R. Caillié, Mort et Naissance chez les Braknas, 1828

Les Maures ne s’affligent de la mort de personne; ils trouveraient au contraire très mauvais qu’on pleurât sur le défunt, dans la persuasion que son ame monte droit au ciel. On lui rase tout le corps, à l’exception de la barbe ; on l’ensevelit dans un linceul blanc, après l’avoir lavé exactement; puis on le laisse exposé sous sa tente pendant quatre jours, durant lesquels les marabouts se réunissent près de lui, et chantent le Coran.

 Si les parens du défunt sont riches, ils tuent un bœuf pour régaler les chanteurs; s’ils sont pauvres, ils leur donnent seulement du sanglé chaque soir. Le cinquième jour, on fait une fosse de deux pieds et demi de profondeur ; on met le corps dedans, couché sur le côté et la face tournée du côté de la Mecque. On garnit d’épines le dessus de la fosse pour en écarter les bêtes

féroces. Si le défunt est d’un rang distingué, on tapisse de nattes le dedans de la fosse. Le tombeau recouvert, on y place une inscription; les marabouts font le salam, puis s’en retournent au camp.

 Les hassanes et les zénagues n’enterrent pas eux-mêmes leurs morts ; ils ont recours aux marabouts, qui se chargent de les inhumer moyennant une légère rétribution. Les femmes n’assistent jamais à l’enterrement des hommes, et réciproquement.

 Lorsqu’il naît un enfant, on lui frotte tout le corps avec du beurre frais; on en fait prendre à l’accouchée ; on en frotte aussi sa figure, et on ne la nourrit que de viande jusqu’à son entier rétablissement. Le mari a soin de s’absenter lors des couches de sa femme; car dès qu’elle ressent les premières douleurs, elle pousse des cris horribles, et adresse à son mari les injures les plus grossières et les plus indécentes : c’est encore un usage. Quand l’enfant a acquis un peu de force, on attache une pagne par les quatre coins, en forme de hamac, pour lui servir de lit et de berceau.

C’est ordinairement la mère qui allaite son enfant.