1 : Deuxième guerre punique :
En 220 avant notre-ère, la république de Carthage contrôle la bande littorale de « l’Afrique », d’Hippone à Syrte. Elle a perdu sa colonie Sarde durant la première guerre punique mais conserve ses positions en Sicile occidentale, le royaume hélléntistique de Syracuse étant neutre. En Espagne, le réseau de comptoirs et ses relations avec les Etats Tartessiens et Ibériques a été transformé en un véritable empire, sous la férule de la famille des Suffètes Barcides. Une délimitation des aires d’influence avec Rome passe à peu près au milieu de la côte méditerraéenne.
Les confins « Lixites » de l’aire culturelle punique semblent fédérer des populations « libyques » et des populations éthiopiennes en un véritable Etat, d’inspiration héllénistique et carthaginoise. Cette fédération possède un Roi, appelé Bocchar.
Lorsque l’armée romaine s’implante à la fois en Sicile et au sud de sa ligne d’influence en Espagne, les Barcides réagissent et lancent une grande offensive sur l’Italie, dirigée par le célèbre Hannibal.
A cette époque, Gaïa, roi de la fédération Massyle (Numidie Orientale =Tunisie Occidentale) se méfie de son suzerain, empereur du peuple Numide, Syphax, originaire de Siga (Oranie), qui règne depuis Cirta (Constantine). Syphax fait alliance avec Rome et écrase Carthage, ayant reçu une formation d’infanterie de la république. Le Sénat de Carthage convaint donc Gaïa d’une alliance afin d’éviter que Syphax ne débarque en Espagne pour prendre les Barcides à revers. Syphax est battu par son jeune et ambitieux fils, Massinissa, qui le pourchasse en Maurusie et l’y écrase, vers 215
Peu après, Massinissa et son armée numide, désormais surpuissante, passe en Espagne et combat les armée romains et les ibères de leurs alliés. Mais, apprenant la mort de son père, puis de son oncle, et la faiblesse de la position de son neveu héritier, il décide de revenir sur le continent Libyen, et sollicite, pour traverser les Etats de Syphax, une armée de 4000 cavaliers du roi Bocchar, vers 213.
Massinissa se voit promettre d’épouser la fille d’un des plus puissant carthaginois, Sophonisbe, mais finalement, Carthage préfère s’allier avec le souverain légitime, Syphax, et lui donne la promise, en 206. Massinissa, voyant la ruine prochaine de son petit Etat, s’allie avec les Scipions, et écrase Syphax aux « petites plaines », dans l’Algérois, en 203.
2 : Guerre de Jugurtha et guerre marianiste
On perd la trace du royaume Maurusien, sans doute la cité de Tanger se développe-t-elle comme co-capitale, avec Volubilis, ainsi que le port de Sala et celui de Thamusida, Babba et Banasa sont des villes secondaires, tandis que Zilis et Tamuda se développent sur la péninsule, Lixos reste une cité à part.
Durant le troisième guerre punique, on ne sait rien des confins atlantiques de la Numidie, Jugurtha, petit-fils de Massinissa, établit son empire sur la moitié orientale, tandis que les romains font de l’Afrique côtière une province.
Lorsque Jugurtha veut profiter des divisions romaines et se lance à l’assaut de l’Afique côtière, les romains comprennent qu’ils doivent s’implanter en Numidie.
Jugurtha, battu, se réfugie en Maurusie en 105, à la cour du roi Bocchus, petit fils (peut-être) de Bocchar. Sylla, envoyé par Marius, à la tête des opérations en Afrique, négocier sa rédition à Tanger, est lui-même pris en otage. Pendant plusieurs jours, Bocchus hésite à faire alliance avec Jugurtha et à obtenir ainsi le contrôle du pays de Siga, car Sylla n’est pas habilité à lui faire ce type de concession territoriale, mais, comprenant la puissance des romains qu’il connaisit pourtant peu, il finit par livrer son allié. Peu après, Marius lui concède ses réclamations.
Un autre général marianiste est en Espagne, rival de Sylla, il établit l’Espagne comme royaume indépendant, Bocchus et ses successeurs (Sosus ?) sont donc ses vassaux. En 83, des corsaires ciliciens à la solde de Sylla poussent les Tingitans à se donner un certain Ascalis fils d’Iphta comme roi ; Sertorius débarque pour remettre le roi légitime (Bocchus ou Sosus ?) depuis Carthagène. A cette occasion, il aurait découvert la tombe d’Antée, guidé par les Maurusiens.
Peu après, il retourne en Espagne et Pompée est envoyé par Sylla en 81 rétablir l’ordre en Afrique, il met au pas les Massyles, il a sans doute agit pour stabiliser la Maurusie, mais on ne sait pas le détail.
La numismatique mentionne pour ces années le roi Sosus/Mastanasosus. A cette époque
3 : Guerres Civiles du premier Triumvirat
Alors que Pompée et Crassus règent à Rome, un certain Sittius, partisan du fils héritier de Sylla et grand financier Campanien se rend en Espagne pour le compte de Sylla le Jeune, fils et héritier du dictateur. Il va notamment en Maurétanie pour solder les dettes du roi (Sosus), alors qu’il est en grandes difficultés financières, en 64.
Il est accusé de participer à la conjuration de Catilina, et reçoit le soutien de Cicéron. Il y a très probablement établit une armée, et peut-être envsageait-il de conjuguer ses efforts avec le gouverneur d’Espagne Citérieure Pison, contre Crassus. Sans doute cette armée est elle plutôt une commande de la monarchie boccharide, qui, comme à d’aures époque, souffre d’un retard en stratégie, en infanterie et en exercice.
Cependant, il faut attendre la phase césarienne de la guerre civile, et notamment en 47, pour revoir ce fameux Sittius, clairement devenu général de Bocchus II, héritier du royaume Maurusien, avec son frère Bogud.
Tous d’eux s’attaquent au parti Pompéien en Afrique, attaquant Scipion et Juba en Numidie-Africa Nova, ce faisant, ils écrasent un rival et étendent la « Maurétanie » au Constantinois, en prenant notamment Cirta. Mais ils adhèrent ainsi à la clientèle césarienne, qui s’en souviendra. Bogud, à Tanger, avait déjà du subir une offensive de Pompée le Jeune qui les avaient conduits à s’affronter pour défendre la cité d’Ascurum (non localisée).
Bogud restera profondémment fidèle à César, ainsi que Sittius, qui débarquent tous deux en 45 en Espagne pour assister les Populares contre Pompée. Cependant, il semble que Bocchus, de son côté, ait adopté le parti des « Républicains ».
Bogud garantie ainsi sa main-mise sur la Tingitane, tandis que Bocchus est relégué à la Maurétanie Orientale, perdant le Constantinois, intégré à l’Africa Nova. Juba II, héritier de la dynastie Massyle Gaïde est l’otage de la maison julienne, il va échouer dans la demeure d’Octavie, aînée du jeune Octave.
4 : Guerres Civiles du Second Triumvirat
Peu après l’assassinat de César, Arabio, fils de Massinissa II et cousin de Juba Ier, assassine Sittius, Procurateur de César en Maurétanie, en 43. Il s’allie donc naturellement au parti républicain, le triumvirat va devoir soutenir les deux rois frères, Bogud de Tanger et Bocchus de Iole contre cette tentative d’empire africain indépendant.
Avec l’éclatement du triumvirat, Bocchus choisit de soutenir Antoine et ses partisans en Espagne, dès 41. Bogud reste quant à lui fidèlement césarien, et s’embarque vers 38 pour combattre Octavien en Espagne.
Peu après cependant, les partisans d’Octavien parviennent à soulever les Tingitans, qui appellent Bocchus à leur tête. Octavien conforte Bocchus sur son trône et accorde le droit de cité à la noblesse tingitane. Cet acte parachève le rôle spécifique de Tanger. Bogud, lui, s’enfuit en Egypte.
En 33, à la mort de Bocchus, sa dynastie n’est pas reconduite, et le royaume devient une province impériale. A cette époque, le jeune Juba parachève son cycle universitaire, il étudie les textes grecques et latins avec passion, et se procure également les ouvrages puniques de Carthage et ceux du monde numide.
En 27, Octavien, accompagné du jeune Juba, se rend en Espagne pour écraser les dernières flammes de rébellion et le nouvel « Auguste » lui accorde le royaume de Maurétanie, ainsi que des territoires Gétules, en compensation de l’Africa Nova.
Pendant ce temps, Auguste a transformé les bourgades de Babba, Banasa et Zilis en colonies de droit latin. Juba II dédie la cité capitale de Iole à son empereur, et la renomme Césarée.
Quelques années plus tard, en 19, la jeune Cléopatre Sélénè, fille d’Antoine et de Cléopatre lui est accordé comme épouse, il l’aurait rencontré dans la Domus d’Octavie à Rome, où elle était otage.
5 : Sous les Julio-Claudiens
69 : Lucceius Albinus, gouverneur de Césarienne, puis de toutes les Maurétanies sous Néron, se fait appeler Roi Juba, et menace l’Espagne, Vitellius le fait éliminer.
Le couple maurétanien se fait édifier un mausolée monumental à Tipaza en banlieue de Césarée, il enfante au début de notre ère du jeune Ptolémée, élevé dans le luxe et l’oisiveté, il sera un piètre homme d’Etat. Il hérite du trône au cours du principat de Tibère, et laisse se propager une insurrection de numides et de Gétules, allié à un « maure », Mazippa, sous la férule de Tacfarinas.
En l’an 24, Rome ordonne qu’il mette bon ordre à la rébellion il est donc envoyé aec sa cavalerie comme remède à leur tactique de guerilla qui résiste aux légions d’Afrique. Il reporte la victoire dans l’Algérois (Auzia).
En 40, il est invité à Rome par son suzerain Caligula, lui aussi deveu l’esclave de ses passions et de ses affranchis courtisans. Il est assassiné par le prince de Rome, au prétexte de sa magnifique toge en pourpre de Kernè.
Peu après, l’empereur est à son tour éliminé, et Claude lui succède. Il envoie Suetonius Paulinus restaurer l’ordre en Maurétanie, en proie à la plus grande confusion, en 41, celui-ci écrase Aedemon, affranchi de Ptolémée, qui revendiquait sans doute le trône pour lui-même.
La cité capitale de Tingitane, Volubilis, n’entend pas se placer sous l’autorité de ce dernier, et soutient les légions romaines à l’instigation de son suffète, également citoyen romain, Valerius Severus fils de Bostar. Claude lui accorde en récompense le titre de municipe de droit romain, tandis qu’il fait passer les villes indigènes de Tanger et Lixos au statut de colonies romaines.
Suetonius Paulinus et ses alliés Mauro-gétules occidentaux pénètrent dans l’Atlas à la poursuite d’Aedemone et l’année suivante, son second, Geta, atteint les déserts de la Hamada du Guir, à la poursuite du général d’Aedemon, Salabus.
En 44, la Maurétanie est partagée entre la « Tingitane », et la Césarienne, sous le gouverneent d’un procurteur de rang équestre.
A la chute de Néron, en 69, le gouverneur de Césarienne, Lucceius Albinus, qui avait pu annexer la Tingitane, se proclame « roi » et se fait appeler Juba. La formation d’un nouvel Etat rebelle en Afrique, qui menace directement la Bétique, pousse Vitellius, Prince durant 3 mois, à le faire éliminer.
Durat deux siècles, la civilisation romaine va finalement s’épanouir en Tingitane.