Albert Cousin, Tanger, 1902

Très nombreux sont les ouvrages, études, relations et articles qui ont paru sur le Maroc en général. Mais il n’en est pas de même au sujet de Tanger spécialement. Cette ville marocaine qui se trouve à quelques heures de l’Europe est cependant très particulière, et, quoiqu’elle soit, chaque année, visitée par de nombreux touristes, elle nest pas très connue telle qu’elle est. Cela tient vraisemblablement à ce que l’on ne trouve pas réunis dans un livre les renseignements dont la connaissance est indispensable pour l’étude d’une ville.

En 1898, durant un premier séjour à Tanger, je fis à toute personne susceptible de me renseigner autant de questions qu’ il m’ était possible d’en faire sans risquer d’êire importun, et je notai les réponses. Puis, après mon retour, j’entretins par correspondance de bonnes relations avec quelques Européens habitant Tanger, et j’obtins ainsi diverses indications utiles.

Quand, en septembre 1901, je retournai dans cette ville Marocaine, je me livrai à une enquête complète, et je fus favorisé par la très grande obligeance que je rencontrai partout.

En publiant ce livre j’ai voulu me rendre utile, et tout principalement détruire les nombreux préjugés dont Tanger est victime. S’il s’y trouve des lacunes ou des erreurs, je crois avoir quelque droit à V indulgence du public, car les renseignements que je publie sur Tanger, je ne les ai eus pour la plupart que verbalement. Exception faite du placard de la poste française, je n’ai pas été aidé par des avis, règlements et tarifs imprimés tels quil s’en trouve dans toute ville. Aussi serai-je très reconnaissant à tout lecteur qui voudra bien me signaler les corrections et additions jugées nécessaires.

Une ville africaine de 40 000 habitants, D’où l’on aperçoit les côtes d’Espagne qui ne sont distantes d’elle que de 14 milles, Où:

Il n’y a ni tramways, ni automobiles, ni vélocipèdes,

Tous transports sont effectués par des chevaux, des mules, des ânes, des hommes et des femmes.

Quoique la police ne soit faite que par quelques soldats, les crimes ne sont pas plus nombreux que dans les villes européennes de même importance,

Les incendies ne sont ni plus fréquents, ni plus destructeurs qu’ailleurs, malgré la non existence d’un corps de pompiers,

La religion musulmane est pratiquée avec ferveur,

Le drapeau rouge sans aucun attribut est le drapeau national,

Mais où :

Toutes les puissances européennes sont représentées par des ministres plénipotentiaires et des consuls, alors que quelques-unes de ces puissances n’ont d’autres nationaux que leurs délégués et les gens au service de ceux-ci,

L’éclairage des rues et de nombreuses maisons a lieu par électricité, le téléphone est installé, atterrissent 3 câbles sous-marins, fonctionnent 4 postes européennes et une poste nationale, les religions catholique, protestante et juive sont pratiquées sans entrave d’aucune sorte.

Les Européens sont affranchis de tous impôts, et leur liberté est absolue.

Cette ville, c’est TANGER.

Aussi dans tous les ouvrages qui parlent d’elle, a-t-on employé invariablement à son sujet les qualificatifs de bizarre et pittoresque.
[…]
En 1437 et 1464, elle repoussa les attaques des Portugais, mais ils s’en emparèrent en 1471 et la gardèrent jusqu’en 1662. A ce moment elle tut remise au roi Charles II d’Angleterre comme dot de l’infante Catherine qu’il avait épousée. Il en fit un port franc et dépensa de grosses sommes pour le fortifier et améliorer la rade ; mais en 1684, le Parlement refusa les crédits, et la garnison dut évacuer la place après l’avoir démantelée. En 1790, les Espagnols bombardèrent Tanger ; le 6 août 1844, les Français firent de même ; le 10 septembre 1844 fut signé le traité de Tanger entre la France et le Maroc.

Jirrivée à Tanger

Le bateau qui vous amène n’a pas encore stoppé, qu’il est entouré d’une foule de canots montés par des Arabes, et dès qu’il jette l’ancre, les bateliers, grimpant de tous côtés avec agilité, viennent se disputer les passagers et leurs bagages. Gare au malheureux voyageur qui ne sera pas attendu, car lui et ses bagages seront l’objet de la dispute de tous ces forcenés qui voudront avoir sa clientèle (1).

Quand une barque vous aura transporté au Môle (Waqf), ne croyez pas, en voyant cet appontement moderne, que vous allez entrer dans une ville maritime organisée comme toutes celles de son importance, vous vous méprendriez fort. Le Môle est à Tanger ce qui serait une serrure modern style à un bahut du XVIIIè siècle.

Au bout du Waqf vous vous arrêterez devant le petit pavillon où se trouvent, majestueusement accroupis, dans la posture orientale, trois superbes Arabes. Arrêtez-vous ! Vous êtes devant trois hauts fonctionnaires préposés au contrôle et à la recette des douanes. Très poliment, ils vous demanderont, en arabe, si vous n’avez rien à déclarer, mais la déférence que vous aurez pour eux réduira les formalités douanières à un échange de saluts. Pour votre première étude de mœurs marocaines, regardez bien ces beaux Arabes, et vous serez frappé par la blancheur et la délicatesse de leur teint, par la finesse de leurs mains soignées, ainsi que par l’art apporté dans la draperie de leurs burnous.

En quittant le Môle vous passez sous la porte dite « de la Marine », puis vous gravissez une rue très étroite bordée de hauts murs.

Cette rue est fort encombrée, aussi comme elle n’a pas de trottoirs, et que ses pavés, si l’on peut appeler ainsi les cailloux enfoncés dans la terre,
sont très glissants, ayez soin de vous garer des gens et des bêtes, et surtout des charges de celles-ci.

Tout ce qui entre à Tanger, et tout ce qui en sort passe par cette voie. Un coup d’œil sur le tableau d’importation ci-après reproduit donnera une idée des embarras qui, nécessairement, se produisent, surtout si l’on considère qu’il n’y a à Tanger ni camion, ni chemin de fer.

Mules mulets, ânes, chevaux non bridés, et dont le seul harnais consiste en un bât, tous ces animaux qui, quelle que soit leur race, quel que soit leur sexe, sont indistinctement dénommés par le mot espagnol « borricos », gravissent ou descendent la rue à leur fantaisie. Aussi quand ils portent, par exemple, de longues poutrelles en bois ou en fer, ou bien encore du charbon de terre, est-il prudent pour chaque passant de s’efforcer de les maintenir avec la canne ou le parasol à la distance nécessaire. C’est le meilleur moyen de se garer, et par conséquent de tenir compte des cris au « baleck » « baleck » dont vous assourdissent les Arabes.

Arrivé au tournant de la rue, celle-ci est traversée par une autre qui, à droite va du côté de l’Hôtel Continental, et à gauche aboutit à la porte donnant sur le quartier du nouveau Tanger, appelé quartier de la plage. Mais si vous continuez à gravir la rue dans laquelle vous vous trouvez, vous arrivez dans la voie la plus importante et la plus mouvementée de l’ancien Tanger. A gauche vous voyez la grande mosquée, l’un des rares monuments de Tanger. N’essayez pas d’y pénétrer, l’entrée vous en est interdite si vous êtes chrétien, ou juif. La partie de la rue qui se trouve devant la façade de la mosquée est constamment inondée, mais il ne faudrait pas croire que ce soit une bouche de conduite d’eau qui aurait été ouverte, non, car il n’y en a pas à Tanger. C’est tout simplement l’eau qui sort des grands bassins servant aux ablutions des Arabes pieux.

Un peu plus loin sur l’autre rang l’on est très intrigué à la vue d’espèces de cases alignées^ et dans chacune desquelles se trouve accroupi un Arabe vénérable, majestueux non seulement par sa tenue mais par son entourage de livres et de dossiers. Ces pontifes qui ne céderaient rien en dignité à leurs confrères européens, sont des « adouls », c’est-à-dire des notaires. Ne cherchez pas à les photographier, car vous les désobligeriez Tout ce que vous pouvez faire, c’est de prendre l’ensemble des études des adouls.

Petit Socco. — Rue du Siaghin. — Continuez toujours votre chemin et vous arriverez à la place centrale dénommée « petit Soko », Sokito, ou place des postes. Vous y viendrez souvent si vous restez quelque temps à Tanger, car c’est là que se trouvent les bureaux de poste français, anglais, allemand, espagnol, plusieurs cafés français, anglais, allemands, espagnols la succursale du Comptoir d’Escompte et le meilleur marchand de cigares et de cigarettes. Puis dans une rue toute voisine est établi un photographe qui développera très bien vos clichés si vous en prenez.

Mais traversez le petit Soko en ligne droite et vous entrerez dans la rue du Siaghin qui est à Tanguer ce que sont la Canebière à Marseille, et la Puerta del Sol à Madrid. De chaque côté sont de nombreuses boutiques arabes et européennes. Au milieu et à gauche se trouve la mission catholique des franciscains espagnols, et un peu plus loin le bureau de téléphone. Au bout de la rue et toujours fétiche, le marché dit « couvert » quoiqu’il ne le soit que très partiellement.

Si vous continuez en ligne droite, vous sortez de la rue. A gauche vous apercevez le « grand Socco », et à droite « le Marchan ».

Ce que je viens de décrire ne comprend pas l’ancien Tanger, par conséquent avant de sortir, pour parler de ce qui est en dehors des anciennes fortifications, je reviens au petit Socco,

Rue DES Agences. — Ici prenant à gauche de la poste allemande, si l’on oblique immédiatement à droite l’on entre dans la rue dite « des Agences », dénomination bien appropriée, car la plupart des maisons sont occupées par des bureaux soit d’agences de navigation, soit de représentations de maisons commerciales d’Europe.

RuE DU KiFF. — Si vous voulez aller aux bureaux de la légation de France, remontez tout la rue du Siaghuin, et presque à son extrémité, en face d’un fondack et de l’office du téléphone, vous prendrez à droite une rue qui descend, puis remonte. A peu près au milieu de cette rue, dénommmée rue du Kiff, vous entrerez dans une petite rue à droite. C’est au coin de ces deux voies que son les bureaux de la Légation de France et l’ancienne habitation du Ministre de France.

Kasbah. — Vous êtes très près de la Kasbah mais pour vous y rendre vous aurez à passer par un dédale de petites rues.

La Kasbah est sur une hauteur d’où l’on pourrait; commander au Nord et à l’Est les routes du détroit de Gibraltar. Elle comprend : le palais du Gouverneur, les bureaux du Gouvernement, la maison de Justice, une mosquée et une prison.

Le palais du Gouverneur, le Méchouar et la prison bordent la place rectangulaire du Bit El Mal.

Le Méchouar est un grand portique avec colonnes de marbre et précédé d’une grille. Tous les jours de 8 heures à 11 heures le Cadi, assis sur un tapis, y rend la justice. Les audiences de ce tribunal sont des plus intéressantes. La volubilité des plaideurs est grande, l’ardeur avec laquelle ils attestent leurs droits n’est pas moindre, la sérénité du Cadi est parfaite, et l’exécution de la sentence qui consiste souvent en coups de bâton, est très rapide.

Grand Socco— Devant la porte principale de Tanger, porte à laquelle conduit la rue du Siaghin, est le grand Soko ou un marché a lieu tous les jours. Le jeudi et le dimanche de nombreux Arabes du Sud y viennent de très loin pour la vente de bestiaux, chevaux, mules, mulets et ânes. Le marché aux bœufs y était tenu jusque dans ces derniers temps, mais à raison de son importance qui grandissait beaucoup, il a été transporté dans le faubourg San-Francisco.

Nouveau Tanger

L’immigration européenne a fait déborder Tanger au delà de ses murs d’enceinte. Des quartiers assez différents l’un de l’autre ont été créés : à l’Ouest, le Marchan et le Chemin de la Montagne ; au Sud-Ouest, San Francisco; au Sud, le Madhi et au Sud-Est, la Plage.

Du grand Socco partent plusieurs voies qui, tant qu’elles sont bordées d’habitations, peuvent être qualifiées routes ou chemins, mais qui, après, ne sont plus que des pistes.

La première à droite en sortant de la ville est la route du Marchan, puis ce sont, en allant de l’Ouest à l’Est par le Sud :

La route de la Montagne aboutissant au Cap Spartel;
Le Chemin de San Francisco;
le Chemin du Madhi
et la route de Fez.

Quartier du Marchan :

La nouvelle route par laquelle l’on a accès au plateau de ce nom est appelée Passéo Conarro : elle est carrossable sur une longueur de 1000 mètres environ, passe devant la légation d’Allemagne, le cimetière chrétien, la fabrique de cigarettes et cigares Sananès y Benassayag, et monte à gauche suivant une pente douce, tandis que l’ancienne route qu’il faut gravir pour aller au télégraphe anglais, se prolonge parallèlement à l’enceinte de la ville jusqu’à la porte de la Kasba et aboutit à ‘hôpital israélite. Celui-ci se trouve sur le plateau même, ainsi que l’hôpital français et l’hôpital anglais.

Nombreuses villas.

Quartier Hamona et quartier de la Montagne

La route de la Montagne se détache du grand Socco près de la légation d’Allemagne, traverse immédiatement un grand cimetière arabe au delà duquel on arrive dans le quartier dénommé Hamona. Nombreuses maisons d’habitation, très beaux jardins, moulin d’un israélite, consulat d’Espagne, légation et consulat d’Autriche-Hongrie puis légation et consulat de Belgique. Un peu après la légation de Belgique, la route traverse la rivière dite « des Juifs » sur un grand pont établi en 1901. De l’autre côté du pont la route est encore carrossable sur plusieurs centaines de mètres. Elle est bordée d’eucalyptus, et arrive bientôt à « la Montagne » où dans un site charmant et ombragé se trouvent de nombreuses villas et notamment celles de : Lady Drammond Hay, veuve d’un Ministre d’Angleterre à Tanger; M. Perdicaris, Américain ; M. Davane ; Mmes Oçkley ; les religieuses franciscaines; M. White père, ancien Consul général d’Angleterre; Mme Mathews, veuve d’un Ministre des Etats-Unis à Tanger; M. Calo; M. Taylor; M. Moule.

En suivant la route de la Montagne on arrive aus maisons européennes construites par ???

Quartiers San-francisco et de Boubana

Le chemin de San-Francisco passe entre le cimetière musulman et le temple protestant, laisse sur la gauche une meunerie-boulangerie créée en 1900 par M. Saeasse d’après le système de Schweitzer, et cive aux établissements fondés par les Franciscains, établissements qui consistent en des écoles professionnelles et des cités ouvrières habitées par les Espagnols. Plus loin on remarque l’hôpital espagnol et la grande propriété de Frascito Sevillo, puis les villas de Mas Wilson, de Mr. White, Consul général actuel de la Grande-Bretagne, propriété de Mlle Bruzaud, enfin des terrains es et le nouveau marché aux bœufs. Si l’on continue à suivre ce chemin, on descend dans la plaine de Boubana où a été installé un beau champ courses. Près de là, au lieu dit « les Trois-Saints », un français, M. Furth, a bâti une ferme modèle aujourd’hui aux mains d’un Anglais, M. Levison, il habite la villa Victoria contiguë à cette ferme.

Quartier du Madhi

Prenant pour point de repère la villa de France, on laisse à droite le temple protestant et le chemin conduisant à la légation d’Angleterre, on passe devant la propriété Benchimol, la villa Bonnet, l’hôtel Villa de France, et l’on arrive à l’endroit loin des maisons du docteur Schmidt et de M. Gentille, on construit dans le moment la nouvelle légation de France qui se trouvera séparée des légations américaine et russe par un sentier resseré entre des haies. Ce sentier va rejoindre la route de Fez près de la Pension Villa Valentina, et continue sous le nom de « chemin des vignes » jusqu’au Souani.

Quartier de la plage (avenue d’Espagne)

Si l’on sort de la ville par la « Porte des Tanneurs », et si, laissant à droite le cimetière israélite, puis la rue qui monte au grand Soko, on suit le bord de la mer, on passe devant une scierie et un dépôt de bois, un terrain acheté par le Ministère d’Espagne, le théâtre Licéo Roméo, les magasins Pétri, des maisons d’habitation, le Cecil Hôtel, la propriété de M. Blanchet, la propriété Gautsclx, et l’on aperçoit au loin, de l’autre côté de l’Oued Tanja, la magnifique villa de M. Harris, correspondant du Times,

Quartier du Souani (Route de Tetouan)

En traversant les dunes entre les propriétés Blanchet et Gautsch, puis en obliquant un peu à gauche, on trouve la route de Tétouan. Celle-ci mène au lieu dit « Souani » qui a emprunté son nom à un village voisin. Là se trouvent plusieurs établissements (briqueterie, fabrique de carreaux, fours à chaux, fabrique de crin végétal), fondés par un Français, M. Gautsch, quelques maisons d’habitations et de nombreux jardins où abondent les orangers, les figuiers, et même la vigne.

Du Souani part vers l’Ouest un chemin qui va rejoindre la piste de Fez.

Tanger est vraiment une ville très bizarre, tout à fait digne par conséquent d’attirer les touristes, et spécialement ceux qui, ayant beaucoup voyagé, désirent voir ce qui est sans analogie.
Généralement les personnes qui visitent l’Andalousie vont jusqu’à Tanger, mais elles n’y restent guère qu’une journée. Dans ce très court espace temps, elles peuvent évidemment parcourir l’ancienne ville et la nouvelle. Mais elles ne sont guère plus instruites que si, en Europe, elles avaient assisté à une séance de cinématographie en couleurs pendant laquelle un phonographe aurait reproduit les cris de « baleck » « baleck » dont on est abasourdi dans divers quartiers. Il est vrai qu’elles sont la satisfaction d’avoir foulé le sol de l’Afrique.
Mais pourquoi donc ne pas rester au moins quelques jours à Tanger ? Il n y a ni casino, ni autre lieu du même genre, mais pour peu que l’on ait le goût de l’observation, l’on ne s’y ennuiera pas.

Artistes, économistes, colonisateurs, industriels, entrepreneurs et négociants, tous trouveront à Tanger de nombreux sujets d’étude. Bien plus, quiconque sera descendu au milieu des falaises du Marchan, et de là aura contemplé tout à son aise le splendide panorama formé par l’Océan, le détroit, les côtes d’Espagne et le commencement de l’Afrique, éprouvera une très agréable émotion dont le souvenir est ineffaçable.

Autorités Marocaines à Tanger

Ministre des Affaires Etrangères (Nâib ??) (Si Mohamed Torrès) : représentant du Sultan, ayant pour mission (le recevoir les réclamations faites par les représentants des puissances étrangères, et de leur communiquer les réponses du Sultan.

Pasha (Gouverneur) : chargé de la police et de la justice administrative.

Khalifa : Vice-Gouverneur.

Wali l-Méchouar : chef du palais des Gouverneur et Vice-Gouverneurs, et de la garde de ce palais.

Qadi : juge réglant les questions de propriété et d’état civil. Les jugements rendus par le Cadi sont sans appel, mais les questions pendantes entre européens et musulmans peuvent, après leur solution par le Cadi, être portées en dernier ressort devant le Ministre des Affaires Etangères. Les
réclamations faites par les indigènes contre des européens sont réglées administrativement par les Consuls, l’appel de la sentence peut être fait devant les tribunaux consulaires lesquels sont composés du Consul et de deux assesseurs choisis par lui.

Le Cadi, en cas d’empêchement, est remplacé par un proche parent désigné par lui, ou bien encore par le plus ancien des adouls.

Toutes questions concernant les juifs marocains (sauf en matière de police) sont portées devant le Cadi.

Metusseh : Commissaire de police.

Police : Jusque dans ces derniers temps, la police était faite par quelques soldats résidant à la Kasba, mais, ainsi que l’annonce une dépèche du 2 décembre 1901, le Gouvernement marocain donne ordre au Pacha de Tanger d’organiser immédiatement un corps de troupe de 500 hommes quî sera spécialement chargé de la police de ville et des environs. Il y a lieu de croire que cette organisation va s’opérer, car une commande d’uniformes pour 500 gardes, est actuellement en cours d’exécution dans un grand magasin de nouveautés de Paris. Ces uniformes se rapprocheront de ceux des turcos d’Algérie.

Un fonctionnaire peut, sans en référer à ses supplétifs, déléguer tout ou partie de ses pouvoirs, à qui bon lui semble.

Représentation des Puissances étrangères

Les nations sont représentées au Maroc par des ministres plénipotentiaires,
ou par des Consuls généraux, les représentants demeurent à Tanger qui est la résidence du Ministre des Affaires Etrangères de l’empire marocain.
Plusieurs des puissances ont en outre des consuls à Tanger, à Fez et dans quelques ports marocains.

ALLEMAGNE, Légation — pas de Consulat, représente: la Suède, la Norwège, le Danemark, la Suisse allemande et la Hollande).

AMERIQUE, Consulat général.

ANGLETERRE, Légation et Consulat.

AUTRICHE-HONGRIE, Mission — pas de Consulat.

BELGIQUE, Consulat général dirigé par un Ministre et un Consul.

ESPAGNE, Légation et Consulat.

FRANCE, Légation, pas de Consulat, mais un Consul attaché à la Légation.(Qui représente la Suisse française et la Grèce).

ITALIE, Légation — pas de Consulat. (Qui représente la Suisse italienne).

PORTUGAL, Consulat général, dont le chef a titre de Chargé d’affaires.

RUSSIE, Légation — pas de Consulat.

Question de la protection diplomatique et consulaire au Maroc

Conseil sanitaire. Commission d’hygiène

Le gouvernement marocain qui connaît les convoitises des puissances, et qui veut par conséquent éviter le plus possible leurs réclamations de tout genre, a laissé au Corps diplomatique tout entier Ja quasi administration de Tanger.

A l’instigation du Corps diplomatique les Européens établis versent une cotisation volontaire, et dont l’importance est fixée par eux-mêmes, pour les frais d’éclairage et de voirie de Tanger. Chaque année ces Européens nomment à l’élection ceux d’entre eux qui administreront les fonds ainsi récoltés, et les emploieront aux améliorations matérielles de Tanger. Ce corps élu composé de 14 membres est nommé « Commission d’hygiène ». Il est en quelque sorte un Conseil municipal, mais il est sous la haute direction du « Conseil sanitaire » composé de tous les Ministres et Consuls généraux.

Les ressources de la Commission d’hygiène ne consistent pas seulement en les cotisations volontaires des Européens, mais aussi en les 20 % abandonnés par le Maghzen sur les recettes du Môle, et sur la taxe perçue dans les abattoirs sur les animaux.

Régime des Etrangers

Les étrangers sont soumis au régime des Capitulations ».

Capitulations : « Traités qui garantissent aux sujets des nations chrétiennes, qui résident dans 1e pays dit « hors chrétienté » le droit d’être soustraits dans une large mesure à Faction des autorites locales, et de relever de leurs autorités nationales représentées par leurs agents diplomatiques et leurs Consuls. »

Les étrangers jouissent donc de l’exterritorialité, et par suite sont considérés comme vivant hors du territoire. Ils sont affranchis des impôts et taxations arbitraires auxquels sont exposés les indigènes.

Les différends entre Indigène et Européen sont portés devant le Consul, et en cas de non règlement ils sont soumis aux tribunaux consulaires lesquels sont composés du Consul et de deux assesseurs choisis par le chef de la légation.

Tous litiges entre deux personnes de même nationalité sont portés devant leur Consul, puis s’il y a lieu, devant le tribunal consulaire.

Quant aux différends existant entre deux Européens de nationalité différente ils sont portés devant le Consul du défendeur.

CONSUL. — Au Maroc, le Consul est, comme dans tous les pays non chrétiens, investi de la juridiction civile et criminelle ; il l’est en outre de celle commerciale. Pour s’assurer sa protection, ses nationaux doivent se faire immatriculer sur un registre tenu à la chancellerie du consulat (ordonnance royale du 28 octobre 1833).

Chargé de la police entre ses nationaux, le Consul français jouit de pouvoirs allant jusqu’au droit d’arrestation et de renvoi en France.

Propriété Immobilière

La propriété immobilière est réglée par le traité de Madrid :
« Tout Européen qui achète un immeuble à Tanger demande au Pacha l’autorisation nécessaire, puis, quand il l’a obtenue, il se présente accompagné du vendeur devant les « adouls » (notaires) qui rédigent le contrat en langue arabe. »

Une excellente précaution, très rarement employée, est de faire enregistrer ce contrat à la légation.

Traduction d’un contrat de vente d’immeuble

Louange à Dieu ! unique !

Le sieur Mohammed Ben Abdesslam Ben El Kaid

Al hadj Mohammed ou Said Bou Leffâ qui avait hérité par acte n° 6 des trois quarts du jardin sis au lieu dit « Souani », (le quatrième quart à sa sœur Khadidja), étant décédé, avait laissé comme héritiers sa sœur Khadidja susnommée et son frère de père seulement, Ahmed, mentionné en l’acte n° 7.

Mais une dame nommée Hennia, ancienne servante du Chérif Mohammed El Khamal El Amraoui, est venue déclarer, devant le Cadi, qu’elle avait été mariée à Mohammed avant sa mort, et que, par ce fait, elle demandait une part dans les biens laissés par ce dernier.

A l’appui de ses dires, elle a produit un acte constatant qu’elle avait bien été épouse de feu Mohammed, ce qui amena des discussions fort longues entre elle et les héritiers ci-dessus.

Le Cadi ne pouvant parvenir à mettre les parties d’accord, ordonna le serment à la dame Hennia qui prêta serment comme quoi elle avait été mariée à feu Mohammed Ben Abdesslam, et prestation faite, les héritiers ci-dessus ont été déboutés de leur demande tendant à être déclarés seuls héritiers.

Il fut ainsi décidé que la dame Hennia aurait également une part dans l’héritage laissé.

D’autres personnes sont venues aussi déclarer qu’elles sont créancières de feu Mohammed de diverses sommes, savoir :

1° Le juif Brahim ben Messaoud Souissa, pour une somme de 25 réaux (1), montant d’un acte (effet) souscrit par le défunt à la date du 16 du mois de Kada de l’an 1312, en présence des témoins rédacteurs de l’acte, les sieurs Mohammed ben Idriss et El Fekih Esseid ben Mokhtar.

2° El hadj ahmed Akherkhane pour une somme de 6 réaux et 10 beliounes ;

3° Le médecin qui l’a soigné durant sa maladie, pour une somme de 3 réaux.

4° Les droits du Makhzen ou « contributions » : 8 réaux.

Les héritiers ci-dessus étaient assistés chacun d’un Oukil ».

Pour Hennia, son Oukil était le sieur El Maalem Ahmed Ben Essoussi; pour Khadidja, son oukil était El Abassi Ettitaouni; pour Yacout (tutrice de son fils Ahmed), c’était Tahar Souissi El Amiri.

En présence du Cadi, il a été décidé, d’un commun accord par les 3 oukils ci-dessus nommés, que l’on vendrait le dit jardin afin de désintéresser les créanciers et que partage serait fait du reste.

Comme le défunt n’avait droit qu’aux trois quarts de ce jardin, le quatrième quart étant la propriété successorale de sa sœur Khadidja, on demanda à celle-ci si elle consentait à la vente de tout le jardin (son quart compris) dont elle serait payée de sa part. Elle accepta en effet à cette condition, et on mit le jardin en question en vente aux enchères publiques.

Cela a duré 7 semaines pendant lesquelles on ne trouva pas d’enchère aussi élevée que celle offerte par l’Européen A… C…, le « Français », enchère qui était de 140 réaux ; ce dernier a donc été déclaré détenteur du jardin sis au lieu dit « Souani » pour la somme ci-dessus spécifiée.

Tin des héritiers, la nommée Khadidja a touché 35 réaux pour le quart lui appartenant sur la totalité
Il restait donc 105 réaux à partager entre les héritiers de Khadidja, Hennia et Ahmed, défalcation faite des créances ci-dessus désignées et de celles qui suivent qui se montent à environ 15 réaux pour gratifications diverses aux « aouns » (huissiers) du Cadi et inscriptions de l’acte et autres menus frais.

Toutes les créances ou paiements se montaient à la somme de 55 réaux; il restait donc 50 réaux à partager entre les héritiers, et ce partage a été fait de la manière suivante :

25 réaux à Khadidja, cette femme étant sœur de père et de mère de feu Mohammed.
12 réaux 1/2 à la dame Hennia.

Et 12 réaux 1/2 à la dame Yacout (tutrice de son fils Ahmed).

L’acheteur ci-dessus, le sieur A… C… a demandé à la dame El Yacout, tutrice de son fils Ahmed, de venir elle-même déclarer, par devant le Cadi, qu’elle était consentante à cette vente et ce, en représentation de son fils Ahmed.

Fait et passé devant le Cadi de Tanger, en présence de plusieurs témoins, et par ordre du Pacha de Tanger, le sieur Abderrahman ben Esseid Mohammed ben Abd el Saddok, et ce à la date du mois de Rabii de l’an 1316.

Suivent les signatures du Cadi, du Pacha, des deux adouls et des parties avec leurs témoins respectifs.

Louange à Dieu 1
Le sieur A… C.., le Français, est venu déclarer qu’il avait dépensé en menus frais de toutes sortes, soit pour le crieur, soit pour les frais de justice de toute nature, la somme de 32 réaux pour l’acquisition du
jardin situé au lieu dit « Souani » et dont il s’est rendu acquéreur par acte précédent.

Fait et passé le 10 du mois Rabii de Tan de 1316. Suivent les signatures du Cadi, des deux adouls et des parties avec leurs témoins respectifs.

Transcrit sur le registre des actes notariés tenu en la chancellerie de la légation de France à Tanger, sur le folio n° 161 — n° d’ordre 16 — année 1898. Perçu 15 francs.

Tanger, le 26 août 1898. Le Vice-Consul chargé de la chancellerie,

Signé : illisible.
POPULATION

Il n’existe pas de statistique officielle des habitants de Tanger, mais les renseignements que j’ai puisés à bonne source donnent les indications sui-
vantes :

Arabes 20.000,

Israélites 10.000,

Espagnols et protégés 4.000,

Anglais et protégés 650

Français : Citoyens français nés en France ou en Algérie 53, nés à l’étranger 12, naturalisés Français 8, Algériens 25, Tunisiens 2, censaux 2, associés agricoles 10, protégés politiques 5. Total… 117

Américains : 1 sujet et 89 juifs naturalisés. 90

Portugais et protégés 80

Allemands et protégés 110

Italiens et protégés 25

Autrichiens et protégés 20

Grecs 9

Suédois 4

Suisses 3

Belges 2

Danois 1
PORT

I : Avantages de l’escale

L’escale à Tanger a, sur celle faîte à Gibraltar, plusieurs avantages : économie sur les droits au port et sur le ravitaillement, fret d’aller et de retour, parcours moins long pour les bateaux qui n’entrent dans le détroit que pour charbonner.

La viande de boucherie, le gibier, la volaille et les œufs que l’on trouve à Gibraltar proviennent en majeure partie de Tanger, et par suite ces
vivres s’y vendent plus cher que dans ce port.

II : Mouillage

Opinion d’un Marin. — La question du ravitaillement en cours de route, très importante pour tous ses navires. Test plus particulièrement pour les bâtiments de guerre que les événements politiques exposent à se voir interdire l’accès de certains ports, ou à n’y trouver qu’un accueil malveillant.

La certitude de pouvoir compter sur les ressources d’une ville comme Tanger, vraisemblablement destinée à rester internationale, et par conséquent ouverte à tous, ferait passer les officiers des marines militaires sur ses inconvénients autrement sérieux que ceux dont il est parlé à propos de sa rade.

Une fois sorti de l’arsenal un cuirassé ou un croiseur ne doit plus espérer s’amarrer à un appontement où à un quai ; d’autre part les mouillages à l’abri d’une digue sont rares.

Il faudra donc le plus souvent faire ce qu’on a fait de tous temps : jeter l’ancre dans une baie naturelle et se servir d’allèges, trop heureux de n’être pas contraint de mouiller en pleine côte ou encore à prendre au milieu de l’océan le charbon d’un transport.

Dans quelles conditions se trouvent les bâtiments devant Tanger ?

Les inspections nautiques vont nous le dire !

« La plupart des mouillages de la côte Nord du Maroc sont forains (non abrités) et seuls ceux de Tangers, Ceuta et des Iles Zafarines offrent quelque sécurité. Les pilotes de Tanger affirment que les vents de N. NO. NE. n’entrent pas dans la baie et n’occasionnent jamais de grosse mer.
Le fond offre une assez bonne tenue. La baie est une des meilleures de la côte. » 1899,

Cet ouvrage officiel, auquel on n’a jamais pu reprocher l’optimisme, n’est donc pas défavorable à Tanger, bien au contraire. Les mouillages des Zafarines et Ceuta, qu’il cite pour mémoire, ne peuvent lui être préférés, car le premier, déjà loin du détroit de Gibraltar (et par conséquent du passage des bâtiments), vers l’Est, est un point désert du littoral, et le second a un fond médiocre et peu de ressources (notamment pas d’eau), ainsi que les instructions le constatent.
Un ponton charbonnier, ancré depuis cinq ans devant Tanger, n’a jamais été en perdition.

Tanger, bien approvisionné par les campagnes voisines, vaut, au point de vue maritime, la plupart des escales habituellement fréquentées, et, a de plus l’avantage d’offrir toutes les facilités pour la création éventuelle d’un grand port.

A noter enfin que les courants commerciaux se dirigent d’instinct vers les points favorables. L’extension de la ville de Tanger, le nombre croissant des lignes de navigation qui y touchent, prouvent que l’on se trouve
en présence d’un de ces points privilégiés.

III : Droits de Port

Les droits de port et les frais accessoires sont infiniment petits à côté de ceux perçus à Gibraltar. Voici en effet quels sont les droits et frais imposés aux navires qui font escale à Tanger :

Droits de port : 10 pesetas, quel que soit le tonnage et quelle que soit la durée du séjour; Santé : 12 pesetas 50 centimos pour toutes for malités;

Droit de phare : néant.

Les frais d’expédition dans les consulats varient suivant les nationalités.

IV : Débarquements et embarquements

Des canots équipés par des Arabes, des Espagnols ou des Israélites effectuent l’embarquement et le débarquement des passagers.

Tarif dans le cas où les vapeurs sont mouillés au large :

Par passager 1 pesetas 26 ct :

Par colis pesetas 25 ct:

Dans le cas où les vapeurs sont mouillés à proximité du Môle :

Par passager pesetas 76 ct:

Par colis pesetas 26 ct :

Chacun peut embarquer ou débarquer ses marchandises par ses propres moyens.

Mais lés débarquements et embarquements pour le compte de tiers, les manipulations à terre, et l’emmagasinage ont lieu par les soins de quatre
entreprises dépendant du Gouvernement et dirigées par le capitaine de port. L’entreprise de débarquement éléments et d’embarquements a comme matériel
des remorqueurs et 12 chalands d’une jauge d’environ 10 tonnes chacun.

Tarif : Pour les marchandises lourdes (fers,aciers, sucres, farines, cafés, etc.), à raison de 3 pesetas la tonne de 1.000 kilos et pour les marchandises volumineuses à raison de 3 à 5 pesetas la tonne de 1.000 kilos. Mais une pratique entendue de ces opérations de débarquement permet de les
unifier sur le prix moyen de 4 pesetas la tonne, sans distinction de poids ou de volume.

Ces tarifs s’entendent : marchandises prises sous palan le long du bateau, et débarquées sur quai, et vice versa.

Transport des marchandises du quai aux magasins et des magasins à la douane.

Les marchandises sont emmagasinées au débarquement et ne passent en douane qu’au fur et à mesure de leur retrait des magasins par le destinataire.

Le tarif est fixé par le capitaine de port suivant la nature, le poids ou le volume des colis.

Le droit d’emmagasinage des colis est, sans distinction de poids ni de dimension, et quelle que soit ]a durée de l’emmagasinage (une heure ou plu-
sieurs années) de p. 25 ct par colis.

Ce tarif est réduit à p. 2 centimos 1/2, par unité, pour les marchandises EN SAC, et toujours sans distinction de poids ni de dimension.

L’emmagasinage des colis postaux est gratuit.

Les frais de débarquement et de manipulations à terre, et les droits d’emmagasinage ne sont exigibles qu’au moment où le destinataire prend
livraison des marchandises.

V : Mesures de Sécurité

Les jours de mauvais temps, la Direction du Port fait hisser un pavillon noir pour indiquer que le tarif du débarquement des marchandises est doublé.

Dans le cas de gros temps, un pavillon jaune indique que la rade est consignée et qu’il est formellement interdit aux chalands du Gouvernement
de quitter leur ancrage. Mais alors les canots des particuliers peuvent, aux risques et périls de ceux-ci, opérer au tarif qu’il leur convient, toutes opérations d’embarquement et de débarquement.

Aucun tarif n’est applicable aux débarquements des marchandises lorsque le pavillon jaune est hissé; ces débarquements sont effectués aux risques et périls des intéressés.

S’il s’agit du débarquement des passagers, il n’y a plus de tarif fixé lorsque l’un ou l’autre des pavillons de mauvais temps est hissé.

VI : Navigation générale du port de Tanger pendant l’année :

ENTRÉES ET SORTIES REUNIES : Nombre des bateaux 2.720 ; Tonnage 921.992
Ce tonnage comprend celui des bateaux faisant le serivce de Gibraltar et de Cadix à Tanger.

VII : Lignes de navigation desservant Tanger

COMPAGNIE DE NAVIGATION MAROCAINE ET ARMENIENNE Départs de Marseille : 2 par mois.

1 Départ du 7 : pour Gibraltar, Tanger, Casablanca, Mazagan, Mogador, Santa-Cruz-de-Ténériffe et Las Palmas. — Retour par les mêmes escales.

2*» Départ du 22 : pour Gibraltar, Tanger, Larache, Rabat, Casablanca, Mazagan, Saffî et Mogador. — Retour par les mêmes escales.

Prix des passages : 1ere classe/Pont : De Marseille à Tanger 90 et 45fr, de Tanger à Larache 10 et 5 P ; Rabat : 30 et 20 P ; Casablanca : 40 et 25 ; Mazagan : 50 et 30 ; Saffi : 60 et 36 ; Mogador : 70 et 35 ; Ténériffe : 90 et 45 Las Palmas : 90 et 45 Nourriture : 6 fr /jour et 3 fr

COMPAGNIE DE NAVIGATION MIXTE : Algérie — Espagne — Maroc.

Départ de Marseille : tous les jeudis, à 6 heures du soir.

1 Ligne postale : Oran, Nemours, Melilla, Tétouan, Gibraltar et Tanger. Départ de Tanger : le mercredi, à 3 heures de l’après midi, pour : Melilla, Malaga, Nemours, Beni-Saf, Oran et Marseille.

2 Ligne commerciale : Oran, Nemours, Melilla, Gibraltar et Tanger. Départ de Tanger : le mercredi à la même heure pour Meliila, Nemours, Oran et Marseille.Prix des passages

Marseille pour Oran 95 et 65 Fr ; Nemours : 110 et 80 Fr ; Meliila : 120 et 90 Fr ; Tétouan : 160 et 125 Fr ; Gibraltar : 160 et 125 Fr ; Tanger : 160 et 125 Fr

SOCIETE NAVALE DE L OUEST : Départ d’Anvers le 20 de chaque mois, et Le Havre le 24, pour Oporto, Lisbonne, Tanger, Casablanca, Mazagan, Mogador. Retour direct sur le Havre et Anvers.

COMPAGNIE THANSATLANTIQUE ESPAGNOLE : Départ de Cadix : les lundi, mercredi et vendredi 7 heures du matin. Arrivée à Tanger : les mêmes jours entre 11 h.30 midi.

Départ de Tanger pour Algeciras et Gibraltar : les mêmes jours à 1 heure. Départ de Gibraltar et d’Algéciras : les mardi, jeudi et samedi à 7 h. du matin. Arrivée à Tanger : les mêmes jours entre 10 et 11 heures du matin. Départ pour Cadix : les mêmes jours à midi.

Prix des passages : De Tanger à Gibraltar 10 et 5 Pes à Algéciras — 13,90 et 6,65 Pes à Cadix — 30,90 et 14,15 Pes & vice-versa.

COMPAGNIE ANGl.AISE M. BLAM ET Cie : Départ de Gibraltar pour Tanger : les samedi, mardi et jeudi à 11 heures du matin. Arrivée à Tanger à 3 heures du soir. Retour vers Gibraltar : les lundi, mercredi et vendredi. Départ à midi. Prix des passages 1ère classe : Pesetas 10. — Pont : Pesetas 5.

COMPAGNIE ??? DE KONDIIES : Départs hebdomadaires de Londres pour Larache, Rabat, Gibraltar, Tanger, Casablanca, Mazagan, Mogador, les îles Canaries. Retour direct de Tanger sur Londres. Les départs de Tanger ont généralement lieu le vendredi de chaque semaine.Les bateaux de cette ligne sont tout spécialement aménagés pour touristes.

COMPAGNIE WOERMANN : Départs mensuels de Hambourg pour : Tanger, Larache, Rabat, Casablanca, Mazagan, Saffi, Mogador, les îles Canaries et la Côte Occidentale d’Afrique, Départs de Tanger : vers le 17 de chaque mois.

COMPAGNIE OLDENBURG, PORTUGIESISCHE,

DAMPFSCHIFFS, RHEDEBEI : Départs bi-mensuels de Hambourg pour : Anvers, Gibraltar, Tanger, Larache, Rabat, Casablanca, Mazagan, Saffî et Mogador. Retour par les mêmes escales en touchant éventuellement à Lisbonne et à Oporto.

COMPAGNIE PAPPAYANNY : Départs bi-mensuels de Liverpool pour : Tanger,
Alger, Malte et Alexandrie. Retours directs sur Liverpool. Cette ligne est exclusivement commerciale.

COMPAGNIE ITALIENNE LIGURA BRAZILIANA : Départs mensuels de Gênes pour : Marseille, Barcelone, Tanger et Amérique du Sud.

CONPAGNIE AUTRICHIENNE : Mensuellement les bateaux du Loyld Autrichien alternent avec les bateaux de la Cie Adria. Trieste, Tanger et Amérique du Sud.

COMPAGNIE HOLLANDAISE : Départs mensuels de Rotterdam, Amsterdam et Anvers pour Tanger.

VIII : Môle (Waqf ou Appontement)

Tanger a un Môle en fer et bois, d’environ 200 mètres, construit en 1897 par la Compagnie anglaise du chemin de fer d’Aljéciras à Bobadilla dans les conditions suivantes :

Le Corps diplomatique qui constitue le Conseil sanitaire de Tanger, a amené, par l’entremise du Ministre anglais alors en mission à Fez, le Sultan à autoriser la construction de ce Môle, et en a payer le prix qui a été de 120.000 pesetas. Le Ministre anglais ayant été le négociateur de cette autorisation, ses collègues lui ont laissé le soin de choisir les constructeurs. Aussi son choix s’est-il porté sur la Compagnie anglaise du chemin de fer d’Algéciras à Bobadilla.

Les droits de péage sont perçus au profit du Sultan, qui abandonne 20 % à la Commission d’hygiène et c’est vraiment curieux que de voir des Arabes, très majestueux, délivrer et contrôler aux deux extrémités du Waqf des tickets semblables à des billets de chemin de fer.

Les droits sont de 25 ct par personne, et de 10 ct par colis-bagage.

Il est délivré aux agences de navigation des abonnements mensuels à raison de» 10 pesetas pour 4 personnes, et de 3 pesetas pour chaque batelier

Si les marchandises sont déchargées sur le Môle (ce à quoi elles ne sont pas obligées), elles sont frappées d’un droit dont la moyenne est de 1 peseta par tonne.

8 : Droits de Douanes

Les droits de douane à l’entrée, sont de l’estimation. L’appréciation de la valeur est à la fantaisie des douaniers qui refusent les factures comme bases. En cas de contentieux, l’impôt consiste en le prélèvement de 10% de la facture

Exceptions :

Pour les soieries, la bijouterie et les liqueures le droit n’est que de 5 %.
Tabacs : en feuilles. , 10 pesetas les 100 — : coupés 15 — — Cigarettes : 25 — — Cigares : 25 _ —

TARIF des droits payés à la Douane produits du Maroc à la Sortie, suivant Allemand du 1er juin 1890, modifié par Français de M. le comte d’Aubigny du bre 1892.

Réaux espagnol

Maïs et doura, la fanège 10

Fèves, la fanège 10

Lentilles, la fanège 10

Pois-chiches, la fanège 10

Alpiste, le quint 5

Dattes, le quint 20

Amandes, le quint 15

Oranges et limons, le mille 4

Origan, le quint 4

Cumin, le quint 6

Huile, le quint 25

Gommes, le quint 8

Henné, le quint 6

Cire blanchie, le quint 60

Réaux et Pesetas

Cire vierge, le quint 50 12,50

Laine lavée, le quint 40 10,00

Peaux de bœufs, le quint 18 4,50

Peaux moutons et chèvres, le quint. 18 4,50

Toisons, le quint 27 1/2 6,40

Peaux tannées, le quint 50 12,50

Suif, le quint 23 5,75

Poules, la douz 10 2,50

CEufs, le mille 25 6,25

Cornes, le mille 8 2,00

Pantoufles, 6 % sur la valeur estimée.

Piquants de porc-épic, le mille 2 0,50

Ghassoul, le quint… 7 1/2 1,85

Plumes d’autruche 18 4,50

Paniers, le cent 10 2,50

Carvi, le quint 8 2,00

Peignes en bois, le cent 2 0,50

Poil et crin, le quint 15 3,75

Raisin sec, le quint 10 2,50

Ceintures en laine, le cent 50 12,50

Tacaout, le quint 10 2,50

Basanes, le quint 18 4,50

Chanvre et lin, le quint 16 4,00

Anis, le quint 10 2,50

Couvertures de laine, 5 % sur la valeur.

Tapis, 5 % sur la valeur

Fromages, le quint 20 5,00

Palmier nain, les 100 bottes 8 2,00

Coussins brodés, 5 % sur la valeur estimée.

Cresson, le quint 10 2,50

^assouk ??, le quint 10 2,50

Cordes en poil de chèvre, le cent 10 2,50

Haïks, 5 % sur la valeur estimée

Lièvre, la pièce 1 0,25

Fenugrec, le quint 5 1,25

Djellal, 5 % sur la valeur estimée.

Cochenilles, le quint 10 2,50

Sacoches en cuir, 5 % sur la valeur estimée.

Graine de lin, le quint 5 1,25

Orseille, le quint 10 2,50

Œufs d’autruche, la pièce 1/2 0,12/50

Rognures de peaux de bœufs pour faire de la colle, le quint 4 1,00

Perdrix, la pièce 1 0,25

Poires, le quint 10 2,50

Lapins, la pièce 1 0,25

Chiffons, le quint 5 1,25

Roses (feuilles de), le quint 10 2,50

Nielle (chouïssiz), le quint 8 2,00

Sésame, le quint 10 2,50

Tamis, 5 % sur la valeur

Sparte, le quint 2 0,50

Etriers en fer, 8 % sur la valeur estimée

Boyaux, le quint 10 2,50

Noix, le quint 8 2,00

Fil de coton, 8 % sur la valeur estimée.

Nattes, 8 % sur la valeur estimée.

Plateaux de cuivre, 8 % sur la valeur estimée
.
Tentes, 5 % sur la valeur estimée.

Poisson salé, le quint 20 5,00

Sarghina le quint 5 1,25

Tortues, le quint 2 1/2 0,62/50

Balais de palmier nain, le quint 1 1/2 0,37/50

Fibre de palmier nain, le quint 2 1/2 0,62/50

Millet fin, la fanège 10 2,50

Kohi, le quintal 5 1,25

Ecorce d’arbre, le quint 6 1,50

Liège, le quint 6 1,50

Minerai de cuivre, le quint 5 1,25

Minerai de fer, le quint 2 0,50

Autres minerais sauf le plomb,

le quint 5 1,25

Osier, le quint 2 0,50

Bois d’Arar, 1/2 charge de chameau.. 6 1,50

Bois de cèdre, 1/2 charge dej mule 5 1,25

Par décision du 25 août 1901, le droit de sortie sur les pommes de terre, les courges, les tomates et les bananes a été fixé à 5 %.

Le droit de sortie pour les bœufs est de 25 pesetas.
Import-Export

Les importations au Maroc et les exportations de ce pays ont lieu par Tanger, Laraehe, Rabat, Casablanca, Mogador, Saffi, Mazagan ou Tétouan.

Tanger est le port par où s’introduisent les plus nombreuses importations, et Casablanca est celui d’où sortent les plus nombreuses exportations. Les importations pour Fez se font en été par Tanger, et en hiver par Rabat qui est relié à Fez par des pistes sablonneuses.

IMPORTATIONS : 1899

Angleterre : 6.9 M fr

Espagne : 5.5 M fr

France : 2.1 M fr

Allemagne : 1 M fr

Belgique : 0,2 M fr
Italie : 0,1 M fr
Pays-Bas : 0,1 M fr
Autriche : 0,05 M fr

TOTAL : 15, 1 M fr

télégraphe

Trois câbles télégraphiques relient Tanger avec l’Europe : un câble anglais, un espagnol et un français.

La ligne française a été ouverte le 24 juin 1901. Le bureau du télégraphe est dans celui des postes.

Tarif : 20 centimes par mot pour la France et 15 centimes pour l’Algérie et la Tunisie.

Cette voie n’étant pas connue en France de tous les employés de l’administration des télégraphes, il c’est bon de mettre sur les câblogrammes la mention suivante : « via Oran »

Le tarif « via Espagne » est de 0,35 centimes et « via Malte » de 0, 65 1/2.

Lumière électrique

La Compagnie Transatlantique espagnole a installé à Tanger, en 1894, une usine de lumière électrique.

Les principales rues, quelques habitations et les magasins sont éclairés à la lumière électrique.

Le prix est de 5 pesetas par mois et par lampe

Un réseau de téléphone existe à Tanger. Il a été organisé, en 1883, par un particulier, M. Emilio Llotondo y Nicolai, qui en est resté propriétaire, et qui l’exploite lui-même, sans demoiselles. Il fonctionne régulièrement.

En septembre dernier les abonnements étaient au nombre de 123.

Le tarif est de 10 pesetas par mois. Il n’existe pas de cabine publique.

Hopitaux

Tanger a 4 hôpitaux : deux anglais dont un pour les hommes et l’autre pour les femmes, un Espagnol, un Français, et un Israélite.

Hôpital Français Dans cet hôpital qui a été construit sur un terrain donné par M. Jules Jaluzot, et d’où l’on a une vue admirable sur l’océan et sur le détroit, tous les indigents de nationalité française sont admis gratuitement. Il en est de même des Marocains, mais ceux-ci sont soignés dans un pavillon spécial.

Trois fois par semaine, les lundi, mercredi et vendredi à 10 heures, des consultations sont données aux indigents de toutes nationalités.

L’hôpital a deux belles chambres dans lesquelles quiconque, quelle que soit sa nationalité, est soigné moyennant indemnité.

[…]
Dans le quartier de la Kasbah, dans une clinique-dispensaire spéciale pour Musulmans des deux sexes, les deux médecins de l’Hôpital Français donnent gratuitement consultations, soins et médicaments.

Tous les frais de l’hôpital et de la clinique sont couverts par une subvention de la légation de France, et par les indemnités que paient les personnes qui reçoivent les soins dans les deux chambres réservées.

Eglise, Temple, Synagogue,

A Tanger les édifices à l’usage des cultes sont : une église catholique desservie par des Franciscains espagnols, un temple protestant anglais, de nombreuses synagogues, deux grandes mosquées et plusieurs petites mosquées.

La mission catholique se compose de Franciscains espagnols

Les Franciscains résidant à Tanger sont au nombre de 25 dont 9 prêtres et 10 frères ; les sœurs franciscaines sont au nombre de 10. Dix d’entre eux tous sont affectés à l’Hôpital Espagnol ; les autres le sont aux diverses écoles de la mission.

Une des écoles est professionnelle, elle forme de très bons ouvriers.

Très patriotes, les Franciscains servent grandement les intérêts de l’Espagne au Maroc, et malgré cela, la France et l’Angleterre peuvent leur être Reconnaissantes, car, grâce à eux, leurs élèves savent un peu le français et l’anglais. Ils ont dans leurs écoles des cours hebdomadaires faits par trois laïques : un Français, un Anglais et un Arabe.

La mission est subventionnée par l’Espagne et elle jouit, comme le corps diplomatique, de la franchise des droits de douane.

Il n’y a pas au Maroc de mission catholique française, attendu que l’Espagne s’est réservé par traité le privilège exclusif de fonder au Maroc des communautés religieuses. Il ne peut donc y en avoir, pas plus du reste que de mission italienne ou autrichienne.

La mission protestante est anglaise, et elle est des plus actives. Elle ne se contente pas d’évangéliser, elle a aussi des écoles comme la mission catholique espagnole.

En sus des écoles des Missions, il existe à Tanger :

Une école française de garçons indigènes, créée sous les auspices du comité de l’Alliance Française de Paris, et subventionnée par les Français habitant Tanger ;

Une école de garçons et une école de filles, fondées par l’Alliance Israélite de Paris, et subventionnées par elle ;

Et plusieurs écoles indigènes.

Climat, Touristes, Hôtels

Le climat de Tanger est à juste titre réputé comme étant l’un dos plus salubres et des plus beaux du monde. Il est à peu près semblable à celui de Madère. Au plus fort de Tété le thermomètre ne dépasse pas 32°, et en hiver il ne descend généralement pas au-dessous de 12°. Aussi le nombre des touristes visitant cette ville et des étrangers y séjournant pendant l’hiver, est-il en progression constante.

Les hôtels sont disséminés dans l’ancien Tanger et dans le nouveau; ils sont assez différents les uns des autres, tant par leur situation que par leur genre.

La « Villa de France » est située en haut du grand Socco, près de la légation d’Angleterre. C’est un hôtel bien tenu et très fréquenté.

Le « Continental Hôtel » qui se trouve dans l’ancien Tanger, non loin du quartier de la Kasbah domine le port. Très cosmopolite, il a une très nombreuse clientèle de touristes. Bien aménagé et bien tenu.

La « Villa Valentina » est une maison de famille située dans le quartier du Madhi, près de la villa du Ministre de France et de la légation de Russie. Cette maison, qui est de très bon ton, a plus spécialement sa clientèle dans le monde des attachés de légations.

« Cecil Hôtel 9 » est situé sur la plage. Il est composé de 3 pavillons très distincts l’un de l’autre, mais ayant tous trois une très belle vue sur la plage. L’un, que l’on terminait en été dernier, paraissait devoir être aménagé suivant le goût moderne, le deuxième, qui a été construit il y a quelques années, est bien organisé et très propre et le troisième, qui est l’ancien « New-York Hôtel » est moins bien aménagé, tout en étant propre cependant. Cet hôtel a une clientèle de touristes et de séjournants.

« Bristol Hôtel » se trouve sur le petit Socco, c’est-à-dire sur la place la plus animée; il n’est guère fréquenté que par les touristes. Le rez-de-chaussée de cet hôtel est occupé partie par un café-bar, partie par la poste anglaise.

« Oriental Hôtel » et « Mac Lean Hôtel » sont situés dans l’ancien Tanger.
Banquiers

Ch. Gautsch et Cie, Comptoir National d’Escompte de Paris, Français
M. Y. Benasayag, Marocain
H. Benchimol, Marocain, protégé Français
M. Cohen, Marocain
Haessnei et Joachimssohn, Allemands
Moses J. Mahon, Marocains, protégés Italiens, correspondants du Crédit Lyonnais
S. Mahon et C, Marocains, protégés Italiens
Sertafy et Delniar, Brésiliens.
A. Cazès : (Changeurs et Courtiers) Marocain, protégé américain
J. Delmar : (Changeurs et Courtiers) Marocain
Edéry et C, (Changeurs et Courtiers), Marocains.

Journaux

Quatre journaux sont publiés à Tanger :

Un français : Le Réveil du Maroc, jeudis.

Un anglais : Al Moghreb Al-Aksa, samedis

Deux espagnols : El Porvenir (quotidien) mercredis et El Eco Mauritano (bi-hebdomadaire), samedis.

Théâtre

Tanger a un théâtre… en bois, le « Liceo Roméa ». Les prix des places qui sont de 2,50 ps au palco, 1,50 butaca, 1,25 luneta, et 0,50 grada, indiquent suffisamment que la mise en scène et les décors ne sont pas somptueux. Les nombreux écriteaux « se prohibe fumar dentro del Téatro » rappellent que Tanger est la ville chérie de la Liberté, car ce n’est qu’à travers un très épais nuage de fumée que Ton entrevoit la scène.

Monnaies

La monnaie qui circule à Tanger consiste surtout en pièces espagnoles et en pièces marocaines, mais les françaises et les anglaises sont acceptées, et elles bénéficient de leur plus-value.

Le prix des transactions entre Européens (Français et Anglais exceptés), ou entre Européens et indigènes, se calcule par pesetas et douros.

A Tanger les pièces marocaines d’argent en circulation sont de 5 francs {Real marocain); 2 fr.50 ; fr. 50; et fr. 25.

La monnaie de billon marocaine a pour unité la mouzouna. Les pièces de billon sont de 2/3 de mouzouna, 1/3 de mouzouna, etc. Mais il n’en
existe pas d’une mouzouna.

Poids

Gantal ou quintal de 100 livres du pays ; Livre : 750 grammes.

Longueur. — Coudée ou drâ = 8 tomins = 57 cm

Capacité. — Fanèguc = 56 litres 39; Fanègue coinhle = 72 litre

Photographies

Tanger est le pays rêvé pour la photographie, car la lumière y est très belle, et les sujets, dont on tient à conserver le souvenir, y sont nombreux mais dans l’usage de l’objectif, il est prudent d’apporter de la discrétion, tout au moins dans certains quartiers, et partout les jours de grandes fêtes musulmanes.
Dans une rue qui se trouve près du petit Soko, il existe un photographe qui développe très bien aux prix habituels de France.

1086 : Yûsuf b. Tashfin prend pied
1196 : Ya‘qûb al-Mançûr prend pied
1274 : B. Marin prennent pied
1304 : Naissance de Ibn Battuta
1415 : Prise de Sebta par les Portugais
—————————–
1471 : Prise de Tanger par les Portugais
1578-80 : Passage à l’Espagne
1640 : Restauration du Portugal, perte de Sebta
1661 : Charles II hérite de Tanger par mariage : construction du « Môle »
1684 : départ de Tanger et abandon aux alaouites sous le Bashalik de ‘Ali Ben Abdallah Ar-Rifi
——————
1743 : My Abdallah soumet la principauté Tangéroise du Basha Ahmad Ben Ali Ben Abdallah Ar-Rifi
1786 : Commerce Libre : régime des capitulations (Swyra, Dar-Bayda, Tanja)
1787 : Consulat de Chénier
1790 : bombardement espagnol
1800 : Restauration et Agrandissement du Jâmi‘ par My Slyman
1801 : Visite d’Ali Bey
1828 : arrivée de René Caillé
1844 : bombardement français et Traité de Tanger
————————–
1851 : nomination d’un Nâ’ib Bu-Slham Benali, installé sur le decumanus
1856 : traité anglo-marocain
1863 : traité franco-marocain
1864 : fondation école alliance israelite
1871 : consulat de Suède (1788) transformé en Eglise Espagnole Franciscaine
1880 : conférence de Madrid
1880 : première église Saint-Andrews
1881 : fondation du Phare du Cap Spartel
1889 : Visite hostile de My l-Hasan
1897 : Reconstruction du Môle par le société britannique du chemin de fer d’Algeciras
1901 : re-fondation église anglicane
1905 : Visite de Guillaume II
1906 : convention d’Algeciras
1913 : construction du Theatro Cervantes
1917 : construction de la Mosquée Sidi Bou Abid
1925 : Statut International et Mandubya
1940 : invasion espagnole, suppression du Mandub, consulat d’Allemagne
1944 : restauration du Statut International
Avril 1947 : Discours de Si Muhammad b. Yûsuf
Octobre 1956 : réintégration au Maroc

Familles de Nâ’ib : Muhammad al-Khatib, Muhammad Barqash, Muhammad Turris (Torrez), Muhammad Qabbas, Muhammad ben ‘Abd-l-Krim Tazi