29 : […] Il combattait pour les Carthaginois en Espagne, lorsque mourut son père, qui se nommait Gala. La couronne passa, selon la coutume des Numides, à Oesalcès (W-Sâlk-(t)), frère du roi, déjà fort avancé en âge. Peu de temps après, Oesalcès lui-même mourut, et l’aîné de ses deux fils, Capusa (Kapus-(a)), dont le frère n’était encore qu’un enfant, hérita du trône paternel, plutôt en vertu des lois du pays, que par la considération dont il jouissait et par sa puissance.
Il y avait alors un prince numide nommé Mézétule (M-Iztûl), issu du sang royal, mais d’une famille qui avait toujours été l’ennemie de la branche régnante, et qui lui avait souvent disputé la couronne avec des succès divers.
Mézétule, dont le crédit s’était accru de toute la haine qu’on portait aux possesseurs du trône, souleva ses concitoyens, entra ouvertement en campagne, força son rival à livrer bataille et à défendre sa couronne. Capusa périt dans le combat avec plusieurs de ses principaux officiers, et toute la nation des Massyliens (M-A-Sûl) passa sous les lois et l’autorité de Mézétule.
Mais il ne prit point le titre de roi : il se contenta du nom modeste de tuteur, et proclama roi le jeune Lacumacès (Lakû-Mak(t)), dernier rejeton de la branche royale. Il épousa une noble carthaginoise, fille de la soeur de Hanniba’l et veuve d’Oesalcès, espérant ainsi gagner l’amitié de Carthage ; puis il envoya des ambassadeurs renouveler avec Syphax les noeuds d’une ancienne hospitalité. Il voulait s’assurer ainsi de puissants secours contre Masinissa (M-As(i)nis-(a))
30 : Masinissa, en apprenant la mort de son oncle, puis celle de son cousin, passa d’Espagne en Mauritanie où régnait alors Bocchar (Bûk-Hâr). Par ses supplications et ses humbles prières, il en obtint, à défaut d’une armée pour faire la guerre, une escorte de 4000 Maures. Il partit avec eux, après avoir envoyé prévenir les partisans de son père et les siens. Lorsqu’il fut arrivé sur les frontières du royaume, il vit se réunir à lui près de 500 Numides. Alors, suivant la convention faite avec Bocchar, il congédia les Maures.