I : La Libye Pré-romaine

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Libye pré-romaine

L’histoire de l’Afrique du Nord correspond, pour les Anciens, à celle de tout le continent : la Libye.

A : Libyens et Ethiopiens

Il est délimité à l’orient par le Nil, au nord par la Méditerranée, appelée mer Libyque, au sud-ouest, par la mer Ethiopique et Océane. Ils représentent cette terre comme un triangle rectangle dont l’hypoténuse remonte le long de l’Atlantique jusqu’aux colonnes d’Hercule, l’actuel détroit de Gibraltar et dont la largeur serait le cours du Nil.

Le nom de Libye semble provenir de celui que les Egyptiens de l’âge du Bronze conferraient à l’un ou l’autre peuples d’Occident : les « Libw ».

Cependant, Hérodote précise que le continent est partagé entre les Libyques proprement dits, des « blancs », qui résident le long de la mer Libyque, tandis que le sud est occupé par des « Ethiopiens », c’est-à-dire des « Noirs », supposant avec raison un continuum racial de la Nubie jusqu’aux confins occidentaux du massif de l’Atlas. En effet, toutes les sources de la première époque insistent sur la présence de ces Négro-Sahariens jusqu’au promontoire de Soloeis (Mazagan), où ils vénèrent le Dieu Poséidon de l’Océan.
Peu à peu leur territoire va se rétracter, sous la pression des Libyques.

B : Grecs et Phéniciens en Libye

Depuis le VIIIème siècle, les « Héllènes » se sont répandus en Méditerranée et y ont implanté des comptoirs. En Occident, les Corinthiens et leurs voisins Mégariens contrôlent l’Île de Sicile, conjointement avec les Ioniens Eubéens qui maîtrisent également le commerce Tyrrhénien tandis que leurs cousins Phocéens dominent l’arc de Massilia.
Les Doriens ne sont cependant pas en reste, et les commerçants de Thera ont fondé, sous le patronage du mythique Battus, une série de cités sur la côte Libyenne, autour de Cyrène, qui constituera durant près d’un millénaire un véritable Etat entre l’Egypte et la Syrte, influençant profondément les tribus locales.
A la même époque, les Syriens côtiers, appelés par les grecques « Phoinikoi », se sont aussi étendus en Afrique du Nord, depuis la Syrte à travers la fertile vallée du Cynips, jusqu’à la côte Kabyle, en passant par la petite Syrte et Hadrumet (Sousse), mais surtout dans la péninsule qu’ils appellent « Apriqa », entre le promontoire d’Hermès (Cap-Bon) et le Promontoire du Cheval (Bizerte).
La première cité « ‘Utiq » « l’Antique » est bientôt remplacée par la « Nouvelle Cité » : Qart-Hadasht : Carthage.

C : L’Occident Carthaginois

Peu à peu, comme les grecs en Cyrénaïque ou en Sicile, les phéniciens développent leur Khôra (arrière-pays agricol), et la république de Carthage et son Sénat étendent leur suzeraineté sur les « Puniques ».
L’activité commerciale semble peu à peu se tarir au profit de l’exploitation foncière à partir du IVème siècle.
Cependant, les « Tyriens Africains » établissent des comptoirs le long de la route des colonnes d’Hercule, dans la plaine algéroise, l’Oranie, les golfes du rif oriental et sur la côte Ibérique qui lui fait face, de Valence au détroit.
Sur la côte atlantique de l’Ibérie, ils fondent la grande cité de « Gadera », que les grecs transcrivent Gadès, dont la culture et le commerce émanera dans le pays de « Tartessos », capitale mythique d’un Etat Hispanique complexe. Ici, ils contrôlent tout commerce méditerranéen vers les mines d’Etain d’Armorique et de Bretagne, ainsi que le commerce Ibère de l’or et de l’argent.

D : Le « Maroc » Punique et la Tifinagh

En symétrie, sur la côte océanique de la Libye, ils établissent la colonie de Lixos avec en vis-à-vis, sur l’actuel promontoire de Larache, la ville Indigène. Elle est leur relais sur la route commerciale des Ethiopiens, de l’or, des peaux de bêtes, les usines de Garum de Cotes (où va se développer le bourgade de Zilia/A-zila, qui a gardé son nom jusqu’à nos jours), le bois de Cèdre pour la construction.

A l’embouchure du fleuve Sebou (Krabis), ils installent une colonie annexe, « Thumiateria », la future « Tamusida ».
Mais c’est surtout le coquillage Murex, destiné à la teinture de pourpre, le bois de Thuya pour la marqueterie méditerranéenne, l’or et peut être le cuivre des montagnes que les Puniques viennent acheter aux « Ethiopiens » sur les îles de « Kernè » (actuelle Essaouira).

Cette présence civilisatrice, l’extension d’une Khôra en péninsule Tingitane et sur la côte ibérique amène les peuples occidentaux à adopter le script phénicien. Ainsi, en Libye Orientale Nomade et peu à peu dans la montagne des sédentaires apparaissent les graffitis de « Tifinagh » (« Phéniciennes »).
Autour de Kernè et de Lixos, le « Libyque Occidental » fait son apparition, il semble transcrire un langage incompréhensible, sans doute celui des Ethiopiens eux-mêmes, dont le pseudo périple de Hannon (fondateur mythique des colonies d’Occident), assure que les interprètes « Lixites » ne comprennent pas un traitre mot.
Parallèlement, les Ibères, les Tartessiens et même les immigrants Celtes de la Meseta Hispanique introduisent des alpha-syllabaire d’inspiration phénicienne dans leur culture orale.

E : Peuples Libyques, d’Est en Ouest

Hérodote fait se succéder, sur la côte libyenne, les Nasammon-/Masammon, les Psull- en Grande Syrte, puis les Makes dans la steppe tripolitaine orientale, tandis que sur la côte prospère un peuple de « Mangeurs de Lotus », voués à une punicisation intensive.
Dans le massif du Nefousa, les libyques sont appelés Gindan-. Entre le Chott et le golfe de Gabès, la petite Syrte, se situent deux tribus Libyenne nomades, les Makhlu- et les Ausé-, divisés politiquement, mais partageant une culture commune et un culte à Athèna du Triton, le nom de leur fleuve sacré.

Au nord commence la Khôra Carthaginoise et à l’Ouest, le pays des « Libyques laboureurs », les Zauek- au nord, les Maksu- au sud et en dehors de l’influence phénicienne, sûrement dans les Aurès, les Guzant-, « mangeurs de singes ».

A l’intérieur des déserts torrides, au sud des Psull-, des Makes et des Gindan- habitent les Garamant-, dans la « Phazanie » (le terme est plus tardif), que l’on peut associer au proto-berbère -Ghram-n- : la Cité. Elle est en effet décrite comme une société civilisée, pacifique et maîtrisant à la perfection la technologie du char à roue égyptien, avec lequel elle travers le Grand Erg Occidental et part à la chasse aux « Ethiopiens Occidentaux ».
A 10 journées de route vers l’ouest, si on doit prêter foi aux informateur du grec, peut être au pays du Gourara et de la Saoura, vivent les Atarant-, peut être dérivé de « Ataram », l’Occident en proto-berbère.
Plus loin, le peuple mythique des Atlantes semble déjà se disputer les marges orientales du monde atlaso-ethiopien

Souvent, à Ethiopien, on accole un adjectif, celui de « Troglodyte », les libyques appellent tout ou partie de ces peuples négroides : « ceux des grottes », étymologie acceptable, parmi d’autres, du peuple « Mawras » qui va dominer l’histoire de l’Afrique du Nord-Ouest des siècles suivants.

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