M. Park, Un pont traditionnel, 1799

Les Jallonkas, comme les Mandingues, sont gouvernés par un certain nombre de petits chefs qui sont en grande partie indépendants les uns des autres. Ils n’ont point de souverain commun, et ces chefs sont rarement assez unis entre eux pour s’aider mutuellement, même en temps de guerre.

Le chef de Manna, avec plusieurs de ses gens, nous accompagna jusqu’au bord du Bafing (ou rivière Noire), bras principal du Sénégal que nous passâmes sur un pont de bambous d’une construction très singulière. Le lecteur peut s’en former quelque idée d’après la gravure ci-jointe. La rivière, en cet endroit, est unie, profonde, et a fort peu de courant. Deux grands arbres attachés par leurs cimes sont assez longs pour gagner d’un bord à l’autre, les racines posant sur les rochers et les cimes flottant sur l’eau. Lorsqu’on a placé quelques arbres dans cette direction, on les couvre de bambous secs, de manière à former un pont flottant avec un abord en pente à chaque bout, à l’endroit où les arbres touchent aux rochers. Ce pont est emporté tous les ans par le débordement de la rivière, qui a lieu dans la saison pluvieuse, et il se rebâtit constamment par les habitants de Manna, qui en conséquence demandent à chaque passager un petit péage.