Han Shu de Sima Qian : fin Ier s. av.

  1. Grand Yue-zhi

La capitale du royaume des Da Yue-zhi est la cité de Kin-She, distante de Ch’ang-An de 11 600 li. Elle échappe au contrôle du gouvernement général. Le royaume contient près de 100 000 familles, comprennant une population totale de 400 000, avec 100 000 troupes aguerries. Le siège du gouverneur général se situe à l’est, à 4 740 liDu Gan-Seih (Ariana) à l’ouest se trouve 49 journées de distance. Le pays rejoint Ke-Pin au sud. Le sol, le climat, les productions, les coutumes du peuple, et la monnaie sont les même qu’au Gan-Seih. Ils ont le chameau à une bosse. Les Da Yue-zhi sont une nation nomade, allant de lieu en lieu, au gré de leurs troupeaux, à l’instar des Xiong-Nu. Ils ont plus de 100 000 hommes capables de tirer à l’arc ; et aux temps jadis ils se considéraient suffisamment forts pour traiter les Xiong-Nu avec dédain. A l’origine, ils vivaient entre Dunhuang et Ke-lien, lorsque Maw-Tun Shen-Yu [-209/174] les attaqua et les soumis. Law-Shang Shen-Yu [173-160 BCE] assassina le Roi des Yue-zhi, et transforma son crâne en une coupe à boire. La tribu s’exila à distance, traversa Ta-wan, et attaqua les Ta-Hea à l’ouest, les réduisant comme vassaux, et établirent leur capitale au nord du fleuve Wei (Oxus), où le roi tenait sa cour. Une petite fractions, incapable de partir, se fortifièrent dans les montagnes du sud et furent appelé par les K’ang, les Seaw Yue-zhi. Les Ta-Hea était auparavant sans chef suprême ; et étaient habitué de mettre en place de petits chefs sur leurs cités. Mais les peuples étaient faibles et craignaient d’entrer en guerre. C’est pourquoi, lorsque les Yue-Zhi se sont retiré en leur pays, ils se sont fait leurs vassaux et ils ont présenté ensemble une pétition à l’ambassadeur chinois, ils ont cinq districts, tous dépendants des Grands Yue-Zhi.

Khang-Ju

Le roi de K’ang-Ju aime tenir sa cour durant l’hiver dans le pays de Yue-Nieh à la cité de Pe-tîn, distante de Ch’ang-An de 12,300 li. Le royaume est hors du contrôle du Gouverneur Général. Du pays de Yue-Nieh à la résidence d’été du Roi à l’intérieur de la frontière se trouve une distance de 7 journées à cheval. De là à Ch’ang-an se trouve 9,104 li. Le royaume contient 120 000 families, soit une population totale de 600 000, avec 120 000 troupes entraînées. Le siège du Gouverneur Général se situe à 5,550 li. Leurs coutumes sont les même que celles des Grands Yue-Zhi. A l’est, ils subissent la servitude forcée des Xiong-Nu.

A l’époque de l’empereur Swen-Te [-73-49], lorsque les Xiong Nu étaient en anarchie, et que 5 Shen-Yu se combattaient les uns les autres, la Chine interposa son influence pour élever Hu-Han-Say Shen-Yu ; et Che-Che Shen-Yu fut toujours contre les chinois, mirent leur envoyé à mort et ensuite se déplacèrent à l’ouest [-49] s’installant chez les K’ang-Ju.

Après celà, le Gouverneur General Kan Yen-Show et le vice- Protecteur Ch’in Tang amenèrent le vice-Protecteur Wu-Ke avec des troupes des  divers royaumes des régions occidentales aux Kang-Ju et exterminèrent la puissance de Che-che Shen-Yu (-36).[…]

Sous l’empereur Ch’ing-Te [-32-7], le Prince des K’ang-Ju envoya son fils en Chine comme otage, avec une offrande de tribut ; mais son pays était à une telle distance, que le Prince était simplement hautain et insolent, refusant de considérer la Chine à l’instar des autres nations.

Le Gouverneur General Kwo Shun s’adressa à plusieurs reprises au trône en disant :

« A l’origine, lorsque les Xiong-Nu atteignirent leur plus haute prosperité ca ne dépendait pas de leur relation avec Wu-sun et K’ang-Ju ; et lorsqu’ils s’appelaient subalternes, ce n’était pas parce qu’ils avaient perdu ces deux royaumes. Bien que la Chine ait reçu des princes otages de tout ceux-là, ces trois royaumes pèsent comme un fardeau les uns sur les autres, et négligent leurs rapports avec l’empire, comme autrefois. Ils restent également en attente, attendant le bon moment pour la démonstration.

Lorsqu’ils sont proches, on ne peut leur accorder une confiance rapprochée, quand ils sont éloignés on ne peut en user comme vassaux. En appliquant cec i aux circonstances présentes, l’alliance matrimoniale avec Wu-Sun n’a jamais tourné à l’avantage pour nous, mais fut  au contraire une source d’ennuis pour la Chine.

Cependant, Wu-Sun, ayant autrefois réalisé cette alliance, est maintenant aussi bien cette nation que les Xiong Nu se considèrent nos vassaux, il n’est pas juste qu’ils soient repoussés.

Mais K’ang-Ju est si fier et rusé qu’ils ne rendront jamais les honneurs à nos envoyés. Lorsque un officier du Gouverneur Général ont atteint leur pays, il fut installé sous les envoyés de Wu-Sun et des autres pays. Quand le roi et ses nobles eurent terminé leur repas, l’officier fut alors autorisé à avaler une bouchée. Il n’y a donc pas de place pour vanter les royaumes voisins de ces provinces formant de l’empire. Ayant établi ce constat, pourquoi donc ont-ils envoyer leurs fils à la Cour comme otages ?

La raison en est qu’ils veulent nous tromper par des paroles spécieuses pour être autorisés à commercer. Les Xiong-nu et tout les grands royaumes barbares rendent un service parfait à la Chine, désormais, mais il est signalé que K’ang-Ju ne rends pas hommage, et par ailleurs il a envoyé un émissaire au Shen-Yu, comme acte de auto-humliation. Leur prince en otage doit être renvoyé, et jamais nul émissaire ne devra jamais être renvoyé à eux, afin de montrer que la maison de Han ne entretient nulle relation avec les royaumes qui ignorent les règles de l’étiquette.

Les petites régions de Dunhuang et Tsu-Tswen et les 8 royaumes sur la route du sud donnent de la nourriture aux envoyés qui passait et repassait, y compris aux hommes, chevaux, ânes et chameaux ; ce qui devint très dur pour eux, épuisant leurs réserves de riz ; tandis que rencontrer et accompagner ces nations fières, rusées, et extrêmement lointaines, n’est nullement une sage politique. En ouvrant un commerce frais, la Chine traite les hommes venus de loin avec la plus grande libéralité, mais elle doit toujours finalement les réfreiner et les limiter, pourtant, elle ne les rejette jamais.

When near they cannot be taken into close confidence ; when distant they cannot be made use of as vassals. Applying this to present circumstances, the connection with Wu-Sun by marriage has never turned out of any advantage to us ; but on the contrary has been a cause of trouble to China.

K’ang-Ju a 5 vice-rois

Au NE de K’ang-Ju, à près de 2,000 li de distance, se trouve le royaume de Yen-Tsae (Kharezm?), qui compte près de 100 000 archers ; ayant les même coutumes que K’ang-Ju, aux bords d’un vaste marécage sans berge, appelé la mer du Nord.

  1. Da-Yuan

La capitale du royaume des Da-Ywan est la cité de Kwe-Shan, distante de Ch’ang-an de 12,550 li. Le royaume recelle 60,000 familles, comprennant une population de 300 000, dont 60 000 troupes entraînées, un vice-roi, et un Prince Assistant National. Le siège du gouverneur général se trouve à l’est à la distance de 4,031 li. De la cité de Pe-Tin au Kang-Ju au nord est de 1,510 li. Jusqu’aux Da Yue-Zhi au sud-ouest se trouve 690 li. Le pays touche au Kang-Ju au nord, et aux Da-Yue-Zhi au sud. Le sol, le climat, le sproductions et coutumes du peuple sont identiques à celles des Da-Yue-Zhi et de Gan-Seih (Ariana). Tout autour de Da-Ywan ils font du bon vin de rasin.

Les gens riches stockent jusqu’à 10 000 pierres et plus dans leurs caves, et elles se conservent plusieurs dizaines d’années sans être volées. Les gens sont friands de vin, et les chevaux sont friands de l’Herbe Blance. Il  ya plus de 70 autres villes dans le pays. Il est une race de nombreux chevaux excellents qui transpirent du sang. Il est dit que cette race est de la souche d’un étalon surnaturel. Lorsque Chang Kien parla de cela à l’empereur, le monarque a envoyé un émissaire avec 1000 pièces d’or et un cheval d’or, afin d’obtenir certains de ces excellents chevaux. Mais le roi de Da-Ywan, étant donné que son extrême éloignement de la Chine ne lui permettait pas d’envoyer une armée, et compte tenu de la grande valeur qu’il attachait à ces précieux chevaux, refusa de les faire convoyer en Chine.

L’émissaire risquant de les trahir en usant de certaines expressions sur Da-Ywan, le roi le fit mettre à mort, et prit possession de son trésor. L’Empereur ordonna alors au général Li Kwang-Li à commander une armée de plus de 100 000 hommes, qui attaqua Da-Ywan pendant 4 années consécutives, jusqu’à ce que, finalement, les indigènes décapitent le roi Wuh-kwa, et présentent une offre de 3 000 chevaux. L’armée chinoise s’en retourna peu après.

Les détails de ces transactions se trouvent dans le « Mémoire de Chang K’ien. » Le général, après s’être assuré de la décapitation du roi, mis à sa place un noble du pays, qui avait déjà reçu des prestations de la Chine – du nom de Mei-Tsae – à sa place. Après plus d’un an, les nobles de Da-Ywan accusèrent Mei-Tsae d’avoir, par sa  flagornerie, causé lz massacre de leurs compatriotes, et se conjurant, ils mirent à mort Mei-Tsae, et mirent à sa place Chen-Fung, cadet de Wuh-Kwa, comme roi, qui envoya son fils comme otage à la Cour. La Chine, par conséquent, envoya un émissaire avec des cadeaux, pour les sécuriser et les pacifier. Plus de dix missions furent ensuite envoyées aux différents royaumes de l’ouest de Da Ywan, à la recherche de raretés, et la renommée de la puissance de la Chine, qui avait subjugué Da-Ywan, a raisonné bien plus loin. Chen-fung, le roi de Da Ywan, conclut un traité avec la Chine, qui convenait de l’envoi d’une offrande de 2 chevaux célestes chaque année. L’envoyé chinois sélectionna et ramena avec lui des cépages de vigne ainsi que Herbes Blanches.

  1. […]

De l’Ouest de Da Ywan au royaume de Gan-Seih, bien que leur langue soit quelque peu différente, la ressemblance est si grande qu’ils se peuvent se comprendre les uns les autres  . Les habitants de Da-Ywan ont des yeux profonds et enfoncés, et des barbes et moustaches touffues. Ils sont d’habiles commerçants, et se disputent pour la division des bagages. Les femmes sont honorablement traitées parmi eux, et elles guident leurs maris dans leurs décisions. Ils utilisent abondamment la soie et la glaçure dans tout le pays. Ils ne savaient pas couler d’instruments de fer jusqu’à ce qu’un émissaire chinois, après avoir perdu ses troupes, qui s’étaient soumises, leur enseigna l’art de la fonte, ce qui leur permit de faire de nouvelles armes.

Ils ont utilisé l’or et l’argent chinois pour faire de la vaisselle, au lieu de l’utiliser pour les cadeaux à l’État. De Wu-sun en allant vers l’ouest jusqu’au Gan-Seih, plusieurs royaumes voisinnent tous celui des Xiong-Nu. Les Xiong-Nu ayant opprimé les Yue-Zhi, lorsque l’envoyé Xiong-Nu vint à Da-Ywan avec une missive du Shen-Yu, il fut diverti et promené, car ils n’osaient pas le retenir et le punir. Mais quand vint l’envoyé chinois, il ne pouvait ni obtenir de la nourriture, ni acheter du bétail, ni assurer l’hébergement de ses chevaux, tant qu’il n’eut pas délivré ses présents. La raison de ceci était que la Chine était si lointaine, et possédait tant de richesses, que les gens de Da Ywan ne leur donnaient jamais ce qu’ils voulaient sur des considérations commerciales équitables.

  1.  […]

Nos premières informations sur Da-Ywan datent de Chang Kien, originaire de Han-Chung ; sous la période K’ien-Yuan [140-134 avant J.-C.], il était Lang (officier). A cette époque, le Fils du Ciel enquêtait auprès des Xiong-Nu qui s’étaient rendu et ils tous donnèrent la même information à propos de la victoire des Xiong-Nu contre le roi des Yue-Zhi et qu’on avait fait de son crâne une coupe à boire. Les Yue-Zhi avaient décampé et s’étaient réfugié quelque part, complotant sans arrêt sur un moyen de se venger des Xiong-Nu, mais n’avait trouvé aucun allié pour les rejoindre dans un coup de force.

Les Chinois, voulant déclarer la guerre et ravager les Hu, après avoir entendu ce rapport, cherchèrent à communiquer avec les Yue-Zhi, mais, la route passant par le territoire Xiong-Nu, l’empereur cherchait des hommes qu’il aurait pu envoyer. Chang K’ien, un Lang, répondit à son appel et s’engagea dans la mission auprès des Yue-Zhi, il prit avec lui un Kan Fu, un Hu, ancien esclave de la famille Tang, et démarra depuis le Gan-Su en traversant le territoire Xiong-Nu. Ces derniers le firent prisonnier et l’envoyèrent au Shan-Yu[…]il retint Chang K’ien pendant plus de 10 ans, et lui donna une femme, dont il eut un fils. Pendant tout ce temps Chang K’ie’n avait gardé en lui le devoir de service à l’Empereur, et, quand, au cours du temps, il lui fut permis de prendre plus de liberté, il tenta sa chance, et réussi à s’évader avec ses hommes en direction des Yue-Zhi. Ayant voyagé plusieurs dizaines de jours vers l’ouest, il arriva à Da-Ywan. Les gens de ce pays, après avoir entendu parler de la richesse et la fécondité de la Chine, avaient tenté en vain de communiquer avec lui. Lorsque, par conséquent, ils virent Chang K’ien, ils lui demandèrent avec joie :

« Où voulez-vous aller?

Chang K’ien répondit :

« J’ai été envoyé par la Chine auprès des Yue-Zhi, et je fus fait prisonnier par les Xiong-Nu. J’ai désormais réuissi à leur échapper et je voudrais demander à votre roi quelqu’un pour me conduire au pays de Yue-Zhi, et si je réussit à atteindre ce pays, à mon retour en Chine, mon roi sera vous récompensera par d’inestimables trésors. Les Da-Ywan crurent en son récit et lui donnèrent un sauf-conduit sur les routes postales de K’ang-Ju, et K’ang-Ju l’envoya au Da-Yue-Zhi. Le roi des Da-Yue-Zhi ayant été tué par des Hu, les gens avaient mis à sa place le prince héritier (une reine dans le Hsin-Han-Shu). Ils avaient conquis depuis Da-Xia et a occupé ce pays. Ce dernier étant riche et fertile et peu troublé par les bandits, ils avaient décidé de profiter d’une vie paisible, d’ailleurs, car ils se considéraient comme trop loin de la Chine, ils n’avaient plus l’intention de prendre leur revanche sur les Hu. Chang Kien alla à travers le pays des Yue-Zhi jusqu’à Da-Xia, mais, à al fin, i ne parvint à rien avec les Yue-Zhi. Après être resté un an complet, il s’en retourna, en contournant le Nan-shan. Il voulait revenir dans le pays des Kiang [Tanguts], mais fut de nouveau fait prisonnier par les Xiong-Nu, qui le retinrent plus d’un an, lorsque le Shan-yu décéda et que le prince de la « gauche » de Luk-Li attaqua l’héritier légitime et usurpa le trône, jetant ainsi le pays dans un état de confusion. A cette époque Chang K’ien, sa femme tartare et T’ang Fu s’évadèrent et retournèrent en Chine.