Eusèbe de Césarée, III, 27, Dénonciation de l’hérésie des ébionites (judéo-chrétiens : nazaréens), v. 315 n-è

Le démon malfaisant, ne réussissant pas à en détacher d’autres de l’amour du Christ de Dieu, s’empara d’eux par un côté où il les trouva accessibles. Ces nouveaux hérétiques furent à bon droit appelés, dès l’origine, Ebionites, parce qu’ils avaient sur le Christ des pensées pauvres et humbles. Celui-ci leur apparaissait dans leurs conceptions comme un être simple et vulgaire ; devenu juste par le progrès de sa vertu, il n’était qu’un mortel qui devait sa naissance à l’union de Marie et d’un homme. L’observance de la loi mosaïque leur était tout à fait nécessaire, parce qu’ils ne devaient pas être sauvés par la seule foi au Christ, non plus que par une vie conforme à cette foi.

II y en avait cependant d’autres qui portaient le même nom et qui se gardaient de la sottise de ceux- ci. Ils ne niaient pas que le Seigneur fût né d’une vierge et du Saint-Esprit ; mais, comme eux, ils n’admettaient pas sa préexistence, quoiqu’il fût le Verbe divin et la Sagesse, et ils revenaient ainsi à l’impiété des premiers. Leur ressemblance avec les autres est surtout dans le zèle charnel qu’ils mettaient à accomplir les prescriptions de la loi. Ils pensaient que les épîtres de l’apôtre doivent être rejetées complètement, et ils l’appelaient un apostat de la loi. Ils ne se servaient que de l’Évangile aux Hébreux et faisaient peu de cas des autres. Ils gardaient le sabbat et le reste des habitudes judaïques, ainsi que les autres Ébionites ; cependant ils célébraient les dimanches à peu près comme nous, en mémoire de la résurrection du Sauveur. Une telle conception leur a valu le nom d’Ébionites, qui convient assez pour exprimer la pauvreté de leur intelligence, puisque c’est par ce terme que les Hébreux désignent les mendiants .