Maçoudi, Prairies d’Or, Khazars, Russes et Bulgars (de la Volga), v. 950 n-è

Khazars et Russes
Les habitants de Bab-al-Abwab ont à souffrir du voisinage d’une principauté appelée Jidân, qui est sous la domination du roi des Khazars, et dont la capitale était autrefois une ville appelée Samandar, à 8 journées de Bab-al-Abwab. Actuellement elle est encore habitée par une population khazare ; mais depuis qu’elle a été conquise, dans les premiers temps de l’Islam, par Sulayman b. de Rabi‘a al-Bahili, le siège de l’empire a été transféré à Amul, qui en est éloignée de 7 journées et où les rois des Khazars font aujourd’hui leur résidence.

Cette ville est coupée en trois parties par un grand fleuve, qui descend des plateaux élevés du pays des Turcs, et dont un bras se dirige vers le territoire des Bulgares, pour se jeter dans la mer Mâyutis. Amul est bâtie sur les deux rives du fleuve, au milieu duquel se trouve une île qui contient le siège du gouvernement; le château du roi est situé à l’une des extrémités de l’île, qui est reliée par un pont de bateaux avec l’une des deux rives. La population se compose de musulmans, de chrétiens, de juifs et de païens.

Le roi, sa cour, et tous ceux qui sont de race khazare, pratiquent le judaïsme, qui est devenu la religion dominante dans cet État, depuis le khalifat d’Harûn ar-Rashid : beaucoup de juifs sont venus s’établir chez les Khazars, de toutes les cités musulmanes et des pays de Rûm, parce que, de nos jours, l’an 332, Armanûs (Romain), roi de Rûm, a persécuté les Juifs de son empire pour les convertir au christianisme.

Nous parlerons plus bas, dans cet ouvrage, des rois de Rûm, de leurs entreprises, et de ce prince en particulier, ainsi que de ceux qui partagent avec lui les soins du gouvernement. Un grand nombre de juifs a donc abandonné le pays de Rûm, pour se réfugier chez les Khazars ; quant à l’histoire détaillée de la conversion des princes khazars au judaïsme, nous n’en dirons rien ici, ayant déjà traité ce sujet dans nos précédents ouvrages.

Les païens domiciliés dans cette contrée sont de plusieurs races, parmi lesquelles il y a des Slaves et des Russes, qui sont relégués dans un des deux quartiers de la ville ; ils brûlent leurs morts, en mettant sur le même bûcher leurs bêtes de somme, leurs armes et leurs parures.
Quand un homme vient à mourir, sa femme est brûlée vive avec lui; mais si c’est la femme qui meurt la première, le mari ne subit pas le même sort. Lorsque quelqu’un meurt célibataire, on lui donne une épouse après son décès.
Les femmes désirent ardemment être brûlées avec leurs maris pour entrer à leur suite dans le paradis. Cette coutume, comme nous l’avons déjà fait remarquer, a lieu dans l’Inde, où, toutefois, la femme n’est brûlée avec son mari qu’autant qu’elle y consent elle-même.

Les musulmans dominent dans le pays des Khazars, parce que ce sont eux qui composent la garde royale : ils sont connus sous le nom de Larisiya. Originaires des environs du Kharezm, ils sont venus s’établir dans le royaume des Khazars, peu de temps après l’apparition de l’islam, en fuyant le double fléau de la guerre et de la peste ; ce sont des hommes très courageux et sur la bravoure desquels le roi des Khazars se repose en toute confiance dans les guerres qu’il entreprend.
En se fixant dans son empire, ils ont stipulé, entre autres conditions à leur avantage, qu’ils auraient le libre exercice de leur religion, qu’ils pourraient bâtir des mosquées, que la prière leur serait annoncée publiquement, et que le Wazir serait toujours choisi parmi eux.
Celui qui occupe de nos jours ces hautes fonctions est effectivement un musulman nommé Ahmad b. Kowayh. Il a été convenu que toutes les fois que le roi des Khazars serait en guerre avec les musulmans, ceux qui servent dans sou armée se tiendraient à l’écart et ne combattraient pas leurs coreligionnaires, mais qu’ils marcheraient contre tous les infidèles.
Aujourd’hui 7000 d’entre eux forment les archers à cheval du roi : ils portent la cuirasse, le casque et la cotte de mailles; il y en a parmi eux qui sont armés de lances et équipés comme le sont d’ordinaire les musulmans. Ils ont aussi des juges de leur religion.

Au surplus, c’est une règle invariable dans la capitale des Khazars qu’il y ait en tout 7 juges : 2 pour les musulmans, 2 pour les Khazars, qui décident d’après la Torah ; deux pour les chrétiens, qui décident d’après l’Evangile, et 1 pour les Slaves, les Russes et les autres païens; ce dernier juge d’après la loi naturelle, c’est-à-dire d’après les inspirations de la raison. Quand il se présente un cas grave que leurs juges ne savent pas décider, les parties se réunissent chez les Juges musulmans, leur défèrent la cause et se soumettent à la décision, qui est conforme à la législation de l’islam.

Seul, parmi les souverains de ces contrées orientales, le roi des Khazars entretient des troupes à sa solde. Tous les musulmans qui sont établis dans le pays sont connus sous la dénomination de Larisiya, bien qu’ils soient d’origine différente. Quant aux Russes et aux Slaves, qui pratiquent l’idolâtrie, ils peuvent aussi entrer dans les troupes du roi ou faire partie de sa maison. En dehors des Larisiya, il faut encore compter un certain nombre de musulmans , négociants ou artisans, qui ont émigré récemment, à cause de la justice et de la sécurité dont on jouit dans cet empire.

Outre une grande mosquée, dont le minaret domine le château royal, ils y possèdent plusieurs autres mosquées d’une moindre importance, auxquelles sont annexées des écoles où les enfants apprennent à lire le Koran. Si jamais les musulmans et les chrétiens se coalisaient, ils feraient certainement la loi au roi.

Ce que nous avons dit jusqu’à présent ne s’applique pas au roi des Khazars par excellence, c’est-à-dire au Khaqân ; car il faut savoir que dans ce royaume le Khaqân est un personnage qui doit toujours rester entre les mains d’un prince qui exerce de fait l’autorité et dans le palais duquel il réside; confiné dans les appartements intérieurs, dont il ne sort pas, il ne sait pas monter à cheval et ne se montre jamais aux courtisans et au peuple. Vivant au milieu de son harem, il ne gouverne pas et ne prend aucune part aux affaires de l’État. Malgré cela, l’autorité du prince qui gouverne serait nulle, s’il n’avait pas avec lui le Khaqân dans sa capitale et dans son palais.
Quand les Khazars souffrent de la disette, ou qu’un autre malheur Frappe leur pays, si les chances d’une guerre tournent contre eux et se déclarent pour une nation ennemie, si enfin un désastre quelconque vient fondre sur eux à l’improviste, le peuple et les grands se portent en foule chez le roi et lui disent :
« Nous n’augurons rien de bon de ce Khaqân, dont le règne ne nous fait présager que des désastres ; mets-le donc à mort, ou livre-le-nous pour que nous le fassions périr. »
Quelquefois le roi le leur abandonne, et ils le tuent, ou bien il se charge lui-même de cette exécution; parfois aussi, ému de pitié pour son infortune, il le défend en disant qu’il n’a commis aucun crime qui le rende digne d’un châtiment. Je ne sais si cette institution remonte aux temps anciens ou si elle est nouvelle ; mais l’usage de choisir toujours le Khaqân parmi les membres d’une des plus illustres familles semble démontrer qu’autrefois la royauté était héréditaire dans cette même famille.

Les Khazars ont une grande quantité de barques, avec lesquelles ils naviguent sur une rivière qui se jette, au-dessus de leur ville, dans le grand fleuve qui la traverse; sur les bords de cette rivière, que l’on appelle Burtas, habitent plusieurs tribus turques qui ont des demeures fixes et appartiennent à l’empire des Khazars. Les établissements qu’elles occupent relient entre eux le royaume des Khazars et celui des Bulgares, d’où vient cette rivière, sur les eaux de laquelle se croisent les embarcations des deux peuples, en descendant ou en remontant le courant. Burtas, ainsi que nous l’avons dit plus haut, est proprement une peuplade turque campée sur les bords de cette rivière, qui lui a pris son nom; c’est de son territoire que sont exportées les peaux de renards noirs et rouges appelées généralement Burtasiya.
Il y a de ces peaux, surtout les noires, qui valent jusqu’à cent dinars et plus; les rouges sont d’un prix moins élevé; les premières sont portées par les rois des Arabes et des Persans, qui s’en parent avec complaisance et qui les estiment plus que la martre zibeline, l’hermine et les autres fourrures de ce genre. Ils s’en font faire aussi des bonnets, des qaftans et des pelisses; à peine existe-t-il un roi qui ne possède pas une pelisse ou un qaftan doublé de peaux de renards noirs de Burtas. Le fleuve des Khazars, dans la partie supérieure de son cours, se décharge par un bras dans un des golfes de la mer Nitas, qu’on peut nommer la mer des Russes, car ils sont les seuls qui y naviguent, et ils habitent sur l’une de ses côtes : ils forment une nation nombreuse, qui ne reconnaît ni autorité ni loi révélée; plusieurs de leurs négociants entretiennent des relations commerciales avec les Bulgares. Les Russes possèdent, dans leur pays, une mine d’argent semblable à celle qui existe en Khorasan, dans la montagne de Benjhir.

La ville des Bulgares est située sur la côte de la mer Mayutis ; ces peuples, qui sont d’origine turque, habitent, si je ne me trompe, le septième climat. Il y a continuellement des caravanes qui vont de chez eux dans le Kharezm, en passant par le Khorasan, ou qui reviennent de ce royaume; mais, comme la route traverse les campements de tribus turques nomades, elles sont obligées de prendre une escorte.
Actuellement, en 332, le roi des Bulgares est un musulman, qui s’est converti à l’islame, à la suite d’un songe, sous le règne de Muqtadir-bi-Llah, après l’an 310. Un de ses fils a fait le pèlerinage, et, lors de son passage à Baghdad, il a offert au khalife un étendard, des fourrures noires et de riches présents.
Ces peuples se sont bâti une grande mosquée. Leur roi fait des incursions sur le territoire de Constantinople, à la tête de plus de 50 000 cavaliers; de là ses hordes dévastatrices se rendent jusqu’à Rome, puis dans les provinces de l’Espagne méridionale et sur les terres des Burjân (Bourguignons), des Galiciens et des Francs. Cependant, pour atteindre Constantinople, ce prince n’a pas moins de 2 mois de route à parcourir à travers des pays cultivés et déserts. L’an 312, une expédition musulmane sortit de Tarsûs, sur les confins de la Syrie, sous le commandement de l’émir des frontières, l’eunuque Thamal, surnommé az-Zulfi. Celte flotte, composée de vaisseaux de Syrie et de Basra, après avoir parcouru le canal de Constantinople et un autre canal de la mer de Rûm qui n’a pas d’issue, aborda au pays de Fanadiya (Venezia).
Là une troupe de Bulgares s’avança à la rencontre des musulmans, et leur offrit ses services, en disant que leur roi se tenait à une petite distance, ce qui prouve la vérité de notre assertion, que la cavalerie des Bulgares pousse des partis jusqu’à la mer de Rûm. Plusieurs d’entre eux s’embarquèrent sur les vaisseaux des habitants de Tarsûs, qu’ils accompagnèrent dans leur retour.

Les Bulgares forment une nation grande, puissante et belliqueuse, qui a subjugué tous les peuples ses voisins. Un cavalier bulgare, parmi ceux qui ont embrassé l’islamisme avec leur roi, tient tête à cent ou même à deux cents infidèles. Sans la force de leurs remparts, les habitants de Constantinople et les peuples de ces contrées, qui trouvent un asile; assuré derrière les murs dos villes fortifiées, ne pourraient actuellement résister aux attaques de ces redoutables ennemis.

Dans le pays des Bulgares, les nuits sont extrêmement courtes pendant une partie de l’année; on prétend même que personne n’a le temps de faire bouillir sa marmite avant le lever de l’aurore. Dans nos ouvrages précédents, nous avons expliqué ce phénomène par la forme sphérique de la terre; c’est pour la même raison que, dans les régions polaires, il y a six mois consécutifs de nuit auxquels succèdent six autres mois de jour, ce que les astronomes, dans leurs tables, attribuent aussi à la configuration sphérique de la terre.

On comprend sous la dénomination générique de Russes une infinité de peuplades : la plus nombreuse, appelée Lûdha‘âna (Lituaniens), fait le commerce avec l’Andalus, Rome, Constantinople et les Khazars. Après l’an 3oo, 500 vaisseaux russes environ, montés chacun par 100 hommes, entrèrent dans le canal de la mer Nitas, qui communique avec la mer des Khazars; là se tient un poste de Khazars fortement retranchés, chargés de barrer le passage à quiconque vient de la mer Nitas et à ceux qui viennent de l’intérieur des terres, où il y a un chemin qui mène, par eau, de la mer des Khazars à la mer Nitas.

Or il faut savoir que les Ghuzz, tribu nomade turque, viennent établir leur campement d’hiver dans ces cantons.
Comme il arrive souvent que la rivière qui relie le fleuve des Khazars au canal de la mer Nitas est complètement gelée, les Ghuzz, ne craignant pas sa profondeur, passent avec leurs chevaux sur la glace trop épaisse pour se rompre sous leur poids, et ils pénètrent dans le pays des Khazars.

Plusieurs fois déjà ils ont forcé le poste chargé de les repousser, et le roi des Khazars s’est vu obligé de marcher contre eux, pour les empêcher de passer sur la glace et préserver son royaume de leur invasion ; l’été, les Turcs ne sauraient franchir un pareil obstacle. Les vaisseaux russes, étant donc arrivés au poste qui garde l’entrée fin canal, envoyèrent demander au roi la permission de traverser par eau son royaume et d’entrer dans le grand fleuve des Khazars, d’où ils devaient descendre jusqu’à la mer de ce nom, qui baigne les côtes du Jurjân, du Tabarestân et d’autres pays barbares que nous avons nommés; ils s’engageaient, en retour, à donner au roi la moitié de tout le butin qu’ils pourraient faire sur les habitants de ces parages. Ce prince ayant consenti à ce qu’ils demandaient, ils entrèrent dans le canal ,d’où ils pénétrèrent dans le bras du fleuve qu’ils remontèrent jusqu’au fleuve lui-même : là ils en descendirent le cours, traversèrent la ville d’Amol, et arrivèrent enfin à l’endroit où il se décharge dans la mer des Khazars.
De la ville d’Amol à son embouchure, la masse de ses eaux est considérable. Alors les vaisseaux russes se répandirent sur cette mer. Des détachements de cavalerie se lancèrent contre le Jîlân, le Daylem, le Tabaristân, attaquèrent Abeskûn, ville située sur la côte du Jurjân, envahirent les pays du naphte (Bakou) et poussèrent leurs ravages dans l’intérieur de l’Azerbaïdjàn ; car le district d’Ardahil, dépendant de l’Azerbaïdjân, qu’ils visitèrent, est éloigné de la mer d’au moins 3 journées.
Ces barbares répandirent des torrents de sang, réduisirent en esclavage les femmes et les enfants, et portèrent partout le pillage, la ruine et l’incendie. Tous ces parages retentirent alors de cris et de gémissements; car jamais les populations n’avaient été attaquées par mer, et leurs côtes n’avaient été fréquentées que par des bâtiments de commerce ou des pécheurs. Tout en guerroyant avec les habitants du Jîlân, du Daylam, et avec le général qui commandait les forces d’Ibn Abî as-Saj, les russes poussèrent jusqu’à la côte du naphte, connue sous le nom de Bakou, qui fait partie du royaume de Shirwân. Au retour de ces expéditions, ils descendirent dans des Iles éloignées de quelques milles seulement de la côte du naphte. ‘Ali b. al-
Haytam, était alors roi de Shirwân ; il arma des troupes qui montèrent sur des barques et sur de petits bâtiments de commerce, et se dirigèrent vers ces îles. Mais les Russes les attaquèrent, et des milliers de musulmans furent tués ou noyés.
Après ce succès, les Russes se livrèrent, pendant plusieurs mois, à la piraterie, sans que personne n’osât traverser la mer pour courir sur eux; les habitants de ces côtes, qui sont très peuplées, se contentèrent de se fortifier chez eux et de se mettre, autant que possible, à l’abri de toute poursuite. Lorsqu’ils se furent gorgés de butin, les barbares, fatigués de cette vie, retournèrent à l’embouchure du fleuve et envoyèrent un message au roi des Khazars avec la part des dépouilles qu’ils étaient convenus de lui donner. Ce prince ne possède pas de vaisseaux, et ses sujets n’ont pas l’habitude de la navigation; autrement les fidèles seraient exposés aux plus grands dangers. Cependant les Larisiya et les autres musulmans établis dans ces contrées, instruits de ce qui s’était passé, dirent au roi :
« Laisse-nous tirer vengeance de ce peuple qui a ravagé le pays de nos frères, a répandu leur sang et a traîné en esclavage leurs femmes et leurs enfants. »

Le roi, ne pouvant les retenir, fit savoir aux Russes qu’ils allaient être attaqués. En effet, les musulmans se rassemblèrent et vinrent au-devant d’eux en descendant le fleuve. Lorsque les deux partis s’aperçurent, les Russes quittèrent leurs vaisseaux. Les musulmans étaient au nombre d’environ 15 000 hommes pourvus de chevaux et bien équipés, parmi lesquels on comptait beaucoup de chrétiens établis à Amul. Après une lutte acharnée, qui ne dura pas moins de trois jours. Dieu donna la victoire aux musulmans; les Russes lurent passés au fil de l’épée ou périrent dans les flots; 5000 environ purent s’échapper et passèrent avec leurs vaisseaux sur l’autre rive du fleuve, près du pays des Burtas ; mais à peine eurent-ils mis pied à terre, qu’ils tombèrent en partie sous les coups de ces barbares ; d’autres arrivèrent chez les Bulgares, où ils furent massacrés par les musulmans. On peut évaluer à peu près à 30 000 le nombre de ceux qui auraient été tués par les musulmans sur les bords du fleuve des Khazars. Depuis l’année de le désastre, les Russes n’ont jamais renouvelé une entreprise si périlleuse.

Nous avons rapporté cette histoire pour réfuter l’opinion de ceux qui prétendent que la mer des Khazars se relie à la mer Mayotis ; puis, par cette dernière mer et celle de Nitas, au canal de Constantinople; si une telle communication existait réellement, les Russes n’auraient pas manqué de passer par cette mer, où ils dominaient sans partage, ainsi que nous l’avons dit plus haut.

N’oublions pas, d’ailleurs, que le témoignage de toutes les populations riveraines était unanime sur ce point, que la mer des barbares n’a pas de canal de communication avec aucune autre; ce qui est d’autant plus facile à constater, que c’est une mer resserrée et dont le bassin est parfaitement connu. Le désastre essuyé par la flotte russe est connu de tout le monde dans ces pays, où personne n’en ignore l’époque; ce fut après l’an 3oo, mais la date précise m’a échappé. Peut-être ceux qui prétendent que la mer des Khazars communique avec le canal de Constantinople entendent-ils, par mer des Khazars, la mer Mayotis et la mer Nitas, qui est celle des Bulgares et des Russes. Dieu seul sait ce qui en est.