Théodose, Métropolite de Syracuse mentionnant l’évêque de Malte, v. 880 n-è

Peu de temps après, nous commençâmes le voyage de Palerme que nous accomplîmes en 6 jours, transportés sur des bêtes élevées pour porter des fardeaux, nous fûmes conduits par des Nègres rudes et sauvages. Enfin, très harrassés par la chaleur pendant la journée et tremblant la nuit, et sans jamais cesser de voyager de jour comme de nuit, nous entrâmes dans la très célèbre et très peuplée cité de Palerme, et en entrant dans la ville, le peuple vint à notre rencontre.

Ils se pressaient très joyeusement, et chantaient des cantiques triomphaux, […] et nous pûmes longuement contempler la multitude des citoyens et des étrangers qui s’étaient réunis, et que le nombre des habitants, par rapport à tous les comptes, n’est pas, à notre avis, surestimé, car on aurait cru que toute la race des Sarracènes s’était réunie ici-bas, du levé du soleil à son couché, du nord et de la mer, selon le discours bien connu du bienheureux David.

[…Interrogatoire auprès de l’Emir sur leurs pratiques, la foule les presse de questions]

Enfin, nous fûmes jetés dans la prison commune, et c’est une cave dont le dallage est situé 14 pas en sous-sol, et il a seulement une petite porte au lieu d’une fenêtre ; ici l’obscurité est complète, et on la ressent, la seule lumière possible étant celle d’une lampe, ou un reflet du jour, et il est impossible de jamais voir dans ce cachot ni la lumière du jour, ni le clair de lune. Nos corps furent malmenés par la chaleur, car c’était l’été, et nous étions rotis à cause du souffle de nos co-détenus, et par ailleurs, nous étions les hôtes de la vermine et des poux, et de puces et d’autres petits insectes, dont les morsures attristent l’homme.

Dans la promiscuité, avec nous, d’autres étaient enfermés dans cette même geôle, pour faire commerce (pour ainsi dire) de ces misères : des Negres, des Tarsiens, des Juifs, des Lombards, et certains de nos chrétiens, de différentes contrées, parmi lesquels se trouvait également le très saint évêque de Malte, enchaînés avec des chaînes doubles.

Ensuite, les deux évêques s’embrassèrent, et se firent le saint baiser, et pleurèrent ensemble pendant quelque temps sur ce qui leur était arrivé, mais finalement, ils rendirent grâce à Dieu pour tout cela, et combattirent leur douleur par des arguments tirés de notre philosophie.

[…un excité veut les sacrifier pour la pâques musulmane, dissertation sur la Pâques, les vieu sages s’y refusent]