Ibn al-Athir, 1207 : Prince d’Acre et Al-‘Adil, v. 1250

Les Francs qui se trouvaient à Tripoli et à Hiçn-Al-Akrâd firent de nombreuses incursions sur le pays de Hims et les cantons qui en dépendaient, et assiégèrent la ville elle-même. Ils étaient en grand nombre, et le prince de Hims, Assad-ad-Dîn Shîrkuh b. Muhammad b. Shîrkuh, n’avait pas la force de leur retirer, et ne pouvait les repousser ni s’opposer à eux. Il demanda du secours à Ad-Dzâhir Ghâzî, prince de Halab, et à d’autres rois de la Syrie; Mais il n’y eut que Dzâhir qui le secourût.
Ce prince lui envoya une armée qui séjourna près de lui, et empêcha les Francs d’attaquer son territoire. Dans la suite, Al-Malik Al-‘Âdil sortit d’Egypte avec des troupes nombreuses et se dirigea vers la ville d’Acre. Le prince franc de cette ville fit la paix avec lui, moyennant un engagement qu’il prit de remettre en liberté des captifs musulmans et moyennant d’autres conventions.
Al-‘Âdil se porta ensuite vers la ville d’Hims, et assît son camp près du lac de Qadâs. Les armées de l’Orient et de Jazîra vinrent le trouver. Il entra sur le territoire de Tripoli, assiégea une localité du nom d’Al-Qulay‘ât, la prit par capitulation, en renvoya libre le gouverneur, mit au pillage les bêtes de charge et les armes qui s’y trouvaient, et la démolit.
Il s’avança ensuite vers Tripoli, pillant, brûlant, faisant des captifs et du butin, après quoi il s’en retourna dans la direction du lac de Qadâs. La durée de son séjour sur le territoire des Francs avait été de 12 J. Des envoyés allèrent et vinrent entre lui et les Francs pour traiter de la paix. Mais aucune convention ne fut conclue, l’hiver arriva, et les troupes des régions Est demandèrent à retourner dans leurs pays avant les grands froids. Le sultan laissa un détachement de son armée à Hims, près du prince de cette ville.
Quant à lui, il retourna à Damas, et y prit ses quartiers d’hiver. Les troupes de Jazîra se retirèrent dans leur pays. Al-‘Âdil avait quitté l’Egypte avec ses troupes, parce que les Francs de l’île de Chypre, s’étaient emparés de plusieurs vaisseaux de la flotte égyptienne, et avaient fait prisonnier l’équipage.
Le sultan avait envoyé un messager au prince d’Akka, pour traiter de la restitution de ce qui avait été pris. « Nous sommes en paix, lui faisait-il dire; pourquoi donc avez-vous usé de perfidie envers nos compagnons? » Le prince d’Akka s’excusa sur ce qu’il ne possédait aucune autorité sur les habitants de Chypre, qui dans leurs besoins avaient recours aux Francs établis à Constantinople.
Dans la suite, les gens de Chypre se rendirent à Constantinople, à cause d’une disette qui les atteignit, et par suite de laquelle les vivres vinrent à leur manquer. L’autorité sur l’île de Chypre revint au prince d’Akka, et Al-‘Âdil lui envoya un nouveau message; mais aucune décision ne fut prise à ce sujet. En conséquence, le sultan partit d’Egypte avec son année, et fit près d’Akka ce que nous avons raconté. Le prince de cette ville consentit alors à sa demande et relâcha les prisonniers.