Napoléon Bonaparte, Discours avant le débarquement d'Alexandrie : une théorie coloniale,1798

« Soldats, leur avait dit Bonaparte avant le débarquement, vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la civilisation et le commerce du monde sont incalculables. Vous porterez à l’Angleterre le coup le plus sûr et le plus sensibte, en attendant que vous puissiez lui donner le coup de mort.
Nous ferons quelques marches fatigantes ; nous livrerons plusieurs combats ; nous réussirons dans toutes nos entreprises, les destins sont pour nous.
Les beys-mameluks qui favorisent exclusivement le commerce anglais, qui ont couvert d’avanies nos négociants et qui tyrannisent les malheureux habitants du Nil quelques jours après notre arrivée n’existeront plus.
Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont mahométans ; leur premier article de foi est celui-ci « Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète ». Ne les contredisez pas; agissez avec eux comme nous avons agi avec les juifs, avec les Italiens; ayez des égards pour leurs muftis et leurs imams, comme vous en avez eu pour les rabbins et les évêques ; ayez pour les cérémonies que prescrit le Qur’ân, pour les mosquées, la même tolérance que vous avez eue pour les couvents, pour les synagogues, pour la religion de Moïse et de Jésus-Christ.
Les légions romaines protégeaient toutes les religions. Vous trouverez ici des usages différents de ceux de l’Europe il faut vous y accoutumer !
Les peuples chez lesquels nous allons entrer traitent les femmes différemment que nous, mais dans tous les pays, celui qui viole est un monstre.
Le pillage n’enrichit qu’un petit nombre d’hommes, il nous déshonore, il détruit nos ressources, il nous rend ennemis des peuples qu’il est de notre intérêt d’avoir pour ami.
La première ville que nous allons rencontrer a été bâtie par Alexandre. Nous trouverons à chaque pas de grands souvenirs dignes d’exciter l’émulation des Français, »