtre soit témoin, et que vous soyez témoins, contre les/des Gens.
  • Accomplissez donc la Prière (Salât), acquittez l’Aumône (Zakât) et attachez-vous (A‘taçimû) à Dieu.
  • Il est votre Patron (MaWLA).
  • Alors il a affirmé le Patronnage (Mawlâ), et il a affirmé le Secours (Naçîr)

La Surat LX, nommée al-Mumtahana, interdit de contracter avec les Associateurs (Mushrikîn), les Païens, ainsi, son premier verset déclare :

Y’ ’YH’ ’L-DYN ’MNW’ L’ T-TKDW’ ‘DW-Y ‘DW-KM ’WLY’ T-LQWN ’LY-HM B-’L-MWDH QD KFRW’ B-M’  J’-KM MN ’L-HQ Y-KRJWN ’L-RSWL W ’Y’-KM ’N T-WMNW’ B-’L-LH W RB-KM ’N KNTM KRJTM JH’D’ FY SBYL-Y W ’BTG’ MRD’T-Y T-SRWN ’LYHM B-’L-MWDH W ’N’ ’‘LM B-M’ ’KFYTM W M’ ’‘LNTM W MN Y-F‘L-H MN-KM F-QD DL SW’ ’L-SBYL

O vous qui croyez ! Ne prenez pas mes ennemis ou vos ennemis comme Alliés (Awliyâ), vous leur trouvez la (Mudda(t)) ; ils ont renié (kafara) de ce qui vous est venu de Vérité (Haqq) : ils sortent l’Apôtre et Iyya-kum (parce) que vous croyez en Dieu et votre Seigneur ; que/si vous étes sortis un Combat en Mon Chemin (Jihâd fî Sabîlî) et avez recherché (Abtigha’) mon agrément (Mardâtî), leur secrétez-vous la (Mudda(t)) et Je sais ce que vous camouflez et ce que vous publiez et celui qui, parmi vous, le fait, alors le Chemin s’est assombri (Dalla Swa’ as-Sabîli)

La suite de la Surat dénonce le tribalisme.

Enfin, dans al-Hujurat (XLIX), suite à une critique de la conversion superficielle de la tribu Arabe nomade des “Bani Asad”, on pose les fondements d’une réflexion qui oppose l’œuvre démonstratrice à la véritable foi (versets 7 et 8) qui permettront aux mystiques d’utiliser le Jihâd comme la quintessence du combat mystique contre l’impiété. Le verset 15 dit :

  • AN-MA ‘L-MWMNWN ‘L-DYN AMNWA B-‘L-LH W RSWL-H TM LM Y-RT’BW’ W JHDW’ B-‘MWL-HM W ‘NFS-HM FY SBYL A’L-LH
  • ‘WLYK HM ‘L-CDQWN
  • Vraiment ne sont les Croyants que ceux qui crurent en Dieu et en Son Apôtre puis ne doutèrent pas (rtab) et qui combattent (yujâhidû) sur leurs biens et leurs âmes sur le Chemin de Dieu
  • Ceux-là, Ils sont les Véridiques

Désormais, les bases sont posées pour la réflexion piétiste et politico-militaire du champs lexical militaire, la Hijra a disparue dans ces surat tardives, on ne parle plus désormais que de la Croyance, le refus du Doute et le Combat !

La Sûrat ath-Thawba (9), “la Récompense”, est une des plus tardive du “Lectionnaire Arabe”, elle trouve sa « Cause » (Sabâb) dans les circonstances de la prise de La Mekke, 3 passages traitent du Jihâd, le premier (16-24) établit les dispositions pour la réorganisation du Haram de la Ka’ba :

  •  ’M HSBTM ’N T-TRKW’ W LM’ Y-‘LM ’L-LH ’L-DYN JHDW’ MN-KM W LM Y-TKDW’ MN DWN ’L-LH W L’ RSWL-H W L’ ’L-MWMNYN WLYJH
  • W ’L-LH KBYR B-M’ T-‘MLWN
  • […]
  • ’-J‘LTM SQ’YH ’L-H’J W ‘M’RH ’L-MSJD ’L-HR’M K-MN ’MN B-’L-LH W ’L-YWM ’L-’KR W JHD FY SBYL ’L-LH
  • L’ YSTWWN ‘ND ’L-LH
  • W ’L-LH L’ Y-HDY ’L-QWM ’L-Z’LMYN
  • ’L-DYN ’MNW’ W H’JRW’ W JHDW’ FY SBYL ’L-LH B-’MWL-HM W ’NFS-HM ’‘ZM DRJH ‘ND ’L-LH
  • W ’WLYK HM ’L-F’YZWN
  • […]
  • QL IN K’N ’B’W-KM W ’BN’W-KM W ’KW’N-KM W ’ZW’J-KM W ‘SYRT-KM W ’MWL ’QTRF-TMW-H’ W TJ’RH T-KSWN KS’D-H’ W MS’KN T-RDWN-H’ ’HB ’LY-KM MN ’L-LH W RSWL-H W JH’D FY SBYL-H F-T-RBCW’ HTY Y-’TY ’L-LH B-’MR-H W ’L-LH L’ Y-HDY ’L-QWM ’L-F’SQYN
  • Ou bien comptez-vous que vous serez lâchés (lâcherez ?) et que Dieu ne sait pas ceux qui combattent (yujâhidû) parmi vous et ils n’ont pas pris/n’ont pas été pris, ni en dehors de Dieu ni de son Apôtre, ni des Croyants une Walîja(t) ?? (alliance)
  • Et Dieu est un Informé de ce que vous agissez
  • […]
  • Instituyiez-vous/Il vous a été institué  l’Abreuvage (Siqaya(t)) des Pélerins (Hâjj) et l’Entretien (‘Imara(t)) du « Prosternatoir Consacré » a (Masjid al-Harâm)
  • Comme (comparables) de croire en Dieu et en le Jour Dernier et de Combattre sur le Chemin de Dieu (Jâhada fî sabîli allahi)
  • Ils ne sont point égaux en Dieu
  • Et Dieu ne guide point un peuple d’Injustes (Zalimîn)
  • Ceux qui crurent et migrèrent et Combattirent sur le Chemin de Dieu (Jâhadû fî sabîli allahi) de leurs biens et de leurs âmes, sont du plus grand degré en Dieu
  • Et ceux-là Ils sont les Victorieux (Fâ’izûn )
  • […]
  • Dis « Si / Il a dit que
  • vos pères, vos enfants, vos frères, vos époux, vos tribus (‘aShyRaT), les biens que vous gagnez (Aqtaraf-tumu-ha), le Commerce (Tijara) dont vous craignez le déclin (Kasada-ha) et les habitations T-RDaWNa-HA, vous sont plus chers (AHaB ILaY-KM MaNna) que Dieu et son Apôtre et le Combat sur Son Chemin (JiHAD FY-SaBYLi-Hi)
  • alors attendez (Tarabbaçû) jusqu’à ce que Dieu accorde par son ordre.
  • Et Dieu ne guide pas le peuple des Injustes (Fâsiqîn)

Ici, le premier verset n’est pas très explicite, mais les 19-20 sont très clairs, les tâches d’abreuver les pélerins, la Siqaya, traditionnellement accordée aux Hashémites et à l’époque à Al-‘Abbâs, l’oncle du prophète, à en croire Ibn Hishâm, ainsi que l’entretien de la Ka‘ba, sont mis en infériorité en comparaison de « croire en Dieu et au Jour Dernier et de Combattre sur le Chemin de Dieu » “d’avoir cru, migré et combattu”, (on retrouve notre triptique), ce qui est du « plus grand degré en Dieu ». Ici, rien n’associe l’Effort à une Guerre.

Une vingtaine de versets plus loin (41-44) intervient une proclamation avant une expédition militaire, un Ghazzû, à en croire les traditionistes et transmetteurs d’Akhbâr historiques,

  • ’NFRW’ KF’F’ W TQ’L’ W JHDW’ B-’MWL-KM W ’NFS-KM FY SBYL ’L-LH
  • DL-KM KYR L-KM ’N KNTM T-‘LMWN
  • […]
  • L’ Y-ST’DN-K ’L-DYN Y-WMNWN B-’L-LH W ’L-YWM ’L-’KR AN Y-JHDW’ B-’MWL-HM W ’NFS-HM
  • W ’L-LH ‘LYM B-’L-MTQYN
  • Lancez-vous (Anfirû ) et légerement et lourdement et Combattez (jâhidû), par vos biens et vos âmes sur le chemin de Dieu
  • Ceci est Meilleur pour vous si vous appreniez
  • […]
  • Ils ne t’interpellent pas, ceux qui croient en Dieu et au Jour Dernier, ils Combattent (yujâhidû) de leurs Biens et de leurs Âmes
  • Et Dieu (est) Sachant des Craignants-Dieu (Muttaqîn)

Le contexte militaire parait évident dans le premier verset, « élancez-vous », « léger et lourd » et « combattez… » on a la métaphore d’une offensive armée, même si celle-ci peut être une simple allégorie de la mission au risque du martyr. Le second est, pour l’époque qui est censé être celle de la Surat, assez classique.

40 versets plus loin (81-88), on condamne les lâches qui veulent éviter le Combat, s’abstenir du Ghazzû, ou de la mission… 

  • FRH ’L-MKLFWN B-MQ‘D-HM KL’F RSWL ’L-LH W KRHW’ ’N Y-JHDW’ B-’MWL-HM W ’NFS-HM FY SBYL ’L-LH W Q’LW’ L’ T-NFRW’ FY ’L-HR
  • QL N’R JHNM’SD HR’
  • LW K’NW’ Y-FQHWN
  • […]
  • W ’D’ ’NZLT SWRH ’N ’MNW’ B-’L-LH W JHDW’ M‘ RSWL-H ’ST’DN-K ’WLW ’L-TWL MN-HM W Q’LW’ DRN’ NKN M‘ ’L-Q‘DYN
  • […]
  • LKN ’L-RSWL W ’L-DYN ’MNW’ M‘H JHDW’ B-’MWL-HM W ’NFS-HM W ’WLYK L-HM’L-KYR’T W ’WLYK HM ’L-MFLHWN
  • Ils furent content les Suiveurs à leur Siège ils suivirent l’Apôtre de Dieu et Haïrent de combattre de leurs biens et de leurs âmes sur le Chemin de Dieu et ils dirent « Ne partez pas (nfir) dans la Fournaise », Dis/Il a dit : « Le feu de la Géhenne est plus fort en Fournaise ! »
  • S’ils avaient réfléchi !
  • […]
  • Et lorsqu’est descendue une Sura(t) qu’ils croient en Dieu et Combattent avec son Apôtre ils t’interpellent ceux du Tawl parmi eux et ils disent laisse-nous (dhar-na) avec les Siégeants« Qâ‘idîn »
  • […]
  • Mais l’Apôtre et ceux qui ont cru avec lui combattent de leurs biens et de leurs âmes et ceux-là à eux les Bienfaits et ceux là Ils sont les Réussissants

Durant les dernières années de la république médinoise, après la prise de la Mekke en l’an 8, le verset 73 de la Thawba est identique au verset 9 de la Surat at-Tahrîm (66) consacrée aux femmes impies (l’exégèse base celle-ci sur l’affaire du complot de ‘Â’ysha contre Marie l’Egyptienne) qui inclut une admonition aux Croyants, dans laquelle y est incisée cette saillie :

  • Y’ ’YH’ ’L-NBY JHD ’L-KF’R W ’L-MN’FQYN
  • W ’GLZ ‘LY-HM
  • W M’W’-HM JHNM W BYS ’L-MCYR
  • O celui qui est le Prophète ! Combat (Jâhidi ) les Dénégateurs (Kuffâr) et les Hypocrites (Munâfiqîn)
  • et écrase sur eux.
  • Leur refuge (est) l’Enfer, et quel Mal que (cette) Destination !

Ici, la thématique est particulière, le Prophète est expressément appelé à combattre les Kuffâr, pluriel « raccourci » de Kâfir, qui tranche avec les pluriels couramment utilisés dans le Coran et qui viennent de l’araméen talmudique (-YM==>-YN), on a ici une expression très dialectale, très arabe, qui sort d’un contexte peu coranique en réalité. La guerre est déclarée à l’infidélité, on a le devoir de s’empresser de les envoyer au Feu de l’Enfer !