Balâdhuri, Futuh al-Buldan, IV, 1 : Arménie (Ghazzus et Capitulations Arméniennes), v. 870 n-è

Al- Balâdhurî, IV, 1 :

Conquête de l’Arménie

Les quatre provinces (perses)
-Shimshat, Kalikala, Khilat, Arjish et Bajunais constituaient l’Arménie IV,
-le district d’al-Busfurrajan [Waspurakan], Dabil [Dwin], Siraj Tair et Baghrawand constituaient l’Arménie III
-Jurzan [Gurgark] constituait l’Arménie II
-as-Sisajan et Arran constituaient l’Arménie I.
Selon d’autres :
-Shimshat (Samosat) seul constituait l’Arménie IV
-Qaliqala et Khilat, Arjish et Bajunais (Bidlis ?) (: Turuberan et Aghdzenik ?), l’Arménie III
-Siraj Tair, Baghrawand, Dabil, et al-Busfurrajan (Ararat et Vaspurakan ?), l’Arménie II
-Sisajan, Arran, et Taflis, l’Arménie I.
Jurzan et Arran étaient tenus par les Khazar, tandis que le reste de l’Arménie étaient aux mains des Rûms sous le gouvernement du « Seigneur des Armaniyakus ».

Kubâdh ihn-Fayruz construisit de nombreuses cités.
Les Khazar avaient coutume de partir de temps en temps faire des raids et aussi loin qu’à ad-Dinawar(Hamadan-Kermanshah). À cause de cela, Kubâdh ibn-al-Malik Fairuz envoya un de ses grands généraux à la tête de 12.000 hommes, qui ravagèrent le pays d’Arran et conquirent le région comprise entre les rivières ar-Rass et Sharwan. Kubadh le suivit et construisit à Arran la ville d’al-Bailakan, la ville de Bardha’a – qui est la capitale de la région frontière, et la ville de Qabbala. Après cela, il érigea Sudd al-Libn entre la terre de Sharwan et la porte d’al-Lan. Le long de ce Sudd (barrage), il créa 360 villes qui tombèrent en ruines après la construction de la ville d’al-Bab al-Abwab.

[…Anushirwan pacifie et construit l’Arran et Derbent]

Ainsi, l’Arménie était dans les mains des Perses jusqu’à l’apparition de l’Islam, au temps des Siyasajin, beaucoup abandonnèrent leurs forts et les villes tombèrent en ruines. Les Khazar et les Rûms prirent donc possession de ce qui était autrefois en leurs mains.

Kalikala (Erzerum)
À une certaine époque, les princes du Rûm s’étaient dispersés et certains d’entre eux étaient devenus des Muluk à-Tawa’if, et l’un régna sur Armaniyakus. Après la mort de ce dernier, son épouse lui succéda sous le nom de Kali. Elle fonda la cité de Kalikala […] Le sens du mot est « la bienveillance de Kali » Elle mis sont portrait sur une des portes de la ville. Les Arabes arabisèrent Kalikalah en Kalikala.

Kalikala réduite.
Quand ‘Uthman ibn-‘ Affan devint calife, il écrivit à Mu’awiya, son ‘Amil sur la Syrie et la Mésopotamie, avec leurs villes frontalières, en lui ordonnant d’envoyer Habib ibn-al-Fihri Maslamah en Arménie ; Habib avait laissé une bonne impression lors de la conquête de la Syrie et de l’invasion des Rûms. Ce fait a été entièrement réalisé par ‘Umar, par ‘Uthman et par le successeur d’’Uthman. D’autres disent que ‘Uthman écrivit à Habib en lui ordonnant de faire une expédition contre l’Arménie. Le premier point de vue est plus authentique. En conséquence, Habib se leva contre elle à la tête de 6 000 hommes, ou, selon une autre estimation, de 8 000, du peuple de Syrie et de Mésopotamie. En arrivant à Kalikala, il campa autour, et quand ses habitants se prononcèrent contre lui, il les combattit et les chassa de la ville. Ils demandèrent alors la paix, acceptant d’évacuer la place et de payer l’impôt. Nombre d’entre eux quittèrent la ville et es’en allèrent aussi loin que l’Asie Mineure. Habib resta dans la ville avec ses hommes pour quelques mois. Il apprit ensuite que le patricede l’Armaniyakus avait rassemblé une grande armée contre les musulmans et avait été renforcé par des troupes d’al-Lan, Afkhaz et de Samandar dans al-Khazar. Par conséquent, il écrivit à ‘Uthman pour demander du renfort. ‘Uthman écrivit à Mu’awiya lui demandant d’envoyer à Habib un groupe d’hommes en provenance de Syrie et de Mésopotamie intéressés par la Jihad et le Rizq/Fayy. En conséquence, Mu’awiyah envoya 2 000 hommes qui furent installés dans Kalikala, et stationnés comme des cavaliers de garde. Lors de la réception de la demande d’Habib, ‘Uthman écrivit également à Sa’id ibn-al-‘ Asi ibn-Umaiyah, son ‘Amil sur Al-Kufa, lui ordonnant de renforcer Habib avec une armée dirigée par Salman ibn-al-Rabi’a al-Bahili qui portait le titre « Salman al-Khail » et qui était généreux, bienveillant et d’une nature belliqueuse.

Salman à la tête de 6 000 Kufites.
Les Rûms et leurs partisans étaient déjà arrivés et ils campèrent sur l’Euphrate, avant Habib a reçu le renfort. Profitant de la nuit, les musulmans déferlèrent sur eux et tuèrent leur chef. La femme de Habib, Umm ‘Abdallah’, fille de Yazid de la tribu des Kalb, demanda alors à Habib, « Où te retrouverai-je ? »
A cela, Habib répondit, « Soit dans les tentes du« tyran », soit au paradis! »
Quand elle vint à ces tentes elle l’y retrouva.

Quand les musulmans en eurent fini avec leur ennemi, Salman s’en retourna. Les troupes Kufites voulurent avoir une part du butin, mais il le leur fut refusé, ce qui conduisit à une dispute verbale entre Habib et Salman. Certains musulmans menacèrent Salman de mort, au sujet de quoi le poète a dit:

«Si vous tuez Salman, nous tuons votre Habib, et si vous partez vers Ibn-‘Affan, nous voudrons aussi partir.”

‘Uthman en fut informé, et il répondit ceci :
« Les dépouilles appartiennent entièrement aux Syriens de droit »
Pendant ce temps, il écrivit à Salman lui ordonnant d’envahir Ar-Ran.

Il est rapporté par d’autres que sous le califat de ‘Uthman, Salman ibn Rabî`ah se rendit en Arménie, captura et pilla, retourna en 25 à al-Mausil. Al-Walid reçut une lettre de ‘Uthman l’informant que Mu’awiyah lui avait écrit à l’effet que les Rûms avaient été recueillies contre les musulmans en grand nombre, et que les musulmans voulaient des renforts, et lui ordonnant d’envoyer 8.000 hommes. Par conséquent, al-Walid envoya 8.000 hommes à Salman ibn al-Rabî`ah al-Bahili. Mu’awiyah envoya un nombre égal à Habib ibn-Maslama al-Fihri. Les deux dirigeants réduisirent de nombreux forts, emportèrent de nombreux prisonniers et tombèrent sur un litige relatif à la direction générale. Les Syriens voulaient tuer Salman, d’où le verset cité ci-dessus. Le premier rapport, cependant, est plus authentique et a été communiquée oralement à moi par un grand nombre de Kalikala et par écrit par al-Attaf b. Sufyan Abu al-Asbagh, le qadi de Kalikala.

Habib tue al-Mauriyâ
Muhammad ibn Saad du père de Abd-al-Hamid ibn Ja’far :
Habib ibn-Maslamaa assiégea les habitants de Dabil et campa autour de la ville. Al-Mauriyan ar-Rumi vint contre lui, mais sous le couvert de la nuit, Habib tua et pilla ce qui était dans son camp. Salman rejoignit ensuite Habib. Les autorités de cette tradition croire que Habib fondit sur le Rûm à Kalikala.

Kusân dompte Kalikala.
Muhammad ibn al-Bishr ibn-Kali et Warz-al-Kali des cheikhs de Kalikala :
Depuis sa conquête, la ville de Kalikala tendit contre les attaques jusqu’à l’année 133 dans laquelle le Tyran susdit assiéga Malatya, détruisit son mur et expulsa les Musulmans qui y étaient vers la Jazira, après quoi il campa à Marj al-Hasa où il envoya Kusan al-Armani contre Kalikala. Kusan vint et investit la ville, dont les habitants à cette époque étaient peu nombreux et dont le ‘Amil était Abu-Karima. Au cours du siège, 2 frères arméniens qui vivaient dans la ville firent une brèche dans la paroi du rempart, est vinrent à Kusan et l’introduisirent dans la ville. Ainsi Kusan soumit la ville, tua et captura et la rasa au sol, rapportant ce qu’il avait pillé au Tyran. Les captifs, il les distribua à ses compagnons.

Al-Mansur reconstruit Kalikala et al-Mu’Tasim la fortifie.

Selon al-Waqidi, en l’année 139, al-Mansur donna une rançon pour ceux d’entre les captifs de Kalikala qui avaient survécu, et il reconstruisit Kalikala, il la peupla, et les y renvoya. Il invita des troupes de Jazira et d’autres endroits à y vivre. Dans le califat d’al-Mu’tasim-Billah, le « Tyran Romain vint et bombarda les murailles de Kalikala jusqu’à ce qu’elles soient sur le point de tomber. Alors al-Mu’tasim dû payer 0,5M dh pour refortifier la ville.

Les Patrices de Khilat et Muks.

Après avoir capturé Kalikala, Habib défila à Mirbala où le patrice de Khilat lui apporta une déclaration écrite par ‘Iyad ibn Ghanm, qui avait garanti au patricela sécurité de sa vie, de ses biens et du pays et avait conclu avec lui un traité stipulant que le patrice devait payer l’impôt. Habib sanctionna les termes de la déclaration. Il occupa ensuite une maison entre al-Harak et Dasht al-Warak.
Le patrice de Khilat lui apporta l’argent qu’il devait et lui offrit un présent que Habib refusa. Habib alla ensuite visiter Khilat et passa à Sababah où il fut accueilli par le chef de Muks, l’un des quartiers d’al-Busfurrajan. Habib fit avec lui la paix en échange d’une taxe annuelle à payer pour son pays, lui envoya un homme et lui écrivit une déclaration de paix et de sécurité.

Arjish, Bajunais et le Tirrîkh du lac.
Pour les villages de Arjish et Bajunais, Habib envoya un groupe d’hommes qui les domptèrent et les soumirent à la capitation. Les leaders de ces villages vinrent à Habib et traitèrent avec lui, acceptant de payer le Kharaj sur leurs terres. Quant au Tirrikh, il il ne faisait pas parti de l’acte, et il était utilisé par le public jusqu’à ce que Muhammad ibn Marwan ibn-al-Hakam devint gouverneur de Mésopotamie et d’Arménie, que qu’il pris possession de ces poissons et les vendit, se créant un revenu.

Le lac après que devint la propriété de Marwan ibn Muhammad et a ainsi perdu à Mohammed.

Les villes de Dabil et autres demandent la paix.
Habib vint alors à Azdisat, chef du village d’al-Ormuz, traversa de Nahr al-Akrad et campa à Marj Dabil. De là, il envoya la cavalerie contre Dabil et marcha jusqu’à ce qu’il atteigne sa porte. Les locaux descendirent des fortifications et lui jetèrent des projectiles. Habib plaça un mangonneau contre la ville et l’utilisa jusqu’à ce qu’ils demandent la paix et la capitulation. Ce qu’il leur accorda. Sa cavalerie erra, occupa Jurna, atteignit aussi loin que Ashûsh, Dhat-al-Lujum, al-Jabal Kûntah et Wadi-al-Ahrar et soumit tous les villages de Dabil. Il dépêcha également une force contre Siraj Tair et contre Baghrawand dont le patrice vint à lui pour établir les termes, acceptant de payer un tribut annuel, d’être fidèle aux musulmans, de les accueillir, et de les aider contre l’ennemi. Le texte de ce traité de Dabil est comme suit :

« Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux. Voici le traité de Habib b. Maslama avec les chrétiens, les juifs et les mages de Dabil, les présents et les absents. Je vous ai accordé la sécurité de vos vies, biens, églises, lieux de culte, et du mur de la cité. Ainsi, vous êtes sûr et nous sommes obligés de nous acquitter de notre alliance, tant que vous remplissez les clauses et payez Jizya et Kharaj. De cela, Allah est témoin, et il suffit de l’avoir pour témoin. Signé par Habib ibn-Maslama”.

An-Nashawa and al-Busfurrajân. Habib se rendit ensuite à Nashawa et en prit possession en des termes identiques à Dabil. Le Patrice d’al-Busfurrajan vint à lui et édicta les clausespour tout son pays, avec la terre d’Hasatiltah et d’Afaristah, acceptant le paiement d’un certain montant de taxe annuelle.