En l’année (sic : 940/629) des Grecs en laquelle les Perses sortirent de la Mésopotamie (Bêth Nahrîn) et Héraclius vint a Edesse — Saint Mar Gabriel fut consacré évêque, par le patriarche Athanase, dans le monastère de Mar Jacques qui est sur la montagne de Qôrôs.
Et plus tard, en (son) temps, saint Mar Gabriel alla près du calife des Hanfê, qui est ‘Umar bar Kattâb, à la ville de Gezîrtâ, et le reçut avec grande joie.
Lorsque eut demeuré un peu près de lui, il demanda au calife son sceau sur parchemin pour les canons et au sujet des lois des Syriens, et au sujet des cloches et au sujet des processions qu’ils font aux fêtes du Seigneur et au sujet des croix, s’ils seront empêchés, et sur les églises et les monastères et au sujet des prêtres et des diacres pour qu’ils ne fussent pas soumis au tribut, et au sujet des moines pour qu’ils fussent libres de dire des antiennes (ma‘nyatâ) devant les morts en sortant de la maison pour les accompagner, et de dire des antiennes et des hymnes, devant les martyrs et devant l’évêque lorsqu’il va visiter son troupeau, et tout ce qu’ils voudraient selon leurs coutumes, de sorte que personne ne les vexât et qu’ils ne fussent pas privés de leurs lois (namôsî-hn)
Et le calife se réjouit à l’arrivée de Saint Mâr Gabriel et lui donna sa signature pour qu’il bâtit de» églises et des monastères comme il le voudrait, et il lui donna pouvoir depuis le Tour ‘Abdin jusqu’à Babel, et il l’honora beaucoup, parce que Mâr Gabriel était du parti des Arabes, et lorsqu’ils vinrent dans ce pays, il les fit dominer sur lui et il fit disparaître de ces lieux les Romains mauvais.
Et ‘Umar savait que saint Mar Gabriel était un élu de Dieu et que sa prière était entendue de Dieu : — tout ce qu’il demandait au Seigneur, Il le lui donnait, — et il agréa ses paroles et il vint avec lui en ce pays, et il le lui soumit et il dit au saint :
« Demande tout ce que tu veux »
Et il lui demanda la pitié pour tous les Syriens, pour les églises et pour les monastères, et surtout pour son monastère.
Et il lui donna un écrit signé de lui, et voilà qu’il subsiste jusque maintenant, et il y était écrit que les prêtres et les diacres ne payeraient pas tribut et que le cultivateur riche, homme, donnerait quatre zûzê.
II ordonna encore dans son écrit que si l’un des Hanfê trouvait un Syrien dans la montagne ou sur la route, il irait avec lui jusqu’à sa maison ; et s’il en voyait un qui dormait dans la montagne ou dans la vigne ou dans un champ, il demeurerait près de lui et le protégerait jusqu’à sa maison.
Il fit encore beaucoup d’ordonnances sur les orphelins, les pauvres et les veuves pour qu’on eût pitié d’eux, et pour les choses de l’église et les fêtes : lorsqu’on sort au temps des funérailles et qu’on fait procession, à la fête des Rameaux et au vendredi de la Crucifixion et à la fête de la Résurrection, quand on sort avec des croix et que les prêtres et les diacres revêtent leurs ornements, pour que personne ne les en empêchât.
« Et quiconque leur nuira tombera sous la malédiction : il sera ici au jugement et aux coups, et là à la géhenne et au supplice, parce qu’il a foulé aux pieds notre commandement et le commandement du prophète de Dieu (nabîh d-Alahâ) Mhamed. »
Et ensuite Mar Gabriel prit rescrit de ces ordres, il le reçut et retourna avec grande joie à son monastère, en priant pour ‘Omar; et il remercia Dieu qui lui avait fait trouver miséricorde près de lui. Gloire à Dieu ! lequel exalte les serviteurs qui honorent son nom. A lui gloire, honneur et adoration, maintenant et toujours, dansées siècles des siècles! Amen.